Imagination


C’est important la logique, mais l’imagination l’est tout autant sinon plus. Sans imagination, il y a des expériences, des découvertes qui n’auraient jamais eu lieu
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Imagination

 

 

La logique vous mènera d’un point A à un point B. L’imagination vous mènera partout.

Albert Einstein

3 km à pied, ça booste la créativité


Ceux qui ne sont pas sportif pourraient quand même s’adonner à la marche à pied comme ont fait les génies tels que Rousseau, Tchaïkovski, Beethoven, Socrate et bien d’autres. Sans savoir vraiment pourquoi, la randonnée a un effet bénéfique sur la créativité
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3 km à pied, ça booste la créativité

 

On évoque souvent les bienfaits de l’activité physique sur la santé physique et mentale. En voici une nouvelle preuve avec cette étude sérieuse qui suggère que la marche à pied, même à faible intensité, stimule la créativité.

Musiciens, écrivains, philosophes ou scientifiques : ils sont nombreux à s’être livrés à leur art après leurs promenades quotidiennes, si bien qu’on en arrive à se demander si le secret de leur inventivité ne vient pas de ces randonnées. Peut-être bien que si, à en lire une étude parue en 2014 dans Experimental Psychology : Learning, Memory and Cognition.

Le contexte : des génies adeptes de la balade

Qu’ont en commun Rousseau, Tchaikovsky, Beethoven, Dickens, Socrate ou Darwin ? Peut-être doivent-ils leur génie à leur goût pour la marche à pied. Tous aimaient déambuler plusieurs fois par jour dans les rues de la ville ou à la campagne. À tel point qu’une légende est née autour des bienfaits de la randonnée sur la réflexion et la créativité.

Mais jamais cette idée reçue qui traverse les âges n’a été vérifiée selon un protocole scientifique. Au mieux, des études ont effectivement montré que l’activité physique préserve les fonctions cognitives sur le long terme. Sans parler des bienfaits pour le reste de la santé.

Alors, Marily Oppezzo, de l’université Stanford (San Francisco, États-Unis), a voulu confronter cette hypothèse populaire à des méthodes rigoureuses. Avant de la valider devant les évidences constatées.

L’étude : de la marche à pied née l’idée créative

En tout, 176 étudiants de la prestigieuse université californienne ont joué le jeu. Plusieurs petites expériences ont été menées afin de tester l’aptitude de ces jeunes à la pensée divergente, processus permettant de tester la créativité, avant ou après une petite balade, à l’intérieur ou en plein air. Ces exercices, décrits plus bas, ont été réalisés assis, ou après une session sur un tapis roulant, tandis que d’autres se promenaient sur le campus, sur leurs pieds ou poussés dans un fauteuil roulant, pour tester si l’air extérieur constituait un facteur stimulant.

Parmi les expérimentations proposées, l’une d’elles consistait à trouver un maximum d’utilisations à un objet en 4 minutes. Exemple : à quoi peut servir un bouton ? À boutonner. Mais pas seulement. Il fait office de poignée de porte dans une maison de poupée, ou peut aussi bien remplacer un œil manquant sur une peluche. D’autres peuvent s’en servir comme passoire de poche, ou les laisser tomber derrière pour retrouver son chemin, comme les cailloux du Petit-Poucet. L’imagination pouvait suivre son libre cours, mais dans une certaine limite. Celui qui répondait qu’un pneu pouvait faire office de bague de fiançailles n’était pas pris au sérieux. Avoir marché dans une pièce exiguë sur un tapis roulant accroissait la créativité de 60 %.

Une autre tâche demandait même une inventivité plus poussée encore, au cours de laquelle il était demandé aux participants de former une analogie complexe à partir d’une expression. Ainsi, lorsque la suggestion était un « coffre-fort volé », les volontaires devaient trouver une belle métaphore associée. Ceux qui pensaient à un soldat revenu traumatisé, marquant le sentiment de perte et de violation de l’humanité, marquaient davantage les esprits que ceux qui ne songeaient à rien d’autre qu’à un portefeuille perdu. Dans ce cas de figure, 100 % des cobayes ayant fait quelques pas ont trouvé au moins une analogie de qualité, contre 50 % pour ceux qui n’ont pas bougé de leur chaise.

