Au Laos, les mystérieuses "jarres des morts" révèlent de nouveaux secrets


Au Laos, il y a des jarres des morts. La majorité était des moins de 15 ans ou des foetus qui sont décédés probablement par la maladie et la malnutrition. On ne sait que très peu de chose sur cette culture inconnue.
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Au Laos, les mystérieuses « jarres des morts » révèlent de nouveaux secrets


Par Emeline Férard –

Au Laos, des chercheurs ont mené des fouilles sur un site contenant plusieurs centaines de jarres en pierre mystérieuses. Les résultats de leur étude indiquent que celles-ci étaient bien utilisées pour des rituels mortuaires et que nombre des défunts enterrés à côté semblaient être âgés de moins de 15 ans.

Peu à peu, le mystère des « jarres des morts » semble s’éclaircir au Laos. Quelques mois après l’annonce de la découverte de quinze sites inconnus, des chercheurs viennent de révéler de nouvelles informations sur ces étranges jarres creusées dans de la pierre il y a plus de 1.000 ans. Selon leur étude publiée dans la revue Antiquity, celles-ci avaient bien une fonction funéraire comme les spécialistes le suggéraient.

Le mystère des « jarres des morts » ne date pas d’hier. On connait depuis le XIXe siècle l’existence de ces structures mégalithiques mais leur origine et leur signification sont restées très floues. La première étude scientifique a été menée en 1930 sur la « Plaine des jarres », une région située dans la province de Xieng Khouang et qui abrite des milliers de ces sculptures géantes.

Ces recherches ont permis de révéler qu’elles présentaient des tailles variables – entre un et trois mètres de diamètre – et qu’elles semblaient remonter au moins à l’âge du fer au Laos, soit entre 500 ans avant J.-C et 500 ans après J.-C. La découverte à proximité des jarres d’ossements humains et d’objets a par ailleurs suggéré qu’elles avaient probablement une fonction funéraire.

Une majorité de défunts âgés de moins de 15 ans

C’est pour en savoir plus qu’une équipe de spécialistes laotiens et australiens a décidé il y a quelques années de lancer de nouvelles fouilles à travers le pays. Des recherches qui commencent à porter leurs fruits. L’étude récemment publiée présente les résultats d’excavations menées dans la zone de Ban Ang (le « Site 1 »), l’un des trois sites de la « Plaine des jarres » contenant près de 400 puits en pierre.

La Plaine des jarres au Laos comprend trois sites réunissant des milliers de ces structures en pierre. – Plain of Jars Research Project

« Ces sites sont envoûtants; ils représentent les restes rituels d’une culture unique qui a disparu depuis longtemps », a raconté au site IFLScience, Louise Shewan, archéologue de l’Université de Melbourne qui co-dirige le projet de recherche.

Quelle culture, on l’ignore mais les chercheurs ont réussi à obtenir un aperçu inédit de la fonction de ce site et des jarres pour cette population.

En étudiant les ossements humains, ils ont pu identifier 18 défunts et découvrir que le cimetière semblait avoir été utilisé pour des individus des deux sexes et de tous âges. Néanmoins, ils ont constaté qu’une majorité d’entre eux (environ 60%) étaient des enfants âgés de moins de 15 ans, dont la moitié était décédée durant la petite enfance voire au stade foetal.

« Cette mortalité infantile et foetale élevée peut suggérer que les maladies et/ou la malnutrition étaient un problème pour cette population », malgré une fertilité sans doute élevée, écrivent les chercheurs dans leur rapport.

Cette hypothèse est soutenue par les examens dentaires menés sur quatre individus qui ont révélé un développement insuffisant de l’émail, potentiellement lié à une malnutrition ou une maladie.

