L’enfer des femmes népalaises victimes de traite sexuelle


Au Népal, la pauvreté, le manque d’éducation touche surtout les femmes. En plus, les femmes sont vues des êtres inférieures voir des objets que l’on peut disposer à sa guise. La traite d’être humain est une vraie plaie pour ce pays. Sois qu’elles n’ont pas d’autres choix pour survivre, ou encore des gens leur propose un travail pour aider à leur famille en promettant mer et monde ou pire que des amis ou leurs propres familles les laissent entre les mains de trafiquants pour satisfaire des hommes sans scrupules
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L’enfer des femmes népalaises victimes de traite sexuelle

 

Cabin restaurant, Usha Bar, Kalanki, quartier de Katmandou —mars 2017 | Lizzie Sadin pour le Prix Carmignac du Photojournalisme

 

«Au Népal, la traite des êtres humains est massive et plurielle depuis longtemps. L'extrême pauvreté, le manque d'éducation, l'analphabétisme touchent tous les Népalais, mais surtout les filles des territoires reculés. Or, 80% de la population habite dans ces zones. À cela s'ajoute le fait que les femmes sont vues comme des êtres inférieurs, voire comme des biens. Selon une étude du gouvernement népalais, la moitié des femmes sont confrontées à la violence au cours de leur vie. Presque toutes celles que j'ai interviewées disent avoir été violées par leur beau-père, un oncle ou un cousin. Elles se sauvent, errent, et finissent exploitées sexuellement. Sur cette photo, on peut voir Kopila, 18 ans, dans une cabine, un petit espace à l'intérieur d'un restaurant à l'abri des regards, où les hommes peuvent la toucher.»

TF

Cabin restaurant, Usha Bar, Kalanki, quartier de Katmandou —mars 2017 | Lizzie Sadin pour le Prix Carmignac du Photojournalisme

Fanny Arlandis

«J’ai passé les quatre cinquièmes de ma vie de photoreporter à travailler sur l’atteinte aux droits humains, et particulièrement à ceux des femmes, dans plusieurs pays, dont la France, raconte la photographe française Lizzie Sadin. Alors quand j’ai vu que le thême du prix Carmignac était la traite des femmes, j’ai postulé», poursuit la lauréate du prix. «J’ai proposé de travailler sur le Népal car le tremblement de terre en 2015, qui a fait 9.000 morts, a aggravé la vulnérabilité des femmes. Elles sont devenues plus que jamais des proies pour les trafiquants, fragilisées par le chômage, la précarité ou la mort de leur mari dans la catastrophe».

 

 

«Au Népal, la traite des êtres humains est massive et plurielle depuis longtemps. L’extrême pauvreté, le manque d’éducation, l’analphabétisme touchent tous les Népalais, mais surtout les filles des territoires reculés. Or, 80% de la population habite dans ces zones. À cela s’ajoute le fait que les femmes sont vues comme des êtres inférieurs, voire comme des biens. Selon une étude du gouvernement népalais, la moitié des femmes sont confrontées à la violence au cours de leur vie. Presque toutes celles que j’ai interviewées disent avoir été violées par leur beau-père, un oncle ou un cousin. Elles se sauvent, errent, et finissent exploitées sexuellement. Sur cette photo, on peut voir Kopila, 18 ans, dans une cabine, un petit espace à l’intérieur d’un restaurant à l’abri des regards, où les hommes peuvent la toucher.»

Usha Bar, Kalanki, quartier de Katmandou - mai 2017 | Lizzie Sadin pour le Prix Carmignac du Photojournalisme

 

«La plupart de ces filles sont mineures. Elles travaillent dans des cabin restaurants, des dance bars, des dohoris (bars chantants) ou des “salons de massages”. Elles servent les hommes en boisson et doivent se laisser toucher. On leur promet bien souvent un salaire de 250 ou 300 euros, mais elles n'en gagnent que 50 ou 70 au final. À cela s'ajoutent les pourboires qu'elles obtiennent en fonction du nombre de boissons consommées par les clients, ce qui crée une rivalité entre les filles: celles qui font vendre le plus de boissons ont plus à manger. C'est terrifiant! Elles travaillent sept jours sur sept, sans repos, sans contrat et peuvent être renvoyées à tout moment. Elles ne peuvent pas dire à leur famille qu’elles travaillent là, de peur d'être déshonorées. Je trouve cette image forte car on voit les hommes dans le miroir, la patronne au centre et des filles, dont Nina qui n'a pas 15 ans.»

TF

Usha Bar, Kalanki, quartier de Katmandou – mai 2017 | Lizzie Sadin pour le Prix Carmignac du Photojournalisme

«La plupart de ces filles sont mineures. Elles travaillent dans des cabin restaurants, des dance bars, des dohoris (bars chantants) ou des “salons de massages”. Elles servent les hommes en boisson et doivent se laisser toucher. On leur promet bien souvent un salaire de 250 ou 300 euros, mais elles n’en gagnent que 50 ou 70 au final. À cela s’ajoutent les pourboires qu’elles obtiennent en fonction du nombre de boissons consommées par les clients, ce qui crée une rivalité entre les filles: celles qui font vendre le plus de boissons ont plus à manger. C’est terrifiant! Elles travaillent sept jours sur sept, sans repos, sans contrat et peuvent être renvoyées à tout moment. Elles ne peuvent pas dire à leur famille qu’elles travaillent là, de peur d’être déshonorées. Je trouve cette image forte car on voit les hommes dans le miroir, la patronne au centre et des filles, dont Nina qui n’a pas 15 ans.»

