Le Saviez-Vous ► Il était une fois la maladie: la gonorrhée et la méthode du bon docteur Oselbiah


Les ITSS (infections transmissibles sexuellement et par le sang) qu’il y a quelques années, nous les appelons MTS ont toujours fait de grands ravages, et les thérapies d’autrefois étaient assez drastiques enfin pour les hommes. Aujourd’hui, nous avons les antibiotiques, mais ces infections deviennent plus résistantes. Alors que l’éducation sexuelle ne semble pas toucher les jeunes, comment réduire ces infections ? Sûrement pas le traitement du Dr Oselbiah au XIIIe siècle
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Il était une fois la maladie: la gonorrhée et la méthode du bon docteur Oselbiah

 

Jacques Beaulieu

La gonorrhée ou les malheurs de Pantagruel

«Peu de temps après, le bon Pantagruel tomba malade, et feut tant prins de l’estomach qu’il ne pouvoyt boyre ni manger; et, parce qu’un malheur ne vient jamais seul, lui vint une pisse chaulde, qui le tourmenta plus que ne penseriez. Mais les medicins le secoururent tres bien; et avecques force drogues lenitives et diurecticques, le feirent pisser son malheur.» (Œuvre de Rabelais, François Rabelais, Charles Esmangart, Éloi Johanneau, Tome 4, Chez Dalibon, Libraire, Paris, 1873, p.144-145)

Ce bon Pantagruel, un gourmand, gourmet et fêtard invétéré, était donc bien puni, mais il ne fut ni le premier, ni le dernier dans l’histoire humaine à avoir subi la blenhorragie, la gonorrhée ou, plus familièrement nommée la pisse-chaude ou encore : la chtouille, altération de jetouille, signifiant rejeter des humeurs, les écoulements étant un des symptômes de la maladie.

L’antiquité

Il est difficile de dater avec précision les premières observations de cette maladie. Des papyrus égyptiens écrits vers 1350 avant Jésus-Christ, font état d’une maladie provoquant l’érection du pénis que les médecins traitaient avec des injections dans l’urètre. On retrouve aussi plusieurs passages bibliques qui citent une maladie avec érection et écoulement purulent. Vers 1200 avant Jésus-Christ, les textes citent une maladie qui se répandit alors que des Juifs, avant l’entrée dans la terre promise, avaient eu des relations sexuelles avec d’autres peuplades sémitiques. La maladie provoquait des écoulements génitaux et il ne faisait pas l’ombre d’un doute pour les médecins de l’époque qu’elle était hautement contagieuse. Une mesure fut alors décidée et appliquée : l’éradication de tous ceux qui en étaient atteints. Dans le livre du Lévitique, on retrouve cette description :

Tout homme qui a une gonorrhée est par là même impur. C’est à cause de sa gonorrhée qu’il est impur : que sa chair laisse couler son flux, ou qu’elle le retienne, il est impur. (Lévitique 15 : 2,3).

D’ailleurs, toujours dans le courant biblique, le terme gonorrhée aurait été souvent écrit : gomorrhée en relation avec les villes pécheresses Sodome et Gomorrhe.

Le terme gonorrhée viendrait du grec antique : gonos (signifiant semence séminale) et rhéon signifiant couler. Hippocrate croyait avoir trouvé le remède idéal pour guérir la maladie. Selon l’illustre médecin, la maladie était le fait des camosités (terme imprécis s’il en est un pour désigner tout autant des granulomes inflammatoires, des polypes, des tumeurs ou encore des rétrécissements). Et pour la guérir, il écrivit :

«ceux qui ont des tubercules ou des camosités dans l’urètre en guériront par la suppuration et l’écoulement du pus.» (HIPPOCRATE: Œuvres complètes d’Hippocrate. Commentées et recueillies par E. Littré, 10 vol. Paris, J.B. Baillière et Fils, (1836-1861) Epid., III, 7; Morb., II, 51; Aph., IV, 82.).

Le remède ne devait pas être tellement efficace.