En extrapolant le nombre d’individus mis au jour dans la zone étudiée, l’équipe suggère que le cimetière entier pourrait compter plus de 8.000 défunts. Autant de conclusions qui confirment que ce site ainsi que les structures mégalithiques étaient sans aucun doute utilisées à des fins mortuaires. Néanmoins, les observations ont révélé différentes pratiques sur le Site 1.

Une activité datée entre le Xe et le XIIIe siècle

« A partir de nos excavations sur le site Site 1, nous avons identifié trois types de pratiques rituelles mortuaires : l’inhumation secondaire d’ossements humains, l’inhumation secondaire d’ossements humains dans des jarres en céramique enterrées et, pour la première fois, une inhumation primaire de deux individus », a détaillé Louise Shewan.

Une inhumation primaire découverte sur le site 1 de la Plaine des jarres. – Plain of Jars Research Project

Avec cette diversité de pratiques, la Plaine des jarres se distingue de tous les autres sites mégalithiques découverts à travers l’Asie du sud-est et maintient le mystère quant à la culture qui en est à l’origine. Le doute demeure également sur la datation des fameuses structures et leur utilisation. Si certains résultats évoquent l’âge du fer, dans la plaine, les jarres pourraient être plus récentes que cela.

A partir d’échantillons prélevés autour des pierres, les chercheurs ont déterminé que l’activité remonterait à entre le Xe et le XIIIe siècle. Cependant, des incohérences demeurent dans les données et il n’est pas exclu que l’installation des jarres et les pratiques funéraires n’aient pas été simultanées. Autrement dit, que les défunts aient été inhumés avant ou plus probablement après l’arrivée des structures en pierre.

Si elle s’éclaire progressivement, l’énigme est donc loin d’être résolue et les scientifiques espèrent bien ajouter de nouvelles pièces au puzzle avec les prochaines fouilles. A ce jour, quelque 79 sites de jarres ont été répertoriés au Laos mais ceux de la Plaine des jarres demeurent les plus connus. En juillet dernier, le site culturel a d’ailleurs rejoint la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO.

https://www.geo.fr/

Le Saviez-Vous ► Il est pour l’instant le seul homme à avoir été inhumé sur la Lune


Eugene Shoemaker est considéré comme le père de la cosmologie. Grâce à lui, c’était la première observation en 1994 une collision planétaire. Il aurait voulu être astronaute, mais son rêve ne put être réalisé pour des raisons de santé. Pour rendre hommage à ses réalisations, il a été dispersé sur la Lune. C’est peut-être une ère pour des funérailles alors que des compagnies s’intéressent du côté commercial des voyages dans l’espace. Cela sera t’il vraiment une bonne chose
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Il est pour l’instant le seul homme à avoir été inhumé sur la Lune

 

Ciel nocturne avec pleine Lune via PublicDomainPictures.net

Ciel nocturne avec pleine Lune via PublicDomainPictures.net

Repéré par Léa Marie

Repéré sur Atlas Obscura

Grâce à des entrepreneurs américains, cela pourrait bientôt changer.

Son nom ne vous dit probablement rien. Et pourtant, (feu) Eugene Shoemaker jouit d’un privilège sans précédent: celui d’être le seul être humain à avoir été inhumé sur la Lune, rappelle le site Atlas Obscura. Qu’a-t-il bien pu faire pour pouvoir reposer en paix sur le seul objet céleste visité par l’homme?

Les férus d’astronomie connaissent sûrement la comète qui porte son nom: la Shoemaker-Levy 9. Disloquée à l’approche de la planète Jupiter puis entrée en collision avec celle-ci en 1994, elle a été découverte –comme son nom l’indique– par cet Américain né en 1928, sa femme Carolyn et leur collègue québécois David Levy. Et à l’époque, ce n’est pas rien: c’est la première fois que des Terriens sont en mesure d’observer directement une collision planétaire.

Preuve que l’événement connaît un écho retentissant: Green River, une petite ville de l’État du Wyoming, à l’Ouest des États-Unis, avait alors transformé une de ses pistes d’atterrissage en «aéroport intergalactique» destiné à accueillir d’éventuels aliens jupitériens: le fameux Greater Green River Intergalactic Spaceport. Rien que ça. 

