Des espions parmi nous



Pour moi, l’espionnage se fait entre les pays comme les États-Unis, la Russie, etc. Des fois, je me demande si je suis dans un autre monde. Le Rwanda à de grandes blessures à cause du génocide. Même si cette période noire est derrière eux, il reste des coins sombres qui continuent a contrôler les gens même à l’extérieur du pays. Je trouve monstrueux qu’on attire des jeunes pour aller étudier à l’étranger pour devenir des espions et s’ils refusent, ils risquent de payer de leur vie. C’est une situation inadmissible. Cette jeune étudiante ne veut pas donner les renseignements récoltés, car elle sait que des gens vont mourir. Elle devrait être protégée pour ce refus.
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Des espions parmi nous


On associe souvent l’espionnage à de grandes puissances comme la Chine ou la Russie, pas à un pays comme le Rwanda. Or, nous avons appris qu’une Rwandaise a reconnu avoir espionné au Québec pour le compte de son gouvernement. Une affaire qui lève le voile sur une face plus sombre du gouvernement de Paul Kagame, louangé pour avoir piloté la renaissance du Rwanda, ravagé par un génocide il y a 25 ans.

Par Chantal Lavigne

En 2008, Nadège* est étudiante à l’université à Kigali, la capitale rwandaise, lorsqu’elle apprend que le gouvernement offre des bourses d’études à l’étranger. La jeune femme pose sa candidature et obtient une bourse de la francophonie pour venir au Québec. Elle présume qu’il s’agit d’une récompense pour son excellence scolaire et pour son travail de cadre au sein du FPR, le parti au pouvoir au Rwanda. Mais elle découvre rapidement qu’en échange, elle devra remplir une mission : espionner un Canadien d’origine rwandaise ici.

« On m’a dit : “il y a un homme au Canada, tu dois le retrouver dans le but de découvrir où se trouvent ses parents” », raconte la jeune femme, qui a accepté de nous rencontrer.

Le couple recherché, lui explique-t-on, a commis un acte de terrorisme au Rwanda, avant de s’enfuir à l’extérieur du pays.

Nadège assure que sa sécurité aurait été en jeu si elle avait refusé de collaborer.

À l’étranger, y compris au Canada, le Rwanda est souvent présenté comme une Singapour africaine, où règnent ordre et propreté. Un pays qui, sous la gouverne de son président Paul Kagame, a su renaître de ses cendres, après un génocide qui a fait 800 000 morts en 1994, en majorité des membres de la minorité tutsie.

Le président Kagame est invité dans les plus grands forums internationaux. Il était au G7 dans Charlevoix en 2018 et encore à Biarritz en août dernier. Le Rwanda sera l’hôte du prochain sommet du Commonwealth en juin prochain.

Mais derrière cette image brillante se cacherait un régime de plus en plus autoritaire qui ne tolère aucune dissidence et qui surveille et traque ses critiques, même à l’étranger.

Formations d’espionnage avec des militaires

Nadège est une jeune femme à la voix douce et à l’allure timide, qu’on peine à associer au mot espionne.

Avant son départ, elle affirme avoir suivi une formation au camp militaire de Gako pour apprendre les rudiments d’espionnage.

« Ça consistait à savoir comment approcher les gens, comment les suivre. Il y avait aussi des mises en situation », décrit-elle.

 Illustration : Radio-Canada/Jasmin Simard

Une trentaine de personnes assistaient à la formation, selon elle. Elle affirme toutefois ignorer si, parmi elles, se trouvaient d’autres étudiants chargés d’espionner à l’étranger.

« On ne pouvait pas le savoir. C’est ce qu’on répétait chaque fois. Tu dois être quelqu’un de discret, de secret. Personne ne le savait à part moi. Même mon mari. »

À son arrivée au Québec, en 2010, Nadège se met au travail. Elle suit l’homme ciblé par son gouvernement à quelques reprises et se rend à des fêtes rwandaises pour tenter de s’en rapprocher. Mais sans grand succès. Le jeune homme se méfie.

« Les gens se disent qu’il y a des espions qui arrivent ici, dit-elle. Qu’ils sont envoyés par le gouvernement rwandais qui leur veut du mal. »

De vrais professionnels

Au cours de notre enquête, nous avons en effet constaté qu’un climat de crainte régnait au sein d’une partie de la diaspora rwandaise. Plusieurs dissidents n’ont jamais voulu nous parler, persuadés que le gouvernement rwandais les surveille jusqu’ici. Jusqu’à quel point leurs craintes sont-elles fondées?

Sans vouloir commenter spécifiquement le cas du Rwanda, le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) nous écrit « avoir constaté à maintes reprises que des États étrangers prenaient pour cible des collectivités précises au Canada ».

Toutefois, un rapport secret de 2014 de l’Agence des services frontaliers du Canada affirme que des espions rwandais harcèlent des réfugiés ici.

Le document déposé en Cour fédérale dans un autre dossier d’immigration décrit un « système bien documenté de répression des critiques du gouvernement, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du Rwanda ».

Des cas d’espionnage rwandais ont aussi été rapportés dans les médias dans le passé en Suède, en Australie et en Belgique.

 Illustration : Radio-Canada/Jasmin Simard

« Les Rwandais ont la réputation d’être actifs et efficaces en ayant acquis toutes les ficelles du métier d’agent de renseignement. Ce sont de vrais professionnels », souligne Guy Rapaille, qui a longtemps dirigé le comité de surveillance des services de renseignement belges.

Il affirme même avoir été informé en 2017 et en 2018 de la présence en Europe de membres des services de renseignement rwandais, chargés d’éliminer ou de faire pression sur des opposants. Il précise toutefois n’avoir jamais eu vent de l’assassinat d’un dissident en Europe.

Menaces, disparitions et assassinats

Par contre, certaines personnes en Europe ont déjà été victimes de menaces sérieuses.

En 2011, la police de Londres a avisé les dissidents rwandais René Mugenzi et Jonathan Musonera que leur vie était mise en danger par le gouvernement rwandais.

En 2014, Judi Rever, une journaliste et auteure indépendante de Montréal, est en reportage en Belgique, lorsqu’elle est abordée à son hôtel par un représentant de la Sûreté de l’État.

« Vous êtes madame Judi Rever? » lui demande-t-il.

 Illustration : Radio-Canada/Jasmin Simard

À l’époque, elle prépare un livre sur les crimes commis par les troupes de Paul Kagame pendant et après le génocide.

« Il m’a dit qu’ils avaient des informations crédibles indiquant que l’ambassade rwandaise en Belgique constituait une menace contre ma vie », raconte-t-elle.

Deux gardes du corps en voiture blindée vont la suivre jour et nuit durant son séjour d’une semaine en Belgique.

« Pour la première fois de ma vie, je me suis dit : “c’est très sérieux”, dit-elle. Je me suis dit : “le régime est prêt à tout faire pour m’empêcher de travailler.” »

« Ils n’hésitent pas à tuer leurs opposants en dehors de leur pays”, confirme Lewis Mudge, directeur pour l’Afrique centrale chez Human Rights Watch. C’est quelque chose qu’on a documenté depuis les années 90. »

Lewis Mudge et son organisation ont dû quitter le Rwanda en 2018 en raison de leurs critiques du gouvernement rwandais. L’organisme de défense des droits de la personne a enquêté sur de nombreux cas de menaces, de torture, de disparitions, de tentatives d’assassinat et de meurtres au Rwanda, mais aussi à l’étranger : au Kenya, en Ouganda et en Afrique du Sud.

 Illustration : Radio-Canada/Jasmin Simard

L’un des cas les plus célèbres est celui, en 2014, du colonel Patrick Karegeya, un ancien dirigeant des services de renseignement rwandais. Il a été étranglé dans sa chambre d’hôtel de Johannesburg, en Afrique du Sud.

Deux semaines plus tard, lors d’un discours public, le président Paul Kagame tient des propos troublants :

« Si vous décevez le pays, si vous souhaitez du mal à son peuple, vous finirez par en subir les conséquences. Il ne reste qu’à savoir comment.  »

Dans la foulée de cette affaire, le département d’État américain s’est dit « troublé par une succession de meurtres d’exilés rwandais qui semblent avoir une motivation politique ».

Plus récemment, la justice sud-africaine a lancé des mandats d’arrêt contre deux Rwandais, vraisemblablement liés au gouvernement rwandais.

