Les renards polaires de la baie d’Hudson sont victimes du réchauffement climatique


Le changement climatique fait de plus en plus de victimes chez les animaux. Que ce soit l’environnement, leur alimentation ….
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Les renards polaires de la baie d’Hudson sont victimes du réchauffement climatique

 

Un renardeau arctique dans le nord du Manitoba

Un renardeau arctique dans le nord du Manitoba   Photo : Jacqueline Verstege

De nouvelles recherches menées par une équipe de l’Université du Manitoba démontrent que la population de renards arctiques située à proximité de la baie d’Hudson ne cesse de diminuer en raison de la baisse de la durée de la couverture neigeuse ainsi que de la formation de plus en plus tardive des glaces.

« La qualité et la quantité de la neige revêtent une importance particulière pour les renards arctiques, parce qu’elle fournit un environnement chaud où peut vivre et se reproduire sa proie pendant l’hiver », explique la scientifique Jacqueline Verstege, de l’Université du Manitoba, ajoutant que les renards dans la région de Churchill sont situés à l’extrémité sud de l’aire de répartition de leur espèce.

En 2016, la couverture neigeuse au printemps dans l’Arctique nord-américain a connu sa plus petite étendue en mai avec seulement 4 millions de kilomètres carrés. C’est la plus faible depuis le début des observations par satellites, en 1967.

Source : Agence océanique et atmosphérique américaine

Mme Verstege explique que le groupe a examiné les données démographiques annuelles des renards, qui remontent jusqu’aux années 1950, ainsi que les informations relatives aux populations de proies et aux précipitations hivernales.

« Il existe vraiment une relation positive entre la qualité de la neige, l’abondance des lemmings ainsi que la reproduction et la viabilité des portées de renardeaux », affirme la chercheuse d’origine ontarienne.

Moins il y a de neige, moins il y a de lemmings, car ils n’arrivent pas à survivre à l’hiver sans l’isolation que fournit la neige, et donc moins il y a de renards arctiques.

Jacqueline Verstege, biologiste

Les renards arctiques, aussi appelés renards blancs, renards bleus, renards polaires ou isatis, mangent principalement des lemmings, mais aussi des campagnols, des bernaches et des œufs d’autres oiseaux migrateurs. Ils ont l’habitude d’emmagasiner des carcasses dans leurs tanières au cas où ils se trouveraient sans nourriture l’hiver.

Toutefois, comme de moins en moins de lemmings et d’autres rongeurs offrent une source de nourriture, les renards polaires en sont venus à manger des bébés phoques et les carcasses abandonnées par les ours polaires pour compenser la pénurie de vivres.

Le problème, c’est qu’il y a un décalage grandissant entre le départ des bernaches vers le sud et la couverture de glace de mer, qui permet l’accès aux phoques et à d’autres carcasses. La formation de glace commence de plus en plus tard et [la glace] fond de plus en plus tôt.

Jacqueline Verstege, biologiste

Il en résulte que des renards arctiques sans ressources meurent de faim entre les saisons.

La rivalité fraternelle

Le réchauffement de l’Arctique a aussi permis au renard roux d’investir le territoire du renard blanc, devenant le rival principal de ce dernier dans la chasse aux petites proies dans la région.

Alors qu’ailleurs dans l’Arctique le renard roux est devenu le principal prédateur du renard blanc, la biologiste Jacqueline Verstege affirme que ce phénomène ne semble pas présent dans les populations de renards qui se côtoient de plus en plus dans le nord du Manitoba.

« Nous avons vu qu’il y avait une relation positive entre les renards roux et les renards arctiques. Donc, plus il y avait de renards roux, plus il y avait de renards arctiques », déclare Mme Verstege, ajoutant qu’il faudrait toutefois surveiller de près les effets de la compétition entre les deux espèces.

Des « ingénieurs » de l’écosystème

Jacqueline Verstege dit que les conséquences d’une éventuelle disparition des renards arctiques seraient néfastes, car ceux-ci sont des « ingénieurs » de l’Arctique.

Un groupe de chercheurs de l’Université du Manitoba auquel appartenait Mme Verstege a découvert l’année dernière que presque trois fois plus de végétation pousse autour des tanières des renards arctiques qu’ailleurs dans la toundra, car elle est engraissée par leurs excréments et ce qui reste de leurs proies.

Une prise aérienne près de Churchill, au Manitoba, montre la végétation entourant des tanières de renards arctiques.

