Darwin souffrait-il de la maladie de Lyme ?


Il est difficile de faire un diagnostique sur une personne qui est mort depuis plusieurs siècles. Souvent, quand une maladie n’était pas connue à une époque, on pouvait penser que c’était peut-être psychologique. Pour Charles Darwin, les chercheurs ont pensé à certaines maladies, mais dernièrement on croit qu’il aurait été atteint de la maladie de Lyme
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Darwin souffrait-il de la maladie de Lyme ?

 

Illustration: John Collier / Wikimedia

par Brice Louvet, rédacteur scientifique11 janvier 2019, 10 h 29 min

Au cours de sa vie, Charles Darwin s’est plaint de nombreux maux. Beaucoup de maladies ont déjà été avancées pour expliquer ces symptômes, mais de nouvelles recherches suggèrent une autre cause possible, jusqu’alors négligée : la maladie de Lyme.

Charles Darwin, le célèbre évolutionniste auteur de L’origine des espèces, a au cours de sa vie évoqué de nombreux symptômes. Parmi eux ont été rapportés des tremblements musculaires, des attaques de panique, vertiges, palpitations cardiaques, acouphènes, éruptions cutanées au visage ou encore des problèmes gastriques et intestinaux. De quoi souffrait alors le plus célèbre des biologistes ?

« L’étrange collection de symptômes de Charles Darwin a défié les experts médicaux de son époque qui cherchaient une explication », explique Jeffrey M. Marcus, du département des sciences biologiques de l’Université du Manitoba (Canada). « Désespéré de trouver un soulagement, il a essayé toutes sortes de traitements. Mais parce que ses symptômes ne correspondaient à aucun diagnostic reconnaissable, beaucoup à l’époque soupçonnaient Darwin d’être hypocondriaque ».

Hypocondriaque, vraiment ?

Beaucoup d’historiens ont néanmoins tenté de cerner les nombreux maux de Darwin. Certains ont suggéré la maladie de Chagas, d’autres la maladie de Crohn, de l’eczéma, ou encore une intolérance au lactose – entre autres. Erwin Kompanje et Jelle Reumer, de l’Université de Melbourne (Australie) proposent aujourd’hui la borréliose chronique, aussi appelée maladie de Lyme. Après avoir analysé les journaux personnels et les lettres de Darwin, les chercheurs soupçonnent en effet le biologiste d’avoir été infecté par la bactérie Borrelia. Elle aurait  probablement été transmise par une tique lors de ses nombreux voyages en Grande-Bretagne. Si la maladie de Lyme n’est officiellement reconnue que depuis 1976, des cas ont été documentés en Europe à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle.

Les crises de panique, vertiges, tremblements, essoufflements et palpitations, ainsi que des problèmes gastro-intestinaux et cutanés relatés par Darwin pourraient effectivement s’expliquer par la maladie de Lyme. Cette dernière était probablement associée à une intolérance au lactose.

Ces symptômes pourraient également avoir été quelque peu exagérés par la « prédisposition hypocondriaque » de Darwin, notent les chercheurs.

tique

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Une tique a-t-elle transmis la maladie de Lyme à Charles Darwin ? Crédits : Pixabay

Toujours un doute

Pour Jeffrey M. Marcus, qui n’avait jusqu’à présent jamais pensé à la maladie de Lyme, il faut aujourd’hui considérer ces nouvelles conclusions.

« Ces tiques étaient certainement présentes en Grande-Bretagne du vivant de Darwin, tout comme la bactérie responsable de la maladie de Lyme, explique-t-il. Il est donc plausible que Darwin ait contracté la maladie de Lyme en Grande-Bretagne et que l’infection chronique ait été un élément important de son inconfort pendant des décennies.Cela dit, il aurait également pu avoir d’autres maladies qui pourraient avoir contribué à ses symptômes ».

La borréliose chronique pourrait ainsi expliquer – en partie – ces maux. Malheureusement, nous ne le saurons jamais avec certitude. Toujours est-il que son apparent inconfort ne l’a pas empêché de marquer l’histoire scientifique de son empreinte. Charles Darwin est finalement décédé d’une crise cardiaque en 1882, à l’âge de 73 ans.

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Malade d’être malade


Il existe beaucoup de maladie qui ont des symptômes similaires. Il y a des gens qui ont tellement peur d’être malade, qu’ils croient avoir des symptômes des pires maladies, même si après examen médical tout semble normal. Inventent-ils vraiment ou bien leur problème est réel ? C’est personnes ont vraiment besoin d’aide, car ils s’isolent souvent et leur vie est assez compliqué si en plus ils ont des phobies en rapport avec la santé
Heureusement, au pays, il existe des thérapies et des groupes d’entraide.
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Malade d’être malade

 

Jade Gauthier passe un nombre incalculable d'heures à... (PHOTO ANDRÉ PICHETTE, LA PRESSE)

Jade Gauthier passe un nombre incalculable d’heures à lire sur les maladies sur son téléphone.

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JANIE GOSSELIN

La Presse

La peur d’être malades les empêche de vivre. Au point, parfois, de leur donner envie de mourir. Si la crainte de la maladie est normale, et même saine, elle peut devenir un trouble mental envahissant. Témoignages sur des difficultés qui n’ont rien d’imaginaire.

