Le Saviez-Vous ► Les régimes existaient déjà au Moyen Âge


Avec les beaux jours, nombres de conseils sont donnés pour perdre quelques kilos en peu de temps. Les régimes ne datent pas d’hier. Aux XVes siècles, ce n’était pas pour prendre du poids, mais être en santé, et l’Église en profité aussi. Disons les moyens pour expliquer la marche à suivre est quand même assez étrange
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Les régimes existaient déjà au Moyen Âge

 

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Et le smoothie, j’ai le droit? | Wikimedia CC License by

Pauline Guéna et Nonfiction

Les magazines commencent à reprendre leur marronnier de l’été: les régimes. Et au Moyen Âge? Les hommes et les femmes en suivaient aussi… Mais c’était un peu différent.

Revoilà le printemps: la saison des premiers rayons de soleil, des projets de vacances et… des recettes de régime dans les magazines. Il y a encore quelques années, on aurait dit les «magazines féminins». Mais depuis les années 2010, Messieurs, vous êtes comblés: vous avez aussi vos pages «perdez 5 kg avant l’été» rien que pour vous, toujours en subtilité et en nuance. Spéciale dédicace à GQ

Est-ce que tous ces régimes sont un délire de notre société? En un sens oui, mais ils sont loin d’être une invention: dès le Moyen Âge on pratiquait des régimes. Simplement, on s’y prenait très différemment.

Les régimes médiévaux: une affaire médicale

Les régimes envahissent la littérature médiévale à un moment bien précis: au XIIIe siècle. Ce n’est pas que l’on ait ignoré l’importance de l’alimentation auparavant. Mais au XIIIe siècle se diffusent des idées et des textes, notamment ceux que l’on a traduits de l’arabe dans le contexte de l’école de médecine de Salerne, dans le sud de l’Italie, où enseignent depuis environ deux siècles de célèbres docteurs et doctores. Ces textes proviennent en partie d’un corpus médical antique, dont les auteurs les plus connus sont Aristote ou Galien. Ils s’inscrivent donc dans un courant de pensée ancien, qui lie intimement médecine et alimentation. Voilà pourquoi, au Moyen Âge comme dans l’Antiquité, on ne fait pas un régime pour perdre une taille de ventre, mais pour rester en bonne santé. Mais attention, ça ne veut pas dire qu’on peut oublier toute discipline!

Les textes scientifiques qui se diffusent à l’époque sont tous unanimes: l’alimentation est une manière de conserver un équilibre corporel. Or cet équilibre repose sur un savant mélange de… seulement quatre propriétés: le chaud, le froid, le sec et l’humide. C’est ce que l’on appelle la théorie des humeurs. Pour le dire vite, on est en bonne santé quand ces quatre éléments sont bien équilibrés.

Les aliments sont donc listés en fonction de leur nature. Ainsi les fruits crus sont considérés généralement comme froids et humides, et il faut parfois les limiter. (On est donc loin du «cinq fruits et légumes par jour».) Comme les poissons d’ailleurs, humides parce qu’ils vivent sous l’eau, et généralement tout aussi froids. Quant à la viande, elle est considérée comme chaude, mais avec d’infinies variations. Le gibier, celui qu’on chasse, sera ainsi plus sec que les animaux d’élevage, qui ne bénéficient pas du même exercice physique. Bref, manger bien, c’est avant tout bien maîtriser les propriétés de ce que l’on mange. À ce rythme, on comprend que les papes, les empereurs et les princes aient eu besoin d’un médecin pour se mettre au régime…

Manger, bouger (dormir): l’affaire d’une vie

En effet, l’alimentation ne suffit pas pour maintenir cet équilibre. Elle s’insère dans toute une discipline de vie qui prend en compte les différentes activités: l’exercice physique, le sommeil et la veille, parfois aussi l’activité sexuelle (moins pour les papes en théorie). Bref, pas de régime à la légère, et surtout pas de régime standard: il s’agit simplement d’adopter un mode de vie qui permette de ne jamais tomber malade. D’ailleurs, on parle à l’époque de regimen sanitatis: du régime de santé… et donc pas de simples diètes temporaires. C’est un effort constant, qui s’inscrit dans le cadre d’une médecine préventive.

Ces régimes de santé s’adaptent d’ailleurs en fonction des individus. Il y a des règles générales: les femmes sont dites froides et humides, par rapport aux hommes chauds et secs; ou alors les jeunes chauds et humides par rapport aux vieux froids et secs. Mais au-delà de ces règles, chaque individu doit rechercher son propre équilibre. Ce savoir se diffusera au XIVe et XVe siècles au-delà des cours princières, sous la forme de conseils adaptés et parfois simplifiés. Il n’empêche, on attend beaucoup de son alimentation.