Nadège demande l’asile…

Nadège, elle, parviendra grâce à des connaissances à retrouver le couple recherché par les autorités rwandaises. Mais elle assure n’avoir jamais transmis l’information à son gouvernement. C’est qu’elle a été ébranlée, dit-elle, par des attaques rapportées contre des Rwandais à l’étranger.

« J’ai pris conscience que c’est pour les tuer qu’on recherche les gens qui sont à l’extérieur. C’est là que j’ai commencé à me demander ce que je fais. »

Elle affirme que le représentant du haut-commissariat du Rwanda au Canada, à qui elle devait transmettre les informations, a commencé à s’impatienter devant son peu de progrès. Elle coupe tout contact avec lui, déménage et, en août 2013, demande l’asile politique au Canada.

« Elle n’a pas terminé sa mission. Elle n’a pas révélé l’intégralité de l’information sensible qu’elle a pu recueillir. Donc aucune vie n’a été mise en danger », plaide son avocate Meryam Haddad.

Mais en octobre 2014, le Tribunal de l’Immigration rejette la demande d’asile. Le commissaire conclut que Nadège a effectué de l’espionnage, que cet espionnage contrevient aux valeurs d’un État démocratique, et qu’il est donc contraire aux intérêts du Canada.

Selon lui, Nadège a accepté volontairement d’espionner en échange d’une bourse d’études. La Rwandaise devra donc être expulsée du territoire canadien.

Il reste toutefois un dernier recours : convaincre l’Agence des services frontaliers que les risques que Nadège court au Rwanda sont plus grands que la menace qu’elle représente pour le Canada. C’est ce qu’on appelle un examen des risques avant renvoi.

« Je pourrais être maltraitée ou tuée si je retournais au Rwanda, parce qu’en ne remplissant pas ma mission d’espionnage, j’ai trahi le gouvernement rwandais. »

– Nadège

Près de cinq ans plus tard, elle n’a toujours pas de réponse.

Nous avons tenté sans succès à plusieurs reprises d’obtenir des commentaires du haut-commissariat du Rwanda au Canada. Nous n’avons pas réussi à joindre le diplomate rwandais que Nadège affirme avoir rencontré. Il a depuis quitté le Canada.

*Pour des raisons de sécurité, nous avons changé son nom et modifié certains détails de son récit.

Chantal Lavigne journaliste, Yanic Lapointe réalisateur télé, Melanie Julien chef de pupitre, André Guimaraes développeur, Jasmin Simard illustrateur. Avec la collaboration de Charlie Debons pour l’image de couverture.

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En Chine, une appli­ca­tion créée par le gouver­ne­ment espionne plus de 100 millions de citoyens


Big Brother est en Chine ! Le gouvernement espionne ses citoyens via une application sur la ligne de pensée du président chinois devient un aspirateur de données des citoyens.En plus, il peut modifier des fichiers, télécharger d’autres application, prendre une photo, ouvrir le micro et autres sur des téléphones Android

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En Chine, une appli­ca­tion créée par le gouver­ne­ment espionne plus de 100 millions de citoyens


par  Adrien Gingold

Des cybers­pé­cia­listes alle­mands ont décou­vert une back­door (ou « porte déro­bée ») dans une appli­ca­tion chinoise dédiée au président Xi Jinping, rela­tait samedi 12 octobre le Washing­ton Post.

L’ap­pli­ca­tion Xuexi Qiang­guo a été lancée en janvier par le pouvoir chinois. Selon une société alle­mande de cyber­sé­cu­rité, Cure53, elle a surtout été conçue pour espion­ner en profon­deur les smart­phones des citoyens qui la télé­chargent.

Offi­ciel­le­ment, l’ap­pli­ca­tion Xuexi Qiang­guo compile articles, livres et vidéos sur la vie et la pensée du président chinois Xi Jinping. Lancée en janvier 2019, elle comp­tait déjà plus de 100 millions d’uti­li­sa­teurs en avril dernier. Les jour­na­listes ont vive­ment été inci­tés à la télé­char­ger pour prou­ver leur loyauté au Parti. 

Aujourd’­hui, Cure53 présente l’ap­pli­ca­tion comme un aspi­ra­teur de données géant, ayant accès aux photos, messages, contacts ou histo­riques de navi­ga­tion de ses utili­sa­teurs. Plus effrayant encore, l’ap­pli­ca­tion permet de modi­fier des fichiers, télé­char­ger des appli­ca­tions, compo­ser des numé­ros, déclen­cher le flash de l’ap­pa­reil photo ou ouvrir le micro des 100 millions de télé­phones Android sur lesquels elle a été instal­lée. 

Source : The Washing­ton Post

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Comment transformer poissons et crevettes en espions?


L’étude des animaux marins pourrait permettre d’indiquer des intrus comme des sous-marins ou des drones aquatiques sont dans les parages. C’est ce que les recherches militaires explorent pour faire de ces animaux des espions. Cela pourrait aussi à mon avis renseigner l’impact sur la faune marine des activités humaines dans les mers et océans. En autant que cela ne dérangent pas ces animaux ou organismes unicellulaires dans leurs habitudes
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Comment transformer poissons et crevettes en espions?


Une crevettes très colorée vue de près.

Synalpheus modestus, un type de crevette qui claque continuellement ses griffes ensemble. Celle-ci vit en Indonésie. Photo: iStockPhoto / RibeirodosSantos

Radio-Canada

Pourrions-nous un jour devoir nous méfier de la surveillance que pourraient exercer les poissons, crevettes et plancton qui peuplent les fonds marins? Si cette question peut sembler un peu ridicule pour le commun des mortels, certains scientifiques se la posent et des recherches sérieuses ont même été entreprises par des organisations de renom pour vérifier cette possibilité.

Parmi les organisations qui se penchent sur le sujet, on trouve la Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA), l’agence du département de la Défense des États-Unis chargée de la recherche et du développement de nouvelles technologies destinées à un usage militaire. Le dernier projet de la DARPA est en effet d’améliorer le renseignement militaire en utilisant une gamme de créatures aquatiques, des gros poissons aux organismes unicellulaires, comme systèmes d’alerte sous-marins.

« Nous essayons de comprendre ce que ces organismes peuvent nous dire sur la présence et les mouvements de toutes sortes de véhicules sous-marins dans l’océan », précise la Dre Lori Adornato, responsable du programme.

Celle-ci explique que les créatures vivantes réagissent de diverses manières à la présence de véhicules. L’une des plus connues, et objet de l’un des axes de recherche de la DARPA, est le phénomène de bioluminescence, qui induit certains organismes marins à se mettre à briller lorsqu’ils sont dérangés.

« Si vous avez un organisme comme la Noctiluca [algue unicellulaire] présent à la surface de l’océan et un véhicule sous-marin proche de la surface, vous pourrez le voir d’un avion grâce à la piste bioluminescente », illustre la spécialiste.

Son équipe espère cependant avoir une compréhension beaucoup plus détaillée des mouvements des sous-marins et des drones aquatiques.

« Nous voulons comprendre s’il est possible de distinguer la réaction des organismes aux perturbations naturelles par rapport aux perturbations causées par les humains, ou peut-être même à certains types d’objets particuliers », note Vern Boyle, vice-président des programmes avancés et des capacités émergentes chez Northrop Grumman, qui participe au projet.

Une longue traînée de plancton qui brille dans l'eau.Phénomène de bioluminescence du plancton. Photo : iStockPhoto / Natthapon Muttabunnakarn

Une variété d’espèces étudiées

Les scientifiques se penchent sur un large éventail de créatures et de comportements. Le mérou Goliath, par exemple, qui peut atteindre 2,5 mètres de long, est connu pour faire un bruit strident lorsqu’il est approché par des plongeurs. Il démontre aussi beaucoup de curiosité lorsqu’un nouvel objet entre dans son habitat.

En fait, de nombreuses espèces de poissons font constamment du bruit pour communiquer entre elles ou en réponse à des menaces extérieures.

Une des études implique la surveillance de l’environnement sonore sous-marin.

« Nous en sommes encore aux premières étapes du projet. Nous revenons d’un voyage aux îles Vierges américaines où nous avons pris des mesures du paysage sonore en présence d’un véhicule et en l’absence d’un véhicule. Nous commençons seulement à analyser ces données maintenant », mentionne Alison Laferrière de Raytheon BBN Technologies, également partenaire du projet.