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Danielle Moulin

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Radiographies, tests d’urine, prises de sang, tests de selles, gastroscopie: au fil des ans, Danielle Moulin a passé de nombreux examens médicaux. Résultat: rien d’anormal

«Je me disais: ils ont manqué un cours à l’université, ça ne se peut pas», dit la femme de 56 ans.

C’est que sa douleur au ventre était si vive qu’elle la «pliait en deux». Son coeur s’emballait. Même l’eau lui donnait l’impression de brûler son estomac. Elle était convaincue d’être gravement malade.

Son anxiété est devenue envahissante lorsqu’elle était dans la vingtaine.

En riant, la volubile retraitée s’identifie comme «all-dressed»: elle a souffert au cours de sa vie de troubles paniques, d’agoraphobie, d’hypocondrie, de claustrophobie… notamment.

Pendant longtemps, elle a évité les endroits où l’ambulance ne pourrait pas l’atteindre rapidement. L’autoroute Métropolitaine, les ascenseurs. Elle s’est confinée à un périmètre de Montréal bien défini, à proximité des hôpitaux.

L’hypocondrie

En 2013, avec la cinquième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, l’Association américaine de psychiatrie a revu sa façon d’évaluer différents troubles. La catégorie remaniée de «troubles à symptomatologie somatique ou apparentés» met l’accent sur les préoccupations ou comportements excessifs d’une personne face à la maladie. Le terme «hypocondrie», jugé péjoratif, a disparu. Le nombre de critères a été réduit.

Il est trop tôt pour savoir si ces changements ont entraîné une hausse du nombre de cas diagnostiqués, comme des critiques l’appréhendent.

On estimait à moins de 1% le nombre d’hypocondriaques, alors que la catégorie plus vaste de «trouble somatoforme» aurait touché environ 19 % des gens.

«Donc on peut penser que c’est probablement intermédiaire, autour de 7%», dit la Dre Judith Brouillette, psychiatre et chercheuse au département de psychosomatique de l’Institut de cardiologie de Montréal, soulignant l’absence d’études récentes.

Pression sur le système médical

La pression est tout de même importante sur le système médical. Une étude publiée en 2010 dans le General Hospital Psychiatry estimait que 40% des patients consultant un médecin pour des palpitations souffraient en fait d’un trouble anxio-dépressif. Les gens avec un trouble anxieux utilisent environ deux fois plus les soins de santé que les autres.

«Deux fois plus de visites, c’est plus de sous, plus d’investigations», note la Dre Brouillette.

Elle souligne qu’il est difficile pour un médecin de ne rien faire, même s’il «vaudrait mieux traiter de façon proportionnelle au risque, pour le bien-être du patient et du système».

C’est d’autant plus problématique lorsque les patients consultent différents médecins.

«L’hypocondrie est une maladie du doute : la personne a besoin de chercher une autre source pour se rassurer», dit Frédéric Langlois, directeur du département de psychologie à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), qui distingue ceux qu’on appelle encore couramment les hypocondriaques, qui sont persuadés d’être gravement malades, des autres ayant une crainte moins intense.

«C’est comme une drogue: la personne consulte et ça apporte une baisse de l’anxiété momentanément.»  Frédéric Langlois, directeur du département de psychologie à l’UQTR

Les médecins de famille et la psychothérapie sont la clé, selon lui. « Il faut que la personne ait un seul médecin et qu’il détermine à partir de quand c’est urgent, qu’il y ait une entente pour dire : « OK, on va attendre trois semaines et voir avant de passer à la prochaine étape. » »

Groupes de soutien

Il existe des organismes de soutien pour les gens anxieux, tous troubles confondus. C’est grâce à Phobies-Zéro, où elle a mis les pieds pour la première fois en 2002, en plus d’une démarche en psychothérapie et beaucoup de travail sur elle-même, que Danielle Moulin a pris du mieux.

Phobies-Zéro offre une ligne d’aide et des rencontres de groupe, où les proches sont bienvenus.

« Souvent, il y a de l’impuissance par rapport à la personne qui en souffre, les gens ont du mal à saisir le pourquoi », explique Debbie Lyons, coordonnatrice au développement à l’organisme.

Bruno Collard, directeur clinique de Revivre, précise que les services offerts par des organismes comme le sien – ateliers, ligne de soutien – ne « remplacent pas une aide médicale ou la psychothérapie ». Ils peuvent toutefois aider les gens à « se doter de stratégies ».

Danielle Moulin insiste : il y a «moyen de s’en sortir». «Je ne suis pas un trouble anxieux, je suis un être humain qui a des troubles anxieux», illustre-t-elle en agitant un éventail la proclamant fan no1 de Céline Dion.

Qu’elle est allée voir deux fois à Las Vegas, bien loin de son périmètre d’autrefois.

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Émélie Hébert Poulin

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Plutôt mourir que vomir

Émélie Hébert Poulin est sortie de chez elle trois fois entre novembre et fin mars. «C’est le temps de la gastro», explique-t-elle.

La femme de 31 ans a la phobie de vomir et de voir quelqu’un vomir.

Si cette peur est assez commune, l’émétophobie peut devenir aliénante.