Certains médecins y cherchent même des moyens de retarder le vieillissement et de prolonger la vie (en restant chauds et humides, parce que ce sont les caractéristiques des jeunes selon la théorie des humeurs: vous suivez la logique?). En plus des conseils alimentaires, ils adoptent aussi des pratiques apparentées à l’alchimie, qui est alors une forme de science. Sauf qu’au lieu d’avaler des pilules contre le vieillissement comme nous, les plus riches ‒ à commencer par les papes et leur entourage‒ consomment plus volontiers de l’or dilué…. Comme quoi, chaque époque a ses excès. Simplement, les médiévaux ne l’auraient pas fait pour perdre des bourrelets…

Les régimes et la faim

Alors est-ce que le Moyen Âge n’a vraiment pas connu la diète? Si, mais pas pour des raisons de santé: pour servir la morale religieuse. Dans une religion qui considère la gloutonnerie comme un des sept péchés capitaux, le jeûne est extrêmement valorisé. Pratiqué notamment par certains clercs, il est aussi respecté par des laïcs en quête de pénitence. Parfois jusqu’à l’extrême. Au XIIIe et XIVe siècles les «mystiques», des femmes appelées ainsi car elles souhaitent atteindre une expérience plus personnelle et sensorielle de Dieu, se lancent dans des jeûnes si stricts qu’ils sont considérés par l’institution comme des miracles… ou alors condamnés pour leur extrémisme. Certaines deviennent végétaliennes, certaines ne se nourrissent plus que d’hostie, et certaines, enfin, meurent littéralement d’inanition, comme Catherine de Sienne. Au point que les historiens ont forgé pour les désigner le terme de «saintes anorexiques». Mais il s’agit d’un phénomène limité dans le temps, marqué par le besoin d’une frange féminine de la population de se réapproprier la religion. Peut-être aussi de contrôler plus étroitement leur corps. Bref, une fois encore, l’alimentation dit beaucoup des tensions sociales de l’époque.

Le jeûne est donc bien considéré par les médiévaux comme une forme de privation. De même que la privation de sommeil ou d’activité sexuelle, il doit marquer le triomphe du spirituel sur le matériel. Mais ces pratiques empruntes de religion diffèrent des normes de santé. Ces dernières prônent l’équilibre par la discipline et l’organisation de l’alimentation par la connaissance de son corps et des propriétés des aliments. Giacomo da Confianza le dit bien lorsque, au XVesiècle, il rappelle une série de règles de vie nécessaires à une bonne alimentation:

«Quand l’appétit pousse à manger, ne pas tarder à l’entendre et de fait, ne pas supporter la faim. Car comme le dit Avicenne […] Il convient en outre que personne ne mange si ce n’est après le désir [de manger], ni ne tarde à le faire lorsque le désir s’enflamme.»

Bref la prochaine fois que vous passez devant une page de magazine spéciale régime, respirez un coup et pensez à Avicenne. C’est tellement bien dit qu’on peut arrêter de regarder notre ventre, et lui laisser le mot de la faim.

Pour aller plus loin:

– Danielle Jacquart, «La nourriture et le corps au Moyen Âge», Cahiers de Recherches Médiévales et Humanistes, 13 spécial, 2006, p. 259-266.

– Marilyn Nicoud, Les régimes de santé au Moyen Âge: naissance et diffusion d’une écriture, Rome, École Française de Rome, 2007.

– Agostino Paravicini Bagliani, Le corps du pape, Paris, Seuil, 1997 [traduction de la version italienne, 1994]

http://www.slate.fr/

Le Saviez-Vous ► Il était une fois la maladie: le cancer du sein


Le cancer du sein est connu depuis des millénaires, d’ailleurs Hippocrate a donné le nom de cancer. Au début, il n’y avait pas de traitement, car les femmes étaient soignées, elles mouraient plus vite. Puis à travers les siècles, des traitements sont apparus, seulement cela était plus de la torture qu’autre chose et le taux de survie étaient plutôt très mince. Aujourd’hui, avec les traitements le taux de survie est encourageant. Mais, c’est quand même une dure épreuve pour toutes les femmes qui un jour sont diagnostiquée avec un cancer du sein
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Il était une fois la maladie: le cancer du sein

 

Jacques Beaulieu

Chroniqueur et communicateur scientifique

    Le traité chirurgical du papyrus Smith (du nom de l’égyptologue qui l’a découvert et déchiffré en 1862 à Thèbes) est le plus vieux papyrus médical jamais découvert. Le rouleau qui fait près de 5 mètres de longueur décrit 48 histoires de cas classées anatomiquement de la tête aux pieds. Pour chacune, il explique les lésions et les divers moyens disponibles de traitement. On y retrouve la description détaillée de 8 cas de tumeurs et ulcères aux seins. Le papyrus classe les maladies selon leur pronostic: favorable, incertain ou défavorable. Le cas numéro 45 traite des tumeurs saillantes du sein, le pronostic d’alors : défavorable et l’indication: ne pas traiter termine le tout. Il faudra plusieurs dizaines de siècles avant d’améliorer cette situation.

