Ce qu’il faut savoir sur les allergies


Il y a les allergies saisonnières et la belle saison amène son lot de symptômes allergiques. Il y a quelques gestes à faire pour diminuer les désagréments. Et il y a les allergies alimentaires qui eux peuvent être plus dangereux. Il faut donc éviter les allergènes alimentaires, mais ce n’est pas toujours évident. Alors ils doivent avoir en tout temps l’épinéphrine sur eux. Il est donc important de savoir si une personne est allergique et a quels allergènes.
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Ce qu’il faut savoir sur les allergies

 

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Jacques Beaulieu
Communicateur scientifique

Le moment où se manifeste une allergie fournit un bon indice de la provenance de l’antigène responsable.

Prenons un exemple. Votre voisin a la fâcheuse habitude de placer ses sacs à ordures sur votre terrain. En soi, ce geste n’a rien de menaçant, mais vous craignez que des écureuils ou des ratons laveurs ne finissent un jour par éventrer ces sacs et répandent chez vous les ordures du voisin. Une réaction normale consisterait à demander à votre voisin de ne plus mettre ses sacs verts sur votre terrain. Par contre si vous partez avec une carabine et abattez votre voisin et toute sa famille, il est fort probable que vous ayez beaucoup de problèmes à affronter par la suite. L’allergie ressemble un peu à cet exemple. Votre organisme considère un élément étranger comme une menace réelle alors que tel n’est pas le cas. Il va tout de même tout mettre en œuvre pour éliminer cet intrus et cela vous occasionnera des problèmes. L’intrus en question est habituellement une protéine différente de celles que vos propres gènes fabriquent, c’est pourquoi nous l’appelons un antigène. Comme votre organisme veut éliminer ces antigènes, il synthétisera une arme efficace : un anticorps qui à son tour enclenchera une puissante série de réactions de défense. Un des premiers soldats arrivés sera l’histamine qui commandera aux muqueuses de sécréter le plus de mucus possible pour empêcher l’antigène de pénétrer dans les cellules. Cette réaction, dite inflammatoire, est tout à fait de mise lorsqu’il s’agit d’une menace réelle comme celle d’un virus ou d’un autre microbe, mais ici, dans le cas d’un antigène, elle est disproportionnée et n’amène finalement que des désagréments : congestion nasale, éternuement, inflammation des bronches, toux, yeux qui pleurent, etc.

À quoi êtes-vous allergiques

Le moment où se manifeste une allergie fournit un bon indice de la provenance de l’antigène responsable. Ainsi si vos malaises apparaissent tôt au printemps, il est fort possible que le pollen des arbres et arbustes en soit responsable. Si l’allergie arrive en plein été, il s’agit probablement plus de pollens de plantes graminées comme le maïs, le blé, le foin, etc. Finalement si les problèmes surviennent en automne, il s’agit généralement plutôt de plantes herbacées comme l’herbe à poux ou même la pelouse qui répandent leur pollen surtout à partir de juillet jusqu’en octobre. Connaître ce à quoi vous êtes allergiques peut vous aider beaucoup à éviter le plus possible d’être en contact avec l’allergène responsable. Des tests cutanés ou autres peuvent être réalisés chez un médecin spécialiste (allergologue) pour déterminer le ou les antigènes qui vous font réagir.

Les méthodes d’évitement

Les allergies aux pollens ou toute autre protéine aéroportée sont plus intenses par temps chaud, sec et venteux. Le temps sec et chaud permet en effet à ces substances de voler plus haut dans les airs et le vent les transporte partout. Ce sont des journées où ceux qui sont allergiques devraient limiter le plus possible leurs randonnées à l’extérieur et garder les fenêtres fermées. La climatisation peut alors les aider. À l’inverse, les jours de pluie constituent pour ces personnes le moment idéal d’aérer leur demeure. Les pollens dans une atmosphère chargée d’humidité restent près du sol. Porter des lunettes soleil permet d’éviter un contact direct entre l’allergène présent dans l’air et la muqueuse de l’œil. On peut réduire ainsi ou même éviter les yeux qui piquent. Ne faites pas sécher votre linge à l’extérieur. Les tissus mouillés pendus à une corde à linge filtrent l’air en accumulant les pollens entre leurs fibres. Ce sont ces draps gorgés de pollens dans lesquels vous dormirez ce soir; une nuit de toux, d’éternuements et de congestion est à prévoir si vous êtes allergique.