Une prise aérienne près de Churchill, au Manitoba, montre la végétation entourant des tanières de renards arctiques.   Photo : Jacqueline Verstege

Ces plantes attirent à leur tour des herbivores comme les caribous, les lemmings et les lièvres, tandis que les restes d’oies tuées par les renards attirent des charognards comme les ours polaires, les loups, les goélands et les corbeaux.

L’effet combiné de tous ces animaux près des tanières augmente la quantité de nutriments qui y nourrit la toundra.

Il existe environ 100 terriers de renards dispersés le long de la côte de la baie d’Hudson, de Cape Churchill jusqu’au sud de la rivière Broad, dans le parc national Wapusk.

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Autrefois éteint, le chien le plus ancien et le plus rare du monde redécouvert en pleine nature


Le Chien sauvage des montagnes de Nouvelle-Guinée que les chercheurs croyaient étaient à été redécouvert dans son pays d’origine. La particularité de ce chien est qu’il serait proche des chiens avant la domestication
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Autrefois éteint, le chien le plus ancien et le plus rare du monde redécouvert en pleine nature

 

On le pensait disparu à jamais mais le Chien sauvage des montagnes de Nouvelle-Guinée serait toujours présent sur notre planète. Grâce à des photos et des tests ADN, des scientifiques ont pu en localiser dans l’une des régions les plus reculées de la Papouasie.

Un espoir pour tout notre écosystème et pour les scientifiques désirant percer les grands mystères de notre Nature et de l’évolution de ses habitants. Alors qu’aucune trace de lui n’avait été observée depuis près de 50 ans et qu’il avait été considéré comme éteint, le Chien sauvage des montagnes de Nouvelle-Guinée a officiellement fait sa réapparition dans son pays d’origine. Après des mois de traque, d’observation et d’analyses, une équipe de scientifiques de la New Guinea Highland Wild Dog Foundation (NGHWDF), menée par le zoologiste américain James K McIntyre, a pu en effet confirmer la présence de plusieurs individus en Papouasie, dans leur habitat naturel.

Le chien le plus ancien du monde

Les connaissances sur cette espèce sont très limitées mais elle serait proche ou antérieure au très rare, autrefois domestiqué et connu comme le plus ancien canidé (6 000 ans) pré-domestication, Chien chanteur de Nouvelle-Guinée, dont la population est aujourd’hui estimée à 200 ou 300 individus seulement. Elle serait aussi l’ancêtre du Dingo australien avec qui elle partage également les principales caractéristiques : un pelage sable doré, parfois noir, avec des marques blanches sur le museau, la gorge, la poitrine, l’abdomen, les pattes et la queue, une truffe noire, des oreilles rondes et droites, mais surtout ce chant, semblable à celui du loup, qu’elle produit pour communiquer avec ses pairs.

chien sauvage des montagnes de Nouvelle Guinée

Une chienne sauvage des montagnes de Nouvelle-Guinée enceinte – New Guinea Highland Wild Dog Foundation

Une avancée scientifique et historique majeure

Des tests ADN sont toujours en cours et un rapport détaillé sur l’expédition en question devrait paraître dans les mois à venir mais pour l’équipe de la NGHWDF, cette (re)découverte pourrait représenter une avancée majeure pour les recherches portant sur l’évolution des espèces canines, isolément et conjointement à celle des humains, leur histoire migratoire et plus largement sur l’écologie.

https://wamiz.com

Sibérie: cette «porte de l’enfer» qui ne cesse de grandir


Le cratère de Batagaita en Sibérie nommé la porte de l’enfer, continu à grandir à cause de la déforestation qui cause la fonte du pergélisol qui n’aide en rien aux changements climatiques. Par contre, de belle découverte archéologique on plus être misent à jour
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Sibérie: cette «porte de l’enfer» qui ne cesse de grandir

 

Sibérie:

Le cratère de Batagaika en Sibérie.Photo Gentside

Les habitants le surnomment «la porte de l’Enfer» et il suffit de voir les images pour comprendre pourquoi. À l’Est de la Sibérie en Russie, à proximité du bassin de la rivière Yana, la terre semble s’est ouverte en deux, formant un gigantesque cratère au milieu de la forêt: le cratère de Batagaika.

Cette dépression est lié à un phénomène appelé thermokrast. Il est causé par la fonte de la glace du pergélisol. Une fonte qui provoque un tassement du sol et donc des effondrements. D’après les spécialistes, le cratère de Batagaika a commencé à se former dans les années 1960 à cause de la déforestation qui a éliminé les arbres qui protégeaient normalement le sol gelé de la chaleur au cours des mois d’été.