    Hippocrate : le père de la médecine et… du cancer

    On doit à Hippocrate le terme cancer dérivé d’un mot grec signifiant : crabe, peut-être à cause de la forme que la tumeur empruntait en se répandant ou encore parce qu’elle semblait s’accrocher fermement aux tissus sains telles les pinces d’un crabe. L’illustre médecin avait traité une patiente du nom d’Abdera qui présentait un cancer du sein avec écoulement sanguinolent du mamelon. Lorsque l’écoulement s’arrêta, la patiente mourut. Il avait aussi remarqué que ce cancer se produisait plus fréquemment après la cessation des menstruations. Il décrivit ainsi le cancer du sein : une tumeur apparait dans le sein puis se durcit rapidement. Elle ne contient pas de pus et peut se répandre dans d’autres parties du corps. Au fur et à mesure de la progression de la maladie, la patiente développe un goût amer, refuse de manger, se plaint de soif et maigrit considérablement. Arrivée à ce point, la mort est certaine. Il ne recommandait aucun traitement, car les patientes opérées mouraient plus rapidement.

    Celsus autour de l’an 30 après Jésus-Christ définit ainsi les quatre stades du cancer du sein : cacoèthe (tumeur maligne), carcinome sans ulcération cutanée, carcinome avec ulcération cutanée et thymium (la lésion devient exophytique (qui prolifère vers l’extérieur) souvent sanguinolente avec l’apparence qui rappelle celle d’une fleur de thym. Au premier stade, il suggérait l’ablation du sein. En cas de doute entre le premier stade ou le deuxième, il préconisait de brûler la tumeur avec des substances corrosives. Sa clientèle féminine devait se faire plutôt rare…

    À la même époque, Léonides de l’école d’Alexandrie décrivait la technique chirurgicale pour l’exérèse du sein. La chirurgie était complétée par l’application de cataplasmes pour favoriser la guérison qui, somme toute, ne devait pas arriver très souvent…

    Galien : un précurseur

    Un siècle et demi plus tard, le célèbre médecin Galien de Pergame reprit la thèse d’Hippocrate concernant l’origine du cancer du sein et ses méthodes de traitement. Selon lui, le cancer était une maladie systémique due à l’accumulation de la bile noire : la mélancolie. Ce n’est donc pas d’hier que certains ont fait des liens entre les humeurs et la survenue d’un cancer. C’est pourquoi il recommandait des saignées pour traiter le cancer. Il compara les veines dilatées qui irradiaient depuis la tumeur aux pattes d’un crabe, liant définitivement le mot cancer à celui du crabe. Dans son arsenal thérapeutique, on retrouve les purgations, les saignées, la diète et les cataplasmes composés de chlorure de zinc, de sulfure d’antimoine et de sang-dragon (plante du nom scientifique Sanguinaria canadensis, dont le rhizome est formé d’un latex rouge-orangé). Cette mixture demeurera en usage jusque vers les années 1950 dans certaines régions.

    Durant tout le Moyen-Âge, les chirurgies mammaires s’apparentaient plus aux tortures qu’à des actes médicaux.

    Les méthodes et les enseignements de Galien firent école pour les 1500 ans suivants. Même le réputé médecin Avicenne (980 – 1037 après Jésus Christ) et Maimonides (1135 – 1204 après Jésus Christ) dont les traités médicaux sont devenus célèbres prônaient les mêmes théories et traitements pour le cancer du sein que ceux de Galien. Durant tout le Moyen-Âge, les chirurgies mammaires s’apparentaient plus aux tortures qu’à des actes médicaux.

    La Renaissance

    L’arrivée de la Renaissance permit certains essors du côté des connaissances anatomiques, les médecins pouvant désormais disséquer des cadavres. Et les chirurgies devinrent plus invasives. Au début du 18e siècle, Jean-Louis Petit, un chirurgien parisien enlevait les deux seins et disséquait les ganglions axillaires pour stopper la maladie. Un autre chirurgien français, Bernard Peyrilhe enlevait même le muscle pectoral dès 1774. Ce dernier devint aussi célèbre pour avoir tenté de démontrer sans succès une origine virale du cancer du sein en injectant des cellules cancéreuses broyées à un chien qui mourut finalement… d’une infection. C’est le même Peyrilhe qui avait décrit un de ces patients qui après avoir embrassé le sein de sa femme atteinte d’un cancer mourut d’un cancer aux gencives. Parmi les autres perles de l’époque, on peut noter ce médecin du nom prédisposé Le Vacher qui prescrivait comme remède : l’usage de petit-lait, du lait d’ânesse, des crèmes de riz ou d’orge ou une diète exclusive au lait de vache.

    Les résultats des chirurgies demeuraient, quant à elles, toujours problématiques. Ainsi autour des années 1660, le docteur Richard Wiseman, chirurgien du roi Charles II, écrivit que sur les 12 mastectomies qu’il avait réalisées, deux patientes étaient mortes à cause de l’opération, 8 sont décédées peu de temps après de la récidive de leur cancer et deux furent déclarées guéries.

