Une photo est un évènement fixé pour toujours, quelques fois, elle peut porter à confusion, car nous n’avons pas l’histoire de la photo de ce qui s’est passé avant jusqu’au moment que l’image est fixé. Cette photo, je me souviens de l’avoir vue quand j’étais plus jeune. Une photo prise lors de la guerre au Viêtnam, au moment que la justice est un peu ballotter d’un bord à l’autre. Sachant cela, qu’aurions nous fait ? Aurait-on pensé à une arrestation, inculpation et sentence dans l’ordre des choses ? La guerre rend l’humain peut faire sortir le pire en nous, que l’on soit d’un côté ou de l’autre
Nuage
La véritable histoire qui se cache derrière cette photo culte

Eddie Adams appuie sur le déclencheur et le bourreau, sur la détente. La victime s’écroule. Le photographe croyait assister à un interrogatoire, il a immortalisé une mise à mort. © ap.
Christophe Da Silva
Source: Time, NY Times
Certaines photos ont le pouvoir de marquer l’histoire. C’est le cas de « l’exécution de Saïgon » (1968). « Une image peut parfois être trompeuse », dira Eddie Adams, le photogaphe qui a immortalisé la mise à mort.
Nous sommes le 1er février 1968, quelques années après l’immolation du moine bouddhiste Quang Duc (en 1963), et quelques années avant le déluge de napalm subi par la petite Kim Phuc (1973). Une photo va marquer l’histoire: c’est « l’exécution de Saïgon ».
Mise à mort
Comme des dizaines de villes du Sud-Vietnam, Saïgon est le théâtre d’une insurrection menée par 80.000 combattants communistes du FNLSV (Front national de libération du Sud-Vietnam), péjorativement appelé Vietcong. L’opération marque le commencement de l’offensive du Têt grâce à laquelle les communistes, appuyés par le Nord-Vietnam, espèrent soulever la population contre le régime du Sud, soutenu par les Etats-Unis.
Eddie Adams, photojournaliste américain de 34 ans travaillant pour l’agence Associated Press, entre en scène. Il a suivi un groupe de Sud-Vietnamiens participant à la contre-attaque. Il va se concentrer sur un prisonnier communiste, un homme vêtu d’un short et d’une chemise à carreaux.
« Je pense que Bouddha me pardonnera »
Le général Nguyen Ngoc Loan, chef de la police nationale sud-vietnamienne, pointe le canon de son Smith & Wesson modèle 38 vers la tempe du captif. Eddie Adams appuie sur le déclencheur de son appareil et le bourreau, sur la détente. La victime s’écroule. Le photographe croyait assister à un interrogatoire, il a immortalisé une mise à mort.
« Ces gars tuent beaucoup de personnes de notre peuple, et je pense que Bouddha me pardonnera », se justifiera plus tard le général Nguyen Ngoc Loan, avant d’ajouter que l’homme à la chemise aurait massacré un policier avec toute la famille de celui-ci : sa mère, sa femme, ses quatre enfants. (continuez à lire sous la photo)

Le corps de Nguyen Van Lem n’a jamais été retrouvé. © ap.
Le cliché d’Eddie Adams, consacré par le prix Pulitzer et le concours du World Press Photo, sera notamment publié en une du New York Times. L’opinion publique américaine est sous le choc, tandis que son président Lyndon B. Johnson tente de rassurer ses concitoyens quant à cette guerre incertaine. Plus de 500.000 soldats américains y participent.
La photo d’Eddie Adams a participé à éveiller les consciences sur la réalité tragique de la guerre au Vietnam. Suite à sa publication, cinq années de guerre se sont encore écoulées avant le retrait américain, et sept avant la victoire finale du Nord-Vietnam.
Son corps n’a jamais été retrouvé
Nguyen Van Lem avait 36 ans. Il était père de de deux enfants, et son troisième enfant, un fils, a vu le jour huit mois après sa mort dans cette rue de Saïgon. Selon sa veuve, Nguyen Thi Lop, il combattait au sein du Front national de libération. Plus tard, elle remerciera Eddie Adams pour avoir pris cette photo, sans quoi son mari « aurait disparu sans laisser de traces ». Son corps n’a jamais été retrouvé.
Quant à l’exécuteur, il s’appelle donc Nguyen Ngoc Loan, chef de la police nationale sud-vietnamienne.
« Une image peut parfois être trompeuse »
Eddie Adams a toujours regretté le statut iconique de cette photo. Il ne l’exposait pas dans son studio. Selon lui, le policier était un héros.
« Une image peut parfois être trompeuse en ce qu’elle ne rend pas compte de toute l’histoire », avait-il expliqué à ce sujet en 1972. « Je ne dis pas que ce qu’il a fait était juste mais il était engagé dans une guerre et il combattait des adversaires coriaces. » (continuez à lire sous la photo)

Le cliché d’Eddie Adams, consacré par le prix Pulitzer et le concours du World Press Photo, sera notamment publié en une du New York Times. © (Twitter).
Ce n’est pas tout. Aussi surprenant que cela puisse paraître, Eddie Adams et « l’homme au pistolet » sont toujours restés en contact. Bien plus tard, Nguyen Ngoc Loan, exilé aux États-Unis où il y ouvrira notamment une pizzeria, accueillera le photographe chez lui à son domicile de Burke, près de Washington.
Longue plaidoirie dans le Time
À la mort de Nguyen Ngoc Loan en 1998, Eddie Adams, « larmes aux yeux », enverra des fleurs à la famille du défunt.
« L’Amérique devrait être en train de pleurer », a déclaré Eddie Adams à Associated Press. « Je déteste le voir partir comme ça, sans que les gens ne sachent rien à propos de lui. »
Il prendra même sa défense dans une longue plaidoirie accordée au magazine Time.
« Deux personnes sont mortes dans cette image : celle visée par la balle et le général Nguyen Ngoc Loan. Le général a tué le Vietcong ; j’ai tué le général avec mon appareil photo. Les images fixes sont l’arme la plus puissante du monde. Les gens les croient, mais les photos mentent, même sans manipulation. Elles ne sont que des demi-vérités. Ce que la photo ne disait pas, c’est: qu’est-ce que vous auriez fait si vous aviez été le général au même endroit et au même moment, lors de cette chaude journée, et que vous aviez attrapé ce sale type après qu’il a tué un, deux ou trois soldats américains? Je ne dis pas que ce qu’il a fait était juste, mais vous devez vous mettre à sa place. »
« L’image a vraiment fichu sa vie en l’air »
Il conclut:
« La photo ne dit pas non plus que le général a consacré beaucoup de son temps à essayer de faire construire au Vietnam des hôpitaux dédiés aux blessures de guerre. L’image a vraiment fichu sa vie en l’air. Il ne me l’a jamais reproché. Il m’a dit que si je n’avais pas pris cette photo, un autre l’aurait fait, mais je me suis longtemps senti mal pour lui et sa famille ».
Né en 1933, Eddie Adams a été photographe durant la guerre de Corée, alors qu’il était soldat dans l’armée américaine. De 1962 à 1972 puis de 1976 à 1980, il a travaillé pour Associated Press. Au cours de sa carrière, il a aussi fait les portraits de nombreux chefs d’État dont ceux de Fidel Castro, George W. Bush et Mikhaïl Gorbatchev. Il est décédé le 20 septembre 2004 à l’âge de 71 ans.
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