Forêt boréale : le dilemme du ver de terre


On connaît l’utilité des vers de terres, mais il semble aussi avoir de mauvais côtés. Les lombrics ne sont pas originaires de l’Amérique du Nord. Ils sont venus avec les colons européens. C’est surtout pour la forêt boréale qui pourrait avoir des problèmes avec ces petites bêtes rampantes, en mangeant le tapis de feuilles mortes, mousse et branches sans creuser sous la terre. Ils modifient donc la nature des sols de la forêt boréale et donc pourrait émettre plus de carbone que d’en absorber.
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Forêt boréale : le dilemme du ver de terre


Forêt boréale : le dilemme du ver de

ONFOKUS VIA GETTY IMAGES

Les lombrics étaient absents de ce milieu naturel depuis plus de 10 000 ans et les conséquences pourraient être désastreuses!

  • Agence Science-Presse

La forêt boréale, plutôt que de continuer d’absorber les surplus de carbone, pourrait en émettre… à cause des vers de terre. C’est l’inquiétude des scientifiques qui observent leur progression dans les forêts de l’Amérique du Nord, révèle cette semaine un reportage du New York Times.

Les lombrics étaient absents de ce milieu naturel depuis plus de 10 000 ans mais y ont été réintroduits par les colons européens.

Aujourd’hui, ils s’y répandent plus vite à cause de la pêche et du jardinage de loisir, du développement des routes ainsi que de la navigation. Ce phénomène s’observe aussi au Québec, selon une étude publiée dès 2009 par Le Naturaliste canadien et un avis de recherche forestière de 2017 du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec.

En temps normal, les vers de terre permettent de fertiliser un terrain en aérant les sols, en digérant des matières organiques et en produisant des déjections de produits fertilisants sous la terre. Ils permettent ainsi la croissance de plantes qui, en absorbant le carbone, réduiront sa présence dans l’atmosphère. Certaines espèces creusent même dans des sols minéraux où ils piègent ce gaz à effet de serre.

Mais le problème est que la quasi-totalité des espèces qui envahissent la forêt boréale mangent son tapis de feuilles mortes, de mousse et de branches sans creuser sous terre. Résultat, une étude canadienne de 2015 estime que de 50 à 94 % du carbone contenu dans ces déchets végétaux pourrait être libéré dans l’atmosphère d’ici 40 ans. Les vers de terre modifient par ailleurs la nature des sols dans la forêt boréale, favorisants certaines espèces animales et végétales au détriment d’autres.

Une fois les vers de terre établis, « il est impossible de s’en débarrasser », affirme l’avis de 2017 du ministère québécois.

 Il existe toutefois des manières de ralentir leur progression : éviter de jeter les appâts de pêche dans la nature, par exemple.

https://quebec.huffingtonpost.ca/

Les forêts malmenées par les changements climatiques, les insectes et le feu


Le Canada est reconnu pour ses forêts boréales. Avec les changements climatiques, ces forêts ont la vie dure, feux, insectes .. Même si le feu détruit des millions d’hectares, ce sont les insectes qui sont devenus les pires ennemis des arbres. Chez-moi, dans mon quartier, beaucoup d’arbres ont été coupés, car ils sont mort à cause d’un insecte, agrile du frêne
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Les forêts malmenées par les changements climatiques, les insectes et le feu

 

THE CANADIAN PRESS/HO, PARKS CANADA – JONATHAN LARGE

Derek Nighbor, président de l’Association des produits forestiers du Canada, estime qu’il faut rapidement créer des modélisations afin de prévoir et prévenir pour s’assurer d’une forêt en santé.

Un feu de forêt embrasant la forêt boréale du parc national de Wood Buffalo.

Les incendies et les insectes détruisent chaque année 20 fois plus de couvert forestier que la coupe industrielle au Canada, et les producteurs soutiennent que cette situation empire avec les changements climatiques.

Derek Nighbor, président de l’Association des produits forestiers du Canada, estime qu’il faut rapidement créer des modélisations afin de prévoir et prévenir pour s’assurer d’une forêt en santé.