Mme Laferrière envisage également d’explorer les possibilités qu’offre un certain type de crevette qui claque continuellement ses griffes ensemble, créant ainsi un signal sonore constant qui rebondit sur les objets environnants.

L’idée ici est de mesurer, comme avec les sonars traditionnels, le temps nécessaire au retour de ce signal ainsi que la force de celui-ci, ce qui pourrait révéler la taille, la forme et la distance des objets sous-marins passant près du crustacé.

« Le concept ne repose pas sur le fait que la crevette modifie son comportement de quelque façon que ce soit lorsque le véhicule s’approche, il utilise simplement le son qu’elle crée », souligne la chercheuse.

Ces crevettes pourraient donc constituer un système de surveillance indétectable et très efficace.

« C’est un système passif. Il sera de faible puissance et capable de détecter même les véhicules les plus silencieux », ajoute Mme Laferrière.

Le poisson est au fond de la mer.Le mérou Goliath démontre beaucoup de curiosité lorsqu’un nouvel objet entre dans son habitat. Photo : iStockPhoto / papa1266

Une armée d’espions à peu de frais

Quant au bar, il a été observé en train de plonger au fond de la mer après avoir entendu un bruit fort. Les chercheurs se demandent s’il pourrait réagir systématiquement de la même façon lorsqu’il rencontre un véhicule.

La Dre Helen Bailey, professeure agrégée de recherche au Center for Environmental Science de l’Université du Maryland, envisage avec grand optimisme le succès de cette recherche.

« Nous pouvons implanter des capteurs miniatures sur les poissons pour détecter le mouvement et la profondeur. La technologie existe déjà pour que ce soit un système en temps réel », dit-elle.

Selon l’experte, il n’y a aucune raison pour qu’une armée de poissons ne puisse pas servir de système d’alerte à peu de frais contre les sous-marins ennemis.

« Il faut comparer avec le système actuel et le montant d’argent qu’ils [les gouvernements] dépensent pour les avions, les navires, l’équipement hydrophone [microphone utilisé sous l’eau] et l’équipement de surveillance. Tout cela leur permet d’obtenir de très petits instantanés, alors que le système dont nous parlons durerait des mois », estime-t-elle

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Espionner son ou sa partenaire avec une application devrait être puni, disent des chercheurs


Il existe des applications d’espionnage qui sont offertes pour surveiller les employés et les enfants. Sauf qu’il semble facile d’installer sur n’importe quel téléphone. Ce qui veut dire qu’on peut espionner son conjoint, conjointe. Le problème, c’est que cela amène donc des harceleurs, et même des violences conjugales. Espionner une personne vient à l’encontre du droit à la vie privée et à la protection des données. De toute manière, espionner une personne conjoint ou pas, ou encore les employés. Tant qu’au contrôle parental si c’est pour espionner son enfant, mieux vaut ne pas offert un téléphone. Enfin bref, il serait temps que le système judiciaire soit plus au courant de cette forme d’harcèlement.
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Espionner son ou sa partenaire avec une application devrait être puni, disent des chercheurs


Une jeune femme préoccupée fixe son téléphone cellulaire.

Les personnes qui soupçonnent leur partenaire ou ex-partenaire d’avoir installé un logiciel espion sur leur appareil sont souvent sans ressource. Photo: Getty Images / Antonio Guillem

Radio-Canada

Il suffit de deux minutes et d’un mot de passe pour qu’un harceleur installe une application de surveillance sur le téléphone de son conjoint ou sa conjointe à son insu. Cette situation devrait préoccuper davantage les législateurs, selon un important groupe de recherche canadien.

Un texte d’Anita Elash et Talia Ricci, de CBC

Dans son dernier rapport, le Citizen Lab, un centre de recherche de l’Université de Toronto, décrit comment les partenaires malveillants peuvent facilement acheter des logiciels-espions sous forme d’applications et les télécharger sur le téléphone de leur victime à son insu. Ces logiciels sont surnommés « stalkerware » par le Citizen Lab, une contraction de « stalker » (harceleur) et « software » (logiciel).

Une fois l’application installée, le harceleur peut surveiller à distance les moindres faits et gestes de sa victime, notamment ses appels téléphoniques, ses messages texte, ses courriels, ses activités en ligne, sa liste de contacts, son agenda électronique et sa position géographique. Dans certains cas, il peut également allumer le microphone du téléphone ou prendre des photos.

Le rapport conclut que quiconque utilise un tel logiciel-espion enfreint potentiellement toute une variété de lois – et cela s’applique également aux entreprises qui vendent ces applications dans le but de surveiller des personnes. Mais jusqu’ici, souligne le rapport, les policiers et les procureurs ferment les yeux sur cette situation.

« Des conjoints malveillants ciblent et surveillent des personnes d’une façon inappropriée et injuste », a affirmé Christopher Parsons, un chercheur associé au Citizen Lab et l’un des principaux auteurs du rapport. « Nous devons faire mieux en tant que société. »

« Le parfait outil pour surprendre un époux qui vous trompe »

Le rapport est le premier examen exhaustif de l’utilisation des logiciels-espions de type stalkerware au Canada. Les chercheurs ont analysé en profondeur les huit logiciels-espions pour appareils Android offerts au Canada les plus populaires.

Ces applications sont principalement présentées comme des outils destinés aux parents leur permettant de surveiller leurs enfants ou aux employeurs pour leur permettre de surveiller leurs employés. Mais les chercheurs ont découvert que plusieurs concepteurs présentent ouvertement leur application comme un bon moyen de surveiller un partenaire intime.

Le rapport indique que le site web de l’une de ces entreprises, Highster Mobile, décrit son application comme « le parfait outil pour surprendre un époux qui vous trompe ».

« L’utilisateur ne saura jamais que l’application est installée et qu’elle amasse des données », pouvait-on lire sur le site de l’entreprise.

« Un scénario d’espionnage »

Un billet de blogue d’une autre application, FlexiSPY, expliquait comment sa fonction Spoof SMS (faux texto) pouvait servir dans un « scénario d’espionnage ».

« Nous avons des raisons de croire que Margaret (notre téléphone cible) fréquente à nouveau Bill – avec qui elle a supposément mis fin à une relation extraconjugale il y a deux mois, pouvait-on lire dans le billet de blogue. Nous avons surveillé le registre d’appels, les conversations par messages texte et messages instantanés, alors on sait qu’ils sont à nouveau en contact. »

CBC a demandé à Highster Mobile et FlexiSPY de commenter, mais n’a pas reçu de réponse de leur part. Les pages principales de leurs sites stipulent que leurs applications sont conçues pour effectuer un contrôle parental et surveiller des employés.

Le chercheur Christopher Parsons a affirmé qu’une telle application peut être installée « en quelques minutes » si l’utilisateur peut mettre la main sur l’appareil mobile de l’autre personne et connaît son mot de passe. L’application est cachée, alors la personne ciblée pourrait ne jamais s’apercevoir qu’elle est installée.

De nombreuses femmes inquiètes

On ignore si l’utilisation de tels logiciels-espions est répandue dans les cas de violence domestique. Toutefois, dans un sondage de 2015 mené auprès des centres canadiens d’hébergement pour femmes, 93 % des travailleuses de première ligne ont indiqué qu’elles avaient soutenu une femme ayant été intimidée ou menacée par quelqu’un utilisant ce type de technologie.

Diana Galeano, une spécialiste de l’accompagnement au refuge pour femmes Nellie’s de Toronto, a expliqué qu’elle a rencontré de nombreuses clientes convaincues que leur conjoint abusif utilisait leur téléphone pour les harceler.

Dans un cas, le harceleur s’est présenté à la maison de son ex-petite amie et l’a poignardée à la poitrine. Il a par la suite été emprisonné pour voies de fait. Diana Galeano a expliqué que la femme avait gardé son adresse secrète, mais qu’elle utilisait toujours le même téléphone au moment des faits. Elle croit que son ex-partenaire avait installé un logiciel-espion sur le téléphone pour suivre ses déplacements.

Diana Galeano affirme que même les femmes qui n’ont pas été attaquées physiquement sont profondément traumatisées par la surveillance numérique. Mais lorsque ses clientes ont porté plainte aux policiers, ceux-ci n’ont pas enquêté, d’après elle.

Les policiers ont qualifié ces femmes de « paranoïaques », dit-elle.