À l’heure actuelle, le cratère géant mesure près d’un kilomètre de long pour 86 mètres de profondeur, faisant de lui l’un des plus grands au monde. Néanmoins, la surveillance constante du cratère réalisée notamment grâce à  des images satellite a révélé qu’il ne cesse de grandir à  une vitesse préoccupante.

UN CRATÈRE QUI GRANDIT UN PEU PLUS CHAQUE ANNÉE

En décembre 2016, des chercheurs allemands ont expliqué lors de la réunion de l’American Geophysical Union que le mur principal du cratère avait grandi de 10 mètres par an, au cours de la dernière décennie. Les années les plus chaudes, la hausse est montée jusqu’à 30 mètres par an. L’équipe pense également qu’un mur latéral du cratère pourrait bientôt atteindre une vallée voisine déjà victime d’érosion.  

«En moyenne sur plusieurs années, nous avons constaté qu’il y a peu d’augmentation ou de diminution de ces taux, c’est en croissance constante», a commenté pour la BBC, Frank Günther de l’Institute Alfred Wegener à Potsdam. «Et une croissance continue signifie que le cratère devient de plus en plus profond chaque année».

Pour les scientifiques, la fonte du pergélisol favorisée par le changement climatique est une cause de préoccupation majeure. D’ailleurs, elle n’est pas observée que dans cette région de la Sibérie. D’autres dépressions bien que plus petites sont également apparues à  d’autres endroits.

Or, la fonte du pergélisol pourrait avoir de sérieuses conséquences comme la libération de gaz à  effet de serre, notamment de dioxyde de carbone, piégé depuis des millénaires dans les glaces. Des gaz qui pourraient à  leur tour favoriser le réchauffement. Toutefois, le cratère de Batagaika présente aussi un grand intérêt pour les scientifiques.

UNE FENÊTRE SUR UN MONDE INCONNU

Au cours des dernières décennies, l’agrandissement du cratère a en effet exposé au jour un monde autrefois inaccessible car gelé en profondeur. Le site est devenu l’un des plus importants du monde pour étudier le pergélisol mais aussi des milliers d’années d’histoire comme le souligne une nouvelle étude publiée dans la revue Quaternary Research.

En 2009, une carcasse de cheval vieille d’environ 4400 ans y a été mise au jour ainsi qu’une carcasse momifiée d’un jeune bison. De précieux éléments qui se sont ajoutés à  d’autres restes notamment de mammouths et de rennes déjà  identifiés sur place. Une expédition récente a toutefois permis d’aboutir à  des découvertes encore plus remarquables.

En se rendant sur place, des scientifiques britanniques ont constaté la présence de couches géologiques très anciennes et ont récolté des échantillons de sol et de végétaux. Les analyses menées suggèrent que ces derniers auraient au moins 200 000 ans, ce qui pourrait permettre de déterminer quels types de forêt et de sol prédominaient à  cette époque, mais pas seulement.

REMONTER DES MILLIERS D’ANNÉES DE CLIMAT

«Le cratère de Batagaika a frappé mon imagination – sa taille est incroyable, la fracture est parfaitement exposée et découverte, toutes les couches sont parfaitement visibles et peuvent être étudiées en détails», a expliqué le professeur Julian Murton de l’Université du Sussex repris par The Siberian Times.

Au cours des 200 000 dernières années, le climat terrestre a alterné de façon répétée entre des périodes « interglaciaires » relativement chaudes et des périodes «glaciaires» très froides durant lesquelles les glaces ont gagné du terrain. Mais l’histoire climatique de la Sibérie reste relativement méconnue. D’où l’intérêt du cratère de Batagaika.

Les couches de sédiments de Batagaika fournissent «un témoignage continu de l’histoire géologique, ce qui est assez inhabituel», a confirmé Julian Morton. «Ceci devrait permettre d’interpréter l’histoire climatique et environnementale de la région».

En reconstruisant ces changements passés, les chercheurs pensent aussi pouvoir mieux comprendre les changements futurs.

«Si nous pouvons comprendre à  quoi ressemblait l’écosystème à cette époque – ceci pourrait nous donner quelques soupçons sur la façon dont l’environnement pourrait changer aujourd’hui si le climat se réchauffe», a conclu le scientifique.

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La sécheresse frappe les forêts de la planète


Les arbres dans le monde ne croissent plus comme avant et n’absorbent donc pas autant de CO2. Le résultat pourrait être néfaste pour nous. Sècheresses et feux de forêt, sans compter le surplus d’insectes que l’on voit présentement, pourrait s’intensifier
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La sècheresse frappe les forêts de la planète

 

La chaleur et la sécheresse limitent la croissance... (PHOTO JOSH EDELSON, archives Agence France-Presse)

La chaleur et la sécheresse limitent la croissance des arbres.