Les traitements

Si, tout en évitant le contact avec la substance allergène, vos symptômes persistent à vous gâcher l’existence, il existe diverses solutions. La désensibilisation progressive peut s’avérer efficace pour diverses allergies. Cette thérapie (DPE) consiste à injecter un enzyme à laquelle on ajoute une très faible concentration de l’allergène. Ces injections sont répétées en augmentant graduellement la dose d’allergène durant une période de 2 à 3 mois. Autre que la DPE, plusieurs médicaments peuvent vous aider à soulager les symptômes comme les antihistaminiques, les corticoïdes (exemple : la cortisone) et les broncho-dilatateurs (exemple : Ventolin).

Conseils d’usage

Les allergies ne devraient pas être prises à la légère. Il faut se rappeler qu’un individu allergique à une substance est beaucoup plus susceptible de devenir allergique à d’autres allergènes que quelqu’un qui ne souffre d’aucune allergie. La fumée de cigarette est un irritant puissant qui favorise des poussées d’allergie plus fréquentes et plus sévères; donc c’est à éviter. La poussière est l’ennemi numéro 2 de la personne souffrant d’allergie; à éviter aussi.

Les allergies les plus sévères

Ici, il ne s’agit plus de symptômes bénins, mais plutôt de complications qui peuvent s’avérer sérieuses, voire mortelles. On les retrouve particulièrement dans deux cas : l’asthme et les allergies alimentaires.

L’asthme

On pourrait la décrire simplement en disant que l’asthme est une réaction allergique des tissus pulmonaires. En somme, les bronches et leurs ramifications se mettent à enfler diminuant ainsi l’entrée d’air dans les poumons. Les personnes qui souffrent d’asthme doivent être en mesure d’identifier le mieux possible les facteurs qui provoquent une crise d’asthme. Notons qu’aujourd’hui avec une médication adéquate et un programme adapté d’activités physiques la grande majorité des personnes souffrant d’asthme peuvent espérer vivre une vie tout à fait normale non pas en éliminant, mais en contrôlant leur asthme.

Les allergies alimentaires

C’est une réaction allergique qui se produit après avoir ingéré un aliment ou un additif alimentaire quelconque. Les aliments qui suscitent le plus de réactions chez ceux qui y sont allergiques sont les arachides, les poissons, les crustacés et leurs sous-produits, le lait et les œufs. Bien sûr, certaines personnes peuvent être allergiques à d’autres aliments comme les noix, le blé, le sésame, les sulfites, etc. Il faut éviter de confondre une intolérance alimentaire qui n’occasionne pas de symptômes allergiques avec une réelle allergie. Ce qui est le plus à craindre dans les allergies alimentaires est le choc anaphylactique. Il s’agit d’une réaction allergique sévère qui peut toucher plusieurs systèmes (gastro-intestinal, respiratoire, cardio-vasculaire, etc.) et qui, non traitée, peut s’avérer mortelle. Les premiers symptômes de l’anaphylaxie sont :

Bouche : Démangeaisons au niveau des lèvres, de la langue, du palais suivi d’enflure de ces parties. On perçoit un goût métallique en bouche.

Peau : Rougeurs, éruptions, démangeaisons, urticaire et sensation de chaleur.

Système digestif : Nausées, douleurs ou crampes au ventre, vomissements et diarrhées.

Respiration : Serrement à la gorge. Difficulté à avaler. Chez les jeunes enfants, les pleurs seront modifiés. Démangeaisons au nez et dans les oreilles. Congestion nasale avec écoulement. Essoufflement et difficulté à respirer. Toux persistante, voix rauque. Couleur bleutée de la peau.

Cœur : Pouls rapide et faible. Pâleur, sueurs froides, Faiblesse, perte de conscience, étourdissements, douleur à la poitrine, chute de tension artérielle.