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Eugene Shoemaker – NASA/Public Domain

Un rêve exaucé à titre posthume 

L’astronomie telle que nous la connaissons aujourd’hui doit énormément à Shoemaker. «Gene» est considéré comme un des pères fondateurs de la planétologie. Spécialiste des cratères, il a notamment participé à l’entraînement des astronautes des missions Apollo en les formant aux spécificités de la surface lunaire.

C’est dans un violent accident de voiture qu’il perdit la vie en 1997 à l’âge de 69 ans. Sa contribution à la science, elle, lui survivra. Intellectuellement, et matériellement. Car en plus de l’immense héritage théorique qu’il a laissé derrière lui, l’astronome demeure le seul homme dont les cendres ont été déversées sur la Lune. Un honneur d’autant plus significatif que Shoemaker aurait voulu être astronaute, mais n’avait pas pu réaliser son rêve en raison d’inaptitudes médicales.

L’inhumation dans l’espace: le business du futur?

Voilà pourquoi, afin de lui rendre hommage, la Nasa a pris la décision de faire voyager son urne funéraire jusqu’à la Lune. Une idée qui sera exécutée par Celestis, une entreprise américaine qui promet de transporter les cendres de défunts dans l’espace. Le 31 juillet 1999, la capsule contenant ces dernières est lâchée sur la surface lunaire. Faisant de Shoemaker le seul et unique être humain enterré ailleurs que sur la Terre.

Pour Charles Chafer, le fondateur de Celestis, Shoemaker est le premier mais ne sera pas le dernier:

«Je pense que nous entrons dans une ère d’abondance de l’accès commercial à l’espace», affirme-t-il au site Atlas Obscura.

Cela entraînera inévitablement, selon lui, une hausse de la demande pour de tels procédés funéraires. L’émergence de plusieurs entreprises rivalisant avec la sienne prouve, elle aussi, que Shoemaker pourrait bientôt avoir de la compagnie. 

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Eugene Shoemaker et sa femme Carolyn Shoemaker. USGS/Public Domain

http://www.slate.fr

Et si votre corps mort servait d’engrais?


Avec le reportage sur les salons funéraires, la semaine dernière, il y a de quoi à se demander si ce n’est pas une manière faire plus d’argent. Quoique le procédé plus écologique est sans doute intéressant
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Et si votre corps mort servait d’engrais?

 

Arlington National Cemetery, le 5 avril 2012.  | Tim Evanson via Flickr CC License by

Arlington National Cemetery, le 5 avril 2012. | Tim Evanson via Flickr CC License by

Repéré par Camille Jourdan

Repéré sur New York Times

C’est ce que propose le procédé d’aquamation, en vogue aux Etats-Unis.

 

On s’est tous déjà posé la question: «moi, je ne voudrais pas finir brûlé», ou «moi, c’est hors de question de finir bouffée par des asticots». Comme s’il n’y avait que deux solutions: l’incinération, ou l’inhumation. D’autres options existent pourtant. Le blog de Slate Globule et téléscope en parlait déjà il y a plusieurs années. Cette fois, c’est le New York Times qui aborde le sujet, et parle de l’aquamation.

Aqua-quoi? Ce procédé, de son petit nom scientifique «hydrolise alcaline», gagne du terrain aux Etats-Unis: la Californie vient de devenir le 15e Etat à réglementer les règles de ce nouveau commerce funéraire. La méthode n’est pourtant, elle, pas si nouvelle, puisqu’elle était utilisée autrefois pour se débarrasser des restes d’animaux. Comment ça marche? Il s’agit en fait d’un procédé physico-chimique:

le corps est plongé dans un mélange d’eau et d’alcali, «un sel dérivé d’un métal alcalin (généralement de l’hydroxide de sodium, de l’hydroxide de potassium, ou une combinaison des deux)», précise le New York Times.