Quelques siècles plus tard, ce sera le médecin grec Arétée de Cappadoce qui décrivit ainsi la maladie :

« Cette maladie parce qu’elle est honteuse en elle-même, qu’elle est dangereuse en ce qu’elle conduit au marasme, nuisible à la société en ce qu’elle s’oppose à la propagation de l’espèce humaine, et qu’elle est sous tous ces rapports la source d’une infinité de maux, exige de prompts secours. »

D’ailleurs à ce dernier sujet, Arétée suggérait comme remèdes des astringents, un refroidissement des lombes tout en réchauffant les parties génitales en les enveloppant de laines surges (laines non lavées avant ou après la tonte). On pourra aussi verser de l’huile de rose ou d’aneth sur les parties génitales ou encore les recouvrir de cataplasmes de farine d’orge, de semence d’erysinum officinal (une plante) ajouté à du nitre et du miel. Et pour conclure, Arétée écrivait :

« Si le malade veut s’abstenir des plaisirs vénériens et faire un fréquent usage des bains froids, il y a tout lieu d’espérer qu’il recouvrera sa virilité. »

La gonorrhée au Moyen-âge

Les médecins Rhazès, un illustre médecin Perse dont les diagnostics rigoureux étaient fondés sur l’interrogatoire du patient, et Avicennes écrivirent de nombreux textes sur la gonorrhée au Xe siècle de notre ère. Plusieurs hypothèses circulèrent quant aux causes de la maladie.

«Le docteur Abu Oselbiah attribue la maladie à des rapports sexuels impurs avec un animal. Il citait aussi son traitement de prédilection pour guérir la maladie. Il s’agissait d’un coup de poing vigoureux sur le pénis posé sur une pierre.»

La médecine du docteur Oselbiah

Un autre médecin arabe du XIIIe siècle, le docteur Abu Oselbiah attribue la maladie à des rapports sexuels impurs avec un animal. Il citait aussi son traitement de prédilection pour guérir la maladie. Il s’agissait d’un coup de poing vigoureux sur le pénis posé sur une pierre. L’histoire ne commente pas à savoir quelle était l’étendue de sa clientèle mâle… (Androutsos G., Vladimiros L., De la gonorrhée à la blennorragie : Les grandes étapes historiques, Andrologie 2007, 17, No2 143-151)

Puis, paradoxalement pendant plus de six siècles, s’établit un débat où la confusion entre gonorrhée et syphilis fut maître. Les historiens ne s’entendent pas sur l’origine de cet imbroglio. Mais il n’empêche qu’alors plusieurs savants croyaient qu’il ne s’agissait que d’une seule et même maladie tandis que d’autres affirmaient qu’il s’agissait plutôt de deux maladies distinctes. Si plusieurs clamaient haut et fort que syphilis, vérole et gonorrhée n’étaient que des manifestations différentes d’une seule et même maladie, d’autres tentaient des explications tout autant dénuées de fondement réussissant même à en ajouter à la confusion existante. Ainsi le médecin italien Antonio Musa Brassavola, le premier chirurgien connu dans l’histoire pour avoir pratiqué une trachéotomie avec succès et médecin personnel du roi, écrivit que la gonorrhée était la première phase de la syphilis tout en reconnaissant qu’il existait une forme non syphilitique de la gonorrhée. De quoi en perdre son latin même s’il l’avait écrit dans son livre intitulé : Examen simplicium medicamentorum…

Quant au terme blennorragie, il vient du médecin autrichien François-Xavier Swediaur qui publia au début du XIXe siècle : Traité des maladies syphilitiques vénériennes.

Et la vérité s’imposa

C’est un jeune médecin chercheur allemand, à peine âgé de 24 ans qui identifia enfin le coupable qu’il nomma : micrococcus. Albert Neisser avait alors pu l’observer grâce au nouveau microscope de Carl Zeiss. C’est un confrère, non moins connu : Paul Ehrlich qui donna le nom de gonocoque à la bactérie découverte par Neisser.