La jeune entrepreneure a perdu des emplois en raison de son absentéisme. Elle retarde le projet d’avoir des enfants. Elle refuse de prendre des médicaments si les risques de vomir sont trop élevés. Elle craint d’avoir une maladie comme le cancer : faire de la chimiothérapie, avec ses effets secondaires, n’est pas envisageable.

Elle ressent ce malaise depuis l’enfance. Mais dans les dernières années, il est devenu de plus en plus envahissant.

Au plus fort de son trouble, en 2013-2014, elle estime avoir perdu environ 130 lb. La nourriture ne passait pas.

Elle a reçu un diagnostic d’anorexie. Même si elle n’était pas d’accord avec cette conclusion, elle a fini par accepter un traitement dans une clinique spécialisée en troubles alimentaires pour se remettre à manger.

Elle dit avoir «cogné à toutes les portes» pour trouver de l’aide. «Je me suis présentée énormément de fois à l’hôpital. Il y a des soirées où j’en visitais plusieurs, j’étais épuisée, confie-t-elle dans une entrevue par Skype – pour des raisons pratiques, même si elle admet que la rencontre en personne d’abord convenue aurait été anxiogène. J’étais très frustrée, je me disais : comment ça se fait qu’ils ne peuvent pas me prendre en charge ? Ils me disaient : ce n’est pas grave, vomir.»

Suicidaire, elle a déjà appelé le 9-1-1.

«J’étais sûre que j’allais vomir, je leur ai demandé d’envoyer quelqu’un, j’allais me tuer. Les ambulanciers et des policiers sont venus.» – Émélie Hébert Poulin

Le psychiatre absent, elle est rentrée chez elle. La nausée partie, la crise était passée. Mais sa voix reflète toujours colère et étonnement d’avoir été « laissée sans surveillance », malgré ses idées sombres.

Émélie Hébert Poulin a souvent eu l’impression d’être traitée différemment en raison de son historique médical.

«Quand tu as une maladie mentale et que tu te présentes aux urgences, tout est lié à ta maladie mentale…», déplore-t-elle.

 Ses pierres aux reins ont déjà été confondues avec un trouble panique, dit-elle.

Il est parfois difficile pour les médecins de départager les symptômes de santé mentale et de santé physique.

«C’est sûr qu’à un moment donné, ces gens [qui ont peur d’être malades] vont mourir», dit la psychiatre Judith Brouillette, pour expliquer que même les gens anxieux par rapport à la maladie peuvent avoir des maux causés par une réelle affection. Et l’inverse est aussi vrai.

Émélie Hébert Poulin offre maintenant, à travers le site internet de son entreprise Visages de la santé mentale (VDSM), témoignages et information pour aider d’autres personnes et combattre la stigmatisation. Le premier salon VDSM a eu lieu l’an dernier à Laval.

Grâce à une combinaison de médication, de psychothérapie à distance et de moyens alternatifs, elle apprend peu à peu à gérer ses troubles.

«L’anxiété, c’est beaucoup une job de reprogrammation du cerveau», dit-elle.

Avec l’hiver et les maux qui lui sont associés terminés, elle recommence à sortir.

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Jade Gauthier

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À un clic du diagnostic

Blogues et forums sur la santé, liste des symptômes à avoir à l’oeil, tests pour s’autodiagnostiquer des maux : le web regorge d’information sur les maladies. La tendance à se tourner vers l’internet au moindre bobo a même engendré un néologisme dans le langage populaire: cybercondrie.

Comme bien des jeunes de 18 ans, Jade Gauthier ne se départit jamais de son téléphone. Elle estime s’en servir la moitié du temps pour les réseaux sociaux. Et les 50% restants? Elle lit sur des maladies.

«Si j’ai mal à la tête, sur les tempes, je regarde sur l’internet, dit l’élève en arts et lettres. C’est peut-être un cancer. Je regarde les symptômes à longueur de journée.»

Assise dans un café, les jambes croisées, elle se tord les mains et sourit nerveusement.

«Ici, je regarde les gens et j’appréhende que quelqu’un fasse une crise cardiaque, confie-t-elle. Je n’ai pas juste peur de ce qui est contagieux, j’ai autant peur pour mon corps que pour les autres.»

Jade Gauthier a reçu un diagnostic de trouble de l’anxiété généralisée et de trouble d’adaptation en février dernier.

La préoccupation de la maladie est telle que la cégépienne évite certains lieux.

«Je ne vais pas dans les bars, les lieux publics. Je ne suis pas allée à mon après-bal, j’avais peur de voir des gens vomir.»– Jade Gauthier

Les transports collectifs sont aussi un cauchemar et elle se lave les mains fréquemment.

Une information toujours accessible

C’est  «impossible» pour la jeune femme de ne pas parcourir les listes de symptômes, maladies ou solutions préventives sur l’internet. Elle dit consulter plusieurs sites depuis sa 2eou 3e secondaire, «même quand ce n’est pas vraiment fiable, au cas où c’est vrai».

Autrefois, note le psychologue Frédéric Langlois, les gens souffrant d’hypocondrie ou de peur de la maladie cherchaient tout de même des réponses, dans les livres de médecine. Maintenant, l’information est beaucoup plus accessible, plus facilement.