Le ministère fédéral des Ressources naturelles indiquait en 2016 que le Canada avait perdu environ 1,4 million d’hectares de forêts à cause du feu, et 17,6 millions d’hectares à cause des insectes. Les producteurs de bois ont quant à eux coupé 779 000 hectares de forêt. En d’autres mots, 5,4 pour cent du couvert forestier canadien a disparu à cause des insectes, contre 0,2 pour cent à cause du feu.

«On assiste à une infestation sans précédent d’insectes nuisibles qui ravagent nos forêts», soutient M. Nighbor en entrevue. «Nos biologistes et nos employés croient que ce phénomène est en grande partie attribuable aux changements climatiques.»

La tordeuse des bourgeons de l’épinette ravage des forêts du Québec et des provinces de l’Atlantique, alors que le dendroctone du pin ponderosa détruit le bois dans l’ouest du pays et progresse vers l’est. Selon M. Nighbor, le coléoptère s’apprête à s’inviter en Saskatchewan — si ce n’est déjà fait.

Pendant ce temps, l’agrile du frêne, qui a détruit des millions d’arbres dans l’est du Canada et des États-Unis, se dirige vers l’ouest. La Ville de Winnipeg a découvert des cas le 7 décembre, et craint de perdre jusqu’à 350 000 frênes.

Lorsque l’insecte s’installe, il tue l’arbre, qui devient du bois mort. L‘augmentation des températures et la prolongation des périodes de sécheresse, attribuables aux changements climatiques, favorisent ensuite la combustion de ce bois mort. La Colombie-Britannique a ainsi connu cette année sa pire saison d’incendies de forêt: 1,1 million d’hectares s’est envolé en fumée.

M. Nighbor suggère notamment de planter en forêt davantage d’arbres qui sauraient résister aux insectes.

Mais Dan Kraus, de l’organisme Conservation de la nature Canada, juge périlleux d’introduire en forêt de nouvelles espèces d’arbres. Rappelant que les incendies de forêt font partie intégrante d’un processus naturel, il admet toutefois que les changements climatiques ont multiplié les risques.

Plutôt que de planter de nouvelles espèces, M. Kraus suggère de pratiquer des coupes autour de secteurs où le bois mort est concentré, puis de procéder à des incendies contrôlés afin d’éliminer ces poches de bois mort.

http://quebec.huffingtonpost.ca

Le caribou et le papillon monarque «en voie de disparition» au Canada


Le caribou, un animal sauvage emblématique du grand Nord dans l’Arctique Canadien qui voit son territoire dépérir par l’homme, les changements climatiques risque malheureusement de disparaitre, tout comme les papillons monarque qui voyage hiberne au Mexique l’hiver et migre vers les États-Unis et Canada au printemps qui souffrent de l’activité humaine
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Le caribou et le papillon monarque «en voie de disparition» au Canada

 

«Les caribous sont malheureusement très sensibles aux perturbations... (PHOTO MARK BRADLEY, FOURNIE PAR PARCS CANADA)

«Les caribous sont malheureusement très sensibles aux perturbations humaines, et nous dérangeons le caribou de plus en plus», avancent des experts.

PHOTO MARK BRADLEY, FOURNIE PAR PARCS CANADA

 

Agence France-Presse
OTTAWA

La population de caribous du Canada a atteint des niveaux «historiquement bas», en particulier dans l’est de l’Arctique où il a été classé lundi en «voie de disparition», tout comme l’emblématique papillon monarque, selon un comité d’experts scientifiques.

«Les caribous sont malheureusement très sensibles aux perturbations humaines, et nous dérangeons le caribou de plus en plus. Ces facteurs de stress semblent interagir de manière complexe avec le réchauffement rapide dans le Nord», a résumé Justina Ray dans un rapport du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (Cosepac).