PHOTO JOSH EDELSON, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

CHARLES CÔTÉ
La Presse

Vanté comme un fertilisant par les climatosceptiques, le gaz carbonique rejeté par milliards de tonnes dans l’atmosphère par les humains n’a pas l’effet escompté : à cause de la sécheresse, les arbres ne poussent pas plus vite et n’en absorbent pas plus.

C’est ce qui ressort de deux études publiées récemment, l’une sur la forêt boréale canadienne et l’autre sur l’ensemble des forêts du monde.

Certains scientifiques – et c’est aussi un des arguments des climatosceptiques – comptaient sur la capacité des plantes d’absorber plus de gaz carbonique, le principal gaz à effet de serre (GES).

Des expériences en vase clos laissaient croire que cela pourrait se produire.

En effet, le gaz carbonique, ou CO2, est le principal matériau de construction des arbres. Les feuilles le capturent grâce à la photosynthèse, conservent le carbone pour créer le bois et libèrent l’oxygène.

DEUX TABLEAUX

La question se pose donc : s’il y a plus de CO2 dans l’atmosphère, les arbres pourront-ils pousser plus vite ?

Malheureusement, ce n’est pas ce qui se passe dans les forêts. C’est plutôt la sécheresse qui domine. Et elle joue sur deux tableaux.

« La capacité des arbres de croître plus vite en présence de CO2n’est pas vraiment là », affirme Martin Girardin, chercheur scientifique au Service canadien des forêts et professeur associé à l’UQAM.

M. Girardin et son équipe ont étudié plus de 2800 échantillons de croissance d’arbres prélevés à partir de 2001 sur 598 parcelles forestières d’un bout à l’autre du Canada. La recherche a été publiée dans la revue Proceedings de l’Académie des sciences des États-Unis.

Résultat : en dépit d’un taux plus élevé de CO2, on n’observe aucune augmentation du taux de croissance entre 1950 et 2002. Et ce, même si au cours de cette période, le taux de CO2dans l’atmosphère est passé de 300 à 390 parties par million, une augmentation de 30 %.

L’explication : la chaleur et la sécheresse limitent la croissance des arbres.

«Dans l’Est du pays, on pense que les canicules affectent beaucoup les arbres. Dans l’Ouest, c’est plus clair que la disponibilité de l’eau est le facteur dominant.»

Martin Girardin

Donc, les arbres n’ont pas capté plus de carbone, à tout le moins au-dessus du sol. En effet, on ne dispose pas de données sur la croissance des racines, une lacune de cette étude, note Christian Messier, titulaire de la chaire CRSNG/Hydro-Québec, sur le contrôle de la croissance de l’arbre, à l’UQAM.

« On avait beaucoup espéré que l’augmentation du CO2 accélérerait la croissance, mais on voit que ce n’est pas le cas », résume M. Messier.

L’autre recherche va plus loin sur le plan de la compréhension du phénomène.

Car même si la croissance des arbres n’est pas stimulée par le CO2, les forêts mondiales ont, au net, absorbé plus de CO2 que prévu entre 1998 et 2012, période où le réchauffement climatique a ralenti.

ENCORE LA SÉCHERESSE

Mais ce n’est pas pour les raisons que les scientifiques espéraient.

C’est ce que conclut l’équipe menée par Ashley Ballantyne, de l’Université du Montana, dont la recherche est publiée cette semaine dans Nature Climate Change.

La raison ? Encore la sécheresse. En effet, s’il y a moins d’eau, il y a moins de décomposition dans le sol des forêts. Et la décomposition est principale source de CO2 des écosystèmes forestiers.

L’ennui, c’est que cette tendance pourrait bien être passagère, avec le réchauffement qui est revenu en force en 2015 et 2016, deux années de chaleur record.

« Alors que le réchauffement reprend, on s’attend à ce qu’une plus grande part du carbone terrestre retourne dans l’atmosphère », concluent les auteurs.

En effet, explique M. Messier, la méthodologie des deux recherches ne tient pas compte des incendies et des infestations, deux facteurs qui contribuent à renvoyer du carbone dans l’atmosphère.