Quartier de Nakhu, Katmandou —mars 2017 | Lizzie Sadin pour le Prix Carmignac du Photojournalisme

 

«Une jeune femme attend le client dans la cabin restaurant. Le lieu est divisé en petites cabines en bois où les filles sont seules avec leur client. De nombreuses filles sont originaires des zones rurales et sont venues travailler dans la vallée de Katmandou. À la suite du tremblement de terre de 2015, beaucoup de ces filles se sont retrouvées sans toit, leur mari était mort et il y a eu une énorme féminisation des taches ménagères, familiales ou agricoles. Les femmes n’en peuvent plus. Alors quand quelqu'un leur fait miroiter un travail, l'obtention de bijoux et de beaux habits, la possibilité de nourrir leurs enfants, toutes y croient. Des hommes bien habillés arpentent ces territoires reculés et se font passer pour de riches commercants de Katamandou cherchant à se loger dans le village, afin de convaincre les filles. Les parents finissent par les inviter à diner et à dormir; c'est à ce moment-là que les hommes leur parlent de leur fille et leur proposent de l'emmener, pour la faire travailler et pour qu'elle ramène de l'argent. Les parents doivent payer les frais et le voyage. D'autres fois, les filles se font embarquer par des personnes de leur propre famille ou par des “amies” du village.»

TF

Quartier de Nakhu, Katmandou —mars 2017 | Lizzie Sadin pour le Prix Carmignac du Photojournalisme

«Une jeune femme attend le client dans la cabin restaurant. Le lieu est divisé en petites cabines en bois où les filles sont seules avec leur client. De nombreuses filles sont originaires des zones rurales et sont venues travailler dans la vallée de Katmandou. À la suite du tremblement de terre de 2015, beaucoup de ces filles se sont retrouvées sans toit, leur mari était mort et il y a eu une énorme féminisation des taches ménagères, familiales ou agricoles. Les femmes n’en peuvent plus. Alors quand quelqu’un leur fait miroiter un travail, l’obtention de bijoux et de beaux habits, la possibilité de nourrir leurs enfants, toutes y croient. Des hommes bien habillés arpentent ces territoires reculés et se font passer pour de riches commercants de Katamandou cherchant à se loger dans le village, afin de convaincre les filles. Les parents finissent par les inviter à diner et à dormir; c’est à ce moment-là que les hommes leur parlent de leur fille et leur proposent de l’emmener, pour la faire travailler et pour qu’elle ramène de l’argent. Les parents doivent payer les frais et le voyage. D’autres fois, les filles se font embarquer par des personnes de leur propre famille ou par des “amies” du village.»

King Road Street, quartier central de Katmandou —avril 2017 | Lizzie Sadin pour le Prix Carmignac du Photojournalisme

 

«Ces cabin restaurants ou ces bars dansants servent aussi de lieu de recrutement pour le trafic externe. Les filles sont envoyées en Inde: les Indiens aiment les Népalaises parce qu'elles sont belles et ont la peau claire. Elles sont jetées dans une chambre sans possibilité de s'échapper et ne sont pas nourries quand elles refusent de travailler. Depuis les années 2000, il y a un deuxième trafic vers les pays du Golfe, le Moyen-Orient, la Corée du Sud, la Chine et la Malaisie. Elles partent avec des passeports et de visas falsifiés par les trafiquants, qu'elles doivent ensuite rembourser. Elles sont sous le régime de la “kafala”, une sorte de “parrainage” qui stipule que le père de famille a tous les pouvoirs sur elle durant les deux ans que dure le contrat. Certaines dorment par terre, n'ont pas accès au téléphone, ne sont pas nourries, travaillent 21h par jour et sont parfois violées par leur patron.»

TF

King Road Street, quartier central de Katmandou —avril 2017 | Lizzie Sadin pour le Prix Carmignac du Photojournalisme

«Ces cabin restaurants ou ces bars dansants servent aussi de lieu de recrutement pour le trafic externe. Les filles sont envoyées en Inde: les Indiens aiment les Népalaises parce qu’elles sont belles et ont la peau claire. Elles sont jetées dans une chambre sans possibilité de s’échapper et ne sont pas nourries quand elles refusent de travailler. Depuis les années 2000, il y a un deuxième trafic vers les pays du Golfe, le Moyen-Orient, la Corée du Sud, la Chine et la Malaisie. Elles partent avec des passeports et de visas falsifiés par les trafiquants, qu’elles doivent ensuite rembourser. Elles sont sous le régime de la “kafala”, une sorte de “parrainage” qui stipule que le père de famille a tous les pouvoirs sur elle durant les deux ans que dure le contrat. Certaines dorment par terre, n’ont pas accès au téléphone, ne sont pas nourries, travaillent 21h par jour et sont parfois violées par leur patron.»