    Le 19e siècle

    L’arrivée au John Hopkins Hospital de Baltimore du chirurgien William S. Halsted allait ouvrir une nouvelle étape dans le traitement du cancer du sein. Son principe était d’enlever le sein au complet avec la peau qui le recouvre, les ganglions axillaires, au moins une partie du muscle pectoral et de nettoyer la région supra claviculaire. Il fallait extirper tout tissu suspect pour éviter le plus possible les récidives. Pendant les 80 années qui suivirent, nul ne contesta les théories de Halsted. Deux découvertes allaient ébranler ces convictions : les rayons X et la découverte que les cancers pouvaient être hormonaux-dépendants. Dans le premier cas, les rayons découverts par Conrad Roentgen permirent l’arrivée des mammographies et le radium découvert par Marie Curie ouvrit la voie à la radiothérapie. Quant aux phénomènes d’hormonaux-dépendances, deux médecins méritent d’être cités.

    Les précurseurs de l’hormonothérapie

    En 1899, le docteur Albert Schinzinger décida d’enlever les ovaires d’une de ses jeunes patientes atteintes d’un cancer fulgurant du sein, dans le but de la faire vieillir précocement et d’ainsi ralentir son cancer, ce qui s’avéra efficace. Sept ans plus tard, un autre chirurgien, Georges Thomas Beatson, avait remarqué que la castration ou l’accouplement des vaches qui venaient tout juste de vêler prolongeait la production laitière. Ces deux observations avaient en commun la suppression du travail des ovaires. Comme les cellules hyperplasiques se dissolvaient dans le lait, il crut que les cellules cancéreuses du sein en feraient de même. L’argumentaire était bien sûr faux, mais l’ovariectomie réussit quand même à améliorer grandement la condition de trois de ses patientes souffrant d’un cancer du sein avancé. Une dizaine d’années plus tard, l’hormonothérapie remplaça définitivement les ovariectomies.

    Le 20e siècle

    De plus en plus contestée, la thèse de Halsted, prenait du plomb dans l’aile. La physiologie du cancer devenait de mieux en mieux connue et l’approche de la mastectomie radicale pour tous les cas était mise en doute. Bernard Fisher, professeur de chirurgie à l’université de Pittsburg et chercheur, revint deux millénaires plus tard à la théorie de Galien à savoir que le cancer est une maladie systémique.
    Les avancées technologiques et pharmacologiques permirent au vingtième siècle une éclosion de thérapies beaucoup plus efficace contre le cancer. En 1975, le taux de survie au cancer était de 40 % et 30 ans plus tard, il est à plus de 60 %
    (
    Fondation québécoise du cancer). Malgré cet essor, il s’en trouve toujours pour dire et écrire que les chimiothérapies et autres thérapies anti-cancéreuses causent plus de tort que de bien. Heureusement, malgré quelques médias opportunistes qui leur donnent la parole, les statistiques, elles, affichent hors de tout doute les bienfaits de ces chimiothérapies.

    Personnellement, je recommanderais à toutes les personnes souffrant d’un cancer de se fier aux statistiques recueillies auprès de centaines de milliers de personnes plutôt qu’au témoignage d’un seul individu qui aurait échappé au cancer en refusant une chimiothérapie.

    http://quebec.huffingtonpost.ca/


Un traité du médecin grec Galien retrouvé dans un ancien manuscrit


Une belle découverte, du plus vieux manuscrit qui a traduit du traité de médecin, nul autre que Galien. Sachant que les traductions, par-dessus traductions finissent par altérer l’idée initiale, il se peut que cette découverte donne donc, une traduction plus fidèle de l’original
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Un traité du médecin grec Galien retrouvé dans un ancien manuscrit

traité Galien

Ci-dessus, l’ancien manuscrit dans lequel a été découvert une traduction vieille de 1.400 ans du traité du médecin grec Galien.

Par Julie Aram

La traduction d’un traité du médecin antique Galien a été retrouvée dans un manuscrit vieux de 1.000 ans. L’un des textes de ce traité est la traduction la plus ancienne connue à ce jour, ce qui pourrait permettre aux historiens de mieux comprendre les idées développées par Galien.

EN BREF – C’est une découverte précieuse pour les historiens de l’Antiquité : un traité du médecin grec Galien (129-216 ap. JC) a été retrouvé dans un manuscrit datant du 11e siècle. La traduction de ce traité de Galien a quant à elle été écrite bien plus tôt, au 6e siècle de notre ère. Mais les pages ont été recouvertes quelques 400 ans plus tard, une pratique dont on sait qu’elle était commune au Moyen-Age (on parle de « palimpseste »).

Ce traité de Galien contient notamment un texte célèbre, connu sous le nom de « De la faculté des médicaments simples ». Or jusqu’ici, la traduction la plus ancienne connue à ce jour de ce texte datait du 9e siècle. Cette nouvelle traduction est donc plus ancienne de quelques 300 ans, ce qui représente bien évidemment un intérêt majeur pour les historiens. En effet, il est fort probable que le texte de cette dernière soit plus proche des idées initialement développées par Galien, que la traduction du 9e siècle qui était connue jusqu’ici.