Enfin, autre expérience, de pensée convergente cette fois. Dans ce cas, il n’y a qu’une seule bonne réponse à trouver. L’exercice consistait à trouver le point commun entre une suite de mots. L’exemple repris dans cette étude est celui de trois mots : cottage (petite maison), Swiss (Suisse) et cake (gâteau). La bonne réponse était cheese, le fromage, pour fromage blanc (cottage cheese), fromage suisse et cheesecake, les célèbres gâteaux au fromage. Et, à cet exercice, les marcheurs ont fait moins bien que les sédentaires.

L’œil extérieur : un lien entre activité physique et créativité ?

La créativité semble générée par une succession d’étapes, depuis la génération de l’idée jusqu’à son exécution. Néanmoins, ne deviendra pas Léonard de Vinci qui veut. Mais en cas de besoin, une petite promenade au fil de l’eau pourrait bien générer un concept spontané et prometteur.

Constat frappant… mais qui ne s’explique pas encore. Les auteurs manquent d’imagination pour trouver les causes cachées derrière ce phénomène. Et se demandent si d’autres activités physiques de faible intensité peuvent produire un tel flot de créativité. Mais quel protocole utiliser ? Marchons un peu, cela devrait aider…

https://www.futura-sciences.com/

Enfant : à quoi servent les contes ?


Les contes sont importants pour les enfants, la petite histoire avant d’aller dormir fait partie des routines de bien des enfants. Que ce soit de soit une méchante sorcière, un dragon cracheur de feu, le loup qui veut manger les 3 petits cochons, tout cela peut aider l’enfant à faire face à ses peurs et ses difficultés
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Enfant : à quoi servent les contes ?

 

 

Evgeny Atamanenko/shutterstock.com

Evgeny Atamanenko/shutterstock.com

 

A l’heure des tablettes numériques et autres jeux vidéos, nos enfants continuent de garder une affection toute particulière pour les histoires du soir, en particulier, les contes. Mais comment expliquer que Blanche-neige ou Boucle d’or fascinent autant nos bambins ? Sans doute parce qu’ils racontent beaucoup plus qu’ils n’en ont l’air.

Petit Poucet, Petit chaperon rouge, Trois petits cochons… Nous avons tous été bercés par ces histoires. Et nous perpétuons la tradition avec nos propres enfants. Les héros y sont confrontés à leurs premières expériences de vie. La valeur initiatrice des contes agit alors sur l’imagination de nos tout-petits.

Ainsi, l’enfant a besoin d’être instruit symboliquement sur la manière dont il peut régler ses problèmes. Et plus le personnage principal de l’histoire est « simple », plus l’enfant se reconnaîtra en lui. D’où l’intérêt de choisir des livres adaptés à chaque âge.

Les Trois petits cochons par exemple nous enseignent que la vie ne doit pas être prise à la légère. Boucle d’Or de son côté nous montre la difficulté de grandir, de ne plus être un bébé et pas encore un adulte…

Matérialiser les peurs

Dans « Elever son enfant », le Pr Marcel Rufo cite Bruno Bettelheim, auteur de la Psychanalyse des contes de fées.

Selon lui, « lire des contes, c’est dévoiler les peurs et les rêves communs à tous les enfants de la terre. Ces histoires révèlent un monde merveilleux où tout est possible, où les bons ont le dessus sur les méchants, les petits sur les grands, les faibles sur les forts ».

En fait, la ruse, la gentillesse et l’intelligence viennent à bout de toutes les difficultés.

Entre les loups et les sorcières, les contes aident aussi à matérialiser les peurs. Ils font espérer aux plus petits que les mauvais moments ne sont que passagers, une transition vers un avenir meilleur.

Comprendre le message

De façon plus concrète, pour remplir ses fonctions, l’histoire ne doit jamais être ennuyeuse. Par ailleurs, si le vocabulaire vous semble trop complexe, adaptez-le et posez des questions à votre bambin pour vous assurer qu’il comprend bien. Au fur et à mesure, vous apprendrez à connaître ses besoins et ses goûts. Si la lecture est interactive, l’enfant éprouvera le besoin de se confier, de raconter ce qui le tourmente…

Source : Elever son enfant du Pr Marcel Rufo et Christine Schilte Hachette famille, 719 pages

https://destinationsante.com

Afantaisistes, ils vivent sans image dans la tête


Un syndrome vraiment étrange et difficile d’imaginer, c’est le cas de le dire, qu’une personne soit incapable de visualiser dans sa tête, des lieux, des rêves, le visage de quelqu’un
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Afantaisistes, ils vivent sans image dans la tête

Repéré par Emeline Amétis

Le syndrome est encore méconnu, mais il concernerait de nombreuses personnes, dont Blake Ross, le cofondateur de Firefox Mozilla.