Thamel, quartier central de Katmandou —mars 2017 | Lizzie Sadin pour le Prix Carmignac du Photojournalisme

 

«Les contrats de travail sont la plupart du temps des faux. Même quand ils sont vrais, on ne leur montre qu’à l’aéroport, quand elles sont prêtes à embarquer. Or, comme beaucoup sont analphabètes, rares sont celles qui peuvent vérifier ce qu’on leur dit. Elles pensent aller travailler dans des usines textiles et deviennent des esclaves sexuelles. 300.000 femmes népalaises partent ainsi chaque année. Le trafic interne, lui, concerne 20.000 femmes, dont un tiers sont mineures. Au Népal, le suicide est la cause principale de mortalité des femmes de 15 à 49 ans. Tous les jours, cinq à sept corps reviennent dans des cercueils à l’aéoport de Katmandou: des femmes, mais aussi hommes travaillant dans le bâtiment, par exemple dans le Golfe. Ils sont âgés entre 18 et 35 ans en moyenne, et le gouvernement dit qu'ils sont morts de crise cardiaque. Mais des ONG militent pour réaliser des autopsies, car elles savent grâce aux témoignages qu'ils ont en réalité été victimes de mauvais traitements.»

TF

Thamel, quartier central de Katmandou —mars 2017 | Lizzie Sadin pour le Prix Carmignac du Photojournalisme

«Les contrats de travail sont la plupart du temps des faux. Même quand ils sont vrais, on ne leur montre qu’à l’aéroport, quand elles sont prêtes à embarquer. Or, comme beaucoup sont analphabètes, rares sont celles qui peuvent vérifier ce qu’on leur dit. Elles pensent aller travailler dans des usines textiles et deviennent des esclaves sexuelles. 300.000 femmes népalaises partent ainsi chaque année. Le trafic interne, lui, concerne 20.000 femmes, dont un tiers sont mineures. Au Népal, le suicide est la cause principale de mortalité des femmes de 15 à 49 ans. Tous les jours, cinq à sept corps reviennent dans des cercueils à l’aéoport de Katmandou: des femmes, mais aussi hommes travaillant dans le bâtiment, par exemple dans le Golfe. Ils sont âgés entre 18 et 35 ans en moyenne, et le gouvernement dit qu’ils sont morts de crise cardiaque. Mais des ONG militent pour réaliser des autopsies, car elles savent grâce aux témoignages qu’ils ont en réalité été victimes de mauvais traitements.»

King Road Street, quartier central de Katmandou —avril 2017 | Lizzie Sadin pour le Prix Carmignac du Photojournalisme

 

«Sur cette image, prise de façon cachée, le propriétaire du dance bar simule une scène de viol devant les clients. Je suis ensuite allée le voir pour lui demander pourquoi il avait fait ça: “pour que les clients aient envie de sexe”, a-t-il répondu. Je n'ai fait aucune photo à Katmandou le premier mois. J'ai arpenté ces bars et ces quartiers. Il a été difficile de gagner la confiance des ONG et des femmes. Au début, les patrons me refusaient l'entrée dans ces lieux fréquentés uniquement par des hommes. Mais j'ai continué à y retourner, à me faire jeter et finalement, on m'a permis de rester cinq minutes. Je ne posais pas de questions frontales qui auraient pu mettre les filles en danger devant leur patron.»

TF

King Road Street, quartier central de Katmandou —avril 2017 | Lizzie Sadin pour le Prix Carmignac du Photojournalisme

«Sur cette image, prise de façon cachée, le propriétaire du dance bar simule une scène de viol devant les clients. Je suis ensuite allée le voir pour lui demander pourquoi il avait fait ça: “pour que les clients aient envie de sexe”, a-t-il répondu. Je n’ai fait aucune photo à Katmandou le premier mois. J’ai arpenté ces bars et ces quartiers. Il a été difficile de gagner la confiance des ONG et des femmes. Au début, les patrons me refusaient l’entrée dans ces lieux fréquentés uniquement par des hommes. Mais j’ai continué à y retourner, à me faire jeter et finalement, on m’a permis de rester cinq minutes. Je ne posais pas de questions frontales qui auraient pu mettre les filles en danger devant leur patron.»

Chabahil, quartier nord de Katmandou —avril 2017 | Lizzie Sadin pour le Prix Carmignac du Photojournalisme

 

«Rita a 17 ans. C'est une “amie” de son village qui lui a proposé de partir pour l'Inde, avec des promesses d'argent et de bijoux. Arrivée là-bas, l'“amie” a disparu et Rita a été emmenée dans un bordel, sans comprendre ce qui lui arrivait. Elle a d'abord refusé de travailler mais a aussitôt été enfermée pendant une semaine avec juste assez de nourriture pour survivre.  “Maquille-toi et mets ces vêtements... Qui va te donner à manger si tu ne travailles pas?” Elle n'avait aucun moyen de s'échapper et a été obligée de se prostituer. Les clients étaient violents et la battaient. Elle a finalement été libérée par un raid de la police, et l'organisation Shakti Samuha l'a ramèné au Népal.»