Le tout est placé dans une machine qui fait monter la température autour de 100°C. Pour résumer, le corps est dissout:

«[La] machine utilise un bain chimique pour dissoudre les protéines, le sang et les graisses, ne laissant qu’un liquide couleur café, les os réduits en poudre, et les implants métalliques, comme les plombages dentaires.»

Beaucoup plus écologique

 

Décrit comme ça, ça n’a rien de ragoûtant. Mais pour les centres funéraires adeptes du système, les avantages sont nombreux.

«L’inhumation est morte, assure l’un des concepteurs des machines à aquamation, elle est vouée à disparaître. Ce n’est pas une méthode durable. Trop de gens et pas assez de terres.»

Outre d’être un remède aux cimetières surpeuplés, l’aquamation est également bien plus écologique, avec une empreinte carbone réduite à «un dixième» de celle de la crémation, avance le New York Times. Quant aux restes liquides du corps humain, ils feraient un excellent engrais:

«Les experts estiment que ce fluide est stérile, et qu’il contient de nombreux nutriments.»

Les restes osseux, eux, peuvent être rendus à la famille.

Le site Funéraire Info relève toutefois quelques barrières à l’arrivée de ce procédé en France. L’homologation, d’abord, «qui pourrait prendre de nombreuses années». Autre obstacle:

«Pour être optimale, une aquamation doit se pratiquer sur un corps nu, ou recouvert d’un tissu naturel biodégradable, et sans cercueil. Celui-ci étant obligatoire en France, une exception ouvrirait la voie à moult contestations.»

La durée de l’aquamation peut également poser problème; si cela prend moins de trois heures pour des personnes de petite corpulence, la dissolution d’un corps plus imposant pourrait durer plus de dix heures… De quoi allonger les files d’attente qui existent déjà dans certains funérariums.

Les familles elles-mêmes ne sont peut-être pas encore prêtes. Mais les mentalités changent: en quelques décennies, la crémation a gagné du terrain sur l’inhumation. Qui sait, peut-être que les restes de nos arrières-petits-enfants finiront tous par nourrir les plantes des fermes voisines.

http://www.slate.fr

Même morts, les humains affectent l’environnement


C’est normal de mettre des morts dans un cimetière, le problème, c’est que la quantité de corps et des composés chimiques s autre que le non-naturel pourrait causer un problème un jour ou l’autre. Personnellement, j’aimerais une boite biodégradable sans embaument.
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Même morts, les humains affectent l’environnement

 

CIMETIERE

Dans l’au-delà, les humains continuent à imprimer leur marque sur la nature, soulignent des chercheurs, qui ont mis en garde, mercredi dans une réunion scientifique à Vienne, contre l’impact sur les sols des corps en décomposition.

Que les défunts soient inhumés ou incinérés, ils laissent du fer, du zinc, du soufre, du calcium ou du phosphore dans un sol qui, plus tard, accueillera peut-être des cultures, une forêt ou un parc. Autant de nutriments importants, mais qui se trouvent concentrés autour des cimetières et des lieux accueillant des cendres.

Inversement, les corps peuvent aussi contenir des produits nocifs – le mercure des soins dentaires, par exemple.

« Ces traces persistent longtemps, des siècles voire des millénaires, » explique Ladislav Smejda, de l’Université tchèque des Sciences de la vie à Prague, qui a présenté ces recherches peu communes à Vienne à la réunion de l’Union européenne des géosciences.

Leur impact va aussi s’accroître avec la croissance démographique mondiale.