Galien est l’un des plus célèbre médecin de l’Antiquité. Si nombre de ses théories n’ont bien évidemment aujourd’hui plus de validité, il n’en reste pas moins qu’il avait développé une excellente connaissance du corps humain. Il avançait notamment que de tous les organes du corps, le cerveau était l’organe majeur car il contrôlait le fonctionnement de tous les autres. Une idée avec laquelle Aristote n’était pas d’accord, ce dernier avançant que la primauté revenait au cœur.

En savoir plus :
« 1,400-year-old medicinal treatise of Galen found hidden under hymns in ancient manuscript »

http://www.journaldelascience.fr/

Le Saviez-Vous ► Le cancer à travers les âges


On a longtemps cru que le cancer est lié à notre environnement, c’est probablement vrai pour certains cancers, d’ailleurs John Hunter avait émit l’hypothèse dans les années 1700, mais nos lointains ancêtres, quoique probablement plus rares pouvaient être atteints de cette terrible maladie. Au fil des siècles, des érudits ont pu observer différents cancers et le cancer du sein revient souvent dans leurs études
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    Le cancer à travers les âges

    LE CANCER, UNE MALADIE AUSSI VIEILLE QUE L’HUMANITÉ….

    LES TRACES LES PLUS ANCIENNES

    Elles se trouvent dans des fragments de squelettes humains datant de la préhistoire.

    La grotte de Lazaret, près de Nice, a livré les restes fossilisés d’un enfant de 9 ans, décédé, il y a 120 000 ans, des suites d’une tumeur osseuse.

    Des stigmates de la maladie, ont été, aussi, retrouvés sur des momies découvertes dans des pyramides égyptiennes

    Sur les tablettes en caractères cunéiformes de la bibliothèque de Ninive, ancienne ville de l’Assyrie, dans le nord de la Mésopotamie située sur la rive est du Tigre, au confluent du Khosr, on parle également du cancer.

    Lors de la découverte de monuments funéraires étrusques ou sur des momies péruviennes, des traces de la maladie sont mises en évidence.

    LE TEXTE LE PLUS ANCIEN CONNU…

    Le papyrus Ebers est l’un des plus anciens traités médicaux qui nous soit parvenu. Il aurait été rédigé entre 1500 et 1600 avant J-C, pendant le règne d’Amenhotep I er

    Hérodote nous apprend qu’Atossa, fille de Cyrus et femme de Darius, fit appeler vers 525 avant J-C, Démocedès, pour une tumeur ulcérée du sein qu’il réussit à guérir !

    Durant l’antiquité

    ONCOS, CARCINOS, CARCINOMA

    Déjà dans l’antiquité, le traitement du cancer est associé au degré d’avancement de la maladie et comme aujourd’hui, toutes proportions gardées. Il est l’ancêtre lointain d’un système de « stadification » de la maladie.

    Hippocrate (460-370 av. J.-C.)

    Il donne le nom de « carcinome », mot dérivé de crabe, à des grosseurs qui  deviennent progressivement fatales.

    D’après ses nombreuses descriptions très précises des différentes maladies, soignait des patients cancéreux. Il décrivit des lésions touchant la peau, le sein, l’estomac, le col de l’utérus et le rectum et en établit une classification. Il y eut peu de progrès dans l’étude du cancer pendant les trois siècles après Hippocrate.

    Aretaeus (2 ème  av. J.-C)

    Ce médecin de Cappadoce décrivit le cancer de l’utérus comme des ulcères superficiels et profonds, infiltrant ensuite l’utérus. Il décrivit également une autre espèce de cancer ne présentant, celui-là, pas d’ulcération mais correspondant plutôt à une grosseur dans l’utérus. Il fit la distinction entre les deux lésions et reconnaissait que les cancers à ulcérations avaient les symptômes et le pronostic les plus péjoratifs.

    Aulus Cornelius Celsus (25 av. J.-C. – 50 ap. J.-C.)

    Ce médecin romain, expliqua que le cancer apparaissait surtout dans les parties supérieures du corps, comme le visage, le nez, les oreilles, les lèvres, mais aussi au niveau des seins. Il décrivit, aussi précisément, les différents degrés dans l’évolution de la maladie :

  • Le premier degré est appelé, en grec, « cacoethes ». Les cacoethes pouvaient être traités par excision

  • Le second degré est définit par un carcinome sans ulcération

  • L’étape ultime est une lésion exubérante. Celcus déconseillait, déjà de traiter les lésions plus avancées : ni onguents, ni cautérisation, ni excision !

Leonides (180 ap. J.-C.)