«Internet, ça peut brouiller ces personnes, dit-il. Si l’hypocondriaque a peur du cancer et lit sur les effets négatifs, il va se mettre à avoir peur des traitements, ça va semer encore plus de doutes et compliquer les choses. »

Mais, selon lui, la présence de nombreux sites sur la santé ne peut pas pousser une personne vers un trouble mental sans prédispositions.

«Ça prend plusieurs ingrédients», note-t-il.

«L’internet peut être un catalyseur important de l’anxiété [en général], souligne Bruno Collard, de Revivre. Le fait d’être accroché aux réseaux sociaux, ça peut être plus anxiogène qu’apaisant. Pour certaines personnes, la solution est de diminuer ou couper la présence en ligne.»

http://www.lapresse.ca/

Des enfants soignés à tort


J’avais été étonné ce qu’une mère puisse faire subir à un enfant pour attirer l’attention comme le cas d’une maman qui avait empoisonné au sel son fils, On parle du syndrome de Münchhausen par procuration, mais j’avoue être tout étonnée, choquée par tout ce qu’une personne peut faire pour rendre un enfant malade lui causant de grands tords voir même la mort. Même, si cela est rare, des cas sont décrits et cela fait des victimes de trop
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Des enfants soignés à tort

 

D'après la police, l'Américaine Lacey Spears aurait empoisonné... (PHOTO RICK FLORES, ASSOCIATED PRESS)

D’après la police, l’Américaine Lacey Spears aurait empoisonné son fils en lui injectant d’énormes quantités de sel dans l’estomac par un tube gastrique, installé quatre ans plus tôt.

PHOTO RICK FLORES, ASSOCIATED PRESS

Marie-Claude Malboeuf
La Presse

Ce sont des enfants en santé, au corps pourtant zébré de cicatrices. Ils ont été opérés plusieurs fois, ont été piqués, affamés, suffoqués ou gavés de médicaments inutiles. Leurs bourreaux? Leurs parents, qui ont inventé – ou carrément causé – leur maladie. Chaque année, cette étrange forme de maltraitance fait son lot de victimes au Québec, parmi lesquelles un bébé qui «a vécu l’enfer», l’an dernier, à l’hôpital Sainte-Justine. L’histoire de cet enfant ressemble de façon troublante à celle d’un petit Américain, dont la mort fait présentement les manchettes au sud de la frontière.

Lacey Spears a inondé ses comptes Facebook, MySpace et Twitter de photos de son fils malade.

PHOTO TIRÉE DE FACEBOOK

Un bébé de 1 an a vécu «un mois d’enfer pur et simple» à l’hôpital Sainte-Justine, parce que sa mère a fait croire aux médecins qu’il souffrait de reflux gastrique, en le pinçant pour le faire pleurer et en le faisant vomir. Elle aurait de plus arraché ou saboté en douce les tubes d’alimentation et les solutés du nourrisson.

La femme des Cantons-de-l’Est a pressé «maintes fois» les médecins de percer l’estomac de son garçon afin de l’alimenter par un tuyau, écrit le tribunal de la jeunesse, qui a placé l’enfant en famille d’accueil l’an dernier.

Les médecins ont refusé d’aller aussi loin. Mais avant de démasquer la fabulatrice, ils avaient déjà infligé à son petit une série de traitements aussi inutiles que douloureux, soit:

  • dix jeûnes, quatre repas barytés, une vidange gastrique et des gavages;
  • l’installation de huit tubes et de huit intraveineuses;
  • deux anesthésies générales et deux sédations;
  • deux dilatations dangereuses d’une zone fraîchement opérée;
  • neuf prises de sang et des irradiations.

Pour atténuer la douleur, le bébé a dû ingurgiter de la morphine et des opioïdes.

Tous les ans

Aussi étrange soit-elle, cette forme de maltraitance fait régulièrement des ravages au Québec. Entre 2002 et 2013, au moins 23 enfants en danger ont dû être placés en famille d’accueil par le tribunal de la jeunesse. Une fois sur deux, leur mère ne s’était pas contentée d’inventer leurs symptômes, elle les avait provoqués ou avait truqué des examens.

«Leurs histoires sont impossibles à oublier, affirme le pédiatre retraité Jean Labbé. Les parents qui frappent leurs enfants ont généralement perdu la maîtrise d’eux-mêmes. Là, tout est réfléchi, planifié. Ils arrivent même à utiliser les médecins comme outils.»

L’expert en protection de l’enfance a pu sauver quatre petites victimes au cours de sa carrière au Centre hospitalier de l’Université Laval, à Québec. Une mère avait annoncé à son fils qu’il allait subir une greffe des poumons ou mourir, et lui imposait d’interminables traitements. Une autre se précipitait aux urgences après avoir empoisonné sa fille avec des antidouleurs – qui augmentaient son rythme cardiaque et la rendaient rouge, tremblante et en sueur.

«C’est la forme de maltraitance la plus rare, précise le Dr Labbé, mais c’est potentiellement l’une des plus dommageables puisque 6% à 9% des victimes en meurent.

«Les pédiatres sont formés pour se fier aux parents, puisque 99,9% d’entre eux ne sont pas des imposteurs», souligne le Dr Labbé.