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Chabahil, quartier nord de Katmandou —avril 2017 | Lizzie Sadin pour le Prix Carmignac du Photojournalisme

«Rita a 17 ans. C’est une “amie” de son village qui lui a proposé de partir pour l’Inde, avec des promesses d’argent et de bijoux. Arrivée là-bas, l’“amie” a disparu et Rita a été emmenée dans un bordel, sans comprendre ce qui lui arrivait. Elle a d’abord refusé de travailler mais a aussitôt été enfermée pendant une semaine avec juste assez de nourriture pour survivre.  “Maquille-toi et mets ces vêtements… Qui va te donner à manger si tu ne travailles pas?” Elle n’avait aucun moyen de s’échapper et a été obligée de se prostituer. Les clients étaient violents et la battaient. Elle a finalement été libérée par un raid de la police, et l’organisation Shakti Samuha l’a ramèné au Népal.»

Chabahil, quartier nord de Katmandou —avril 2017 | Lizzie Sadin pour le Prix Carmignac du Photojournalisme

 

«Même chose pour Nilan, 21 ans. Lorsqu'elle avait 15 ans, une “amie” est arrivée chez elle avec de très beaux vêtements et des bijoux et lui a dit qu'elle pourrait en avoir autant si elle la suivait à l'étranger: “Je reviens d'Arabie Saoudite, tu verras, ce serait très bien pour toi.” Le voyage passe par Delhi, avec sept autres filles. Enfermées dans une chambre, elles attendent un faux passeport pour s'envoler vers le Kenya. Enfin, c'est ce que les trafiquants lui ont dit. Elle se retrouve en fait à Dubai. Elle devient femme de ménage pour une famille nombreuse, avec huit enfants. Forcée à travailler plus de vingt heures par jour, elle est mal nourrie et devient rapidement victime d'attouchements sexuels de la part des hommes de la famille. Suite à un viol, elle tombe enceinte et se fait renvoyer. On lui procure un emergency ticket, un billet d'avion gratuit pour se débarasser de ces femmes devenues encombrantes... Son patron la laisse à l'aéroport, non sans l'avoir violée une dernière fois. Mais, arrêtée par la police, elle passe trois mois en prison pour détention de faux passeport. Elle est ligotée, pieds et mains liés pendant sa grossesse. Une fois de retour au Népal, elle perd son enfant, mort-né. Elle a ensuite été recueillie dans un foyer. Un procès a eu lieu, mais le trafiquant a menacé sa famille si elle ne retirait pas sa plainte. Cette photo résume à elle seule plein de choses.»

TF

Chabahil, quartier nord de Katmandou —avril 2017 | Lizzie Sadin pour le Prix Carmignac du Photojournalisme

«Même chose pour Nilan, 21 ans. Lorsqu’elle avait 15 ans, une “amie” est arrivée chez elle avec de très beaux vêtements et des bijoux et lui a dit qu’elle pourrait en avoir autant si elle la suivait à l’étranger: “Je reviens d’Arabie Saoudite, tu verras, ce serait très bien pour toi.” Le voyage passe par Delhi, avec sept autres filles. Enfermées dans une chambre, elles attendent un faux passeport pour s’envoler vers le Kenya. Enfin, c’est ce que les trafiquants lui ont dit. Elle se retrouve en fait à Dubai. Elle devient femme de ménage pour une famille nombreuse, avec huit enfants. Forcée à travailler plus de vingt heures par jour, elle est mal nourrie et devient rapidement victime d’attouchements sexuels de la part des hommes de la famille. Suite à un viol, elle tombe enceinte et se fait renvoyer. On lui procure un emergency ticket, un billet d’avion gratuit pour se débarasser de ces femmes devenues encombrantes… Son patron la laisse à l’aéroport, non sans l’avoir violée une dernière fois. Mais, arrêtée par la police, elle passe trois mois en prison pour détention de faux passeport. Elle est ligotée, pieds et mains liés pendant sa grossesse. Une fois de retour au Népal, elle perd son enfant, mort-né. Elle a ensuite été recueillie dans un foyer. Un procès a eu lieu, mais le trafiquant a menacé sa famille si elle ne retirait pas sa plainte. Cette photo résume à elle seule plein de choses.»

Bhairahawa, district de Sunauli —mai 2017 | Lizzie Sadin pour le Prix Carmignac du Photojournalisme

 

«Leha de Ki Nepal (à gauche) suspecte cette femme qui voyage seule (à droite). Elle est confuse, se contredit, reste muette devant certaines questions. Les numéros de téléphones fournis ne répondent pas. Elle dit qu'elle va rejoindre un ami de l'autre côté de la frontière, mais n'est pas capable de l'appeler. Leha décide de l'emmener au commissariat de police pour pousser l'enquête. Elle pense qu'elle s'apprêtait à rejoindre un trafiquant. La jeune femme continue d'argumenter et tente de convaincre le policier qui surveille la cellule des détenus. L'homme derrière les barreaux, mis en garde à vue, porte un tee-shirt sur lequel il est écrit '“Je ne suis pas EN danger, je suis LE danger”.»

TF

Bhairahawa, district de Sunauli —mai 2017 | Lizzie Sadin pour le Prix Carmignac du Photojournalisme

«Leha de Ki Nepal (à gauche) suspecte cette femme qui voyage seule (à droite). Elle est confuse, se contredit, reste muette devant certaines questions. Les numéros de téléphones fournis ne répondent pas. Elle dit qu’elle va rejoindre un ami de l’autre côté de la frontière, mais n’est pas capable de l’appeler. Leha décide de l’emmener au commissariat de police pour pousser l’enquête. Elle pense qu’elle s’apprêtait à rejoindre un trafiquant. La jeune femme continue d’argumenter et tente de convaincre le policier qui surveille la cellule des détenus. L’homme derrière les barreaux, mis en garde à vue, porte un tee-shirt sur lequel il est écrit ‘“Je ne suis pas EN danger, je suis LE danger”.»