L’arrivée de la pénicilline allait enfin apporter une thérapie efficace contre la gonorrhée. Mais le gonocoque a plus d’un tour dans son sac. Et son incidence dans la population varie un peu à la façon d’un yoyo. Ainsi après une hausse marquée à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, une lente baisse s’effectue au cours des 15 années qui suivirent. Puis avec les années 1960 et la remontée de l’amour libre, une nouvelle hausse se dessine. L’arrivée du SIDA et les mesures d’informations sur ce qu’on appelait alors les MTS (aujourd’hui les ITSS) la fin de la récréation était sonnée engendrant une nouvelle réduction de cas. La fin des années 1990 voit se propager une nouvelle augmentation due cette fois à l’émergence de plus en plus fréquente de gonocoques résistants aux antibiotiques. Entre 1997 et 2007 au Québec, les cas ont grimpé de 485 à 2 460; une augmentation de plus de 400%. La gonorrhée touche surtout les jeunes de 20 à 29 ans. Il faudra peut-être investir dans la recherche sur de nouveaux antibiotiques ou souhaiter qu’on ne soit pas forcés de revenir aux méthodes du bon docteur Oselbiah!


http://quebec.huffingtonpost.ca/

La mission de ces chiens ? Détecter des MST dans les rues et clubs britanniques !


Quand j’ai vu la vidéo, ne parlant pas anglais pour comprendre leur but, mais expliquer heureusement en français dans l’article, j’étais mal à l’aise de voir des gens qui publiquement étaient humiliés quand un chien a détecté une MST, même s’il est évident qu’il faut être responsable car il va de la santé publique. Je ne sais pas si ce coup de pub aura de l’impact, mais il est quand même bien fait
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La mission de ces chiens ? Détecter des MST dans les rues et clubs britanniques !

 

Par Sophie Le Roux Crédits photo : facebook – STI Detection Unit

L’utilisation de l’odorat des chiens dans le domaine médical ne cesse de se développer. Tandis que certains sont formés pour détecter des cancers, comme la chienne Daisy qui a sauvé deux fois la vie de sa maîtresse et mis au jour plus de 500 cas de cancers, d’autres sont entraînés pour devenir renifleurs de MST !

Des chiens capables de détecter 10 MST

Au Royaume-Uni, une brigade canine très spéciale apprend en effet à détecter herpès, chlamydia, syphilis ou encore gonorrhée. Ces chiens patrouillent dans les rues et clubs à travers le pays, afin de préserver la santé publique. C’est du moins ce qu’explique une certaine « Unité de détection des MST » sur Youtube.

En juillet dernier, le département de la santé britannique a publié un rapport préoccupant sur l’explosion du nombre d’infections sexuellement transmissibles. C’est pour enrayer cette épidémie que l’unité canine a été créée. Les chiens sont capables de détecter 10 des maladies les plus courantes, poursuit l’unité.

Et d’ajouter espérer que la présence de cette unité spéciale encouragera les Britanniques à mieux surveiller leur santé en faisant régulièrement des tests.

Pas de panique !

Rassurez-vous, de tels chiens ne sont pas près d’arriver en France pour humilier publiquement dans les bars et boîtes de nuit les personnes souffrant de MST.

Cette vidéo mise en ligne le 4 décembre dernier est seulement une excellente campagne publicitaire réalisée par le laboratoire Confidante, qui lance un kit de dépistage de 10 maladies sexuellement transmissibles à l’usage des particuliers ! Une page Facebook et un compte Twitter au nom de cette fausse brigade canine ont même été créés.

http://wamiz.com

Éclosion inquiétante d’une MTS


Un moment donné va falloir que les gens finissent par prendre leur responsabilité en matière de sexualité. Si l’abstinence où avoir qu’un seul partenaire n’est pas dans leurs cordes qu’ils aient au moins la décence de prendre leurs précautions pour éviter les maladies transmises sexuellement et ce même si le partenaire semble  »clean » ou qu’il dit qu’il a passé un test de dépistage … Sinon, remontez vos culottes !!
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Éclosion inquiétante d’une MTS

 

Selon le Dr Réjean Thomas, les médecins ne... (Photo Archives La Tribune)

Selon le Dr Réjean Thomas, les médecins ne connaissent pas toujours bien les ITSS.