Le caribou «fait l’objet de déclins alarmants», de «nombreuses hardes nordiques ont maintenant atteint des niveaux historiquement bas, et il y a lieu de s’inquiéter qu’elles ne se remettront pas», craignent les experts de l’organe scientifique qui émet des recommandations au gouvernement fédéral.

Le comité a étudié cette année deux populations de ce cervidé, le troupeau de la toundra, jugé «menacé», et celui des monts Torngat aux confins de l’Arctique québécois et du Labrador, classé «en voie de disparition», c’est-à-dire dont la «disparition est imminente».

Les causes du déclin de cet animal sauvage vont du recul de la forêt boréale sous l’action de la sylviculture et de la prospection minière, aux perturbations de son habitat sous l’effet du réchauffement climatique, bien plus prononcé dans l’Arctique que sur le reste de la planète.

En octobre, le Fonds mondial pour la nature (WWF) s’était lui aussi alarmé du déclin «particulièrement troublant» des hardes de caribous de l’Arctique canadien, notant notamment que certains troupeaux se sont effondrés de 95 à 98% en 30 ans à peine.

Le monarque bat de l’aile 

Autre espèce migratoire, le papillon monarque a été classé «en voie de disparition» notamment car ses aires d’hivernage au Mexique, déjà «remarquablement minuscules», «continuent de s’effriter», selon le Cosepac.

Ce papillon parcourt chaque automne 4000 km entre le Canada et le Mexique pour fuir la neige, mais cette espèce pourrait s’éteindre si rien n’est fait pour protéger «ses aires d’hivernage critiques».

En juin, 200 intellectuels, scientifiques et artistes américains, mexicains et canadiens avaient écrit aux dirigeants de ces trois pays pour exiger l’interdiction des activités minières et de la coupe illégale de bois dans la réserve mexicaine où les monarques viennent passer l’hiver.

Ils réclamaient en outre l’interdiction des pesticides sur les parcelles où pousse l’asclépiade, une plante sur laquelle pondent les femelles du papillon. Un herbicide utilisé dans les cultures de maïs et de soja transgéniques était également pointé du doigt.

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La renaissance dans les cendres de Fort McMurray


Les feux de forêts sont le malheur des uns et le bonheur des autres. La forêt boréale du Canada a besoin de ces incendies pour se régénérer. Les arbres ont des tactiques pour que leur mort puissent servir à redonner à leurs petits. Les insectes viennent profiter de ces endroits avec leurs prédateurs des oiseaux spécialistes des forêts incendiés.
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La renaissance dans les cendres de Fort McMurray

 

Des rejets de souche d'arbres feuillus comme les trembles et les peupliers apparaissent déjà, 7 semaines après le feu.

Des rejets de souche d’arbres feuillus comme les trembles et les peupliers apparaissent déjà, 7 semaines après le feu.   PHOTO : RADIO-CANADA/PHIL LAPLANTE

Un texte de Sylvain Bascaron

Deux mois après que l’incendie de Fort McMurray eut ravagé une partie de la ville et des milliers de kilomètres carrés de forêt, déjà, dans cette même forêt, la vie reprend ses droits. Sur un fond noir d’arbres brûlés et de cendres, des tiges vertes s’élancent, des insectes s’installent et des oiseaux de nuit les pourchassent.

Si, pour l’humain, le feu est un ennemi mortel, pour les arbres de la forêt boréale, c’est un ingrédient absolument nécessaire.

Voyez comment la forêt de Fort McMurray reprend vie

La chercheuse du Service canadien des forêts Sylvie Gauthier explique que la forêt boréale est « adaptée au fait que les feux vont revenir à des intervalles plus ou moins fréquents. C’est une forêt où les espèces d’arbres ont développé toutes sortes d’adaptations pour faire face au fait que ces perturbations reviennent régulièrement ».

