Le goéland dominicain picore des baleines vivantes


Un comportement assez étrange des goélands dominicains causant des graves blessures aux baleines femelles, mais surtout aux baleineaux qui peuvent aller provoquer la mort des petits. Ce qui est plus bizarre, c’est que ce comportement à augmenter de 2 a 99 % avec les années
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Le goéland dominicain picore des baleines vivantes

 

Un goéland dominicain s'approche d'une baleine franche australe pour la picorer. © SUPERSTOCK/SUPERSTOCK/SIPA

Un goéland dominicain s’approche d’une baleine franche australe pour la picorer. © SUPERSTOCK/SUPERSTOCK/SIPA

Par Anne-Sophie Tassart

Le Goéland dominicain picore des femelles baleines et leurs baleineaux dès que ceux-ci remontent à la surface.

CRUEL. Une étude publiée dans PlosONE* et menée par des chercheurs de l’Université de l’Utah (Etats-Unis) révèle un bien étrange phénomène : dans la péninsule de Valdès, en Argentine, les goélands dominicains (Larus dominicanus) s’attaquent de plus en plus aux baleines franches australes (Eubalaena australis). En observant des photographies aériennes prises entre 1974 et 2001, les biologistes ont observé que les goélands se posent à l’arrière des baleines et percent leurs chairs créant de nouvelles lésions ou parfois, approfondissant des lésions déjà présentes (certaines blessures peuvent atteindre jusqu’à 10 centimètres de profondeur !). Au cours des attaques successives, les oiseaux creusent de plus en plus profondément dans le derme et l’hypoderme des animaux marins pour se nourrir de leur graisse. Malheureusement, les cibles préférées de cette espèce de goéland sont les plus fragiles : les femelles mais surtout les baleineaux qui sont attaqués dès qu’ils remontent à la surface de l’eau.

99 % des baleines présentes des lésions dues aux attaques des goélands

Les attaques de ces oiseaux sur les mères et leurs petits entraînent une diminution des soins apportés aux baleineaux par la baleine adulte. Ces cétacés ont moins de repos et jouent moins que ceux qui ne subissent pas les assauts des Larus dominicanus. Les blessures qu’ils reçoivent ne sont pas anodines car elles peuvent entraîner une déshydratation et diminuer l’efficacité de la thermorégulation de ces baleines. De plus, la cicatrisation des plaies entraîne une importante perte d’énergie. Ce comportement a commencé à être observé dans les années 70. A cette époque, 2 % des baleines présentaient des lésions. Désormais, 99 % d’entre elles ont des plaies provenant des attaques du goéland dominicain. Entre 2003 et 2014, 626 baleineaux sont morts dont la majorité présentaient des blessures causées par des coups de bec. Et cette mortalité ne cesse de grimper pour les petits. En effet, environs 50 d’entre eux meurent tous les ans sûrement perturbés par les attaques lors de l’allaitement. En effet, des études révèlent que la plupart des baleineaux retrouvés morts ont souffert de malnutrition. Globalement, le « harcèlement » des goélands dominicains envers les baleines australes a beaucoup augmenté ces trente dernières années et ce comportement reste toujours une énigme pour les chercheurs.

*Source : PlosONE

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