Ce médecin d’Alexandrie, décrivit la rétraction du mamelon comme étant un signe de cancer. Il fit des mastectomies, avec un scalpel, en découpant autour du mamelon dans le tissu encore sain; la plaie était ensuite cautérisée pour éviter l’hémorragie et tuer les tissus cancéreux résiduels. Il déconseillait la mastectomie pour des lésions avancées.

Galien (130-201 ap. J.-C.)

Ce médecin, né en Asie Mineure étudia à Alexandrie et fut plus tard médecin à Rome. Ses théories furent valables pendant un millénaire. Pour lui, les tumeurs étaient dues à un excès « d’humeur », en particulier de bile noire. Celle-ci se « solidifiait » dans certaines parties du corps comme les lèvres, la langue, les seins. Son traitement consistait en l’administration de purges pour dissoudre la bile solidifiée. Si la lésion ne régressait pas, il pratiquait alors l’excision.

La médecine arabe de la fin du premier millénaire…

L’ÉMERGENCE DES NOTIONS MODERNES DE CANCÉROLOGIE

Avicenne (980-1037)

Médecin de Bagdad observa que le cancer augmentait lentement et qu’ensuite il envahissait et détruisait les tissus avoisinants pour aboutir à une absence de sensation dans la partie atteinte.

Albucasis (1013-1106)

Médecin de Cordoue recommanda l’excision lorsque le cancer était en début d’évolution et situé dans une partie accessible. De plus, il préconisait de cautériser les tissus avoisinant la tumeur enlevée. De même, il conseillait de ne rien faire pour les lésions avancées.

Avenzoar (1070-1162)

Savant de Cordoba, il décrivit le cancer de l’œsophage et de l’estomac.

DU 16 AU 17ème SIÈCLE

LES GRANDES DÉCOUVERTES

Les autopsies n’étant plus interdites, les connaissances anatomiques augmentèrent rapidement, notamment en Italie.

Fallopius (1523-1562)

C’est l’élève de Vésale, décrivit plusieurs variétés de cancers. Il pratiquait l’excision et la cautérisation pour les lésions récentes et traitait les lésions avancées avec différents onguents. La découverte du système lymphatique constitua une étape essentielle dans la compréhension de l’évolution de la maladie.

Gaspard Aselli (1581-1625)

Ce savant découvrit le système lymphatique. Cette découverte est très importante car le système lymphatique joue un rôle important dans la dissémination (développement de métastases) de beaucoup de cancers

Jean Pecquet (1622-1674)

Ce médecin, originaire de Dieppe, découvrit le canal thoracique, collecteur principal des vaisseaux lymphatiques. Il fallut attendre longtemps avant de comprendre que le système lymphatique a son rôle dans l’évolution du cancer et que prévenir les maladies métastatiques en retirant les ganglions lymphatiques locorégionaux est une partie importante dans la thérapie du cancer. Durant cette période, l’étude du cancer évolua peu car on se basait, uniquement, sur l’observation clinique des différentes formes de cancer.

Fabricius Hildanus, (1560-1634)

Cet auteur allemand, fit des descriptions détaillées d’opérations larges de cancer. Il fit la dissection de ganglions lymphatiques axillaires de patientes atteintes de cancer du sein.

Marco Aurelio Severini (1580-1656)

Il décrivit les différentes tumeurs bénignes et malignes du sein avec leur diagnostic différentiel. Il fut le premier à illustrer ses descriptions avec des dessins. Il fit également des descriptions claires de fibroadénome et conseillait d’enlever les tumeurs bénignes car elles risquaient de dégénérer. Dans son ouvrage « Synopseos Chirurgicae » toutes les variétés de gonflement son t appelées alors, abcès.

A la suite du décès d’Anne d’Autriche, mère de Louis XIV, d’un cancer du sein, ce médecin décrira en détail, les tumeurs du sein.

AU 17ème SIÈCLE, LE CANCER DEVIENT UNE MALADIE CONTAGIEUSE…

Daniel Sennert (1572 – 1637)

Ce célèbre professeur de Wittenberg remis en questions les théories précédantes en affirmant que le cancer est une maladie contagieuse. Cette théorie aboutira à ce que, pendant près de deux siècles, les malades souffrant d’un cancer seront exclus de nombreux hôpitaux.

Face à cette situation, le chanoine Jean Godinot (1661-1739) fit construire, à Reims en 1740, un des premiers hôpitaux destinés exclusivement aux cancéreux. Il est fait mention également, en 1592, d’un établissement à Varsovie pour patients présentant des tumeurs,  l’hôpital St Lazare. Ce fut fort probablement le premier établissement pour cancéreux dans le monde…

LA THÉORIE DES HUMEURS DE GALIEN….

PAS ENCORE REMISE EN CAUSE…

Elle est, à cette époque, encore acceptée par tous les médecins.

Henri François le Dran (1685-1770)

Ce médecin décrivit que le cancer débutait localement et s’étendait ensuite par les canaux lymphatiques vers les ganglions lymphatiques. Cette théorie est très importante car elle explique pourquoi le cancer du sein, par exemple, peut atteindre les poumons. Dés cette époque, il préconisait l’excision de la tumeur et des ganglions lymphatiques axillaires. Il comprit que si les ganglions axillaires étaient envahis, le cancer était grave.

