Un épaulard femelle serait mort à un âge très honorable. Depuis des années, elle fut une mine de renseignement sur le mode de vie et les problèmes rencontré pour leur alimentation et la circulation marine
Nuage
L’épaulard Granny serait mort à plus de 100 ans
L’épaulard Granny en 2010 Photo : Center for Whale Research (CWR).
L’épaulard Granny, vedette d’un documentaire de la BBC, est porté disparu et présumé mort. Cette femelle avait entre 100 et 105 ans.
RADIO-CANADA AVEC BBC NEWS
Un texte d’Alain Labelle
Elle était le plus vieux spécimen de son espèce recensé à ce jour. Les biologistes l’avaient nommé J2 lorsqu’ils l’avaient identifié pour la première fois en 1976. Elle se trouvait au cœur d’une étude qui suivait son clan et dont le but était de mieux comprendre le comportement de ce mammifère marin également appelé orque.
Les résultats de ces observations, relatés dans un documentaire de la BBC paru l’année dernière, avaient permis d’établir que les femelles épaulards vivaient longtemps après la fin de leur capacité à se reproduire, révélant ainsi le rôle important des femelles dans un clan après la ménopause.
L’après-ménopause
Un peu comme les humains, les épaulards sont uniques dans le monde animal puisque les femelles peuvent vivre des dizaines d’années après leur ménopause qui se présente habituellement entre 40 et 50 ans. Aucun mammifère terrestre ne bénéficie de cette période de vie, incluant les singes et les éléphants. Seule une espèce de baleine connaît cette réalité.
Les scientifiques voulaient donc comprendre pourquoi l’évolution avait mené à la ménopause. Cette question les a emmenés à suivre le groupe de Granny dans l’océan pacifique près des côtes américaines et canadiennes.
Le biologiste britannique Darren Croft, de l’Université d’Exeter, explique que la bête avait entre 80 et 105 ans et qu’elle n’avait mis bas depuis au moins 40 ans. Ce qui ne l’empêchait pas d’être le leader de son clan.
Elle aidait son groupe à survivre en partageant ses connaissances sur les endroits où trouver de la nourriture.
Cet épaulard avait été identifié lors d’un recensement des individus de l’espèce vivant dans la mer des Salish située à la frontière du Canada et des États-Unis. Ce recensement avait été rendu nécessaire en raison du grand nombre d’individus de cette population qui était capturé pour ensuite être transporté dans des zoos et des aquariums.
Ce travail, qui avait d’ailleurs mené à l’interdiction de leur capture dans cette région, s’est ensuite transformé et a permis de documenter la vie des clans qui y habitent.
Des épaulards nagent au large de Victoria. Photo : Eagle Wing Tours and Shorelines Photography/Valerie Shore
Les chercheurs possèdent donc des données des naissances, de la mortalité, des liens et des problèmes de santé des individus qui s’y trouvent.
Actuellement, 78 épaulards vivent dans la région, mais les biologistes s’inquiètent pour l’avenir en raison de la diminution constante de saumons qui y est observée. Le régime des épaulards repose sur le saumon quinnat, surtout durant l’été. Cependant, comme les quinnats sont en péril ou en voie de disparition, les sources de nourriture sont limitées.
De plus, les épaulards passent moins de temps à chasser pour se nourrir lorsque des bateaux sont dans les parages.