« La manière dont nous gérons nos morts aujourd’hui affectera notre environnement pour très très longtemps », a prévenu le chercheur. « Ce n’est peut-être pas encore un problème, mais avec la croissance de la population, cela pourrait devenir un sujet pressant. »

Lui et son équipe ont utilisé des spectroscopes à rayons X pour analyser les composés chimiques de sols de cimetières et de jardins du souvenir conçus pour accueillir les cendres. Utilisant des carcasses d’animaux, ils ont aussi mesuré l’impact de la décomposition à l’air libre.

Dans ces trois cas, les sols contenaient des concentrations chimiques « significativement » supérieures à leurs environs, selon le chercheur.

Ces concentrations peuvent être considérées comme « quelque chose de +non naturel+. C’est un impact humain, nous changeons des niveaux naturels », a-t-il dit à l’AFP.

Mais « pouvons-nous trouver une idée qui nous permettrait de répartir ces éléments à travers de plus grands espaces? », s’interroge-t-il.

« Il y a sans doute du potentiel pour inventer de nouveaux modes d’inhumation ou des traitements plus écologiques », ajoute-t-il, concédant que le sujet puisse être quelque peu « tabou ». « C’est un sujet très complexe, nous sommes juste au début du débat », juge-t-il.

http://quebec.huffingtonpost.ca

Vert, à la vie à la mort


. De la vie à la mort, nous laissons une empreinte écologique, et la façon que nous vivons et que nous mourrons en fait toute la différence. Bon, moi qui a toujours voulu être enterrée dans un linceul, j’apprends que c’est possible au Canada SAUF au Québec. Mais en aucun cas, je ne voudrais réduite par le feu, mais bien enterré sans embaumement
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Vert, à la vie à la mort

 

Un texte de Catherine Mercier

 

Recycler, composter, conduire un véhicule hybride. On ne compte plus les gestes, petits ou grands, qui nous permettent de faire notre part pour la planète. Des gestes bien intégrés au quotidien. Mais comment faire preuve de cohérence et transposer ce souci de l’environnement jusqu’aux rituels funéraires?

Quel choix s’offre donc à ceux qui souhaitent partir en laissant le moins de traces possible?

« En ce moment, les questions environnementales, écologiques, sont en train de devenir ce qui est sacré pour notre société. » Julia Duchastel-Légaré, vice-présidente de la maison funéraire Alfred Dallaire MEMORIA

Polluer à petit feu

Longtemps perçue comme une solution plus écologique, la crémation a connu un boom de popularité sans précédent au cours des 50 dernières années. Interdite par l’Église jusqu’en 1963, elle est désormais le premier choix d’une majorité de Canadiens.

Incinération

Mais s’il est vrai que la crémation permet une occupation de l’espace beaucoup moins grande que l’inhumation, elle n’est pas sans impact pour l’environnement. Selon une étude d’un professeur de l’Université de Melbourne en Australie, chauffer un four crématoire pour brûler un seul corps produirait 160 kg de gaz à effet de serre.

Et ce n’est pas tout : le cercueil incinéré avec la personne contient souvent du métal, tout comme… le corps lui-même! On peut penser aux amalgames dentaires, dans lesquels on retrouve du mercure. Une fois relâché dans l’atmosphère, ce métal hautement toxique se dépose au sol, dans l’eau et s’accumule dans la chaîne alimentaire.

En 2006, 16 % de la pollution au mercure du Royaume-Uni était liée à la crémation des amalgames dentaires. Le gouvernement a pris les grands moyens et forcé l’industrie à se doter de filtres ultraperformants. L’objectif de réduire cette pollution de moitié a été atteint en 2012.

Mais il a fallu y mettre le prix : ces filtres coûtaient 142 000 euros chacun.

En Suède et au Danemark, on est carrément remonté aux sources du problème. Depuis 2008, les amalgames dentaires contenant du mercure y sont interdits.