Birgunj, district de Parsa —mai 2017 | Lizzie Sadin pour le Prix Carmignac du Photojournalisme

 

«Cet homme se trouvait dans une calèche avec une jeune femme. La police l'a interrogé. Il a répondu qu'elle était sa femme et qu'ils retournaient chez eux à Dehli. Elle restait silencieuse. Il se contredit, hésite puis fini par avouer qu'il est déjà marié avec une femme à Dehli et qu'elle est sa seconde femme, avant de prétendre qu'il avait “invité cette jeune femme à danser pour un mariage”. Il a évidemment été mis en garde à vue. Il encourt quinze à vingt ans de prison, jour et nuit. Le système népalais compte en effet les nuits et les jours séparément. Cela réduit la durée de détention de moitié...»

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Birgunj, district de Parsa —mai 2017 | Lizzie Sadin pour le Prix Carmignac du Photojournalisme

«Cet homme se trouvait dans une calèche avec une jeune femme. La police l’a interrogé. Il a répondu qu’elle était sa femme et qu’ils retournaient chez eux à Dehli. Elle restait silencieuse. Il se contredit, hésite puis fini par avouer qu’il est déjà marié avec une femme à Dehli et qu’elle est sa seconde femme, avant de prétendre qu’il avait “invité cette jeune femme à danser pour un mariage”. Il a évidemment été mis en garde à vue. Il encourt quinze à vingt ans de prison, jour et nuit. Le système népalais compte en effet les nuits et les jours séparément. Cela réduit la durée de détention de moitié…»

http://www.slate.fr

Les clercs de Saint-Viateur ont fait d’autres victimes dans la province


Ce n’est pas aux religieux, ni à la religion, mais aux hommes cachés sous leur airs de saint homme ont fait des horreurs a des enfants ..  Pendant que dans leur sermons, ils implorent charité, fidélité, foi, et miséricorde … ils ont abuser des enfants qui portent sur eux des marques qui ne seront jamais effaçables … Ces hommes qui se sont dit serviteur de Dieu, on plutôt servi leur instincts sans plus …
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Les clercs de Saint-Viateur ont fait d’autres victimes dans la province

 

Jean-Claude Brousseau

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

ANABELLE NICOUD

La Presse

Visés par un recours collectif intenté par une centaine d’anciens élèves de l’Institut des sourds de Montréal, les clercs de Saint-Viateur ont fait d’autres victimes dans la province. Deux d’entre elles ont accepté de nous raconter leur histoire… et leur soif de justice.

À 72 ans, Jean-Claude Brousseau n’a jamais oublié les visites nocturnes du père Adolphe Champagne dans sa chambre, quand il était enfant.

«Il me faisait des caresses, il me flattait, il me touchait les parties génitales», raconte-t-il.

Il avait 5 ans.

Pendant près de deux ans, le religieux, membre de la communauté des clercs de Saint-Viateur, a imposé à l’enfant des séances de masturbation.

Jamais ses parents ne l’ont cru, même après avoir surpris le père Champagne dans la chambre, une fois «ses affaires terminées».

«Mes parents m’ont traité de «fifille», de cochon. Ils m’ont toujours rabaissé. Ils étaient peu instruits, ils étaient pauvres et ils faisaient confiance aux ecclésiastiques.»

À Joliette, où la famille Brousseau vivait alors, les clercs de Saint-Viateur tenaient le haut du pavé: ils y ont installé leur séminaire, ont bâti un noviciat, dirigeaient un collège et un hôpital. Comme à Outremont, des rues et des parcs sont baptisés en l’honneur des clercs.

Tout naturellement, la famille se sentait privilégiée d’accueillir pour le souper, le soir, le père Champagne, qui était en outre un lointain cousin. Un prestige dont les religieux ont amplement abusé, dénonce M. Brousseau.

À l’école Saint-Viateur de Joliette, qu’il a fréquentée de la cinquième à la douzième année, tous les enfants savaient que les prêtres étaient pédophiles, assure-t-il.

«On les appelait les poignets cassés. Ceux qui allaient au séminaire avaient le même problème.»

Il faudra toutefois plusieurs décennies à Jean-Claude Brousseau, représentant pharmaceutique à la retraite, pour ressentir le besoin de dénoncer les agressions de son enfance. Le déclic s’est fait lorsqu’il a lu un article paru dans le Journal de Montréal au sujet du recours collectif d’une centaine d’anciens élèves de l’Institut des sourds de Montréal, alors géré par les clercs de Saint-Viateur, contre pas moins de 28 prêtres et 6 laïcs.

«Ça m’a fait ressasser tout ce que j’avais vécu, avec l’attitude de mes parents. J’ai voulu me battre pour tout ce que j’ai vécu», dit M. Brousseau

Un an après la fin des agressions du père Champagne, un autre membre des clercs de Saint-Viateur est venu sonner chez ses parents pour leur offrir de faire entrer l’enfant en communauté. Jean-Claude Brousseau a refusé net: pour lui, il ne faisait aucun doute que cette offre en apparence charitable avait des motifs pervers.