« Le tremble, par exemple, va subir les affres du feu, il va mourir, mais produira des rejets de souche en grande quantité suite au passage du feu. Le pin gris, poursuit-elle, qu’on retrouve dans les forêts qui ont brûlé, dépend vraiment du feu. Ses cônes, qui sont fermés par une cire, exigent qu’il y ait un feu pour s’ouvrir et répandre leurs graines. »

Les experts du feu

Il n’y a pas que les arbres qui sont adaptés à la présence récurrente du feu; des espèces d’insectes et d’oiseaux sont aussi des experts du bois brûlé. Au nord de Fort McMurray, un autre feu, plus grand que celui de cette année, a ravagé 7000 kilomètres carrés en 2011. Une équipe de biologistes de l’Université de l’Alberta s’y est installée pour l’été, et la doctorante Elly Knight compte y étudier l’engoulevent.

L'engoulevent est un oiseau de nuit qui vit dans les forêts brûlées et qui arrive facilement à s'y camoufler.

L’engoulevent est un oiseau de nuit qui vit dans les forêts brûlées et qui arrive facilement à s’y camoufler.   PHOTO : RADIO-CANADA/PHIL LAPLANTE

« Cet oiseau de nuit est considéré comme un spécialiste des forêts brûlées, explique la chercheuse. Il a besoin d’espaces plus ouverts pour se nourrir, parce qu’il capte des insectes en plein vol, et les brasiers ouvrent de tels espaces. Il se nourrit plus spécifiquement de gros insectes, comme des coléoptères capricornes qui, eux, sont attirés par le bois brûlé dont ils se nourrissent. »

L’engoulevent qu’étudie Elly Knight est considéré comme une espèce menacée au Canada. Pourtant, la densité de sa population est très élevée au nord de Fort McMurray. La chercheuse n’a pas de preuve, mais elle croit que c’est possiblement un des endroits dans le monde où l’espèce est le plus présente. Et avec le feu qui vient de se produire à Fort McMurray, il y a fort à parier que l’engoulevent profitera de ce nouveau territoire au cours des prochaines saisons.

Une occasion unique pour les chercheurs

Les scientifiques auxquels nous avons parlé admettent que le feu de cette année est une catastrophe naturelle indescriptible pour les gens de Fort McMurray. Toutefois, ils y voient aussi une occasion unique, un laboratoire naturel qu’ils voudraient étudier de plus près.

Alexandre MacPhail fait partie de l’équipe de bio-acoustique de l’Université de l’Alberta, présentement déployée dans la région de Fort McMurray.

« Ce serait génial de faire de la recherche à cet endroit, pense-t-il. Les feux ne se produisent pas souvent si près des centres urbains. Beaucoup ont lieu dans des communautés rurales ou, pire, à des endroits où personne ne vit, et où on les laisse brûler. »

« Ce feu est un désastre, précise-t-il, mais il nous permet d’étudier la régénération d’une forêt à quelques minutes de marche d’une grande ville. »

Le coordonnateur logistique de l'équipe de bio-acoustique de l'Université de l'Alberta Alexandre MacPhail.

Le coordonnateur logistique de l’équipe de bio-acoustique de l’Université de l’Alberta Alexandre MacPhail.   PHOTO : RADIO-CANADA/SYLVAIN BASCARON

Changements climatiques

Si les assises de la régénération de la forêt boréale sont jetées dans les cinq années suivant un incendie, le statut de forêt mature ne lui est conféré qu’après 90 à 120 ans.

Avec les changements climatiques, explique Sylvie Gauthier, « les projections semblent indiquer que la fréquence des incendies sera plus élevée, que les aires brûlées seront supérieures et que la forêt aura de la difficulté à se refermer parce que les intervalles entre les feux pourraient raccourcir ».

Un terrain où il ne reste plus que quelques troncs d'arbres calcinés.

Ce site qui a brûlé deux fois, à six ans d’intervalle (2008 et 2014), représente un accident de régénération.   PHOTO : RESSOURCES NATURELLES CANADA/MARC PARISIEN

Si deux incendies se produisent à moins de cinq années d’intervalle, on assiste alors à un accident de régénération.