Difficile à prouver

À Montréal, l’hôpital Sainte-Justine a refusé notre demande d’entrevue en disant que ces cas étaient très marginaux. Mais l’Hôpital de Montréal pour enfants est bien au fait du phénomène.

«Tous les ans, quelques parents éveillent nos soupçons parce qu’ils réclament des procédures innombrables et intrusives ou un diagnostic de maladie grave», affirme la pédopsychiatre Lila Amirali.

«Mais c’est très long et très difficile de prouver ce qui se passe, parce qu’en apparence, ils sont dévoués et exemplaires. On y est parvenus seulement deux fois.»

Pour compliquer les choses, près du tiers des parents imposteurs travaillent dans le domaine de la santé. Et les autres utilisent l’internet pour fabriquer leurs histoires. L’une des mères démasquées par le Dr Labbé était analyste médicale et avait fréquenté une faculté de médecine en douce, sans y être inscrite. Accro aux hôpitaux, elle s’était elle-même fait amputer de deux organes sains (un rein et l’appendice), avant de s’en prendre à ses enfants, dont l’un est mort dans des circonstances douteuses. Elle avait visité 19 hôpitaux pour brouiller les pistes.

Soif d’attention

Pourquoi? Fraudeurs, certains parents veulent toucher des prestations, des dons ou obtenir des médicaments.

D’autres, presque toujours des mères, souffrent plutôt d’un trouble mental. Elles jouissent de leur domination sur les médecins, ou cherchent à être admirées pour leur dévouement ou à éveiller la compassion.

«En se servant de leur enfant, elles tentent d’obtenir par ricochet l’attention dont elles ont été privées toute leur enfance», résume le Dr Labbé.

Avant d’être officiellement reconnu en 2013 (dans la 5e édition du manuel de diagnostic psychiatrique DSM), leur trouble a porté plusieurs noms. On parle désormais de «trouble factice imposé à autrui». Mais pendant plus de 25 ans, on a parlé d’un «syndrome de Münchhausen par procuration». «Münchhausen», en référence au célèbre baron du même nom, dont les fabulations guerrières ont été immortalisées dans un livre. «Par procuration», parce qu’ils utilisent le corps d’autrui au lieu du leur.

«Les mères qui présentent [ce trouble] sont capables de mentir de façon tellement convaincante qu’on en arrive à douter de notre propre raison», indique un rapport d’expertise déposé en cour.

Caméras cachées

Les parents atteints nient tout et ne sont même pas conscients de leurs motivations, précise la Dre Lila Amirali. Ils ne sont pas psychotiques, mais la très grande majorité souffre d’un trouble de la personnalité (limite, narcissique, antisocial ou paranoïaque).

«Seuls avec l’enfant qui pleure, ils ne réagissent pas ou se montrent cruels, mais dès que quelqu’un entre, ils se transforment en mères ou en pères exemplaires», ajoute le Dr Labbé, qui a vu des vidéos qui le prouvent.

Grâce à des caméras cachées dans des hôpitaux d’Atlanta, de Londres et de North Staffordshire, des dizaines de fabulateurs ont été pris sur le fait des deux côtés de l’Atlantique. On les voit suffoquer leur enfant pour qu’il convulse, l’empoisonner au désinfectant ou injecter leur urine dans l’intraveineuse. Une autre femme a déjà donné des coups de marteau à son petit, pour simuler un trouble hématologique.

Plusieurs de ces bébés se sont retrouvés avec des séquelles neurologiques. Une douzaine d’autres (frères et soeurs des enfants filmés) étaient déjà morts, sans doute assassinés.

Filmer les parents à leur insu pourrait sauver des vies et éviter des «souffrances incommensurables» ont donc conclu les chercheurs anglais et américains, qui ont publié leurs comptes rendus en 1997 et 2005 dans le journal Pediatrics.

Au Québec, le droit à la vie privée est toutefois protégé. «Pour filmer les parents, il faut leur autorisation, explique la Dre Amirali. Mais lorsqu’on a des soupçons, on fait tout pour les encadrer. On nomme un coordonnateur de dossier et une travailleuse sociale.»

Fausses accusations

Malgré les preuves recueillies, l’existence même d’un «syndrome de Münchhausen par procuration» est régulièrement contestée.

Aux États-Unis et en Angleterre, des centaines de mères ont été accusées d’en souffrir par des médecins et les services sociaux. Certaines ont été blanchies, mais seulement après avoir été emprisonnées ou avoir perdu la garde de leur enfant vraiment malade. Un bébé anglais est même mort après avoir été brutalement privé de sa famille – et de médicaments.

Leurs malheurs alimentent la croisade du groupe Mothers Against Munchausen by Proxy Allegations (MAMA). Elles inquiètent aussi des psychologues, des psychiatres et des philosophes, interviewés dans le magazine de vulgarisation Psychology Today. Selon eux, les mères trop critiques ou insistantes aux yeux des médecins sont victimes d’une chasse aux sorcières. Invoquer le syndrome devient une arme trop facile pour les faire taire, disent-ils, ou pour disculper certains professionnels dépassés.

Contagion

Un médecin pourrait toujours sauter trop vite aux conclusions, mais cela se produira «rarement», affirment deux Britanniques dans un survol scientifique publié en avril dans The Lancet.