Fermez les yeux. Imaginez une plage: de sable fin, ou rocailleuse, peu importe. Imaginez la mer et la couleur du ciel. Rassurez-vous, l’objectif n’est pas de vous hypnotiser. Mais seulement de vous faire prendre conscience que si vous y êtes arrivé sans peine, vous avez là une capacité que les afantaisistes n’ont pas: construire une image mentale, se représenter un lieu, un visage, une forme.

Dans un article publié directement sur Facebook, Blake Ross –co-fondateur de Mozilla Firefox– confie «ne jamais avoir visualisé quoi que ce soit de sa vie»:

«Je ne peux pas “voir” le visage de mon père, ou imaginer une balle rebondissante bleue, me souvenir de ma chambre d’enfant ou du jogging que j’ai fait il y a dix minutes. Je pensais que “compter des moutons” était une métaphore. J’ai 30 ans et je n’ai jamais su comment un humain pouvait faire cela. Et ça me fascine.»

Un syndrome inconnu

Blake Ross est atteint d’un syndrome —dont le nom est encore incertain— mis en lumière par des chercheurs en neurosciences en juin 2015: l’aphantasie ou l’afantaisie, au choix.Baptisé selon le grec φαντασια, la traduction allemande du mot grec, Phantasie fait référence à l’imagination. Avec le préfixe «a», il devient donc question d’absence d’imagerie mentale. Difficile pour l’auteur de ne pas y voir aussi un souvenir d’enfance: le film Fantasia.

Jusque-là, le développeur pensait que l’ensemble de l’humanité connaissait le même sort. Il a fallu que le New York Times s’intéresse la même année aux conséquences d’une opération sur un patient de 65 ans, qui avait subitement perdu la capacité de visualiser le visage de Tony Blair –entre autres–, pour que Blake Ross se rende compte qu’il était, lui aussi, afantaisiste et que, par conséquent, il appartenait à une minorité d’humains. Il est par ailleurs encore difficile de savoir combien de personnes sont touchées par ce trouble:l’enquête d’un professeur en psychologie publiée en 2009 et réalisée sur 2.500 personnes évalue ce nombre à 2%. Mais on sait encore trop peu de choses sur le sujet.

Blake Ross ne souffre pas de troubles neurologiques ou ophtalmologiques. Il fait juste appel à sa mémoire sans visualisation, en se souvenant de certaines caractéristiques physiques quand il s’agit du visage de quelqu’un, comme la couleur de ses yeux.

Pas de rêves, ni de musique dans la tête

Après cette révélation s’ensuit une insomnie, provoquée par la curiosité d’en apprendre plus sur les expériences de ses amis encore en ligne sur Facebook. Blake Ross constate alors avec stupéfaction que sur 74 amis contactés, 71 décrivent sans difficulté la construction d’une image mentale en utilisant spontanément les mots relatifs aux«images». Seules trois personnes contactées par Blake Ross ont l’imagination aveugle:

«Nous avons lancé un fil de discussion pour comparer nos tics et nos particularités –un tas de “MAIS OUI!”, d’“EXACTEMENT!!” et de “wow toi aussi?”– et j’ai senti la chaleur transcendante que je n’avais connue qu’une seule fois auparavant: quand un gamin geek un peu isolé débarque de Floride et rencontre un groupe de développeurs californiens qui semblent simplement “le comprendre”. C’est le sentiment de trouver les siens.»

Si Blake Ross écrit cet article, c’est aussi parce qu’il s’est heurté, dans le meilleur des cas à la curiosité sinon à l’incompréhension de certains proches, et a voulu répondre à leurs questions. Il explique ainsi qu’il n’arrive pas à se figurer la forme (même la plus simple: un triangle, par exemple), qu’il ne rêve pas –ou en tout cas, qu’il est incapable de visualiser ses rêves au réveil–, qu’il n’arrive pas à dessiner, qu’il saute les descriptions physiques dans un livre, qu’il ne se souvient pas des plages de Miami où il a pourtant grandi, qu’il n’a pas le sens de l’orientation, qu’il n’arrive à visualiser le visage de ses ex-copines, qu’il n’a pas de musique dans la tête,

http://www.slate.fr/

Les recherches scientifiques les plus folles récompensées


Des savants ont fait des recherches qui n’auront jamais de prix Nobel. Leurs trouvailles ne sont pas vraiment sérieuses, quoique toutes questions méritent une réponse. Et là, ils sont récompensés pour leur imagination
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Les recherches scientifiques les plus folles récompensées

 

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Le chercheur Michael Smith qui accepte un trophée lors de la soirée de remise des prix Ig Nobel.Capture d’écran Gentside

La science n’est pas qu’un monde froid et obscur, accessible uniquement à  des professeurs en blouse blanche. C’est ce que cherche chaque année à  démontrer la cérémonie des Ig Nobel.