Xavier Bichat (1771-1802)

Ce savant français découvrit que les différentes localisations du cancer ne sont qu’une seule et même maladie touchant le même tissu mais dans différents organes. Il précise le concept de métastase à distance.

L’AVÈNEMENT DE L’ANATOMO-PATHOLOGIE

Les progrès en matière de  traitement du cancer sont aussi associés au progrès de l’anatomopathologie et de la recherche expérimentale.

Giovanni Battista Morgagni (1682-1771)

Ce médecin de Padoue, fut le créateur de l’anatomie pathologique par ses dissections réalisées non plus dans le but de localiser les différents organes mais dans le but de connaître les lésions ayant provoqué la mort du sujet. Son ouvrage « De Sedibus et Causis Morborum », réalisé à partir de 700 cas répertoriés à partir d’autopsies pratiquées sur des victimes de cancer du sein, de l’estomac, du rectum et du pancréas, constitue le premier traité cohérent d’anatomie pathologique.

Percival Pott (1714 -1788)

Ce chirurgien anglais, né le 6 janvier 1714 à Great Yarmouth, en 1775 met en évidence le premier cancer professionnel ; le cancer du scrotum des ramoneurs. Ce cancer était provoqué par le frottement sur le scrotum de la corde imprégnée de suie qui servait aux petits ramoneurs à descendre dans les conduits de cheminée.

Matthew Baillie (1761-1823)

Ce médecin anglais, dans un atlas « The Morbid Anatomy of Some of the Most Important Parts of the Human Body » fit des descriptions anatomiques détaillées.

Bernard Peyrilhe (1735-1804)

Ce médecin observa que le cancer était d’abord local et qu’ensuite il se dispersait dans tout le corps via les canaux lymphatiques. Il préconisa comme traitement du cancer du sein, la chirurgie avec l’excision du « muscle grand pectoral » et la dissection des ganglions lymphatiques axillaires.

John Hunter (1728-1793)

Il fut le premier à évoquer des prédispositions au cancer comme l’hérédité, l’âge et peut-être le climat. Il estima l’âge moyen d’avoir un cancer, entre 40 et 60 ans et constata qu’un cancer du sein, chez une femme de moins de 40 ans, était très rapidement fatal. Il observa que les sites les plus atteints étaient : le sein, l’utérus, les lèvres, le nez, le pancréas, le pylore gastrique et les testicules.

Sir James Paget (1814-1899)

Ce médecin anglais décrivit plusieurs maladies qui portent son nom. La « maladie de Paget » des os (ostéite déformante) et la « maladie de Paget » du mamelon, forme d’eczéma du mamelon, associée à un cancer du sein.

PAR LA SUITE, LES DÉCOUVERTES S’ACCÉLÈRENT…

René Théophile Hyacinthe Laennec (1781-1826)

Au 19 ème siècle, il débuta la classification de diverses tumeurs et étudia leurs évolutions. Il décrivit aussi les métastases.

Johannes Peter Müller (1801 – 1858)

Grâce à l’invention du microscope, cet anatomiste allemand, donna la première définition valable du cancer :

« Il s’agit d’une tumeur constituée de cellules. Elle bouleverse la structure des tissus. Elle est, dès le début, constitutionnelle. Elle récidive après l’extirpation et elle tue »

Roentgen en 1895, puis Pierre Curie en 1889

Ils découvrirent les rayons X et le radium qui fût à l’origine de la radiothérapie. En 1904, Danlos, à l’hôpital St-Louis de Paris, expérimenta pour la première fois cette méthode sur des tumeurs humaines.

Léo Loeb (1869-1959)

Ce médecin américain d’origine allemande, commença à transmettre aux animaux le cancer, grâce aux premières greffes de cellules en 1901.

Katsusaburo Yamagiwa (1863 – 1930) et Koichi Itchikawa (1888-1948)

Ils furent les premiers à induire des cancers de la peau avec des substances chimiques (goudron) entre 1918 et 1921. Ils ont démontré que l’application de goudron (uniquement avec des variétés de goudron contenant de l’anthracène) induisait des tumeurs cutanées.

Deals (1931-1933)

Il  démontra le rôle cancérigène des radiations.

Paul Ehrlich (1854-1915)

Ce biologiste allemand, ouvre l’ère de la chimiothérapie qui ne fût effective qu’à partir de 1940 après, époque à laquelle ont découvrit l’effet thérapeutique du gaz moutarde. On trouva enfin les premières substances chimiques s’opposant à la division cellulaire. Ces substances sont aujourd’hui le fondement de la chimiothérapie.

C Higgins

Ce futur Prix Nobel de médecine, en 1950 mis en évidence le rôle des hormones  féminines sur certains cancers humains.