Il faut au contraire repérer les parents atteints le plus rapidement possible, disent-ils, avant que leurs enfants ne subissent des «dommages graves». En plus d’endurer des examens douloureux, ces derniers «grandissent loin de leurs camarades, avec une scolarité handicapée, vivant  un monde irréel dans l’atmosphère blanche des hôpitaux, sentant peser sur eux l’angoisse de la maladie et de la mort», écrit la psychiatre française Catherine Isserlis.

Autre conséquence: la contagion. À Chicoutimi, une enfant de 8 ans prend le relais de sa mère et «simule [elle-même] des problèmes de santé et demande des médicaments», révèle un jugement de 2006.

L’objectif des parents n’y change rien; dès qu’un enfant reçoit des soins superflus, il faut le protéger, précise l’article du Lancet.

Le Dr Jean Labbé est d’accord. De nombreux parents deviennent maladivement inquiets lorsque leur enfant souffre de maladie chronique ou frôle la mort, illustre-t-il. Quand leurs angoisses et leurs exagérations entraînent une multiplication d’examens inutiles ou nuisibles, il faut les raisonner.

«Souvent, les médecins y parviennent, mais pas toujours, dit-il. J’ai déjà dû signaler deux cas du genre à la DPJ.»

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Lacey Spears a inondé ses comptes Facebook, MySpace et Twitter de photos de son fils malade.

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Un cas-choc américain fait les manchettes

Comme la mère du bébé maltraité à Sainte- Justine, une femme de l’État de New York jurait que son fils était gravement malade et vomissait tous ses repas. Comme la Québécoise, l’Américaine voulait nourrir son fils par un tube directement relié à l’estomac.

Deux histoires semblables, deux dénouements. Car seuls les médecins américains ont procédé à une gastrostomie. Quatre ans plus tard, le petit Garnett était mort. D’après la police, sa mère, Lacey Spears, s’est servie de son tube pour lui injecter d’énormes quantités de sel, qui l’ont empoisonné.

Pour les experts américains, la jeune femme de 26 ans semble souffrir du syndrome de Münchhausen par procuration. Vouloir alimenter inutilement son enfant par un tuyau est un gros signal d’alarme, disent-ils.

Chose certaine, Lacey Spears avait besoin d’attention. Pendant cinq ans, elle a inondé ses comptes Facebook, MySpace et Twitter de photos de son fils malade, dont plusieurs le montraient à l’agonie. Tout en se posant comme une mère modèle, elle fabulait apparemment sans arrêt, en s’inventant un fiancé mort et un autre fils.

Mardi, la jeune femme a toutefois plaidé non coupable à des accusations de meurtre devant le tribunal du comté de Westchester, où elle doit retourner le 2 juillet. Son histoire hallucinante est racontée en plusieurs volets sur le site Lohud/The Journal News.

 Aux États-Unis comme en Europe, des mères fabulatrices ont déjà abouti en prison. En 2010, une fraudeuse britannique, Lisa Hayden-Johnson, a reçu une peine de trois ans pour avoir confiné son fils à un fauteuil roulant. Ses mensonges lui avaient permis de recevoir quantité de dons et de rencontrer des célébrités, parmi lesquelles des membres de la famille royale.  L’Américaine Kathy Bush a aussi passé trois ans derrière les barreaux après avoir intoxiqué sa fille Jennifer avec un médicament contre l’épilepsie. À 8 ans, la petite avait déjà été hospitalisée plus de 200 fois et opérée à plus de 40 reprises. L’affaire a été très médiatisée après avoir éclaté, en 1999, Kathy Bush s’étant déjà rendue jusqu’à la Maison-Blanche afin de réclamer une meilleure couverture d’assurance médicale.

Ce sont des enfants en santé, au corps... (PHOTO PIERRE ANDRIEU, ARCHIVES AFP) - image 3.0

PHOTO PIERRE ANDRIEU, ARCHIVES AFP

Eminem, une victime célèbre

 

Dans deux chansons, le rappeur Eminem raconte que sa mère lui inventait des maladies et le droguait.

«Victime du syndrome de Münchhausen . Toute ma vie on m’a fait croire que j’étais malade alors que je ne l’étais pas», chante-t-il dans Cleaning Out My Closet. Puis, dans My Mom:

«Le Valium contaminait tout ce que je mangeais, l’eau que je buvais, les maudits pois dans mon plat.»

Dans Headlights, il s’excuse en disant que sa mère était malade.

Au moins 23 cas en 12 ans au Québec

Depuis 2002, au moins 10 filles et 13 garçons ont été retirés à leur mère par le tribunal de la jeunesse, parce que celle-ci inventait ou leur imposait des maladies. C’est ce que révèle notre revue des jugements publiés sur le site web CanLii. La moitié des victimes avait moins de 6 ans. Voici certaines histoires.

2013

Fausses allergies (Drummondville)

Deux frères de 2 et 3 ans ont été hospitalisés une demi-douzaine de fois chacun, dans cinq hôpitaux différents. L’aîné souffrait d’anémie parce qu’en dépit des résultats négatifs de divers tests, sa mère persistait à agir comme s’il était allergique au soya.