«Je serais devenu leur esclave sexuel, dit-il. S’ils ont fait ça avec moi, ils ont dû le faire de façon régulière. Ça me révolte.»

Un «virus»

D’après l’Association des victimes de prêtres, le cas de Jean-Claude Brousseau est loin d’être isolé.

Plusieurs dizaines de victimes des clercs de Saint-Viateur se sont manifestées, et pas seulement pour des agressions subies à Montréal, mais dans toute la province.

«C’est peu connu, mais le problème des abus des clercs de Saint-Viateur est un virus qui s’est propagé dans toute la communauté parce qu’on lui a permis de circuler, plore Carlo Tarini, directeur de l’Association. Ces abus ont eu des séquelles sur plusieurs générations de Québécois et de Québécoises.»

C’est le cas de Margot Buissière, 57 ans. À Rigaud, où les clercs de Saint-Viateur tiennent encore aujourd’hui le collège Bourget, les religieux ont aussi fait des victimes, dit-elle.

«Mon père a été agressé sexuellement quand il allait au collège Bourget, dans les années 30», raconte-t-elle.

 Il faudra plusieurs tentatives de suicide avant que les parents du jeune garçon ne se décident à l’envoyer dans une autre école: la famille travaillait alors en étroite collaboration avec les clercs de Saint-Viateur. Mais le cycle de la violence était enclenché.

«Ça a contaminé ma famille», dit Margot Buissière.

Agressé, le père de Margot est devenu l’agresseur de ses propres enfants et a sombré dans l’alcool.

Quand elle avait 8 ans, en 1963, son père a invité deux clercs, aujourd’hui morts: le père Émile Auger et le chanoine J. W. Downs, alors curé de la paroisse de Sainte-Madeleine. Avec sa soeur de 9 ans, elle a été livrée aux appétits sexuels des deux religieux.

«Ils nous ont demandé de nous asseoir sur leurs genoux. On a regardé notre père, qui, du regard, nous a dit de le faire. Ensuite, ils nous ont mis les mains dans les culottes. Ils nous ont agressées pendant que mon père, saoul, dormait sur le sofa», dit-elle.

Le père Émile Auger a été successivement professeur, économe et supérieur du collège Bourget, à Rigaud. Margot Buissière est certaine que ses deux agresseurs y ont fait d’autres victimes. Il y a deux semaines, l’émission Enquêtes de Radio-Canada a révélé que Jean-Marc Pépin, l’une des personnes soupçonnées d’avoir commis des agressions sexuelles à l’Institut des sourds de Montréal, avait ensuite été muté au collège Bourget.

M. Pépin est l’un des rares prêtres visés par le recours à être encore vivant.

Pas d’excuses

Avec près d’une centaine de victimes présumées à Montréal et 28 religieux nommés dans un recours collectif, la communauté des clercs de Saint-Viateur conserve un profil bas. France Bédard, de l’Association des victimes de prêtres, a plusieurs fois demandé à la congrégation de présenter des excuses aux victimes. Mais ses courriels sont restés sans réponse.

«Ce qui fait mal, c’est l’indifférence», dit Jean-Claude Brousseau.

Après la diffusion de l’émission Enquêtes, les religieux ont publié un bref communiqué dans lequel ils assurent condamner tout acte pédophile, mais se refusent à tout autre commentaire.

C’est aussi la réponse que nous avons obtenue.

«Nous n’avons aucun commentaire étant donné que la cause est devant les tribunaux», a répondu le père Roger Brosseau, responsable des communications, avant de raccrocher rapidement.

«Cela me fait vomir. Ils condamnent tout acte pédophile, mais ils ne font rien», déplore Carlo Tarini.

http://www.lapresse.ca/

LES CLERCS DE SAINT-VIATEUR : L’institut de l’horreur


Ici pas question de parler contre une religion mais plutot contre les personnes qui professent amour, paix, respect … et qui en fait sont les pires pédophiles et tortionnaires d’enfants. Comment de religieux ont abusé d’enfants, scandales par dessus scandales, d’autochtones, d’orphelins et voila les sourds et muets qui pensaient-ils leur pires vices seraient passé a jamais sous silence .. Comment se fait t’ils que ces prêtres ont pu continuer a célébré des offices religieux malgré tout le mal qu’ils ont fait .. Alors qu’ils savaient qu’au pire si un jour cela venait qu’a ce savoir .. ce serait la parole entre un enfant et un  »’saint homme  »’  Il est temps que l’Église se réveille et voit tout le mal qu’ils ont fait sous leur petit air d’ange déchu
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LES CLERCS DE SAINT-VIATEUR : L’institut de l’horreur

Plus de 70 hommes sourds et muets dénoncent l’innommable

 

PHOTO COURTOISIE VILLE DE MONTRÉAL

 

Pendant 40 ans, des enfants sourds et muets confiés aux Clercs de Saint-Viateur ont été transformés en en véritables esclaves sexuels et ont subi les pires atrocités, racontent aujourd’hui les adultes qu’ils sont devenus. Ils brisent un lourd silence et préparent l’un des plus importants recours collectifs impliquant des prêtres et de jeunes handicapés

« Ils ont profité du fait que nous étions sourds et muets. Ils avaient le pouvoir et nous, pour ne pas être punis, on acceptait  », résume tristement Daniel Cormier.