L’inhumation, pas si verte qu’on pourrait le croire

Un enterrement écologique

L’enterrement standard peut s’avérer, lui aussi, très polluant. Un cercueil en métal ou en bois exotique viendra tout de suite alourdir l’empreinte écologique du défunt. Sans compter que le cimetière, lieu du repos éternel, n’est pas toujours le parc naturel que l’on croirait. Dans un cimetière standard de 10 acres se trouveraient assez de bois de cercueil pour construire 40 maisons, près de 1000 tonnes de métal enfoui dans le sol et 20 000 tonnes de ciment dans les voûtes souterraines.

Que faire alors?

Se renseigner, poser des questions sur les produits écologiques.

« Quand survient un décès, c’est brutal, c’est une décision qui se prend rapidement », explique Julia Duchastel-Légaré. Difficile parfois pour le personnel des maisons funéraires de savoir si le défunt avait la fibre écolo.

« Quand les gens viennent faire des préarrangements chez nous, dans un contexte beaucoup moins émotif, où ils ont le temps de réfléchir à ce qu’ils veulent, alors là, c’est sûr qu’on voit ces questions-là poindre et les gens nous demandent ces produits. » — Julia Duchastel-Légaré, vice-présidente de la maison funéraire Alfred Dallaire MEMORIA

Des urnes écologiques, faites de matériaux biodégradables et fabriquées ici, sont désormais disponibles. Diane Bisson, une designer industrielle qui travaille en collaboration avec la maison Alfred Dallaire MEMORIA a d’ailleurs développé une urne de glace.

« L’urne de glace, c’est l’immatérialité. Je me disais : « Quel est le matériau qui me permet d’obtenir zéro impact? » De l’eau! ».

Une urne de glace

Des cercueils écologiques, exempts de métal et faits de bois issu de forêts bien gérées, sont également disponibles.

Leurs laques ne contiennent pas de produits toxiques, leurs tissus de rembourrage sont faits de fibres naturelles, non blanchies.

Certaines maisons offrent des funérailles vertes de A à Z : pas de vaisselle jetable au buffet, des signets en papier recyclé, le transport en voiture hybride.

Être ou ne pas être embaumé?

L’embaumement, popularisé d’abord aux États-Unis, est une pratique qui nécessite l’emploi de produits tels le formaldéhyde. Celui-ci permet de donner aux morts un visage de vivant. Or, le formaldéhyde est un cancérigène reconnu… pour les vivants! Des études ont démontré les impacts négatifs qu’il avait, notamment, sur la santé des travailleurs en thanatologie.

Les 8 à 10 litres de produits formolés nécessaires à l’embaumement d’une seule personne se retrouvent ensuite dans le sol et la nappe phréatique en cas d’inhumation, ou dans l’air, lors de la crémation. Joint au téléphone, Michel Kawnik, président de l’Association française d’information funéraire est formel : il s’agit d’un poison.

« Le formol devrait être interdit dans les cas de crémation, car celle-ci transforme les produits formolés en dioxine, des molécules cancérigènes, qui perturbent la fertilité. »

Une table d'autopsie

En France, les services d’embaumement, qu’on appelle là-bas thanatopraxie, sont relativement nouveaux. Les salons funéraires, tels qu’on les connaît en Amérique du Nord, y sont apparus il y a une vingtaine d’années. Ailleurs en Europe, hormis dans les pays anglo-saxons, l’embaumement est une pratique qui reste marginale, sinon carrément interdite.

Michel Kawnik reconnaît toutefois qu’elle s’avère nécessaire dans certains cas, comme le rapatriement d’un corps, ou lorsqu’une famille choisit de garder la dépouille à la maison pour les rites funéraires.

« Quand la température est élevée, qu’on est en présence d’enfants, l’embaumement, c’est très bien », dit-il.

Mais en général, d’autres options existent. « On peut employer de la glace carbonique, qui va congeler le corps, ou encore utiliser une rampe réfrigérante ». Ces lits de métal, qui fonctionnent à l’électricité, sont utilisés en France tant à domicile que dans les centres de soins.