«Il lui est arrivé, à quelques reprises, de sortir d’un hôpital pour aller consulter immédiatement à un autre hôpital», souligne le juge.

2012

Une pédiatre inquiète (Montréal)

À 13 mois, un bébé avait déjà avalé 11 antibiotiques, subi des traitements d’inhalothérapie et de cortisone. Malgré les soupçons de sa pédiatre, l’escalade s’est poursuivie en cliniques de développement et de nutrition, en gastroentérologie, en immunologie et en pneumologie. Quand le garçon a été confié à sa grand-mère maternelle, à l’âge de 3 ans, il n’a plus eu besoin de médicaments.

Miracle (Saint-Jean-sur-Richelieu)

Une fille de 9 ans est arrivée à un rendez-vous médical dans les bras de son oncle, se disant trop souffrante pour marcher.

Mais en apprenant son placement en famille d’accueil, elle «met ses souliers et quitte sans boiter ou sans avoir quelque difficulté que ce soit». La fillette «doit présenter des symptômes physiques pour pouvoir avoir une relation avec la mère», estimait son travailleur social.

2011

Examen truqué (Québec)

Lors d’un examen médical, la mère a ajouté du sel dans la sueur de sa fille de 5 ans pour simuler une fibrose kystique.

La fillette a également «été vue en cardiologie, en pneumologie, en pédopsychiatrie, en orthophonie, en gastroentérologie et en radiologie», énumère un juge.

Ses frères ont eux aussi subi des interventions inutiles. En prime, leur mère leur donnait trop de médicaments, les exposant à des problèmes cardiaques, de glandes surrénales ou de fatigue.

2009

Cocktail extrême (Québec)

Avant de s’en prendre à ses enfants, la mère s’était s’est fait enlever l’appendice et un rein sains, en plus d’avoir injecté de l’urine dans son soluté. Elle a ensuite informé son fils de 7 ans qu’il devrait lui-même subir une greffe de poumons. Les sept médicaments dont elle le gavait l’exposaient à un retard de croissance, de l’ostéoporose,  des cataractes, des nausées, douleurs abdominales et des problèmes d’audition.

Une inhalothérapeute a fini par sonner l’alarme, «n’ayant jamais vu pendant ses 20 ans de carrière un tel amalgame de médication pour traiter la fibrose kystique».

2003

Hypocondrie (Montréal)

La mère a donné de l’Ativan et de la codéine à sa fille de 1 an. L’enfant et son frère de 2 ans ont été hospitalisés 13 fois (pour de supposés arrêts respiratoires, convulsions et crises d’épilepsie). Trois ans après avoir perdu leur garde, la mère n’était toutefois plus dangereuse aux yeux de deux experts. Selon eux, elle a agi ainsi parce qu’elle était droguée, anxieuse et méfiante, ayant vu son frère mourir d’un cancer non diagnostiqué.

«Le scepticisme face au monde médical est un phénomène de plus en plus répandu et l’internet a fait en sorte que les gens sont de plus en plus portés à l’hypocondrie», indique l’un d’eux.

2002

«Résurrection» (Mont-Laurier)

Dès sa naissance, le cadet de 4 ans a été gavé de médicaments et «soumis à toutes sortes d’investigations inutiles, souvent intrusives et douloureuses, qui ont culminé par une opération».

En présence de sa mère, il perd du poids, mais dès qu’il est confié à quelqu’un d’autre, il «ressuscite littéralement». La mère – qui se disait elle-même atteinte d’un cancer du sein et d’une leucémie – a malgré tout demandé au CLSC de préparer son fils aîné, âgé de 7 ans, à la «mort imminente de son frère».

En chiffres

En plus d’être difficile à repérer, le trouble qui consiste à inventer ou provoquer des maladies chez un enfant n’est pas toujours nommé ni défini de la même façon. Selon les chercheurs, il est donc sous-diagnostiqué. Voici ce que révèlent les études portant sur les seuls cas détectés et prouvés de syndrome de Münchhausen.

Les victimes

  • 50% ont 2 ans ou moins lorsqu’on les repère
  • Il y a autant de filles que de garçons

Les agresseurs

  • 90 % sont des mères
  • 90 % ont un trouble de la personnalité (antisocial, narcissique, sociopathe, histrionique, limite)
  • 70 % interviennent activement pour provoquer des symptômes
  • 60 % ont fait une tentative de suicide
  • Le tiers travaille dans le domaine de la santé
  • Le tiers récidive après avoir été démasqué

Les dommages

  • De 6% à 9% des victimes meurent
  • 7% ont des séquelles permanentes
  • 17% sont aussi victimes d’une autre forme de maltraitance
  • 25% avaient des frères et soeurs qui sont morts
  • De 30% à 50% sont retirés à leurs parents

Sources:

«Early recognition and management of fabricated or induced illness in children», Bass, Glaser, The Lancet, avril 2014.

