Donald Trump ne démord pas pour son mur à la frontière mexicaine. Il va décréter l’urgence nationale pour financer son mur frontalier. Cette décision va sûrement finir par une action en justice pour cette voie qu’il veut prendre.
Nuage
Trump va déclarer l’état d’urgence pour construire son mur
Le président américain Donald Trump serait prêt à déclarer l’état d’urgence pour financer la construction d’un mur à la frontière mexicaine. Photo: Getty Images / Chip Somodevilla
Après un bras de fer éprouvant avec les démocrates, qui s’est soldé par une paralysie historique du gouvernement, le président américain joue son va-tout : il utilisera une procédure d’urgence exceptionnelle pour contourner le Congrès et pouvoir ainsi financer son mur à la frontière avec le Mexique.
L’information, communiquée d’abord par le chef de la majorité républicaine du Sénat Mitch McConnell, a été vite confirmée par la Maison-Blanche. Cette dernière a annoncé que Donald Trump va déclarer l’ « urgence nationale » afin d’obtenir le financement nécessaire pour l’érection d’un mur à frontière avec le Mexique.
« Une nouvelle fois, le président tient sa promesse de construire le mur, de protéger la frontière et d’assurer la sécurité de notre grand pays », s’est félicitée la porte-parole de la Maison-Blanche, Sarah Sanders.
Le président signera la loi sur le financement du gouvernement fédéral et, comme il l’a déjà dit, agira aussi par décrets – avec en particulier l’urgence nationale – afin de mettre fin à la crise de sécurité nationale et humanitaire à la frontière. Sarah Sanders, porte-parole de la Maison-Blanche
Mitch McConnell avait rapporté plus tôt que le président est « prêt à signer » le compromis budgétaire obtenu entre parlementaires démocrates et républicains afin d’éviter une nouvelle paralysie budgétaire.
« Je viens d’avoir l’occasion de parler avec le président Trump et il a indiqué qu’il était prêt à promulguer cette loi. Il diffusera en même temps une déclaration d’urgence nationale », a-t-il précisé.
Le Congrès est appelé à se prononcer jeudi avant minuit sur un projet de loi destiné à éviter un autre gel des activités de l’administration fédérale, avant que le président l’entérine à son tour d’ici vendredi. Le Sénat vient d’ailleurs d’approuver ce texte, qui est le fruit du compromis auquel sont parvenus les démocrates et les républicains après de laborieuses tractations. Il prévoit notamment une somme de 1,3 milliard de dollars américains pour le financement d’une barrière à la frontière avec le Mexique, soit le quart des 5,7 milliards réclamés par Trump.
Déçu par cette maigre concession du Congrès, le locataire de la Maison-Blanche n’a pas déterré pour autant la hache de guerre.
« Je ne veux pas avoir un shutdown, ce serait terrible », a-t-il déclaré, visiblement échaudé par le bras de fer historique qui avait précipité quelque 800 000 fonctionnaires dans la tourmente pendant 35 jours, jusqu’à fin janvier.
Tout en tenant mordicus à la construction de son mur, promesse phare de sa campagne électorale, Donald Trump a laissé entendre qu’il voulait jouer d’autres cartes que celle de la paralysie du gouvernement.
Il a finalement pris l’avenue la plus risquée, celle de recourir à l’état d’urgence pour couper l’herbe sous le pied du Congrès. Le président a été déjà mis en garde par ses détracteurs – parmi lesquels on compte aussi des républicains – qu’une telle option pourrait mener à une rude bataille politico-judiciaire.
L’urgence nationale, c’est quoi?
En vertu du National Emergencies Act, une loi votée en 1976, le président des États-Unis peut invoquer une « urgence » nationale, une situation qui lui confère des pouvoirs extraordinaires, dont celui de contourner le Congrès.
Plusieurs prédécesseurs de Trump ont fait usage de ces dispositions, dont George W. Bush qui avait décrété l’urgence nationale après les attentats du 11 septembre 2001. Pour sa part, Barack Obama y a recouru lors de l’épidémie de grippe H1N1.
Les démocrates sur le pied de guerre
La présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a immédiatement réagi à cette annonce. Elle a fait savoir qu’une action en justice pourrait être intentée pour contester le recours à l’urgence nationale.
La leader démocrate a indiqué que si Donald Trump agissait de la sorte, il créerait un précédent inquiétant, y compris pour les républicains.
« Nous serons prêts à réagir de manière appropriée », a-t-elle affirmé, précisant que ce qui se passe à la frontière avec le Mexique ne constitue pas une urgence, contrairement à ce que prétend le président Trump. En revanche, les violences par armes à feu aux États-Unis pourraient aussi être considérées comme une urgence nationale, a-t-elle souligné.
Dans un langage plus incisif, Chuck Schumer, le chef de la minorité démocrate au Sénat, a dit que déclarer l’urgence nationale pour la construction du mur serait un « acte illégal » et un « mépris total » pour l’État de droit et le Congrès.
Il a ajouté que le Congrès prendra toutes les mesures pour empêcher Trump d’y parvenir.
Déclarer l’urgence nationale serait un acte illégal, un abus flagrant de pouvoir de la part de la présidence. Chuck Schumer, leader démocrate du Sénat