Comme plusieurs enfants sourds et muets qui ont fréquenté l’Institut Raymond-Deward entre les années 1940 et 1982, M. Cormier, aujourd’hui âgé de 60 ans, affirme avoir été maintes fois abusé sexuellement et violenté par des membres de la congrégation des Clercs de Saint-Viateur.

Ces victimes, qui n’ont jamais pu dénon­cer par la parole les actes d’une cruauté inouïe, de même que les agressions sexuelles répétées qu’ils ont subies, intentent maintenant un recours collectif et réclament réparation.

La requête d’une vingtaine de pages est un tissu d’horreurs indicibles. Violence, sodomie, fellations forcées et humiliations furent pendant des années le quotidien de ces enfants entre les murs de l’institut du boulevard Saint-Laurent.

« Ces religieux-là se sont permis les pires abus que l’on puisse imaginer contre des enfants, sachant qu’ils pouvaient dormir tranquilles à cause de leur handicap. On repousse encore les frontières de l’horreur », s’indigne Carlo Tarini, directeur de l’Association des enfants victimes de prêtres.

À ce jour, 28 religieux et 6 laïcs sont identifiés pour des gestes commis contre des enfants confinés au silence. La plupart des jeunes étaient pensionnaires, certains sept jours sur sept, sauf pour les vacances d’été.

Dans la requête, l’un d’eux, Serge D’Arcy, raconte comment le frère Philippe Paquette l’a forcé à lui faire une fellation en lui prenant fermement les cheveux. Lors d’un autre incident, ce même religieux a enfoui la tête de l’enfant dans la neige afin de l’étouffer.

« J’ai pensé mourir », a-t-il confié.

Plusieurs autres témoignages révèlent que le frère Paquette forçait les enfants à le masturber.

La morale

Une autre victime explique avoir effro­yablement souffert après avoir subi une déchirure à l’anus, conséquence d’une sodomie forcée par le religieux Gérard Barette. Un autre religieux, Jean-Marc Pépin, est dénoncé pour abus sexuels. Ironiquement, souligne-t-on dans la requête, l’homme enseignait la morale aux enfants et se mettait en colère contre ceux qui faisaient allusion à la sexualité.

Les témoignages des victimes sont rendus possibles grâce à la collaboration d’interprètes qui traduisent le langage des sourds-muets. Un aspect qui, pourrait-on croire, ajoute à la complexité de la cause; mais ce n’est pas le cas, affirme Me Robert Kugler, l’avocat des victimes.

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« Moi je trouve formidable et courageux qu’ils communiquent ainsi. La loi ne permet à personne d’abuser sexuellement d’un enfant. Les faits sont flagrants et les victimes ont une mémoire assez précise des incidents. En ce sens, ce n’est pas complexe », assure-t-il.

La congrégation des Clercs de Saint-Viateur n’a toujours pas réagi à ce recours collectif, sauf pour demander que ne soient pas divulgués les noms des religieux visés, ce qui a été refusé par la juge Eva Petras. Joint par le Journal, le frère Benoît Tremblay, membre des Clercs de Saint-Viateur, ne souhaite faire aucun commentaire.

« Nous allons peut-être réagir plus tard, nous sommes à étudier la requête, ça vient de nous tomber dessus », a-t-il brièvement répondu.

Véritables esclaves sexuels et ont subi les pires atrocités, racontent aujourd’hui les adultes qu’ils sont devenus. Ils brisent un lourd silence et préparent l’un des plus importants recours collectifs impliquant des prêtres et de jeunes handicapés.

 

CONFIDENTIALITÉ ASSURÉE

 

Plus de 70 victimes se sont déjà manifestées, mais ils seraient plus d’une centaine à avoir subi ce triste sort. La juge a assuré que toute nouvelle victime concernée par ce recours collectif peut s’y inscrire sans craindre que son identité soit révélée. Ces personnes sont d’ailleurs invitées à le faire auprès de l’Association des victimes de prêtres ou du cabinet d’avocats Kugler Kandestin.

« Ils doivent savoir que cette démarche est confidentielle et gratuite », précise Me Kugler.

TÉMOIGNAGES POIGNANTS

PHOTO LE JOURNAL DE MONTRÉAL, ISABELLE MAHER

Ces hommes sourds et muets ont voulu dénoncer leurs agresseurs à visage découvert. En haut, de gauche à droite : André Caron, Mario Larouche, Mario Banville, Gilles Gravel, Daniel Cormier. En bas de gauche à droite : Guy Provost, Gilles Forcier, Lucien Adam, Jacques Vadeboncœur.

 

Pas un son. Ils sont pourtant une dizaine d’hommes à s’exprimer vigoureusement autour de la table. Seules les paroles de l’interprète Martin Léveillé, qui traduit le langage des sourds-muets, flottent dans la pièce. Les mots parfois crus racontent ces souvenirs bien enfouis, mais impossibles à oublier.

« Moi je suis incapable de passer devant l’Institut des sourds. Pas capable de voir un religieux sans voir le visage d’Eugène Turcotte », confie Guy Provost.