« Malheureusement, elles ne reçoivent aucune aide et aucun soutien. »

Les législateurs « n’ont plus d’excuse »

Le rapport du Citizen Lab conclut que les utilisateurs d’applications-espions de type stalkerware enfreignent probablement une panoplie de lois criminelles et civiles, incluant les lois au sujet du harcèlement criminel et de la vie privée. Les concepteurs qui vendent sciemment des applications dans le but de faciliter un comportement illégal pourraient également être accusés, explique le rapport.

Christopher Parsons croit que les policiers et les législateurs n’ont pas agi jusqu’ici parce qu’ils ne sont pas familiers avec les utilisations illicites de ces applications. Mais il appelle le ministre fédéral de la Justice, David Lammetti, et le ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, à prendre ce problème au sérieux. Il invite les procureurs et les policiers à poursuivre les harceleurs.

« Ils n’ont plus d’excuse, désormais, affirme M. Parsons. Ils ont un rapport de 200 pages. »

Il a également indiqué que les concepteurs devraient être forcés de revoir le fonctionnement de leurs applications pour que les utilisateurs de téléphones soient alertés lorsque ces applications tentent d’accéder à leurs informations.

Quelques trucs pour vous protéger

  • Un harceleur a besoin d’avoir physiquement accès à votre appareil mobile et doit connaître son mot de passe pour installer une application. Changez le mot de passe régulièrement et gardez-le secret.

  • Les experts affirment que si vous soupçonnez qu’un logiciel-espion a été installé sur votre téléphone, l’effacer ou tenter de l’éteindre pourrait attiser la colère de votre harceleur et vous mettre en danger. Diana Galeano, du refuge pour femmes Nellie’s de Toronto, conseille à ses clientes de faire inspecter leur téléphone par leur fournisseur d’accès afin qu’il vérifie si des applications suspectes s’y trouvent et de changer de téléphone au besoin.

  • Le Citizen Lab a découvert que les logiciels-espions ne peuvent pas être installés sur des appareils iOS récemment mis à jour.

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Enquête russe: «de nombreuses comparaisons» à faire avec le scandale du Watergate, selon un témoin


J’étais jeune lors du scandale du Watergate, mais je me souviens que ma grande soeur Mireille en parlait à la maison. L’ex chef des services juridiques de la Maison Blanche a été invité, car selon lui, l’enquête russe aurait de nombreuses similitudes au scandale du Watergate. Il aurait d’ailleurs été l’une des sources du rapport M. Mueller envers le président américain actuel. Comme d’habitude, Donald Trump fulmine contre ceux qui sont contre lui et ne ce gène pas à insulté ses opposants.
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Enquête russe: «de nombreuses comparaisons» à faire avec le scandale du Watergate, selon un témoin

Enquête russe: «de nombreuses comparaisons» à faire avec le scandale du Watergate, selon un témoinPhoto: AP Photo/Alex BrandonLe président Donald Trump

L’ancien avocat de la Maison Blanche sous Richard Nixon et participant repenti au scandale du Watergate John Dean témoigne lundi au Congrès américain lors d’une audition sur les soupçons d’entrave à la justice pesant sur Donald Trump, avec en fond la menace d’une procédure de destitution.

Lors d’un spectaculaire témoignage devant le Congrès en 1973, John Dean, alors chef des services juridiques de la Maison Blanche, avait impliqué le président américain dans ce programme d’espionnage politique. Des accusations qui avaient contribué à pousser Richard Nixon à la démission un an plus tard.

John Dean témoignera à partir de 14h devant la commission judiciaire de la Chambre des représentants, à l’invitation des démocrates qui multiplient les enquêtes parlementaires contre Donald Trump depuis la publication, en avril, du rapport d’enquête du procureur spécial Robert Mueller.

M. Mueller a conclu qu’il n’y avait pas eu d’entente entre l’équipe de campagne de Donald Trump et Moscou mais il ne l’a en revanche pas blanchi des soupçons d’entrave à la justice.

La présence de John Dean au Congrès soulignera un parallèle frappant avec l’affaire du Watergate: l’ex-chef des services juridiques de la Maison Blanche sous Donald Trump, Don McGahn, est l’une des sources clé ayant permis à M. Mueller de décrire une dizaine de pressions troublantes exercées sur son enquête par le 45e président américain.

«J’espère leur donner du contexte et leur montrer à quel point ce que l’on voit en ce moment, et ce qui est décrit dans le rapport Mueller, rappellent de façon frappante le Watergate», a déclaré John Dean, aujourd’hui âgé de 80 ans, sur CNN.

«Il y a de nombreuses comparaisons». L’ancien conseil a cité «le fait que Nixon était très impliqué très tôt» dans l’enquête, «comme Trump».

Le limogeage par Donald Trump de James Comey, alors chef du FBI, en mai 2017, «n’est pas sans rappeler certaines des initiatives de Nixon [qui] était intervenu et avait tenté d’influencer l’enquête du FBI comme Trump».

Martelant qu’il a été totalement innocenté par la publication du rapport Mueller, Donald Trump s’est indigné de l’invitation des démocrates à M. Dean, collaborateur habituel de la chaîne CNN, l’une de ses bêtes noires, en accusant de nouveau les démocrates de vouloir refaire l’enquête.

«Ils invitent même l’ordure de CNN, l’avocat John Dean», a-t-il tweeté dimanche.

Le scandale du Watergate en trois points:

  • Le scandale du Watergate a mis le président américain Richard Nixon dans l’eau chaude dans les années 1970, quand des systèmes d’écoute installés par l’administration dans la Maison-Blanche ont été découverts.

  • De nombreux témoins ont défilé devant le Sénat pour faire part de leurs expériences dans le cadre du Watergate, alors que le président faisait face à des accusations d’obstruction à la justice et d’abus de pouvoir.

  • Pour éviter la destitution, le président Nixon a démissionné en 1974.

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Le Saviez-Vous ► 30 millions d’agents : Les animaux sont-ils le futur de l’es­pion­nage ?


Vous vous souvenez en avril dernier du béluga qui semblait domestiqué avait approché des pêcheurs en Norvège ? On a cru que c’était un espion pour le compte des Russes. Est-ce vrai ? Personne ne peut l’affirmer. Quoiqu’il en soit, il existe bel et bien des organisations qui utilisent des animaux pour l’espionnage. Il y a à les animaux marins, les oiseaux et des animaux terrestres. Pour ma part, on devrait laisser les animaux s’occuper de leurs propres tâches au lieu de les mêler aux idioties humaines.
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30 millions d’agents : Les animaux sont-ils le futur de l’es­pion­nage ?


Espions redoutablement discrets, les animaux accèdent à des endroits hors de portée des humains. Et leur intelligence est de mieux en mieux comprise.


par Mathilda Caron

Le mystère du beluga

Dans le nord de la Norvège, aux confins de l’océan Arctique, les vagues viennent mourir contre le récif aussi vite qu’elles naissent. En explo­­sant sur les coques de quelques bateaux, l’eau glacée inonde leurs ponts. Ce 25 avril 2019, près de l’île d’Ingøya, un petit groupe de pêcheurs attend patiem­­ment que des pois­­sons se prennent dans ses filets lorsqu’il aperçoit un animal au loin. Sous le ciel gris, les trois frères Joar, Havard et Erlend Hesten sont inter­­­loqués devant son corps laiteux, qui contraste avec les flots verdâtres. Ils découvrent avec surprise qu’il s’agit d’un béluga. L’ani­­mal s’ap­­proche sans crainte, comme s’il avait besoin d’aide, puis suit le navire jusqu’à Hammer­­fest, sur le conti­nent.

Un détail les intrigue : le cétacé porte un harnais, sur lequel ils parviennent à lire une inscrip­­tion :

« Équi­­pe­­ment de Saint-Péters­­bourg». Les trois hommes prennent des photos, des vidéos et envoient le tout à la direc­­tion de la pêche norvé­­gienne. Le béluga est rapi­­de­­ment soupçonné d’ap­­par­­te­­nir à l’ar­­mée russe et d’être… un espion. « Il a incon­­tes­­ta­­ble­­ment été entraîné », déclare Martin Biuw, cher­­cheur à l’Ins­­ti­­tut de recherche marine norvé­­gien de Bergen.

Or la marine russe « est connue pour entraî­­ner les belu­­gas à conduire des opéra­­tions mili­­taires », ajoute le biolo­­giste de la direc­­tion des pêches norvé­­gienne Jorgen Ree Wiig. « Ils gardent les bases navales, aident les plon­­geurs ou retrouvent de l’équi­­pe­­ment perdu. »

Même si « personne ne peut affir­­mer qu’il s’agit d’un animal mili­­taire », dixit Martin Biuw, et que certains croient recon­­naître en lui un théra­­peute pour enfants, les soupçons demeurent.