Dès les premières manifestations de ces symptômes, il faut administrer de l’épinéphrine ( ÉpiPen®, Twinject®). Évidemment les personnes souffrant d’allergies alimentaires doivent éviter de consommer tout aliment contenant ou ayant été en contact avec l’allergène auquel elles sont sensibles, ce qui est loin d’être aussi simple qu’il n’en parait.

Quelques sites d’intérêt

https://quebec.huffingtonpost.ca/

5 choses essentielles à savoir sur les allergies alimentaires


Gérer les allergies alimentaires n’est pas toujours faciles, surtout quand certains aliments se retrouvent dans plusieurs préparations comme le sésame, soya, noix … Mais, on ne peut non plus surprotéger les enfants, il faut donc trouver un juste-milieu sécuritaire
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5 choses essentielles à savoir sur les allergies alimentaires

Mieux vivre avec ce problème de santé croissant.

Breakfast

Crédit : iStockphoto

 

Si, lors de chaque rentrée scolaire, certains parents se plaignent encore de ne pas pouvoir mettre des noix dans les lunchs de leurs enfants, d’autres doivent quotidiennement gérer l’inquiétude et planifier avec minutie la préparation de chaque repas.

« On y pense tout le temps. Même en ce moment, en vous parlant, je regarde ma montre. Il est 12 h 32. La garderie ne m’a pas téléphoné, donc, je suppose que l’heure du dîner s’est bien passée », confie Dominique Seigneur, directrice des communications et du financement de l’Association québécoise des allergies alimentaires. Autour de la table, divers intervenants sont rassemblés pour une conférence organisée par EpiPen.

Les allergies alimentaires sont de plus en plus fréquentes, particulièrement chez les enfants. Santé Canada estime qu’elles touchent actuellement de 5 à 6 % des enfants en bas âge et de 3 à 4 % des adultes au Canada. Au Québec, le nombre de personnes ayant des allergies alimentaires s’élève à 300 000.

« Un problème des pays industrialisés », souligne l’allergologue Marie-Josée Francœur, qui enseigne au département de pédiatrie de l’Université de Sherbrooke. « En Afrique, en Inde, au Pakistan, on ne connaît pas ça. Nos bébés naissent dans un univers aseptisé. Leur système immunitaire a peu besoin de travailler et finit par réagir à des trucs banaux. C’est le prix à payer pour vivre dans un pays développé! », explique-t-elle.

Les aliments responsables de 99 % des allergies alimentaires sont le lait, les œufs, les arachides, les noix, le soya, le blé, le sésame, la moutarde, le kiwi, les poissons et les fruits de mer. De plus en plus, les enfants allergiques aux arachides développent tardivement une allergie au soya. En revanche, l’allergie au lait, qui est la plus fréquente chez l’enfant, disparaît souvent avec le temps.

Certaines personnes (ou familles) se priveront, par précaution, d’aller au restaurant et de voyager. D’autres, comme le pilote de course Alexandre Tagliani, choisissent la liberté :

« Je suis sur la route 220 jours par année. Je suis libre comme le vent, je ne suis pas isolé. À mon humble avis, il ne faut pas surprotéger les enfants qui ont des allergies alimentaires. Les programmes de sensibilisation doivent être axés sur les connaissances et la compréhension. »

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Alexandre Tagliani à la table ronde EpiPen

1) Toujours avoir son auto-injecteur avec soi

L’anaphylaxie (nom donné à la réaction allergique sévère provoquée par l’allergène) peut survenir n’importe quand, et le seul remède à celle-ci est l’épinéphrine, contenue dans l’auto-injecteur. Bref, il ne sert à rien d’attendre le médicament d’urgence du médecin, car injectera cette même substance.

« Sur les 2,5 millions de personnes atteintes au Canada, j’aimerais qu’au moins 400 000 d’entre elles se promènent avec leur EpiPen, souhaite Tagliani. Celles qui n’ont jamais eu de réactions fortes sont malheureusement souvent difficiles à convaincre. Elles ne comprennent pas qu’elles risquent plus leur vie que moi en voiture de course à 400 km/h! », s’exclame-t-il.

Il relate ensuite l’un des épisodes d’anaphylaxie qui lui a presque coûté la vie, survenu il y a quelques années dans le hall d’un hôtel où il séjournait. Il avait oublié son EpiPen… dans la chambre quelques étages plus haut.