Au Québec, Julia Duchastel-Légaré note que la crémation sans embaumement préalable est en hausse.

« De pouvoir venir faire un dernier adieu à la personne avant une crémation et d’assister à ça, sans embaumement, c’est une demande qui a triplé dans les dernières années chez nous. »

« C’est sûr que ça coûte beaucoup moins cher quand il n’y a pas d’embaumement, mais c’est aussi plus écologique. Alors souvent, nous, ce qu’on essaie de faire, c’est de montrer aussi que les solutions écologiques ne sont pas nécessairement plus coûteuses. » — Julia Duchastel-Légaré, vice-présidente de la maison funéraire Alfred Dallaire MEMORIA

Depuis quelques années, des produits plus écologiques pour l’embaumement sont apparus sur le marché, mais selon plusieurs thanatologues, ils n’offrent pas le même résultat que les produits formolés. Toujours apprécié, le formaldéhyde a aussi l’avantage d’être très peu coûteux.

Un enterrement écologique

Quand le gazon est plus vert chez le voisin

Au Canada, les lois entourant les services funéraires et les enterrements varient d’une province à l’autre. Ainsi, l’une des façons les plus vertes de reposer éternellement est interdite au Québec. Pour réduire au maximum son empreinte écologique, on peut choisir d’être inhumé sans cercueil, simplement dans un linceul. C’est possible dans toutes les provinces canadiennes, sauf au Québec, où un cercueil est absolument nécessaire.

En Colombie-Britannique et en Ontario, notamment, il existe des cimetières entièrement verts, où tout a été pensé pour que la mort soit la moins polluante possible. Chez nos voisins du sud, on compte une cinquantaine de cimetières de ce type.

Et s’il y avait une autre option?

On l’appelle hydrolyse alcaline, biocrémation, résomation… et plusieurs sont convaincus qu’il s’agit de la voie de l’avenir. Exactement comme lors de crémation par le feu, le processus final donne des fragments d’os, mais pour le même résultat, on utilise huit fois moins d’énergie.

Comment ça fonctionne? Le corps est déposé dans un grand récipient muni d’un couvercle scellé auquel on ajoute 300 litres d’eau ainsi qu’un mélange d’hydroxyde de sodium et de potassium. L’eau circulera autour du corps et la température du récipient sera maintenue à près de 98 degrés Celsius pendant 12 heures. Drew Gray, de Prince Albert en Saskatchewan, est le premier thanatologue à s’être doté de cette machine au Canada.

« Quand un animal meurt dans la forêt, l’alcalinité du sol, l’humidité, les précipitations feront en sorte qu’au bout d’un certain temps, il ne restera que le squelette. C’est exactement la même chose qui se passe avec l’hydrolyse alcaline. »

À la fin du processus, il ne reste dans l’eau que les composants de base que l’on retrouve dans le corps humain, dont des acides aminés, des peptides, du sel.

Un corps au moment de l'autopsie Photo :  iStocktphoto

M. Gray a installé ce nouvel équipement en 2012, car sa maison funéraire était située trop près d’un quartier résidentiel. Impossible pour lui d’obtenir le permis pour un crématoire.

À sa grande surprise, il n’a pas eu à se battre pour faire accepter ce nouveau procédé.

« La province de la Saskatchewan était très en avance sur moi, les lois avaient déjà été adaptées. On ne parlait plus de crémation par les flammes, mais plutôt par la chaleur ».

La température étant beaucoup plus basse que lors d’une crémation par le feu, aucun danger que le mercure des amalgames dentaires ne se transforme en gaz. Il pourra être récupéré et traité en conséquence. Le procédé est également disponible en Ontario, et bientôt, au Québec.

Entre-temps, une autre façon de réduire son empreinte écologique dans la vie comme dans la mort serait peut-être de recycler la chaleur des crématoires, comme au Danemark, où elle sert à chauffer des maisons et des écoles.

http://ici.radio-canada.ca