«Quand la réalité dépasse la fiction: le syndrome de Munchausen par procuration», Jean Labbé, octobre 2009

http://www.lapresse.ca

Hypocondriaque: mal classique et moderne


Je me souviens plus jeune, il y avait eu un article sur les mauvais côtés d’une émission américaine le Dr Marcus Welby, et l’image étaient un médecin avec une couronne d’épines et la photo de ce comédien. Aujourd’hui, les choses ont changé avec Internet. Si tu fais une recherche sur des symptômes, il y a toutes sortes de maladies plus terrifiantes les unes aux autres. Alors que seul, une visite médicale peut donner un diagnostic
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Hypocondriaque: mal classique et moderne

 

Hypocondriaque: mal classique et moderne

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«L’hypocondrie, dont Molière parlait déjà dans Le Malade imaginaire, est aussi un mal moderne dans cette «envie absolue d’un corps parfait», selon le pr Michel Lejoyeux, professeur de psychiatrie et d’addictologie qui vient de sortir Réveillez vos désirs.

Q: QU’EST-CE QUE L’HYPOCONDRIE?

«C’est une angoisse strictement normale – la peur de la maladie et la peur de mourir -, associée à quelque chose qui n’est pas normal, qu’aucun examen ou aucun avis médical rassurant ne parvient à faire partir.

On a tous peur de la maladie mais là, l’enjeu de l’hypocondriaque, ce n’est pas seulement d’être en bonne santé, c’est d’être plus qu’en bonne santé.

Freud parlait de névrose actuelle. Il disait on ne devient hypocondriaque que quand on n’est pas capable d’investir autre chose que sa santé. Au fond c’est une dérivation sur son corps et sur l’envie de bonne santé.

Il y a quelque chose de complètement moderne dans cette envie absolue d’un corps parfait, non sensible à la maladie et au fond ce fantasme d’immortalité».

Q: ENTRE LE MALADE IMAGINAIRE DE MOLIÈRE ET AUJOURD’HUI FINALEMENT QU’EST-CE QU’IL A CHANGÉ?

«Il ne s’est pas passé grand-chose sauf qu’aujourd’hui, nous cultivons une série de désirs impossibles dont celui de n’avoir jamais de douleurs, de maladie. A être totalement protégés, ces désirs ne peuvent pas se réaliser et nous mettent dans un état d’insécurité permanente.

Il faut trouver du plaisir et du désir sur autre chose que la médecine. Il faut cesser d’érotiser la relation à la médecine.

Le problème du désir hypocondriaque est qu’il s’agit d’un désir impossible à satisfaire».

Q: INTERNET A FAIT SE TRANSFORMER LES PATIENTS EN PSEUDO EXPERTS. UN DANGER DE PLUS?

«La thématique du désir de protection absolue est très en phase avec le principe de précaution et avec la diffusion des informations médicales sur Google, informations à la fois rassurantes et inquiétantes.

Chaque information médicale est assortie d’une information contraire, pour moi le modèle étant les vaccins. Est-ce que je dois me faire vacciner ou pas? Si je le fais, il y a des dangers, si je ne ne le fais pas, aussi.

Il n’y a plus aujourd’hui vis à vis de la santé avec cette progression de la connaissance une attitude dont on puisse se dire qu’elle est totalement rassurante. Même si la seule connaissance rassurante est une connaissance personnalisée, c’est-à-dire avec le médecin.

En fait les vrais dangers sur la santé physique auxquels expose l’hypocondrie, c’est qu’elle vous fait vivre dans une échelle subjective des risques.

Je vois de manière assez paradoxale des gens très soucieux de leur santé qui vont la mettre en danger par exposition à internet.

Donc je dis aux gens +vous cultivez des désirs réalisables, des petits plaisirs de la vie, et vous vous méfiez de ces offres de guérison absolue qui sont faites en ligne».

http://fr.canoe.ca/

Les hypocondriaques et Google ne font pas bon ménage


Quand je mets un billet sur la santé, j’appuie souvent que seul un médecin peut diagnostiquer une maladie et que les blogs et forums sont vraiment un très mauvais endroit pour trouver les maux a des symptômes et cela est la même chose pour les moteurs de recherches
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Les hypocondriaques et Google ne font pas bon ménage

 

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De plus en plus de spécialistes et de praticiens se disent agacés par les patients qui cherchent un diagnostic sur le web, selon un expert.

De plus en plus de gens consultent Google pour obtenir des explications médicales sur certains symptômes, ce qui agace un bon nombre de spécialistes et de praticiens, selon ce que rapporte le Telegraph (UK).

C’est que non seulement le célèbre moteur de recherche et les nombreux forums de discussion inhérents ne sont pas conçus pour diagnostiquer, ils ne font souvent que jeter de l’huile sur le feu pour les personnes sensibles ou carrément hypocondriaques.

Véritable phénomène en pleine progression, la « cyber-hypocondrie » ne fait que créer des paniques inutiles et perdre un temps précieux aux médecins qui doivent se battre contre un faux premier « diagnostic », croit justement le Dr Thomas Fergus de l’Université Baylor, au Texas.

Fergus croit que les dangers liés à l’utilisation de Google ou d’un autre moteur de recherche pour des fins de diagnostic sont nombreux.

D’abord, les gens pourraient décider de s’automédicamenter en se basant sur ces résultats, mais plusieurs patients ressentiront aussi une anxiété et une détresse psychologique devant une situation qui n’existe probablement pas ou qui s’avère une distorsion de la réalité.

On conseille vivement de plutôt consulter un médecin pour connaître les explications entourant un ou plusieurs symptômes.

http://sante.canoe.ca/