Parodie du célèbre Prix Nobel, elle rend hommage à  l’imagination et aux recherches loufoques «qui font d’abord rire les gens puis ensuite réfléchir». Et en cette année 2015, le palmarès vaut encore le détour.

LA PHYSIQUE OU LA LOI UNIVERSELLE DE LA MICTION

Vous êtes vous déjà  demandé combien de temps met un chien ou une vache pour uriner? L’équipe de David Hu, lauréat du prix de physique, s’est penchée sur la question et a découvert que tous les animaux, peu importe leur taille, mettent en moyenne environ 21 secondes pour vider leur vessie. Une découverte qui selon les scientifiques, «pourrait aider à  diagnostiquer certains problèmes de miction chez les animaux».

Le représentant du groupe, une lunette de toilettes autour du cou, a reçu, comme les autres, sa récompense des mains d’un vrai prix Nobel.

LA PHYSIOLOGIE OU LA DOULEUR D’UNE PIQÛRE D’ABEILLE

Le jeune diplômé Michael Smith lui, a littéralement donné son corps à  la science. Le scientifique s’est ainsi laissé piquer plus de 200 fois par des abeilles afin de déterminer les endroits où les piqûres sont les plus douloureuses. Verdict? Les narines, la lèvre supérieure et les parties génitales sont les zones à  protéger en priorité en cas d’attaque de l’insecte ailé.

Le jeune homme a partagé son prix avec l’équipe de Justin Schmidt qui dans le même domaine, a établi dans les années 1980, l’index Schmidt comparant la pénibilité des piqûres d’insectes. 

LES MATHÉMATIQUES OU LA LÉGENDE DES 888 ENFANTS

Les lauréats du prix de mathématiques se sont eux intéressés à  l’histoire du Sultan marocain Moulay Ismaïl qui aurait eu, selon la légende, plus de 888 enfants. À la suite de calculs statistiques poussés, les chercheurs ont conclu qu’il était humainement possible d’obtenir une telle descendance pour le sultan qui était entouré de quatre femmes et plus de 500 maîtresses.

LA BIOLOGIE OU LA DÉMARCHE DES POULETS

Les oiseaux sont les plus proches descendants des dinosaures. Pour le prouver, le chercheur chilien Bruno Grossi a attaché, dès leur plus jeune âge, un bâton alourdi au dos de poulets, en guise de queue artificielle, et s’est ainsi rendu compte qu’ils adoptaient une démarche similaire à  celle des T-rex.

LA MÉDECINE OU LES BIENFAITS DU BAISER

Côté médecine, deux groupes ont été récompensés pour leurs expériences visant à  évaluer les bienfaits ou conséquences biomédicales des baisers intenses et d’autres pratiques sexuelles. Autre prix dans un domaine proche, celui du diagnostic médical. Une équipe internationale a été primée pour avoir démontré que l’appendicite aiguë pouvait être diagnostiquée en transportant un patient dans une voiture passant sur des ralentisseurs et en estimant sa douleur.

http://fr.canoe.ca/

Quand notre cerveau s’inquiète


La peur sous toutes ses coutures, car l’être humain à beaucoup d’imagination pour se faire peur. Certaines de ces peurs sont d’instinct et bénéfiques alors que d’autres sont obsessionnelles.
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Quand notre cerveau s’inquiète

 

François Richer

Chercheur en neuropsychologie, professeur à l’UQAM

On sursaute au moindre bruit. On a des papillons dans le ventre. On a le dos crispé. On ressasse une conversation ou une scène stressante au lieu de s’endormir.

Les humains sont des spécialistes de la peur. Ils peuvent avoir peur longtemps d’avance, peur pour les autres et peur d’avoir peur. C’est le prix à payer pour avoir développé une grande imagination.