De nos jours, les scientifiques continuent leurs multiples recherches concernant les relations entre le cancer et l’ADN avec les différentes techniques de la génomique, de la proteinomique…..

http://www.arcagy.org/

Le Saviez-Vous ► L’étonnante histoire de la théorie de « l’utérus mobile »


Wow !! Je suis bien contente que la médecine féminine a évolué à notre époque. Non, mais les femmes avaient le dos large quand tout était une question d’anatomie féminine pour leurs maux physique et psychologique
Nuage

 

L’étonnante histoire de la théorie de « l’utérus mobile »

 

"Une leçon clinique à la Salpêtrière" de André Brouillet.

Une leçon clinique à la Salpêtrière, d’André Brouillet.

Dans sa chronique hebdomadaire « Fantastically Wrong » (« fantastiquement faux »),le site Wired se livre à une analyse historique des théories les plus farfelues qui ont fait autorité dans la science d’hier.

« Parce que quand il s’agit de comprendre le monde, les erreurs sont un moyen de voir nos progrès », explique le site.

Cette semaine, Wired s’intéresse à l’étonnante théorie des « utérus mobiles ».

« Désolée d’être de si mauvaise humeur, mon utérus n’arrête pas de bouger dans mon torse depuis hier. »

Voilà ce qu’une femme née dans la Grèce ancienne pouvait expliquer pour justifier ses sautes d’humeur.

« Car en ce temps, il n’y avait pas de pire affliction qu’un utérus qui spontanément migrait vers la région abdominale », explique Wired.

Les médecins grecs, parmi lesquels l’illustre Platon ou l’assermenté Hippocrate, se figuraient en effet que l’utérus était la clé de la différence entre les hommes et les femmes, autant physiquement que mentalement.

Le médecin Arétée de Cappadoce écrivait ainsi que l’utérus était « un animal dans l’animal », un organe qui « bouge de lui-même ici et là dans le corps ». Il pouvait ainsi aller s’associer au foie, provoquant la mélancolie, ou encore grimper dans le corps pour causer indolence, fatigue physique et vertiges. En revanche, quand l’utérus redescendait dans le corps féminin, il provoquait dès lors « une grande impression d’étouffement, une perte de la parole et de la sensibilité » qui pouvait résulter parfois en une « mort soudaine et imparable ».

Pour guérir ces maux, les médecins de l’époque affirmaient que l’utérus était attiré par les bonnes odeurs. Dès lors, il suffisait d’appliquer des fragrances au vagin de la patiente, ou lui faire respirer des odeurs nauséabondes pour que l’utérus reprenne sa position traditionnelle dans le corps.

Cette théorie permettait également d’asseoir la domination masculine dans la société grecque.

Selon la spécialiste de la médecine antique Helen King, auteure d’un essai intitulé Il était un texte : l’hystérie chez Hippocrate, les médecins conseillaient en effet aux femmes d’être le plus souvent enceinte possible, afin de garder l’utérus occupé et l’empêcher de se balader dans le corps.

Plus tard, les sociétés prirent leurs distances avec cette théorie.

Les Romains découvrirent ainsi grâce au médecin Galien que l’illusion d’un utérus mobile était en fait due « aux tensions dans les membranes qui composent le corps humain ».

Selon lui, le problème principal venait de la « suffocation » de l’utérus par l’accumulation des sangs, qui produisait des vapeurs internes et influaient sur les autres organes, précise Wired.

Chez les Byzantins, le médecin Paul d’Egine avait trouvé un remède aux maux féminins : l’éternuement et les cris. Une technique de soin qui fut importée par le monde musulman, et se perpétua jusqu’au Moyen Age.

Ce n’est que vers 1500 qu’émergea la « conception traditionnelle de l’hystérie féminine », note Helen King dans son ouvrage, c’est-à-dire « la conception qui met en cause l’utérus pour justifier l’irrationalité des femmes ».

« En quelques siècles, l’utérus était devenu de moins en moins une manière de justifier de maladies physiques, mais de plus en plus un manière de justifier des dysfonctionnements psychologiques », note la spécialiste.

Il faudra attendre le XVIIIe siècle pour que les scientifiques affirment que l’hystérie était davantage due à des problèmes cérébraux qu’en lien avec l’utérus. Les traitements de l’utérus – incluant l’hypnose, des outils vibrants ou encore des jets d’eau virulents sur l’abdomen des femmes – se poursuivirent tout de même jusqu’au XIXe siècle. La littérature victorienne est ainsi peuplée de femmes« touchées par des vapeurs », contraintes de respirer des sels pour se remettre de leurs émotions, dans la droite lignée des préceptes d’Hippocrate.

L’émergence de la psychiatrie moderne a permis de comprendre qu’hommes et femmes sont indifféremment touchés par l’hystérie. Reste que le terme même d’hystérie conserve en son sein l’histoire de cette théorie farfelue, car il vient étymologiquement du latin hystera (« matrice »), et du grec ancien ὑστέρα,hustéra (littéralement « qui est en bas »).

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