La mâchoire qui refait notre histoire


Ce n’est pas à tous les jours qu’on peut trouver une mâchoire de 2,8 millions d’années. Ce mandibule découverte en Afrique va probablement occuper les scientifiques sur les changements de l’être humain à travers l’histoire.
Nuage

 

La mâchoire qui refait notre histoire

 

Une mandibule vieille de 2,8 millions d'années 

Photo :  Brian Villmoare

Ce n’est qu’un morceau de mâchoire avec cinq dents, mais il en dit long sur l’histoire de l’humanité. C’est que cette mandibule mise au jour en Éthiopie date de 2,8 millions d’années. Elle devient ainsi le plus ancien fossile du genre Homo jamais découvert et repousse par le fait même l’origine des humains de 400 000 ans.

Cette découverte bouleverse nos connaissances sur l’émergence du genre Homo, estiment les paléontologues dont les travaux sont publiés dans les revues Science et Nature.

Cette mâchoire inférieure contribue à réduire le fossé dans l’évolution entre l’Australopithèque (Lucy datant de 3,2 millions d’années) et les premières espèces du genre Homo comme l’Homo erectusbou l’Homo habilis.

« Ce fossile est un excellent exemple d’une transition des espèces dans une période clé de l’évolution humaine. » Auteurs

L’os de 8 centimètres de long a été trouvé en 2013 dans une zone de fouille appelée Ledi-Geraru dans la région Afar en Éthiopie par une équipe internationale menée notamment par Kaye Reed, de l’Université d’Arizona, et Brian Villmoare, de l’Université du Nevada.

Les scientifiques cherchent depuis des années des fossiles en Afrique afin de trouver des indices des origines de la lignée Homo, mais sans grand succès puisqu’ils ont découvert très peu de fossiles de la période jugée critique allant de moins 3 millions d’années à moins 2,5 millions d’années.

Actuellement, les experts ne sont pas d’accord sur la période de l’origine de la lignée Homo qui a abouti à l’émergence des humains modernes, l’Homo Sapiens, il y a environ 200 000 ans.

Le nouveau fossile apporte des indices importants sur les changements intervenus dans la mâchoire et les dents chez le genre Homo seulement 200 000 ans après la dernière trace connue de l’Australopithecus, à savoir Lucy. Son fossile a été découvert en Éthiopie en 1974 pas très loin de Ledi-Geraru.

« Des fossiles de la lignée Homo de plus de 2 millions d’années sont très rares et le fait d’avoir un éclairage sur les toutes premières phases de l’évolution de notre lignée est particulièrement emballant. » — Brian Villmoare

Ces chercheurs notent qu’ils ne sont pas en mesure de dire avec cette seule mâchoire s’il s’agit ou non d’une nouvelle espèce du genre Homo qui aurait abouti en évoluant à l’Homo sapiens.

Changement climatique

Des travaux complémentaires publiés dans Science portant sur la géologie et le climat dans la même région d’Éthiopie, où a été trouvé le fossile de Ledi-Gerbera, montrent qu’un changement climatique a rendu l’environnement plus aride il y a 2,8 millions d’années.

Les scientifiques ont découvert des fossiles de mammifères contemporains montrant qu’il y avait dans cet environnement surtout des espèces vivant dans des habitats dominés par de petits arbustes et la savane où les arbres étaient rares, alors qu’à l’époque de Lucy, qui était encore un grand singe, la végétation était plus verdoyante avec des forêts.

« Nous pouvons voir des indications de sécheresse dans la faune dominante dans l’environnement de Ledi-Geraru. » — Pr Kaye Reed, Université d’Arizona

Il est cependant encore trop tôt pour dire si le changement climatique est à l’origine de l’émergence du genre Homo. Il faudra examiner un plus grand nombre de fossiles d’hominidés pour en arriver à cette conclusion.

L’hypothèse du changement climatique ayant conduit à l’extinction des espèces antérieures à celles du genre Homo et à l’émergence de ce dernier est souvent avancée par les scientifiques.