 La chercheuse du Service canadien des forêts explique que « dans ce cas-là, les arbres n’ont pas eu le temps d’être matures sexuellement, donc n’ont pas eu le temps de stocker assez de graines pour régénérer la forêt ou ne sont pas assez vieux pour donner des rejets de souche ».

La nouvelle forêt mettrait alors plus de temps à reprendre ses droits, et le ferait avec une moins grande densité. Si les projections se confirment, et que les incendies sont plus fréquents, on peut donc s’attendre à des changements importants dans la forêt boréale.

http://ici.radio-canada.ca/

Le feu continue de brûler mais la vie reprend à Fort McMurray


 

On entend moins parler du feu de forêt en Alberta, qui possiblement serait de cause humaine, cependant 30 % du feu serait encore hors contrôle malgré l’artillerie et plus de 2000 pompiers
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Le feu continue de brûler mais la vie reprend à Fort McMurray

Le feu de forêt dans la région de Fort McMurray était toujours hors de contrôle jeudi, combattu par des milliers de pompiers, pendant qu’un peu plus de la moitié de la population est revenue dans la ville pétrolière de l’ouest canadien.

Plus de 40 000 personnes ont regagné leur domicile depuis la levée de l’interdiction le 1er juin, un mouvement qui pourrait s’accélérer avec la reprise vendredi des vols commerciaux à l’aéroport de Fort McMurray.

Depuis mercredi, les habitants des trois quartiers pratiquement détruits par les flammes peuvent s’approcher des grillages érigés afin de constater les dégâts, souvent des tas de cendres ou des carcasses calcinées de véhicules abandonnés dans la fuite.

La municipalité de Wood Buffalo a averti jeudi ces sinistrés qu’ils devaient rester derrière le périmètre de protection. Un responsable des services de secours peut, à leur demande, aller fouiller dans les décombres afin de récupérer « des souvenirs ou des objets », a indiqué la mairie.

Parti le 1er mai dans la banlieue de Fort McMurray, le feu ravage toujours la forêt boréale. Une superficie totale de 586 707 hectares de pinèdes et de broussailles a été brûlée sur un périmètre estimé d’un peu plus de 1 000 kilomètres, selon la cellule de crise du gouvernement de l’Alberta.

Le feu progresse moins vite et « est contenu à 71% », a indiqué cette cellule dans son bilan quotidien, en notant que les engins de travaux publics avaient déboisé des bandes de protection entre la forêt, les habitations et les sites pétroliers sur 535 kilomètres.

Aidés de 16 avions bombardier d’eau et de 130 hélicoptères, près de 2 500 pompiers se relaient pour combattre ce gigantesque feu, comme 19 autres de moindre importance dans le reste de la province de l’Alberta.

Les compagnies pétrolières continuent à relancer leurs installations et la production monte en puissance pour retrouver d’ici un peu plus d’un mois le niveau d’avril.

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Les incendies et l’aménagement forestier menacent la faune


Avec la canicule, les risques de feux sont augmentés, et déjà dans le nord de la province, les feux sévissent encore. Mais la forêt sait se régénérer après de telles incendies, cela aide même à la biodiversité sauf que voilà, l’homme en veut toujours plus, et même le bois qui a brûlée peut servir, sans parler des plaisirs en plein air qui prennent plus de forêts laissant certains animaux en reste
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Les incendies et l’aménagement forestier menacent la faune

 

Un incendie de forêt, au nord de Wemotaci.... (Photo: David Boily, archives La Presse)

Un incendie de forêt, au nord de Wemotaci.

PHOTO: DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

LISE MILLETTE
La Presse Canadienne

Des milliers d’hectares de forêt ont brûlé ces dernières semaines dans les vastes incendies de forêt qui continuent de sévir dans tout le nord du Québec. L’impact de ces feux est évident, mais ils ne seront pas les seuls responsables des bouleversements qui frapperont la faune nordique dans les prochains mois.

Dans la forêt boréale, là où les incendies sont fréquents et s’étendent sur de vastes superficies, le feu est phénomène naturel, souvent allumé par la foudre, fait observer la biologiste Gaétane Boisseau.