Car le voisin russe a l’ha­­bi­­tude de former des animaux à des fins d’es­­pion­­nage. En annexant la Crimée il y a cinq ans, à la faveur d’un mouve­­ment de rébel­­lion en Ukraine, Moscou a récu­­péré la flotte de mammi­­fères marins sur-entraî­­nés qui se trou­­vait dans la base mili­­taire de Sébas­­to­­pol.

Crédits : Jorgen Ree Wiig

Cette armada animale formée sous l’Union sovié­­tique a vite été reprise en main.

« Les ingé­­nieurs de l’Ocea­­na­­rium créent de nouveaux instru­­ments en vue d’uti­­li­­ser plus effi­­ca­­ce­­ment les grands dauphins et les otaries. Nos spécia­­listes œuvrent pour conce­­voir des appa­­reils envoyant un signal de détec­­tion d’une cible sous-marine par le dauphin sur l’écran d’un ordi­­na­­teur », explique un employé du centre de forma­­tion de dauphins à l’agence de presse russe RIA Novosti.

Mais à en croire Kiev, la forma­­tion à échoué. « Les animaux ont refusé de coopé­­rer avec les dres­­seurs russes et de manger. Ils en sont morts », a rapporté le repré­­sen­­tant ukrai­­nien pour la Crimée, Boris Babin.

En 2016, le minis­­tère de la Défense russe a aussi acheté plusieurs dauphins au delphi­­nium de Moscou, sans préci­­ser ce qu’il enten­­dait en faire. Les Améri­­cains doivent avoir une petite idée sur la ques­­tion. Aux États-Unis, la DARPA (l’agence de recherche mili­­taire du Penta­­gone) songe à utili­­ser des pois­­sons et autres animaux marins afin de détec­­ter les sous-marins enne­­mis dans les eaux inter­­­na­­tio­­nales. En 2018, elle annonçait le lance­­ment du Persistent Aqua­­tic Living Sensors (PALS), un projet qui consiste à placer des capteurs sur des animaux marins afin qu’ils réagissent au passage de submer­­sibles dans leur envi­­ron­­ne­­ment. Russes et Améri­­cains s’épie­­raient ainsi en eaux profondes, comme du temps de la guerre froide.

Zoo d’es­­pions

Dans les années 1960, le Krem­­lin et la Maison-Blanche ont investi beau­­coup de temps et d’argent afin de déter­­mi­­ner comment les animaux pour­­raient deve­­nir des espions. Les experts du Zoo IQ de Hot Springs, dans l’Ar­­kan­­sas, avaient notam­­ment passé un contrat avec le gouver­­ne­­ment pour former des animaux spécia­­li­­sés dans le travail de défense et de rensei­­gne­­ment.

« Il n’y a jamais eu un animal que nous ne pouvions pas entraî­­ner », confie le direc­­teur prin­­ci­­pal du programme, Bob Bailey.

Bailey doit cette idée à Burrhus Frede­­ric Skin­­ner, un psycho­­logue influencé par les travaux du célèbre méde­­cin et physio­­lo­­giste russe Ivan Pavlov. Formé à l’uni­­ver­­sité de Saint-Péters­­bourg, Pavlov est célèbre pour avoir montré l’exis­­tence d’un « réflexe condi­­tionné » chez le chien.

Au milieu du XXe siècle, Skin­­ner popu­­la­­rise pour sa part le « condi­­tion­­ne­­ment opérant ». Cette forme de dres­­sage par la répé­­ti­­tion repose sur deux éléments : le renfor­­ce­­ment posi­­tif, par l’ajout d’un stimu­­lus agis­­sant sur l’or­­ga­­nisme, et le renfor­­ce­­ment néga­­tif, par le retrait d’un stimu­­lus. Le psycho­­logue entre­­prend d’in­­fluen­­cer le compor­­te­­ment d’un animal au cours d’une expé­­rience. Il enferme un rat affamé dans une boite où se trouve un levier. Si le rat actionne ce levier, un morceau de nour­­ri­­ture tombe auto­­ma­­tique­­ment. Ce levier devient ainsi la seule chose impor­­tante pour le rongeur. En répé­­tant une action, il prend l’ha­­bi­­tude de la faire.

Crédits : IQ Zoo

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Skin­­ner reçoit un finan­­ce­­ment de la Défense pour un programme de recherche impliquant des pigeons. Le projet n’abou­­tit fina­­le­­ment pas mais il donne une idée à deux de ses étudiants. L’un d’eux, Keller Breland, ouvre le Zoo IQ avec sa femme, en 1955 à Hot Springs. Les visi­­teurs payent pour les voir pratiquer ce condi­­tion­­ne­­ment opérant sur des ratons-laveurs. Dix ans plus tard, Bob Bailey rejoint le Zoo IQ, au moment où des agences gouver­­ne­­men­­tales commencent à s’y inté­­res­­ser.

« Ils sont venus vers nous pour résoudre des problèmes épineux », explique Bailey.

C’est ainsi que naît le Navy’s Marine Mammal Program.

Jusqu’aux années 1960, la plupart des animaux utili­­sés lors de conflits étaient terrestres ou aériens. Pendant la Première Guerre mondiale, les moutons servaient à démi­­ner les terrains, les chevaux à trans­­por­­ter les soldats, les chiens à livrer des messages et les pigeons prenaient des photos. Mais quand l’océan se peuple de sous-marins russes et sovié­­tiques, chacun trouve un moyen de voir sous l’eau sans être vu.

Cher­­cheuse en écolo­­gie marine à l’uni­­ver­­sité norvé­­gienne de Trømso, Marie-Anne Blan­­chet a passé 15 ans à entraî­­ner des mammi­­fères marins.

« Ils ont des capa­­ci­­tés de nage et de plon­­gée qui sont évidem­­ment extrêmes, et ils sont beau­­coup moins soupçon­­nables que des plon­­geurs humains », explique-t-elle.

La plupart du temps, ils sont envoyés pour faire du repé­­rage, mais ils peuvent aussi réali­­ser des missions plus méti­­cu­­leuses.

« Je sais que des dauphins ont déjà été utili­­sés pour placer des mines sous les bateaux enne­­mis », raconte Martin Biuw.

Cet exemple rappelle les chiens anti-chars envoyés par les Sovié­­tiques se faire sauter sous les blin­­dés alle­­mands, pendant la Seconde Guerre mondiale.

« Le proces­­sus d’en­­traî­­ne­­ment reste le même pour tous les animaux, c’est du condi­­tion­­ne­­ment opérant », pour­­suit Marie-Anne Blan­­chet.

Cela dit, certaines espèces s’avèrent plus effi­­caces que d’autres. Les dauphins souf­­fleurs et les phoques se sont montrés très perfor­­mants lors de plusieurs études, tandis que les bélu­­gas sont trop sensibles au froid et ne font pas preuve du même profes­­sion­­na­­lisme. On ne les a pas moins enrô­­lés pour effec­­tuer certaines tâches.

« Bien que les diffé­­rentes armées aient toujours été très à l’aise avec le fait d’uti­­li­­ser des animaux, les missions pour lesquelles ils sont entraî­­nés sont plus secrètes », pour­­suit Marie-Anne Blan­­chet. « En prin­­cipe, ce sont des missions de recon­­nais­­sance. »

Mais jusqu’où peuvent-ils aller ?

Matou acous­­tique

Pour les services de rensei­­gne­­ment, un animal a l’avan­­tage de ne pas être soupçon­­nable. La CIA a ainsi cher­­ché à s’ap­­puyer sur l’ap­­pa­­rence inof­­fen­­sive (quoique) des chats. Dans les années 1960, elle lance l’opé­­ra­­tion « Acous­­tic Kitty ». Le but est de créer un chat-espion en lui implan­­tant des micros et des trans­­met­­teurs radio afin qu’il écoute des conver­­sa­­tions à des endroits stra­­té­­giques. Pour sa première mission, le félin est lâché dans un parc près de l’am­­bas­­sade d’URSS, mais il est immé­­dia­­te­­ment renversé par un taxi. Des montagnes d’ef­­forts sont terras­­sés en une seconde. L’échec est patent. Après plusieurs tenta­­tives, les experts concluent qu’en­­traî­­ner des « chats espions » ne paye pas.