Avec la disparition des arbres, les singes ont dû s’adapter à un nouvel environnement. Leur cerveau est devenu plus gros, ce qui leur a permis de fabriquer des outils pour survivre et de moins dépendre de mâchoires puissantes et de grosses dents, estiment les scientifiques.

http://ici.radio-canada.ca/

Little Foot, nouveau doyen de l’humanité?


Toujours à la recherche du premier homme, de son apparition sur terre. Même s’il l’appelle l’homme singe, je ne vois aucune preuve de la parenté entre deux espèces différentes malgré que certains points sont semblables, comme d’ailleurs, on pourrait trouver chez d’autres animaux des similitudes a l’homme
Nuage

 

Little Foot, nouveau doyen de l’humanité?

 

Little Foot en cours de dégagement

Little Foot en cours de dégagement Photo :  Laurent Bruxelles

Petit « homme singe » sud-africain, Little Foot est de retour dans la course au titre d’ancêtre des premiers hommes, ont annoncé vendredi des scientifiques français et sud-africains.

Ce préhumain velu, d’à peine plus d’un mètre de haut, vivait bien il y a trois millions d’années, à peu près au même moment que Lucy, sa célèbre cousine éthiopienne découverte il y a 40 ans, assurent les scientifiques.

Little Foot, fossile d’australopithèque le plus complet jamais découvert, serait donc presque un million d’années plus vieux que ne l’affirmaient précédemment d’autres archéologues, et pourrait être l’un des ancêtres des premiers humains, Homo habilis, au même titre que Lucy.

« Jusqu’à aujourd’hui, certains disaient : « l’Afrique du Sud, c’est trop jeune » pour avoir donné naissance aux premiers hommes. Avec une datation à trois millions d’années, on remet Little Foot et l’Afrique du Sud en général dans la course », résume le scientifique Laurent Bruxelles, principal auteur de l’étude publiée vendredi dans la revue Journal of Human Evolution.

Little foot est surnommé ainsi parce que sa découverte en 1994 avait été facilitée par la trouvaille du paléontologue Ron Clarke de quatre os de pied dans un mélange de petites pièces fossiles gardé depuis un quart de siècle dans un carton à l’Université du Witwatersrand, en Afrique du Sud.

L’homme singe a fait une chute mortelle de 20 mètres au fond d’un gouffre à Sterkfontein, près de Johannesburg, et y est demeuré pendant trois millions d’années, conservé par une gangue de calcaire, figé dans sa pose mortuaire.

Toutefois, contrairement à Lucy et ses congénères d’Afrique de l’est, les scientifiques ont toujours eu de la difficulté à donner un âge à Little Foot. Des effondrements ont succédé aux inondations dans la grotte de Sterkfontein, sans parler des dynamitages des mineurs qui en exploitaient le calcaire au début du XXe siècle.

En 1997, Ron Clarke se base sur des critères anatomiques pour dater Little Foot de 3 millions d’années. Ensuite, une datation par les variations du champ magnétique terrestre, lisibles dans la roche, suggère 3,3 millions d’années.

En 2006, une analyse chimique des strates de calcaire avait donné seulement 1,5 à 2,2 millions d’années au fossile, Little Foot ayant selon ce scénario vécu en même temps que Homo habilis.

Le paléontologue Ron Clarke demande alors l’aide de Laurent Bruxelles et de son équipe. Pendant sept ans, ils ont exploré la grotte et son labyrinthe de galeries, la modélisant entièrement en 3D pour reconstituer son histoire et comprendre son évolution.

Les chercheurs ont ainsi découvert que les strates de calcaire prenant l’australopithèque en sandwich étaient plus jeunes que lui, infirmant des analyses antérieures sur l’âge de Little Foot.

Selon Laurent Bruxelles, les deux couches de calcaire datées en 2006 « ne peuvent avoir l’âge du fossile ». « La calcite est venue remplir un vide, une cavité dans la roche » sur laquelle elle est venue buter « bien après » que Little Foot y soit tombé.

La datation était donc bonne mais elle ne reflétait donc pas l’âge du fossile lui-même, que des nouvelles analyses actuellement en cours tentent d’affiner.

http://ici.radio-canada.ca/