 Les bras couverts de tatouages, l’homme de 57 ans au regard bleu acier raconte comment, lorsqu’il n’avait que sept ans, le religieux l’a frappé si fort qu’il en a été projeté au sol.

« Je ne comprenais pas pourquoi autant de violence ? Il me tirait par les cheveux, m’a lancé un porte-crayon par la tête, il m’a même mis la tête dans le bol de toilette. »

L’interprète se tait, un ange passe. Ces hommes ont voulu témoigner à visage découvert malgré la difficulté et la gêne évidente que leur inspirent certains passages sombres de leur vie.

Gilles Forcier raconte avoir aussi été battu et abusé. Il décrit comment le frère Anthime Paiement confessait ses ouailles d’une étrange façon.

« Il passait sa main à travers la fenêtre du confessionnal et l’entrait dans mon pantalon pour toucher mon pénis pendant que je lui disais mes péchés. Je ne comprenais pas ce qui se passait », lance-t-il.

Mario Banville a appris, lui aussi, à éviter de se confesser au frère Paiement… Il se souvient du frère Paul Allard, qui allait le chercher dans le dortoir.

« J’étais tannant, alors il m’emmenait dans sa chambre pour me baisser les culottes et me frapper. Mais avant, il me regardait longtemps et se masturbait. Après, il me battait. J’étais petit, que vouliez-vous que je fasse ? », demande-t-il.

« Moi aussi, le frère Allard m’a fait ça », poursuit Jacques Vadeboncœur.

Il est la seule victime capable d’entendre.

« Avant de me donner la strappe, il m’a demandé de baisser mon pantalon. Il a dit : « Wow ! T’as donc ben des belles fesses, en me caressant lentement. C’tu un abus sexuel, ça ? », nous demande l’homme de 55 ans.

Dénoncer

« On était leurs esclaves », résume Daniel Cormier. Sous la douche, un frère m’aidait à me laver. Je ne voulais pas, mais il le faisait de force et me caressait. Souvent, il se masturbait devant moi sous sa robe », décrit M. Cormier, aujourd’hui âgé de 60 ans. « Aucun enseignement n’était possible. J’ai des lacu­nes en écriture et en lecture. J’ai de la haine pour eux », conclut-il.

Nerveux, Lucien Adam raconte avoir été roué de coups de pieds.

« J’étais à genoux, ils étaient deux, on m’a frappé sur le mur jusqu’à ce qu’un arrête l’autre. Jamais je n’oublierai. J’ai mangé des coups à la tête à en avoir des migraines. »

À 63 ans, M. Adam raconte péniblement avoir été « entaché » par les agressions sexuelles.

« J’ai été marqué. Je n’ai rien appris là-bas; aujourd’hui, je ne sais ni lire ni écrire. »

La direction de l’Institut Raymond-Dewar savait mais n’a rien fait, indique la requête.

Des enfants ont amèrement regretté d’avoir osé dénoncer les religieux à leurs parents.

« Mes parents ne me croyaient pas. Mon père a même confronté le frère Jean-Marc Pépin qui m’a abusé et il a tout nié. J’avais tellement peur, j’voulais pas me faire battre, alors je me suis tu », se souvient Mario Larouche.

« J’ai l’impression que ma vie a été gâchée, poursuit l’homme de 52 ans. Trois fois, j’ai voulu mourir. Mes relations sont difficiles. Avec mes enfants, je suis déchiré entre leur donner de l’affection et la peur d’abuser d’eux. Ce recours collectif compte beaucoup pour moi. »

CES PRÊTRES CONTINUENT À CÉLÉBRER LA MESSE

En mars 2010, le père Jean-Marc Pépin a présidé les obsèques de la mère de la patineuse Joanie Rochette. Le nom de ce prêtre figure parmi les religieux qui ont agressé sexuellement des enfants sourds et muets visés par le recours collectif contre les Clercs de Saint-Viateur.

Mario Larouche affir­me être l’une de ses victimes. Adulte, il s’est retrouvé, il y a quelques années, face à face avec Jean-Marc Pépin, qui venait de célébrer la messe. L’homme de 52 ans raconte en avoir été complètement bouleversé.

« J’ai dit à ma femme : “Je ne peux pas croire que ce gars-là continue de servir la messe alors qu’il m’a abusé. Il a même osé dire qu’il ne se souvenait pas de moi” », se désole M. Larouche.

Ces situations sont carrément odieuses et inacceptables, tranche Carlo Tarini, président de l’Association des enfants victimes de prêtres.

« Où est la sanction ? Empêcher les prêtres pédophiles de célébrer la messe est insuffisant; comment se fait-il qu’ils ne soient pas chassés de l’Église ? », demande-t-il.

Nous avons tenté de poser la question à Mgr Christian Lépine, le nouvel archevêque de Montréal, qui a décliné notre demande d’entrevue.

 « Tout ce que je peux vous dire, c’est que dès que des allégations sont déposées contre un prêtre, celui-ci perd automatiquement le droit d’exercer son ministère. À notre connaissance, aucun religieux visé par le recours collectif n’exerce dans le diocèse de Montréal », a précisé Lucie Martineau, responsable des communications à l’Archevêché de Montréal.

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