PHOTO ARCHIVES LA TRIBUNE

PASCALE BRETON
La Presse

L’augmentation des cas de lymphogranulomatose vénérienne (LGV), une infection transmise sexuellement, inquiète les autorités de la santé publique, qui mettent en garde les médecins et infirmières devant cette éclosion touchant particulièrement la communauté gaie.

Huit cas ont été rapportés à la Direction de la santé publique de Montréal (DSP) de la mi-juin à la mi-juillet, alors que la moyenne annuelle des dernières années est de neuf cas.

Depuis janvier, déjà 18 patients ont reçu un diagnostic d’infection par la LGV – tous des hommes ayant eu des relations sexuelles avec d’autres hommes.

Cette éclosion a incité la DSP à faire parvenir un «appel à la vigilance» cette semaine, autant dans les cliniques que dans les hôpitaux.

«Il y a vraisemblablement un noyau où l’infection se transmet. On constate que quelque chose se passe sur le territoire», note la Dre Sandra Palmieri, médecin spécialiste en santé communautaire à la DSP.

La lymphogranulomatose vénérienne est une infection transmise sexuellement lors d’une relation orale ou par pénétration. Elle est apparue au tournant des années 2000, en provenance principalement des pays africains et des Caraïbes.

«C’est une maladie relativement difficile à diagnostiquer. Il n’existe pas de test de dépistage», explique le Dr Réjean Thomas, de la clinique médical l’Actuel, spécialisée dans les infections transmissibles sexuellement ou par le sang (ITSS).

La personne infectée ne démontre parfois aucun symptôme. Un prélèvement doit être fait, et il peut s’écouler plusieurs semaines avant de recevoir le diagnostic. Pendant ce temps, la personne reste contagieuse pour ses partenaires tant qu’elle n’est pas traitée avec des antibiotiques.

Manque de connaissances

Les médecins ne connaissent pas toujours bien les ITSS. Les patients se promènent parfois d’un cabinet à l’autre avant d’obtenir le bon diagnostic, souligne le Dr Thomas.

Cette semaine, il a ainsi reçu à son cabinet un patient probablement atteint de LGV ou de syphilis qui s’était fait prescrire une crème de cortisone pour traiter l’eczéma par deux médecins différents au cours du dernier mois.

Plusieurs facteurs contribuent à l’éclosion de LGV. Le fait que «la maladie soit difficile à diagnostiquer, une formation inadéquate des médecins et la question des comportements sexuels non sécuritaires plus importants» sont du nombre, souligne d’ailleurs le Dr Thomas.

Hausse des ITSS

Depuis une quinzaine d’années, on assiste à une recrudescence des ITSS au Québec, particulièrement dans la métropole.

Pratiquement disparue, la syphilis est maintenant revenue en force. Une épidémie de cas d’hépatite C inquiète aussi les autorités.

La situation est préoccupante au point de donner lieu à un rapport du directeur de la santé publique de Montréal en 2010.

Les hommes qui ont des relations avec d’autres hommes sont particulièrement touchés par cette recrudescence des ITSS, incluant les cas de VIH. Ils constituent l’un des groupes ciblés en priorité par la DSP.

«La LGV, la syphilis, le VIH, en plus de la gonorrhée, tout cela nous montre qu’il y a beaucoup de transmission d’infections transmises sexuellement dans cette population et qu’il y a vraiment des efforts de prévention à faire, ainsi que des efforts pour les rejoindre et les dépister», indique la Dre Carole Morissette, médecin responsable des ITSS à la Direction de la santé publique de l’Agence de Montréal.

http://www.lapresse.ca

Une «superbactérie sexuelle» plus dangereuse que le sida?