Jack H. Hethe­­ring­­ton croit davan­­tage en eux. Ce physi­­cien de l’uni­­ver­­sité du Michi­­gan juge son chat si doué qu’il signe un article scien­­ti­­fique de sa patte. Le nom F. D. C. Willard qui appa­­raît sous l’ar­­ticle e 1980 « L’hé­­lium 3 solide : un anti­­fer­­ro­­ma­­gné­­tique nucléaire » est ainsi celui de l’ani­­mal. Une étude parue dans la revue Beha­­viou­­ral Processes en 2016 montre d’ailleurs que les félins ont une mémoire épiso­­dique et qu’ils comprennent certaines lois de la physique.

Acous­­tic Kitty

Ces recherches ne permettent pour l’heure pas à la CIA, au FSB ou à la DGSI de les enrô­­ler. Fina­­le­­ment, les agences s’en remettent à de bonnes vieilles méthodes. En 2016, le Liban capture un vautour qui porte une bague d’iden­­ti­­fi­­ca­­tion israé­­lienne ainsi qu’un émet­­teur. Les auto­­ri­­tés liba­­naises sont persua­­dées qu’il s’agit d’une tactique d’es­­pion­­nage de la part d’Is­­raël, et ce ne serait pas la première fois. Quelques mois plus tôt, des membres du Hamas ont capturé un dauphin équipé de camé­­ras, au large de la bande de Gaza. Ils le suspectent immé­­dia­­te­­ment d’ap­­par­­te­­nir à l’État hébreux. À la même période, l’Inde accu­­sait le Pakis­­tan de lui envoyer des pigeons espions.

En théo­­rie, les candi­­dats au poste d’es­­pion sont nombreux : les pieuvres démontrent des capa­­ci­­tés d’in­­tru­­sion hors du commun et les primates étonnent par leurs apti­­tudes quasi-humaines. Leurs compor­­te­­ment sont d’au­­tant plus promet­­teurs que nous avons encore beau­­coup à en apprendre sur eux.

« Je ne pense pas qu’ils pour­­ront un jour commu­­niquer quoi que ce soit par eux-mêmes », nuance Martin Biuw. « Mais ils peuvent aider les services de rensei­­gne­­ment par le biais d’équi­­pe­­ments plus évolués, comme une caméra ou un micro plus sophis­­tiqués, augmen­­tés d’IA, par exemple. »

Couver­­ture : Animal AI Olym­­pics

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Le Saviez-Vous ► Les espions britanniques voulaient faire d’Adolf Hitler une femme


Lors de la Deuxième guerre Mondiale, des stratégies était élaborées pour en finir avec Adolf Hitler. On a pensé à déverser une grande quantité de colle sur certaines zones ou encore mettre des bombes sur des conserves exporté vers l’Allemagne … ou féminiser Hitler.
Nuage

 

Les espions britanniques voulaient faire d’Adolf Hitler une femme

 

Pendant la seconde guerre mondiale, l’imagination des services secrets britanniques a été sans limites.

Pour apaiser la folie meurtrière d’Adolf Hitler, les espions britanniques avaient même envisagé de modifier le sexe du Führer, selon un livre à paraître en septembre chroniqué par The Daily Mail. Ils prévoyaient en effet de dissimuler dans les repas du leader allemand des hormones féminines, indécelables au goût, qui auraient réduit progressivement son agressivité.

Le gouvernement britannique aurait à l’époque envisagé sérieusement ce plan d’action, estimant qu’il était « parfaitement plausible ».

« Hitler avait des gens à son service chargés de goûter sa nourriture, ce qui empêchait tout usage de poison, mais les hormones ne pouvaient pas être décelées car elles agissent sur le long terme », explique ainsi le site d’informations britannique.

Des espions alliés auraient d’ailleurs été envoyés sur place pour mettre en application ce plan.

Cette tentative pour neutraliser Adolf Hitler n’est que l’une des solutions envisagées par les Britanniques, selon le livre du professeur Brian Ford Secret Weapons : Technology, Science And The Race To Win World War II. Ceux-ci avaient notamment évoqué la possibilité de larguer d’importantes quantités de colle pour que les troupes allemandes restent engluées dans certaines zones, ou de dissimuler des bombes dans des boîtes de conserve exportées en Allemagne

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La Chine utilise des oiseaux bioniques pour espionner ses citoyens


Des drones qui ressemble vraiment à des colombes vole au-dessus des gens dans le but de les espionner. C’est une autre technologie pour mieux contrôler la population chinoise. Il est triste de voir comment cette surveillance est devenu maladive.
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La Chine utilise des oiseaux bioniques pour espionner ses citoyens

 

C'est un oiseau, c'est un avion, non c'est un drone | Capture d'écran via The Independent License by

C’est un oiseau, c’est un avion, non c’est un drone | Capture d’écran via The Independent License by

Repéré par Aurélie Rodrigues

Repéré sur The Independent

On se rapproche un peu plus du Big Brother moderne.

Si vous vous rendez en Chine et que vous apercevez une nuée d’oiseaux, il se pourrait bien qu’il s’agisse en réalité de drones. Ces oiseaux bioniques volent dans le ciel afin de surveiller les citoyens et citoyennes. D’après le South China Morning Post, l’opération «Colombe» serait déjà en place dans cinq provinces du pays. Cette technologie permet d’étendre un peu plus le réseau de surveillance –déjà bien ficelé.

Ces oiseaux bioniques ont été conçus et pensés par une équipe de chercheurs et chercheuses de l’université Polytechnique du Nord-Ouest dans la province de Shaanxi, située en plein coeur de la Chine. Ces scientifiques avaient déjà travaillé sur un projet de création d’avions furtifs de combat pour l’aviation civile chinoise.

«Le développement de cette technologie n’en est pour l’instant qu’à ses débuts. Pour l’instant, le champ d’action reste restreint mais nous pensons que ce système a le potentiel pour être utilisé à grande échelle. Il offre des avantages uniques pour satisfaire les besoins en drones pour les secteurs militaires et civils», explique Yang Wenqing, professeure agrégée ayant travaillé sur le projet «Colombe».

The Independent explique que ces colombes robotisées sont équipées d’un GPS, d’une caméra haute définition et d’un système de commande relié à plusieurs satellites qui permet un pilotage à distance. Ces oiseaux plus vrais que nature battent des ailes grâce à un petit moteur électrique qui «parvient même à tromper le bétail au sol».

La Chine: un Big Brother moderne

En mars dernier, nous vous faisions part de la création d’un «système de crédit social» censé évaluer les citoyens et citoyennes chinoises sur leurs comportements quotidiens. Une mauvaise «note sociale» les empêchent par exemple de prendre le train ou l’avion. Les modalités de notation ne se limitent pas aux crimes et délits. Les Chinois et Chinoises pourront aussi recevoir une mauvaise note s’ils et elles diffusent des fake news, utilisent des titres de transport expirés ou fument à bord d’un train.

«Les citoyens sont apparemment tout aussi susceptibles d’être signalés pour des infractions mineures, comme le fait de laisser des vélos garés sur un trottoir ou d’émettre des excuses qui sont jugées “insincères” […] Et il est souvent difficile de savoir s’ils sont sur une liste noire et encore moins quel type de recours est possible», expliquait alors The Verge.

En avril dernier, un homme recherché par la police a été repéré au milieu d’une foule de 60.000 personnes grâce à des caméras de sécurité. En Chine, la reconnaissance faciale s’est immiscée dans la vie quotidienne des gens: fast-food, banques, universités, salles de concert, transports en commun et même distributeurs de papier toilette –limité à deux feuilles par personne.

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Le Saviez-Vous ► L’homme qui a utilisé l’art moderne pour torturer des détenus


Comment peut-on avoir des idées aussi affreuses et leur faire prendre forme. C’est un homme né en France d’une famille d’origine austro-hongroise. Ils ont dû quitté le pays pour s’installer en France. Des années plus tard, il imagine des cellules prisons qui rendraient fou n’importe qui. Des moyens de tortures avec une armoire laissant la victime dans une position désagréable pendant plusieurs heures et d’autres idées qui empêche toutes personnes à se reposer et en perdre la raison
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L’homme qui a utilisé l’art moderne pour torturer des détenus

 

Extrait de la couverture d'«El hombre de las checas» de Susana Frouchtmann

Extrait de la couverture d’«El hombre de las checas» de Susana Frouchtmann

Jacques Besnard

Durant la guerre d’Espagne, Alphonse Laurencic a dessiné des cellules de l’enfer à Barcelone: les «checas».

