J’ai comme l’impression que le futur centre pénitentiaire dans le Calvados en France, va attendre longtemps avant d’être construite. Cette région est riche en découverte archéologique. Elle s’étend en plusieurs siècles et même millénaires. Des romains, des gaulois, les celtes ont foulée cette terre et ont laissé leurs traces. Ce qui a le plus surpris, est un char vieux de 2 500 ans avec les ossements humains et deux chevaux. Les archéologues croient que ces chevaux avaient un statut particulier.
Nuage
Archéologie : des tombes de chevaux découvertes dans le Calvados
© Chris-Cécile Besnard-Vauterin, Inrap
Par Juliette de Guyenro
A Ifs, dans la périphérie de Caen, l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), a mis au jour un site archéologique qualifié « d’exceptionnel » par les chercheurs. Parmi les découvertes, des sépultures d’hommes mais également des tombes de chevaux.
Depuis le début de juillet, une équipe constituée d’une dizaine de chercheurs de l’Inrap a débuté une opération de fouilles préventives sur l’emplacement d’un futur centre pénitentiaire à Ifs, dans la périphérie de Caen (Calvados). Le site, qui s’étend sur une surface de 5,8 hectares, a dévoilé de nombreuses découvertes datant des périodes gauloise, romaine et du haut Moyen-Age. Parmi les découvertes les plus surprenantes : deux sépultures de chevaux.
Trois phases d’occupation
Les chercheurs ont pu découper le site en trois phases différentes d’occupation. La première pourrait remonter au Ve siècle avant Jésus-Christ, et serait caractérisée par un site constitué de plusieurs enclos d’habitation présentant des traces de fondation de bâtiments, quelques silos, des traces de parcelles agricoles mais aussi de nombreuses sépultures. Parmi elles, trois ensembles funéraires, réunissant chacun « une dizaine voire une vingtaine de morts inhumés », d’après le rapport de l’Inrap.
L’un de ces ensembles s’organise autour d’un monument funéraire enfermant une tombe à char. Un vestige exceptionnel qui correspond à un type de sépulture qui serait connu dans le monde celtique, dans lequel est enfoui le défunt avec un char de guerre. Dans celui découvert sur le site d’Ifs, les chercheurs ont mis au jour des cerclages de roues du char sur lequel était déposé le défunt.
Des chevaux au statut privilégié
Mais c’est autour de la tombe à char que la découverte qui a le plus émerveillé les chercheurs se situe : des chevaux enterrés à trois endroits différents à proximité de squelettes humains.
« C’est quelque chose d’exceptionnel », estime Chris-Cécile Besnard-Vauterin, responsable scientifique des fouilles, dans un article de Liberté Caen. « Cette tombe sort du commun. Il n’y a qu’un autre exemple de connu dans l’Ouest, à Orval dans la Manche, mais là, il s’agit d’une tombe datant d’il y a 2 500 ans. »
La présence de ces sépultures et leur proximité avec les humains interroge sur le statut particulier de ces animaux. Selon les chercheurs, ces bêtes auraient pu avoir un statut privilégié à cette époque.
Plusieurs siècles d’histoire
Sur deux autres habitats du site, différentes époques ont été étudiées. Plus au nord, un système plus complexe d’enclos d’habitation se dévoile et daterait des trois derniers siècles avant notre ère, selon les chercheurs. Le site se caractérise alors par des fossés profondément ancrés dans le sol et par une abondance de mobilier, notamment à vocations domestique et agricole. Parmi les vestiges, de nombreux restes de faune d’élevage ont été excavés, mais également des fragments de céramiques et de terre cuite ou encore du mobilier métallique.
D’autres vestiges encore appartiendraient à l’époque de l’Antiquité jusqu’au IIe siècle après Jésus-Christ. Et enfin, la partie orientale du site aurait été occupée entre le VIIIe et le Xe siècle, période correspondant au haut Moyen-Age. Là, on pourrait observer les traces de constructions sur poteaux, ainsi que des aménagements abritant des ateliers artisanaux, dont un métier à tisser. Au total, sur l’entièreté du site et les différentes périodes couvertes, 60 tombes humaines ont été découvertes.
Les archéologues, qui se réjouissent d’une telle découverte, voient en ce site l’opportunité d’étudier une occupation continue sur plusieurs siècles.