Plusieurs fois, des mises en garde contre les maladies sexuellement transmises sont faites, mais beaucoup pensent que cela ne leur arrivera pas .. et puis même le Sida on peut avoir des médicaments pour stabilisé la maladie, alors pourquoi s’en faire ? Pourtant des maladies comme la gonorrhée ne cesse d’être en mutation et se renforce contre les traitements et elle est devenue de plus en plus forte et même elle pourrait être pire que le Sida
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Une «superbactérie sexuelle» plus dangereuse que le sida?

 

© thinkstock.

Les autorités sanitaires américaines ont mis en garde la population suite à deux cas de « superbactérie du sexe » à Hawaii. Cette superbactérie sexuellement transmissible serait une souche résistante de la gonorrhée.

Les Centers for Disease Control and Prevention ont demandé au Congrès américain de dégager 50 millions de dollars afin de développer au plus vite un nouvel antibiotique afin de traiter cette souche résistante de la maladie. Le premier cas identifié aux Etats-Unis remonte à 2011 chez une jeune femme de l’île d’Hawaï.

Cette « superbactérie du sexe », appelée H041, a été découverte au Japon en 2011. Elle s’est ensuite répandue à Hawaii et a refait surface en Californie et en Norvège. Les médecins avertissent que cette souche de la gonorrhée est résistante aux antibiotiques et a le potentiel d’être aussi mortelle que le virus du sida.

La gonorrhée est la deuxième infection sexuellement transmissible la plus fréquente.

« Celle-ci pourrait se révéler bien pire que le sida à court terme parce que la bactérie est plus agressive et touchera plus de gens et ce, beaucoup plus rapidement », met en garde le Docteur Alan Christianson.

Extrêmement dangereuse

Si près de 30 millions de personnes sont mortes de causes liées au sida, le docteur Christianson estime que l’effet de cette bactérie aura un impact bien plus direct:

« Les gens qui contracteront cette souche de gonorrhée pourraient développer un choc septique mortel en quelques jours. Elle est donc extrêmement dangereuse ».

Bien qu’aucun décès n’ait été signalé jusqu’à présent, les experts préfèrent mettre en garde immédiatement face aux risques de la maladie.

« Les gens doivent se protéger et se faire tester en début de toute nouvelle relation », conseillent-ils.

Risques multiples

La gonorrhée est une maladie sexuellement transmissible connue depuis l’époque médiévale. Parfois appelée « chaude-pisse », cette infection peut entraîner des lésions douloureuses et des écoulements génitaux, des grossesses extra-utérine et la stérilité tant chez les hommes que chez les femmes. Si elle n’est pas traitée, la gonorrhée peut mener à une foule de complications et à des infections de la circulation sanguine. Elle représente également un risque plus élevé de transmission du sida car les lésions engendrées permettent plus facilement la transmission dans la circulation sanguine.

La maladie est devenue curable dans les années 1940 grâce à la pénicilline et à d’autres antibiotiques. Depuis lors, le monde médical a régulièrement dû créer de nouveaux médicaments car la gonorrhée ne cesse de muter et il existe une possibilité que tous les types de gonorrhée deviennent incurables d’ici 2015, selon certains spécialistes.

 

http://www.7sur7.be

Résistance aux antimicrobiens: «Une menace grave pour la santé»


Alors que les technologies vont de plus en plus loin, de plus en plus vite, la médecine humaine et animale se trouve vers un tournant qui risque de prendre un grand recul au combat contre les virus, les bactéries … Ce qui était une maladie mortelle hier, pourrait le redevenir demain
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Résistance aux antimicrobiens: «Une menace grave pour la santé»

 

Un projet-pilote d’élevage industriel de poulets sans antibiotiques est en cours au Québec. Il est difficile d’en élever en grand nombre sans faire monter en flèche le taux de mortalité.