Nous naissons tous avec des programmes instinctifs de peur qui peuvent être déclenchés par un petit nombre de signaux importants comme des bruits forts ou des visages menaçants. À partir de ce répertoire limité, notre cerveau apprend par association ou par l’exemple tout un répertoire de réactions de peur à de nombreuses situations.

Les circuits de la peur apprennent vite, parfois trop vite, créant une anxiété. Dans l’enfance, l’anxiété peut s’exprimer par des phobies (noirceur, hauteurs, animaux, orages). Elle peut aussi toucher des thèmes sociaux comme l’éloignement ou la perte de nos proches (anxiété de séparation) ou le regard des autres (timidité, anxiété sociale).

Certains ont même peur d’avoir peur. Ils anticipent tellement bien leur peur qu’ils la provoquent, comme l’enfant qui commence à avoir peur de tout et de rien après le repas du soir parce que le coucher approche. Les enfants autistes peuvent développer plusieurs phobies peu courantes en quelques mois (ex: toilettes, eau, escaliers, appareils ménagers, alarmes, étrangers, mort) dont certaines peuvent avoir des effets très néfastes sur leur développement (ex: refus d’aller à l’école) et leur santé (ex: constipation extrême).

Les différences entre les anxieux et les moins anxieux sont dues à de nombreux facteurs (génétiques, stress du fœtus, stress en bas âge, expériences de vie, traumatismes). Pour freiner la peur, le cerveau utilise des circuits de régulation émotionnelle qui évaluent les risques en fonction de nos priorités, nos valeurs et notre tempérament. Des variations dans ces circuits rendent les gens plus ou moins inquiets, courageux, prudents ou téméraires. Quand ces circuits ont des fragilités particulières, on peut développer un trouble anxieux comme la phobie, l’anxiété sociale, le trouble panique ou le trouble de stress post-traumatique.

La peur est essentielle car elle mobilise notre corps et notre esprit pour réagir aux menaces potentielles.

1) Elle contracte nos muscles pour nous préparer à agir (fuir ou combattre). Très pratique pour les dangers imminents (ex: lion ou voiture qui s’approche), la réaction musculaire est moins adaptée aux nombreuses situations stressantes vécues ou imaginées à chaque jour. Un dos crispé est souvent dû à l’accumulation de centaines de petites réactions d’inquiétude à peine conscientes.

2) Elle mobilise aussi nos hormones de stress pour nous rendre prêts à dépenser de l’énergie pour réfléchir et pour agir. Pour prioriser l’action, la peur freine même les autres systèmes comme la digestion (crispation intestinale, perte d’appétit).

3) Elle augmente notre sensibilité pour nous aider à analyser la situation («c’est quoi ce petit bruit?»). La facilité à déclencher un réflexe de sursaut est un indice d’anxiété.

4) Elle nous fait repenser de façon répétée aux situations stressantes pendant un certain temps (scène violente, conversation stressante) pour tenter d’en tirer des leçons et s’en rappeler. Dans le stress post-traumatique, les flashbacks peuvent être terrorisants et ils aggravent l’anxiété en rendant le souvenir du traumatisme plus permanent. Plusieurs traitements visent à réduire leur fréquence et leur impact.

5) Elle stimule les associations d’idées et nous fait imaginer des scénarios pour prévoir les dangers possibles. Ces pensées peuvent être très utiles mais elles créent aussi un cercle vicieux qui alimente la peur. Ces boucles d’anxiété peuvent nous garder éveillés quand on veut s’endormir et peuvent nous rendre agités ou irritables avant un évènement spécial (voyage, déménagement, rentrée). Les personnes anxieuses peuvent même devenir obnubilées par un thème stressant (rumination mentale). Quand le cerveau cherche des raisons de s’inquiéter, il en trouve toujours.

6) La peur est une grande source de distraction. Quand les inquiétudes dominent la pensée, on a des difficultés à se concentrer et à formuler des idées car la peur impose ses thèmes qui nous distraient constamment.

7) L’anxiété peut se propager comme un virus. Par conditionnement, les circuits de peur tissent des liens avec des situations similaires à celles qui nous font déjà peur. Vivre une situation dangereuse (ex: un feu) dans un endroit bondé peut générer une phobie qui, avec le temps, se généralise aux endroits dont on ne peut facilement fuir (ascenseurs, avions, foules).

8) La peur est aussi contagieuse, car lire les émotions des autres, c’est un peu les reproduire dans notre cerveau. Les personnes qui ont peur sont plus sensibles à la peur des autres.