Vous aimez l’art abstrait de Vassily Kandinsky? Les tableaux de l’inclassable Paul Klee? Le suprématisme de Kasimir Malevitch? Alphonse Laurencic aussi. Sauf que ce Français n’a pas utilisé leurs œuvres pour que ses convives les admirent, mais pour s’en inspirer dans le but de torturer des captifs.

Laurencic est au cœur d’un livre qui vient de sortir, El hombre de las checas, et fait grand bruit en Espagne. Son objectif: comprendre comment son imagination a pu enfanter des cellules de prison aussi horribles.

Commandées par le service d’information militaire

Pour bien cerner cette histoire, il faut tout d’abord rappeler le contexte de cette période sombre qui a marqué l’Espagne. En 1936, après le coup d’État de l’armée, deux camps s’affrontent: les nationalistes et les républicains du Front populaire.

Dans le second, le Service d’information militaire (SIM), un service de contre-espionnage, est créé à l’été 1937 pour débusquer les espions infiltrés ou les ennemis présumés. Parmi ces derniers, des nationalistes, mais aussi des anarchistes et des communistes libertaires anti-staliniens.

Pour les faire parler, des cellules appelées «checas» sont créées. À l’intérieur de ces gêoles basées principalement dans trois villes –Madrid, Valence et Barcelone– et inspirées par celles de l’Union soviétiqueTchéka» étant le nom de la police politique combattant les ennemis du bolchevisme), plus de 8.500 personnes ont été tuées.

Si le SIM n’a pas attendu Laurencic pour construire ces cellules, c’est bien le Français qui a imaginé les plus perverses.

Armoires diaboliques

À la demande des chefs du SIM, Laurencic a d’abord dessiné des pièces dans lesquelles les détenus étaient placés dans des armoires d’une hauteur variant de 1m40 à 1m60, de cinquante centimètres de largeur et quarante de profondeur. Les hommes y étaient enfermés pendant des heures, évidemment incapables de se tenir droit.

Dessin des «cellules armoires» | DR

Ils pouvaient s’asseoir, mais le siège était incliné, de façon à ce qu’ils soient toujours sur la pointe des pieds. L’espace était tellement étroit que le détenu ne pouvait changer de position, de même qu’il lui était impossible de se protéger les pupilles de l’ampoule électrique constamment allumée au niveau de leur visage.

«Urduena [l’un des bourreaux, ndlr] pensait que le fait de rester cinq à dix minutes dans cette position saurait calmer les plus récalcitrants», expliquait Laurencic lors de son procès.

Dessins qui rendent fou

Laurencic a également utilisé les couleurs pour faire craquer les détenus dans quatre «cellules psychotechniques», en privilégiant des vitraux verts.

C’est Santiago Garces, le chef du SIM, qui lui a conseillé cette couleur «triste, lugubre, comme un jour de pluie, qui prédispose à la mélancolie et à la tristesse».

Carnet de dessins des cellules d’Alphonse Laurencic | DR

Ces pièces construites dans l’ancien jardin du couvent de Santa Maria Magdalena Madres Agustinas, situé dans la rue Vallmajor de Barcelone, étaient toutes goudronnées –à l’intérieur comme à l’extérieur– et orientées vers le sud, de telle sorte qu’elles étaient quasiment constamment baignées par la lumière du soleil.

On imagine sans mal la peine que les détenus avaient pour respirer, en raison de la chaleur étouffante et de l’odeur.

Dessin d’une «cellule psychotechnique» | DR

Autre ignominie, le «lit». Mesurant 1m50 de long et soixante centimètres de large, il était incliné de vingt degrés, pour éviter que le détenu puisse se reposer: quand ce dernier s’endormait, son corps s’affaissait.

Il était également impossible de marcher dans la cellule, puisque des briques étaient apposées sur le sol. Pour déstabiliser encore davantage les prisonniers, une horloge était quotidiennement avancée de quatre heures, sans qu’ils ne puissent s’en apercevoir.

Pour couronner le tout, les murs étaient incurvés et couverts de motifs géométriques –cubes, dés, damiers, spirales, points, cercles, lignes horizontales– de différentes couleurs, ainsi que d’œuvres abstraites et surréalistes inspirées notamment par l’école du Bauhauset ses figures majeures: Kandinsky, Moholy-Nagy, Itten

«Laurencic avait travaillé dans le Berlin de la République de Weimar en tant que musicien et décorateur. Il s’est imprégné de toutes les sources de l’école du Bauhaus, très à la mode dans les années où il y a vécu, entre 1926 et 1933», explique Susana Frouchtmann, auteure de l’ouvrage qui lui est consacré et qui a découvert par hasard leur «lien de parenté».

Portrait de l’auteure Susana Frouchtmann | Gabriel Sendra

Choquante découverte

La journaliste est désormais une spécialiste de la vie de Laurencic. Trois ans auparavant, pourtant, l’Espagnole ne connaissait rien ou presque de l’histoire de cet homme qui fut le mari de Meri, sa gouvernante lorsqu’elle était enfant.

La photo de Meri Laurencic en 1988 au mariage d’Ana, la sœur de Susana | Collection Susana Frouchtmann

Meri était une femme âgée de plus cinquante ans, qui fumait souvent une cigarette que le père de Susana lui tendait avec son café, après le repas. Une femme aux cheveux courts et ondulés, bien apprêtée, mais qui s’habillait toujours de la même manière: jupe droite, chemisier sous un cardigan, chaussures avec un talon moyen. Une femme qui leur faisait réciter leurs leçons, leur apprenait les bonnes manières, mais qui était «distante» et «trop peu exigeante compte tenu de son rôle».Une femme revenue dans sa vie vingt-sept ans plus tard, en lisant un article de presse.

«Ce fut un vrai choc. Je savais seulement que son mari avait été accusé de collaborer avec “les rouges”, mais je ne savais rien d’autre. Dans ma famille, comme dans la plupart de familles espagnoles, le silence a prévalu. Tout le monde a beaucoup souffert pendant la guerre civile espagnole. Meri faisait partie de ce silence que ma propre famille a imposé. Elle-même n’a jamais parlé de son passé –du moins, à nous, les enfants. Mes parents, sans aucun doute, connaissaient bien leur histoire.»

Susana Frouchtmann commence à creuser le sujet et à prendre des notes. Son cahier s’est noirci jusqu’à rassembler suffisamment de matière pour en faire un livre, que l’écrivaine a voulu narratif. Dans cette enquête approfondie de 252 pages, elle remonte les différentes étapes biographiques d’Alphonse Laurencic.

Jeunesse nomade et mondaine

Durant les premières années de sa vie, Alphonse Laurencic et sa famille ont souvent été amenés à déménager, notamment en raison du métier de son père Julio, éditeur d’une revue.

L’histoire commence à Enghien-les-Bains, en région parisienne, où Alphonse naît en juillet 1902 et où ses parents se sont installés deux ans plus tôt. Son père réalisait alors le catalogue des Expositions universelles de différentes villes européennes. Alphonse Laurencic en a profité pour visiter Paris, la Côte d’Azur, les Alpes ou Gand. Il mène jusqu’en 1914 une enfance «agréable»,«cosmopolite», «mondaine», bénéficiant «d’un haut niveau de vie», comme le décrit Susana dans son livre.

En raison de son origine austro-hongroise, la famille est obligée de quitter la France. Elle s’installe en Espagne, neutre durant la Première Guerre mondiale. Le père lance une nouvelle revue, La Maravillas de España, qui rencontre un énorme succès et obtient la reconnaissance du roi Alphonse XIII, ce qui lui permet de côtoyer l’élite barcelonaise. Le fils fait alors ses classes dans une école catholique bourgeoise.

Alphonse Laurencic s’engage à 19 ans dans la Légion espagnole, avec laquelle il part combattre au Maroc. Il file un an plus tard chez une tante maternelle à Graz, en Autriche, où il rencontre sa future femme, Meri.

Le couple part à Berlin en 1929; Alphonse y officie comme décorateur, directeur d’orchestre de danse et de jazz. En Allemagne, les époux Laurencic découvrent la liberté, l’art, l’architecture. C’était juste avant l’arrivée du Troisième Reich.