2) Un enfant peut aussi traîner son auto-injecteur

À partir de l’âge de raison (6-7 ans), on conseille que l’enfant ait aussi son injecteur avec lui. S’il est bien informé, il peut être capable de s’auto-injecter. Évidemment, il l’aura fait avec ses parents auparavant, et l’on doit prendre en considération son niveau de maturité.

* Pour faciliter l’apprentissage chez l’enfant (et l’adulte!), EpiPen fabrique des auto-injecteurs de pratique. La commande, gratuite, se fait directement sur le site d’EpiPen.

Malheureusement, l’idée que certains enfants traînent leur auto-injecteur dérange. Dans les écoles et les camps de jour, à titre d’exemple, on a peur que les amis de l’enfant ou les autres élèves prennent le médicament et jouent avec, d’où l’importance d’un programme de sensibilisation qui renseigne bien les personnes concernées, mais aussi la population en général.

3) Il faut savoir reconnaître les premiers symptômes

Les signes et les symptômes de l’anaphylaxie sont multiples : manifestations cutanées (démangeaison, urticaire, rougeur), écoulement des yeux et du nez, rougeur des yeux, crampes abdominales, nausées, toux, etc. Certains symptômes sont les mêmes que ceux d’une simple allergie saisonnière, mais, chez l’enfant, on peut parfois dénoter un timbre des pleurs différent.

Lorsque des parents ou des patients arrivent en pleine crise à l’hôpital, les raisons pour ne pas avoir utilisé l’auto-injecteur sont nombreuses. Parmi celles-ci, l’oubli de l’auto-injecteur à la maison, la peur de l’injection, la peur des effets secondaires, mais aussi une mauvaise interprétation des symptômes. Vous avez du mal à évaluer la sévérité de la réaction allergique? Il vaut mieux procéder à l’injection tout de suite que la donner trop tard.

4) Ne jamais donner un aliment à un enfant que l’on ne connaît pas

Certes, l’enfant doit comprendre sa condition et apprendre à dire non à ce qu’on lui offre ou se tourner vers ses parents s’il a le moindre doute. Mais c’est aussi la responsabilité de tout adulte de prendre le problème des allergies alimentaires au sérieux.

« Un exemple parmi tant d’autres : les grands-parents. Ils ont beau adorer leurs petits-enfants ou être les meilleurs grands-parents au monde, cette nouvelle réalité est souvent loin de la leur. Combien de fois ai-je dû rappeler à mon père que sa petite-fille pouvait mourir s’il lui donnait tel aliment… », raconte Dominique Seigneur, qui soulève alors un point extrêmement intéressant.

Lorsqu’on ne connaît pas les réels enjeux des allergies alimentaires, on tend souvent à croire que l’autre exagère…

5) Les personnes les plus à risque sont celles qui ont des antécédents d’anaphylaxie

Plusieurs dizaines de milliers d’épisodes d’anaphylaxie surviennent chaque année au Canada. Heureusement, la majorité des victimes s’en sortent indemnes grâce à l’EpiPen. Pour au moins 50 personnes (50 à 100 personnes chaque année), la réaction est fatale. Si vous pensez que votre enfant ou votre adolescent développe une allergie alimentaire, ne tardez pas à consulter. Les personnes ayant déjà vécu un ou des épisode(s) d’anaphylaxie sont plus susceptibles d’en avoir d’autres.

Votre enfant est encore bébé, et vous ne savez pas quand commencer à introduire certains aliments, comme les crevettes et les arachides, dans son alimentation?

Docteure Francœur rassure : « À partir de six mois, on peut manger n’importe quoi. D’un point médical, il ne change rien d’attendre. Il suffit d’être attentif les heures suivant l’introduction de l’aliment. Si vous remarquez une réaction cutanée ou autre, allez immédiatement à l’hôpital. On y passe des tests d’allergies au besoin seulement. »

Quelques ressources essentielles 

Le livre Déjouer les allergies alimentaires, de Marie-Josée Bettez et d’Éric Théroux.

http://fr.chatelaine.com