La peur peut nous figer autant que nous mobiliser. Figer sert à éviter le danger comme le lièvre qui s’immobilise au moindre bruit suspect.

1) La peur peut rendre les jambes molles, une réaction associée à l’immobilisation (ex: la phobie des hauteurs).

2) La peur fige aussi la voix, lui donnant un trémolo ou une baisse de volume qui révèle une baisse d’assurance (ex: parler en public).

3) La peur peut aussi figer l’imagination et la pensée. Elle réduit l’ouverture d’esprit. On évite les idées risquées, on s’en tient à ce qui est connu, parce qu’on a peur de ce que les autres vont penser. On remet à plus tard une conversation délicate ou un travail stressant. Quand on surévalue les risques et qu’on sous-évalue les opportunités, on évite les défis qui nous font avancer. On peut aussi devenir surprotecteur, pour soi ou pour nos proches.

4) L’exposition à la violence peut produire une perte de sensibilité, un blocage ou émoussement émotionnel. On observe souvent ce genre de blocage dans le stress post-traumatique (ex : soldats exposés au combat) ou chez les jeunes régulièrement exposés à la violence. Il a des effets négatifs sur les interactions sociales, les relations de couples et l’adaptation à son milieu.

5) Le cerveau peut même prendre des mesures extrêmes pour éviter la peur. Il peut parfois nous faire vivre une déconnexion partielle de la réalité (dissociation) comme percevoir notre environnement comme irréel, comme dans un rêve (déréalisation), nous faire percevoir nous-même comme étranger (dépersonnalisation) ou encore oublier des évènements traumatisants (amnésie dissociative).

L’anxiété a un impact majeur dans nos vies parce qu’elle affecte notre jugement.

1) La peur, on y croit! Dire à quelqu’un qui a peur qu’il n’a pas de raison d’avoir peur est souvent inutile. À cause d’un biais dans notre jugement, les indices qui confirment la peur sont acceptés beaucoup plus vite que ceux qui la contredisent.

2) Elle réduit notre sens critique et fait qu’on croit ses suggestions même les plus farfelues, comme l’enfant qui, soudainement, prend les ombres dans sa chambre pour des personnages inquiétants; ou l’employée qui croit qu’elle va perdre son emploi parce qu’une parole a pu être mal interprétée par une collègue. Les scénarios irréalistes ne sont plus filtrés à la source («et si le pont s’effondrait au moment où je passe dessus?»)

3) La peur décuple aussi notre besoin de se rassurer. L’anxiété entretient des doutes qui font oublier le bon sens et peuvent nous rendre compulsifs ou superstitieux. Elle peut nous faire vérifier à toutes les minutes si une situation a changé, ou si une porte est bien verrouillée, ou nous donner envie de se laver à répétition par inquiétude pour notre santé.

4) La peur peut aussi nous rendre paranoïaques ou agressifs.

5) En plus, l’anxiété réduit notre assurance, augmente notre détresse, et ronge notre capacité à ressentir le plaisir, ce qui augmente le risque de dépression.

Malgré tous les effets néfastes de la peur, l’extirper du cerveau n’est pas une solution viable. À petite dose, la peur nous motive, nous instruit, et nous socialise quotidiennement. Certaines personnes qui ont subit des dommages au cerveau ne ressentent plus la peur (ex: le cas SM). Ces personnes n’apprennent pas à éviter des situations dangereuses. Elles sont excitées par des scènes de maisons hantées, des serpents tout près de leur visage, ou des films de peur. Elles se méfient peu des étrangers, et ont aussi des difficultés à lire la peur sur le visage des autres. Certains enfants autistes ont aussi cette insouciance face aux étrangers (ce qui contraste avec la phobie sociale des autres) ou peuvent préférer une maison en feu au stress de la rue.

Malgré son importance dans nos vies, l’anxiété n’est pas une fatalité. À court-terme, on peut la désamorcer en freinant la boucle d’alarme, soit en réduisant les sensations corporelles (ex: relaxation, chaleur) ou les pensées associées (ex: distraction, divertissement, socialisation, méditation), ou encore en freinant le moteur de la boucle (ex: médication).

À plus long-terme, réduire l’anxiété demande un travail de désapprentissage des associations anxiogènes en apprenant de nouvelles associations entre des pensées anxiogènes et des émotions plaisantes et, surtout, un renforcement de nos circuits de régulation émotionnelle qui peut prendre différentes voies dont l’entrainement cognitif, l’entrainement de l’assurance et l’entrainement physique.

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