PHOTO: ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

 

Marie Allard
La Presse

Le monde est sur le point de perdre les médicaments miracles que sont les antimicrobiens, tant les virus et bactéries résistants se multiplient, prévient l’OMS. Pour restreindre leur dissémination dans la viande et l’environnement, l’Europe a interdit l’usage d’antibiotiques destinés à stimuler la croissance du bétail. Un juge américain veut pousser nos voisins du Sud à faire pareil. Chez nous? C’est toujours permis.

Une écorchure au genou d’un enfant pourrait bientôt redevenir mortelle. La pose d’une prothèse de la hanche, les transplantations d’organe, la chimiothérapie? Cela sera bien difficile à réussir, voire trop dangereux pour être tenté. Pareil pour le soin des prématurés. Une ère post-antibiotiques s’ouvre, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), et elle est effrayante.

«Nous sommes en train de perdre nos antimicrobiens de première intention», a déclaré Margaret Chan, directrice générale de l’OMS, dans un récent discours au Danemark.

Les bactéries, virus et parasites sont de moins en moins vulnérables à l’attaque des traitements classiques, qui ont révolutionné la médecine dans les années 40.

Cette résistance grandissante aux antimicrobiens est «une menace grave et croissante, d’envergure mondiale, pour la santé, a indiqué Mme Chan. Si les tendances actuelles ne s’infléchissent pas, l’avenir est facile à prédire, a-t-elle précisé. Selon certains experts, nous sommes en train de revenir à l’époque d’avant les antibiotiques.» Soit quand la tuberculose, la lèpre ou la syphilis n’étaient pas maîtrisées.

Déjà, 650 000 personnes ont souffert de tuberculose multirésistante dans le monde en 2010, selon l’OMS. Des cas sont signalés au Canada et dans 63 autres pays. Seulement un peu plus de la moitié des malades en guérira. Autre exemple: une inquiétante souche de gonorrhée résistante à tous les antibiotiques a fait son apparition, notamment à Toronto.

Pathogènes résistants: 50% plus de mortalité

Les solutions de rechange sont moins efficaces et plus chères.

«La résistance aux antimicrobiens multiplie au moins par deux le coût du traitement d’une infection bactérienne», estime l’Agence de la santé publique du Canada. La mortalité, quant à elle, augmente d’environ 50%.

Et l’espoir de trouver de nouveaux médicaments miracles est faible. Les antibiotiques représentent moins de 5% des produits qui font actuellement l’objet de recherche et de développement, selon l’OMS.

«La filière est pratiquement tarie, notamment pour les bactéries à Gram négatif (choléra, salmonelle, E. Coli, etc.), a précisé la Dre Chan, diplômée de l’Université Western Ontario. L’armoire est presque vide.» Autre problème: le secteur pharmaceutique craint que les nouveaux antimicrobiens ne deviennent inefficaces avant d’être rentabilisés.

Le ministère de la Santé est préoccupé

Au Québec, le ministère de la Santé (MSSS) «est préoccupé par l’antibiorésistance», a assuré Noémie Vanheuverzwijn, relationniste du MSSS.

 

Parmi les mesures prises récemment, les hôpitaux devaient nommer avant le 1er avril une entité responsable de «la mise en oeuvre d’un programme d’usage optimal des antibiotiques au palier local», a-t-elle indiqué.

Un plan d’action et un bilan annuel des progrès accomplis doivent désormais être remis aux conseils d’administration des hôpitaux.

Un système de surveillance intégrée de l’antibiorésistance est également créé par l’Institut national de santé publique (INSPQ). Ce système «sera développé au courant de l’année et mis en place par la suite», a indiqué Mme Vanheuverzwijn.

Selon l’OMS, c’est l’usage «inadapté et irrationnel» des médicaments (donnés aux humains comme aux animaux) qui cause l’apparition de micro-organismes résistants, à la suite d’une mutation ou de l’acquisition d’un gène de résistance.

Les actions entreprises jusqu’à maintenant pour lutter contre l’antibiorésistance «sont bien insuffisantes», estime la Dre Chan. Une riposte «multisectorielle nationale et mondiale» est urgente pour éviter une nouvelle crise mondiale.

http://www.cyberpresse.ca