Il a un parcours particulier, mais de la façon qu’il voit la profession de sage-femme qu’il ne va pas soigner une maladie, mais plutôt aider à la vie de s’exprimer me semble de bon augure. Surtout qu’être sage-femme n’est plus comme avant, cela demande des bonnes études et un pratique professionnelle.
Nuage
Un homme parmi les sages-femmes
S’il complète avec succès le programme de formation en pratique sage-femme, Louis Maltais deviendra le premier homme à être diplômé de ce programme au Québec et à porter le titre d’«homme sage-femme».
Photo: Le Quotidien
Brigitte Trahan
Le Nouvelliste
(Trois-Rivières) Sage-femme. Le mot le dit, cette profession vieille comme le monde a toujours été exercée par les femmes. Mais dans cinq ans, le Québec comptera le tout premier «homme sage-femme» et c’est le titre professionnel qu’on décernera à Louis Maltais.
Originaire de Saguenay, le jeune homme de 27 ans, gymnaste, danseur et acrobate de cirque professionnel, amorcera ses études en septembre au baccalauréat en pratique sage-femme à l’Université du Québec à Trois-Rivières, la seule au Québec à dispenser cette formation.
Louis Maltais a fait de solides études en sciences au cégep, au point qu’il aurait pu se diriger vers n’importe quelle profession en santé si tel avait été son désir. Le jeune homme ne cache pas qu’il y a en lui un côté artistique très fort qu’il a décidé d’explorer pendant plusieurs années, après ses études collégiales, question de mieux se connaître lui même et de laisser la vie lui révéler quel serait son véritable appel.
Après avoir étudié à l’École de cirque de Québec, où il explore ses talents d’acrobate, il travaille tour à tour dans un cabaret en Allemagne et dans le grand spectacle de l’eau Omaterra, à Sherbrooke, puis dans un festival, en Suisse.
Depuis trois ans, il fait partie de la distribution du spectacle de danse contemporaine S’envoler qui sera présenté au Québec, au Mexique, à Vancouver ainsi qu’en Europe, des représentations auxquelles il prévoit participer si les dates coïncident avec ses moments de répit aux études.
«Ce ne sont pas de longues tournées», fait-il valoir.
«J’étais vraiment comblé par ce projet de danse-là et j’avais donc encore plein d’espace pour continuer à me questionner et à essayer des choses, notamment un peu de théâtre. Finalement, j’ai fait un cours en massothérapie», dit-il.
Ce fut là un point tournant au cours duquel Louis Maltais se découvre un intérêt marqué pour les médecines alternatives. Il se spécialise en massage pour les femmes enceintes.
C’est alors qu’il entend parler de la profession de sage-femme, un sujet qui l’interpelle au plus haut point et qui le pousse à s’informer lors d’une journée portes ouvertes à l’UQTR même si, encore à ce jour, il n’a jamais assisté à un accouchement.
«Mais plusieurs femmes qui font le baccalauréat en pratique sage-femme n’ont jamais assisté à un accouchement non plus», plaide-t-il.
Le corps humain le fascine de plus en plus et il entreprend un cours en shiatsu, un type de massage énergétique.
«Mais la massothérapie ne pouvait totalement me combler», confie-t-il.
Louis Maltais est conscient qu’il aurait pu choisir n’importe quelle profession dans le domaine médical,
mais «j’ai beaucoup d’intérêt pour tout ce qui est médecines alternatives. C’est vraiment très scientifique, l’ostéopathie, l’acupuncture, l’herboristerie, la naturopathie. Il y a vraiment plusieurs branches et ça me branche beaucoup tout ça.»
Toutefois, le travail de sage-femme, «c’est l’accompagnement dans un événement qui se veut naturel».
Il ne s’agit pas ici de soigner une maladie, fait-il valoir, mais d’aider la vie à s’exprimer.
«C’est une grosse différence avec les autres professionnels de la santé», explique-t-il.
Mais le moment où il a compris que cette profession était vraiment faite pour lui, est survenu à l’occasion d’un congrès sur l’accouchement naturel organisé par des étudiantes sages-femmes auquel il a participé en tant que bénévole et auditeur.
«J’étais à ma place. C’était vraiment intéressant», dit-il.
Lorsqu’il a été accepté à l’UQTR pour mener ses études dans ce domaine, la nouvelle a fait beaucoup jaser sur les médias sociaux, raconte-t-il. C’est à ce moment-là qu’il a pris conscience qu’il y aurait sans doute des moments difficiles dans son parcours.
«J’ai vu passer plusieurs conversations vraiment intéressantes qui allaient dans toutes les directions, des femmes, des sages-femmes, des mamans. En une journée il y avait peut-être au-dessus de 100 commentaires», dit-il. Dans certains cas, ces commentaires lui ont fait dire: «Je n’avais pas vu ça comme ça» ou «je n’avais pas pensé à ça.»
«Ça m’a fait réfléchir, mais il n’y avait pas qu’une ou deux femmes ouvertes d’esprit. Il y avait une très grande ouverture, vraiment», dit-il.
Les qualités auxquelles s’attendent les femmes de la part d’une sage-femme, l’écoute, l’empathie, le respect et la douceur, revenaient souvent dans les propos. Ce sont des qualités que Louis Maltais croit posséder.
«Sinon, je n’aurais pas eu l’appel. Et c’est très contingenté pour entrer dans ce programme-là. Ça prend du talent et une personnalité. Le programme a des critères», dit-il.
Une réalisatrice, Martine Asselin, s’est donnée comme objectif de suivre le parcours de Louis Maltais pendant ses cinq années d’études afin d’inspirer d’autres personnes à suivre leurs rêves et à répondre à leur appel.