Les îles Cook créent un des plus grands sanctuaires marins au monde


Il commence à être temps de prendre des grandes mesures pour la gestion des océans. Espérons que les règles seront respectées pour qu’il y ait un grand territoire pour que la vie marine puisse s’épanouir
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Les îles Cook créent un des plus grands sanctuaires marins au monde

 

L'île Rarotonga est la plus grande des îles... (PHOTO MARTY MELVILLE, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE)

 

L’île Rarotonga est la plus grande des îles Cook.

PHOTO MARTY MELVILLE, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

 

Agence France-Presse
WELLINGTON

Les îles Cook ont créé l’un des plus grands sanctuaires marins au monde, qui protégera une portion du Pacifique grande comme trois fois la France.

Le Parlement de l’archipel a voté jeudi soir la législation donnant naissance à cette vaste zone de 1,9 million de kilomètres carrés.

Le militant écologiste Kevin Iro, qui avait été le premier à proposer la création de cette zone il y a plus de cinq ans, a parlé d’un jour historique qui contribuera à préserver l’océan pour les générations futures.

« C’est un moment historique, notamment parce que tout le monde a soutenu la proposition, y compris les leaders traditionnels qui ont été à la pointe de cette initiative », a-t-il dit à l’AFP.

Les îles Cook comptent 10 000 habitants et ses 15 îles couvrent une surface totale cumulée de 236 km carrés.

Mais sa position isolée dans le Pacifique, à peu près à mi-chemin entre la Nouvelle-Zélande et Hawaii, signifie que son territoire maritime est immense.

L’idée n’est pas d’interdire strictement toute pêche et toute activité minière dans ce sanctuaire marin, nommé Marae Moana, mais de faire en sorte que celles-ci soient menées de façon durable.

Cependant, le sanctuaire comprendra une zone de 320 000 km carrés où la pêche sera rigoureusement interdite.

Le premier ministre des Îles Cook, Henry Puna, a estimé que ce sanctuaire devait montrer la voie au monde entier pour ce qui est de la gestion des océans.

« Nous avons eu ensemble la vision consistant à faire de notre petit pays la destination touristique la plus verte au monde », a-t-il dit au Parlement, selon le Cook Islands News.

« Non seulement, nous reconnaissons que nous tirons profit de l’océan en termes de pêche, de tourisme et de richesse des fonds marins, mais il nous apporte aussi un air pur, de l’eau propre et de la nourriture », a-t-il ajouté.

Après des années de négociations, un consensus a été trouvé en octobre entre les 25 membres de la Commission pour la conservation de la faune et de la flore marines de l’Antarctique (CCAMLR) lors de sa réunion annuelle à Hobart, en Tasmanie.

Présenté par les États-Unis et la Nouvelle-Zélande, le projet porte sur la création d’une zone protégée en mer de Ross, une immense baie côté Pacifique.

Elle s’étendra sur une superficie de plus de 1,55 million de kilomètres carrés, soit une aire plus vaste que la France, l’Italie, le Benelux, l’Allemagne, la Suisse et l’Autriche réunis.

Au total, 1,12 million de kilomètres carrés seront interdits à la pêche, selon le ministre néo-zélandais des Affaires étrangères Murray McCully.

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Un sanctuaire marin grand comme la lune


Un très beau projet et en réalité nécessaire pour redonner a l’Océan Pacifique la santé qu’elle mérite, mais la superficie de ce projet est immense et l’argent sera t’il au rendez-vous ? Comme on le sait, tout ce qui n’est pas rentable économiquement n’est pas intéressant pour les grandes puissances
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Un sanctuaire marin grand comme la lune

 

Peter Seligmann, co-fondateur de l'organisation écologiste Conservation International... (PHOTO ROMEO GACAD, AFP)

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Peter Seligmann, co-fondateur de l’organisation écologiste Conservation International (CI), oeuvre de concert avec les îles du Pacifique afin de constituer un gigantesque réseau de réserves baptisé « Pacific Oceanscape ».

