Les psychopathes néerlandais sont différents des psychopathes américains


La base pour désigner un psychopathe a pour modèle des pathologies américaines. Le hic, c’est que cela se trouve à négliger les cultures différentes qui peuvent entrer en ligne de compte. Une étude fait à comparer les psychopathes au Pays-Bas et aux États-Unis, et il semble intéressant de remarquer selon eux, que les pathologies ne sont pas nécessairement les mêmes
Nuage

 

Les psychopathes néerlandais sont différents des psychopathes américains

 

Jack Nicholson dans le film Shining de Stanley Kubrick, 1980 | via Allociné

Jack Nicholson dans le film Shining de Stanley Kubrick, 1980 | via Allociné

Repéré par Léa Polverini

Repéré sur Quartz

Les pathologies diffèrent selon les époques et les cultures: le psychopathe américain n’est pas un prototype valable partout dans le monde.

En matière de psychopathie, les profils sont variés, liés à divers traits caractéristiques qui font l’objet d’évaluations séparées. Il semblerait qu’ils diffèrent également en fonction des pays.

Dans une étude publiée par le Journal of Abnormal Psychology, des chercheurs ont analysé les profils de 7.450 délinquants aux États-Unis et aux Pays-bas afin de déterminer les principales caractéristiques de la psychopathie. Un nombre significatif des personnes concernées répondait aux critères de psychopathologie clinique établis par la liste révisée d’évaluation de la psychopathie (PC-R) de Robert Hare.

De l’absence d’empathie à l’irresponsabilité, il y a un continent

Or si les échantillons américains marquaient de fortes similitudes, permettant de dégager des critères cardinaux tels que l’insensibilité et le manque d’empathie, les cas néerlandais présentaient d’autres traits majeurs: les psychopathes des Pays-Bas présentent avant tout comme symptômes l’irresponsabilité et un mode de vie parasitaire. De même, quand le critère d’«expériences émotionnelles superficielles» est l’une des caractéristiques les plus périphériques chez eux, il est au contraire beaucoup plus central chez les Américains.

La PC-R établit vingt critères, chacun étant noté de 0 à 2, selon les signes présentés par le sujet. Selon Hare, cela permet d’évaluer le degré de psychopathie d’un individu: un score de 30 désignerait une personne comme psychopathe, quand les personnes sans passif criminel sont généralement autour de 5. Selon CBC, de nombreux délinquants non psychopathes obtiendraient un score de 22.

Les résultats de l’étude indiquent à cet égard que la mesure fournie par la PC-R, dont la méthode a déjà été remise en cause, pourrait varier en fonction des pays, ou que des différences interculturelles pourraient intervenir «dans la structure phénotypique de la psychopathie» –«ou les deux», précisent les chercheurs:

«Les analyses de réseau peuvent aider à élucider les caractéristiques principales des constructions psychopathologiques, y compris la psychopathie, de même que fournir un nouvel outil pour évaluer l’invariance de mesure entre les cultures.»

Différences culturelles, différences pathologiques

Alors que les troubles de la personnalité sont appréhendés différemment selon le temps et l’espace, l’étude souligne les biais culturels qui peuvent infléchir l’identification de certaines pathologies.

Dans le New York Times Magazine, Ethan Watters soulevait la question d’une «américanisation de la maladie mentale». Partant d’un point de vue anthropologique au regard duquel il est possible d’identifier un «répertoire de symptôme» différant selon les cultures, il pointait les récents efforts de la science occidentale d’imposer un modèle interprétatif universel qui recouvrirait la souffrance psychique de par le monde, écartant les mythes préscientifiques au nom de la science. Mais ceci, notait-il, pourrait bien n’être que l’exportation de notre propre «répertoire de symptômes»:

«Autrement dit, nous avons modifié non seulement les traitements, mais aussi l’expression de la maladie mentale dans d’autres cultures.»

Prendre la mesure des dissonances existant entre différentes aires géographiques réintègrerait à cet égard la complexité de phénomènes dont l’étude est loin de faire consensus, comme la psychopathie, qui demeure largement débattue.

http://www.slate.fr