Dessin de Meri par Alphonse Laurencic | Collection Susana Frouchtmann

Espion véreux

Avant de fuir d’Allemagne, Alphonse réussit également à travailler pour le Deutsche Allgemeine Zeitung et à obtenir une carte de presse pour représenter les intérêts du journal à l’étranger.

Arrivé en Espagne, il s’affilie à la Confédération nationale du travail (CNT), le plus important des syndicats anarchistes. Lorsque la guerre éclate, il devient un agent du contre-espionnage.

«La CNT pensait qu’il pourrait être très utile, car étant étranger et accrédité en tant que journaliste, il aurait pu se mélanger parmi tous les groupes de gauche qui “gouvernaient” Barcelone. Mais finalement, en tant qu’espion, il ne leur était pas très utile. Laurencic ne s’est jamais senti impliqué dans le conflit politique.»

Les partisans de la République sont très divisés; des conflits éclatent dans leurs rangs, notamment entre les communistes et les anarchistes, mais aussi entre les communistes fidèles à l’Internationale (le Parti communiste d’Espagne, ou PCE) et les anti-staliniens (le Parti ouvrier d’unification marxiste, ou POUM).

À Barcelone, deux camps vont s’affronter: les milices CNT-FAI (pour Fédération anarchiste ibérique) alliées au POUM contre les autorités de la République et de la Généralité de Catalogne, l’UGT (l’Union générale des travailleurs, un syndicat socialiste), le Parti communiste d’Espagne (PCE) et le Parti socialiste unifié de Catalogne(PSUC).

Les premiers sont défaits; le POUM est dissous et la majorité des dirigeants sont persécutés, emprisonnés, torturés ou tués.

La CNT perd son influence au profit de l’UGT, auquel Laurencic avait également adhéré. Il parvient à rester en poste au ministère de l’Ordre public de Barcelone en tant qu’interprète, mais se fait finalement arrêter en juillet –pas pour ses activités politiques, mais pour des magouilles financières.

Profitant de sa position au service au contre-espionnage, Laurencic a vendu de faux passeports puis détourné des fonds dans le but d’aider de riches étrangers à sortir du pays, en échange de sommes importantes.

Laurencic est incarcéré avec son frère et Meri dans la «checa» de Vallmajor, avant d’être transférés dans d’autres geôles, dont celle de Sainte Ursule à Valence –une prison qui va lui inspirer de nombreux éléments de ses propres «checas».

Les deux frères reviennent à Vallmajor en avril 1938, où ils atterrissent dans des camps de travail. Ils endurent quatorze heures de labeur par jour sans pouvoir se laver, se changer et avec seulement un repas quotidien.

«Il n’a jamais été torturé», tient à préciser Susana Frouchtmann.

Après neuf mois de détention, Alphonse parvient finalement à s’attirer les sympathies du SIM, avec qui il collabore dans le but d’améliorer ses conditions de vie. C’est le chef suprême du service, Santiago Garces, qui le place en liberté surveillée et le nomme architecte en chef.

«Il les a convaincus qu’il pouvait les aider. C’était un séducteur. Il n’était certainement pas architecte, mais il savait correctement dessiner. Il décorait également les maisons des dirigeants.»

Laurencic restera en poste jusqu’à la fin de la guerre et la victoire des nationalistes. Durant son procès, il justifiera sa collaboration avec le SIM en expliquant avoir tenté d’obtenir des informations pour «saboter la cause rouge».

Des arguments qui ne convaincront pas: le 9 juillet 1936, Alphonse Laurencic est fusillé pour rébellion militaire au camp de la Bota à Barcelone, à seulement 37 ans.

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L’armée américaine veut transformer les espèces marines en espions


Et voilà nous y sommes presque, les organismes marins qui pourraient être en service de l’armé Américaine a titre d’espion. Ce qui est pire, c’est qu’il n’est pas impossible  que des poissons, coraux, crustacés, mollusques soient modifiés pour être à la hauteur de leurs demandes
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L’armée américaine veut transformer les espèces marines en espions

 

Le projet PALS de la DARPA

L’agence de recherche du ministère de la Défense américain veut utiliser les espèces marines pour détecter et suivre l’intrusion de véhicules sous-marins dans ses eaux.

DARPA

Par Olivier Hertel

Les militaires américains lancent un nouveau programme de surveillance très « bio ». Le but : utiliser les espèces marines comme un vaste réseau de capteurs naturels capable de détecter l’intrusion de véhicules sous-marins ennemis près des côtes.

SURVEILLANCE. Et si les poissons, les coraux, les crustacés et autres mollusques marins étaient recrutés par les militaires pour surveiller les côtes ? C’est la dernière idée de la fameuse Agence pour les projets de recherche avancée de défense (Darpa) qui dépend de l’armée américaine. Baptisé PALS pour Persistent Aquatic Living Sensors (capteurs aquatiques vivants et persistants), ce nouveau programme prévoit d’exploiter les capacités naturelles des organismes vivants pour percevoir leur environnement au profit de la surveillance et de la défense du littoral américain. Effectivement, la plupart des espèces marines sont dotées de capteurs très performants, capables de détecter un mouvement, une odeur, un bruit ou encore une silhouette, révélateurs entre autres, de la présence d’un prédateur ou d’une proie. Par exemple, les poissons disposent le long du corps, d’une ligne latérale qui leur permet de percevoir les moindres variations hydrodynamiques (vitesse, pression) du milieu ainsi que les sons (vibrations). Certaines espèces sentent d’infimes variations du champ électrique ou du champ magnétique qui les entoure.

Leur immense atout : l’ubiquité

Autant de capteurs vivants qui font rêver les militaires, non pas pour détecter des poissons, des méduses ou des poulpes, mais plutôt des mini-sous-marins autonomes ou toutes autres menaces ennemies pouvant venir de la mer. Car l’immense atout des organismes marins, c’est leur ubiquité : la vie est présente tout le temps et partout, de la surface jusqu’aux abysses. Autres avantages : elle s’adapte aux changements du milieu, ne nécessite aucun entretien et se reproduit toute seule. À l’inverse, les systèmes de surveillances conventionnels, que ce soit des microphones, des caméras, des sonars, des satellites ou encore des radars, ne peuvent être aussi exhaustifs. Ils exigent d’être constamment alimentés en énergie, entretenus voire remplacés. En plus leur mise en œuvre demande beaucoup de moyens tant humains que matériels.

“L’approche actuelle de la marine américaine pour détecter et suivre des véhicules est centrée sur le matériel et sur des ressources importantes. En conséquence, les capacités sont essentiellement utilisées à un niveau tactique pour protéger des équipements de grande valeur comme par exemple un porte-avions, et moins à un niveau stratégique, plus large,” explique, dans le communiqué de la Darpa, Lori Adornato, la chercheuse responsable du projet PALS.

La Darpa n’exclut pas de modifier des organismes vivants

La Darpa ne donne pas de détail sur les technologies qu’elle compte employer ou développer pour ce programme. Toutefois, le but annoncé est, dans un premier temps, d’évaluer les capacités de détection des organismes. Mais il faudra aussi mettre au point des technologies matériels, des logiciels, des algorithmes capables de traduire l’information provenant des organismes marins pour être en mesure de l’exploiter. La Darpa va donc commencer par analyser les variations du comportement des ces espèces face aux passages de véhicules sous-marins. Pour cela, elle prévoit de déployer un système permettant de collecter les signaux émis par les espèces intéressantes et ce jusqu’à 500 mètres de distance. Pour éviter les faux positifs, cet ensemble de capteurs biologiques et non biologiques devra non seulement détecter les objets passant dans les parages mais aussi distinguer les véhicules ciblés, de tous les débris sans intérêt ou de grosses espèces comme des requins, des lions de mers, des dauphins pouvant circuler librement dans ces mêmes eaux. L’agence américaine souhaite favoriser l’utilisation d’organismes naturels, mais n’exclut pas la possibilité de les modifier pour qu’ils correspondent à ses besoins. Cependant, elle assure que s’il devait y avoir des tests avec des organismes modifiés, ils seraient réalisés en milieu confiné. Le programme PALS devrait ainsi durer quatre ans mêlant recherche en biologie, chimie, physique, intelligence artificielle, océanographie, ingénierie etc. Le projet, annoncé début février commencera début mars par une grande réunion à Arlington (Virginie) à laquelle participeront les laboratoires et entreprises qui souhaitent faire des propositions.

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