Selon elle, la faune sait d’instinct comment faire face et s’adapter aux ravages du feu.

Même qu’une fois brûlé, le bois permet une régénération de la biodiversité et revêt son importance pour l’équilibre écologique. Les arbres, qui ne sont pas tous consumés, sont autant d’habitats pour plusieurs espèces d’oiseaux, des insectes et de petits mammifères qui viennent s’y loger.

Les pics, par exemple, ont plus de facilité à y déloger les insectes ravageurs et y puisent une grande part de leur nourriture.

Gaétane Boisseau estime donc que ce n’est pas tant le feu que l’activité humaine à la suite du feu qui a le plus d’impact et lorsque l’aménagement forestier et les grandes coupes de l’industrie s’ajoutent, les conséquences sur la faune s’en trouvent décuplées.

Parmi les espèces vulnérables, on retrouve le caribou forestier, le loup et le carcajou qui ont besoin de grands espaces vierges dépourvus de présence humaine pour survivre.

«L’aménagement forestier amène dans son sillage les chemins forestiers. C’est ce qui est le plus mortel. Les chemins amènent les gens, certains avec de bonnes, d’autres avec de moins bonnes intentions. La pêche, la chasse, le braconnage et les feux d’origine humaine. C’est ce qui menace la faune», résume-t-elle.

En 2012, un mémoire de l’Association des biologistes du Québec estimait que les populations de caribou forestier avaient connu un déclin considérable au Canada. En 20 ans, leur nombre a chuté de 30 pour cent. Afin de réduire le risque de prédation, ces grands mammifères ont besoin de territoires intacts qui se font de plus en plus rares à mesure que les activités humaines s’intensifient. Les tentatives de préservation du territoire, d’aménagement ou de corridor forestier ne génèrent que des résultats mitigés.

«Les corridors, qu’on fasse ça au sud ou on nord, ne seront jamais assez généreux en termes de longueur et de hauteur d’arbres. Et puis, un corridor n’est qu’un filtre. Ce ne sont pas toutes les espèces qui vont les emprunter», insiste la biologiste.

Ces aires protégées ont aussi été détournées, en quelque sorte, de leur vocation par les espèces elles-mêmes. Les espaces préservés, parfois de 250 kilomètres carrés, font aussi en sorte de garder «captifs» certains grands animaux.

«Le loup a appris qu’il s’agit d’un véritable « piège écologique » et que le « buffet » se situe dans ces 250 kilomètres carrés, dont le caribou ne peut sortir parce qu’au-delà, il y a des coupes et des chemins forestiers».

Ces chemins, ils ne sont pas prêts de disparaître et Gaétane Boisseau s’inquiète même de voir leur développement augmenter avec l’essor du territoire nordique, en raison des pressions économiques qui s’exercent.

Même le bois brûlé suscite l’intérêt de l’industrie forestière. Après de grands feux, le temps presse pour aller chercher ce bois. Un an après l’incendie, il est trop tard puisque les insectes ravageurs s’y sont déjà attaqués. Ce bois, s’il n’est pas trop atteint, peut en effet être encore utile et il est possible d’en tirer quelque chose, surtout si ce n’est que l’écorce qui est brûlée.

Le Service canadien des forêts (SCF) reconnaît que le contexte d’une baisse de la possibilité forestière fait en sorte de rendre la récupération des bois brûlés en forêt boréale non seulement séduisante, mais nécessaire à l’approvisionnement en bois de l’industrie forestière. Le SCF considère toutefois qu’il faut tenir compte de la conservation d’une tout aussi essentielle biodiversité.

«Les scientifiques et les ingénieurs forestiers savent qu’il faut en laisser pour la biodiversité, mais on en enlève toujours trop et de plus en plus», déplore Gaétane Boisseau, insistant sur l’urgence de protéger les forêts boréales vierges et les quelques massifs naturels encore existants, mais eux aussi, menacés.

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