PHOTO ROMEO GACAD, AFP

NEIL SANDS
Agence France-Presse
Avarua, Les îles Cook

« Quand j’étais gamin, tout ça était vivant », se désole Kevin Iro en foulant des grappes de coraux morts sur une plage des îles Cook.

L’ancien international de rugby se consacre désormais à un projet : faire de l’océan Pacifique la plus vaste réserve marine de la planète.

Les îles Cook ont annoncé fin août la naissance de la plus grande zone marine protégée d’un seul tenant, une vaste étendue d’océan dans le Pacifique grande comme deux fois la France.

La réserve de 1,065 million de km2 couvre la moitié de ses eaux territoriales, riches en récifs coralliens et abritant des milliers d’espèces de poisson et de plantes marines.

C’est la contribution des îles Cook « au bien-être non seulement de nos populations, mais de toute l’humanité », a dit le premier ministre Henry Puna, en appelant les 15 États membres du Forum des îles du Pacifique (FIP) à s’unir.

Kiribati et Tokelau ont déjà créé leurs sanctuaires marins tandis que le territoire français de Nouvelle-Calédonie a annoncé la création dans les deux ou trois prochaines années d’un parc marin de 1,4 million de km2.

Peter Seligmann, co-fondateur de l’organisation écologiste Conservation International (CI), oeuvre de concert avec les îles du Pacifique afin de constituer un gigantesque réseau de réserves baptisé « Pacific Oceanscape » (littéralement : paysage océanique du Pacifique).

Ce projet complètement fou dans son ambition et ses dimensions permettrait de sanctuariser 40 millions de km2, depuis les Îles Marshall au nord jusqu’à la pointe septentrionale de la Nouvelle-Zélande au sud.

Une réserve de la superficie de la lune

Soit 8 % de l’enveloppe terrestre, quatre fois l’Europe. Presque exactement la surface de la lune…

« Ce que nous voyons naître est tout simplement le plus grand projet de protection de la nature de l’histoire », a affirmé Peter Seligmann à l’AFP. « Morceau après morceau, nation après nation, il prend forme ».

Les pays du FIP, pour la plupart des micro États menacés par la montée des océans, ont donné leur accord de principe.

« C’est leur intérêt. Les océans sont en état de siège : stocks de poissons éprouvés, blanchiment du corail dû au changement climatique et acidification », relève le scientifique.

Le Pacifique abrite 60 % des populations de thon, d’inestimables prairies et des récifs coralliens qui s’accordent avec une extraordinaire faune marine, dont les baleines, les dauphins et les oiseaux sont les prestigieux ambassadeurs.

L’idée n’est pas d’interdire de façon systématique ni la pêche ni l’exploration minière, mais de les assujettir aux impératifs écologiques, explique Marea Hatziolos, spécialiste en espaces marins et côtiers à la Banque mondiale.

Les chalutiers seront proscrits dans les zones les plus fragiles, mais d’autres parcelles de mer seront au contraire réservées à la pêche commerciale et au tourisme.

« Il y a vraiment une dimension économique dans ce projet, en plus de la protection de la biodiversité. Il permet en effet aux petites nations du Pacifique de gagner de l’argent », a-t-elle déclaré à l’AFP.

Des voeux pieux, déplorent certains, car les petites nations du Pacifique n’ont pas les moyens de financer la surveillance des sanctuaires.

Peter Seligmann reconnaît cet écueil, mais fait valoir que les puissances régionales – États-Unis, Australie, Japon et Nouvelle-Zélande – pourraient fournir la logistique nécessaire.

« Il est dans l’intérêt des pays développés de faire en sorte que les ressources halieutiques soient abondantes dans un siècle », dit-il.

Pour Kevin Iro, le « Pacific Oceanscape » est calqué sur une pratique indigène appelée « raui » et qui consistait en quelque sorte à mettre des espaces marins en « jachère ».

« Les chefs disaient « nous ne pêcherons plus dans cette zone, j’impose un raui dessus, personne n’a le droit d’y toucher avant la régénération des stocks » », explique-t-il.

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