« C’est sûr que les feux vont augmenter dans les écosystèmes, dit-il. C’est déjà commencé. Les insectes aussi. »

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La manipulation génétique des espèces s’active, la controverse aussi


Je comprends que par la manipulation génétique, on pourrait diminuer les pesticides, que cela pourrait résoudre certaines maladies autant qu’humaine qu’animale. Pourtant, même si les scientifiques sont asse dans ce domaine, nous ne pouvons voir à long terme l’effet sur l’environnement. Personnellement, je trouve cela très inquiétant quand on commence a vouloir irradié une espèce même si c’est un moustique
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La manipulation génétique des espèces s’active, la controverse aussi

 

Des souris OGM ne produisant que des mâles?... (Photo Francois Lenoir, archives REUTERS)

Des souris OGM ne produisant que des mâles? C’est l’un des projets étudiés. Sur cette photo, des activistes de Greenpeace dénoncent les manipulations génétiques.

PHOTO FRANCOIS LENOIR, ARCHIVES REUTERS

 

KERRY SHERIDAN
Agence France-Presse
HONOLULU

Des techniques scientifiques capables d’éradiquer une espèce entière ou d’empêcher des moustiques de transmettre une maladie se multiplient, soulevant inquiétudes et questions éthiques sur les risques de changer la nature parfois de manière irréversible.

Ce secteur en développement ultrarapide, qui consiste à bouleverser la biologie des êtres vivants en modifiant leur ADN, fait de plus en plus débat, sur ses promesses pour la santé humaine autant que sur ses conséquences sur la faune et la flore.

L’élément le plus controversé est sans doute le « forçage génétique », soit une modification de l’ADN transmissible entre générations. Ce qui a pour effet, à terme, d’altérer l’identité génétique d’une espèce entière.

Parmi les projets envisagés : l’introduction sur des îles de souris OGM ne produisant que des mâles, assurant ainsi l’extinction de ces rongeurs, ont indiqué des scientifiques au congrès de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), plus grande réunion des défenseurs de l’environnement qui se déroule du 1er au 10 septembre à Honolulu, à Hawaï.

Autre idée, pour sauver des oiseaux de l’archipel hawaïen menacés par le paludisme aviaire : libérer des moustiques ne pouvant être porteurs de cette maladie.

Le moustique Oxitec, développé par Intrexon, n’est pas un forçage génétique, mais il a pour effet de réduire la population de ces insectes. Les mâles ont en effet été modifiés pour que leur progéniture n’atteigne pas l’âge adulte.

Moins de pesticides

Les partisans de la modification génétique transmissible — également appelée système d’entraînement des gènes — mettent en avant le fait qu’elle permettrait de se passer de pesticides polluants, et qu’elle fournirait le meilleur moyen de lutter contre les espèces invasives.

Mais ses pourfendeurs en craignent les conséquences et l’impact probablement irréversibles sur les créatures et les écosystèmes.

Kevin Esvelt, professeur assistant au prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT), fait partie des premiers scientifiques à proposer d’utiliser l’édition génétique, ou CRISPR, pour modifier des espèces. Mais il est aussi l’un des plus prudents au sujet de son utilisation.

« En tant que scientifique ayant travaillé dessus, je suis particulièrement préoccupé parce que nous, les scientifiques, sommes au bout du compte moralement responsables de toutes les conséquences de notre travail », a-t-il affirmé lors d’une table-ronde à l’UICN.

« Il devrait être interdit à quiconque de fabriquer en laboratoire un gène transmissible ou une quelconque technologie visant à altérer l’environnement commun sans avoir préalablement et publiquement fait part de son projet », a-t-il préconisé. « Si quelque chose tourne mal dans le laboratoire, cela peut affecter les gens à l’extérieur du laboratoire ».

Il a déploré le fait que les populations « n’ont pas la possibilité de s’exprimer sur une décision qui peut avoir un effet sur elles », et que la réglementation actuelle « n’est vraiment pas assez stricte ».

À ses côtés, d’autres intervenants ont plaidé pour une action rapide lorsqu’il s’agit de sauver des espèces en péril.

« L’une des choses les plus effrayantes à travailler dans la conservation à Hawaï est qu’il n’y a pas de solution pour sauver ces oiseaux de la malaria », a confié Chris Farmer, directeur du programme American Bird Conservancy d’Hawaï.

Trente-huit espèces d’oiseaux forestiers de l’archipel américain ont disparu, en grande partie à cause de la malaria aviaire, et 21 des 32 espèces restantes sont menacées, selon les experts.

En n’explorant pas ces nouvelles technologies, « nous choisissons de laisser ces espèces s’éteindre », a prévenu M. Farmer.

Gènes génocidaires

Pour Floyd Reed, un scientifique de l’université d’Hawaï travaillant sur un projet pour modifier le moustique Culex véhiculant la malaria aviaire, le forçage génétique peut avoir plusieurs visages.

Certains pouvant en théorie changer l’ADN d’une espèce entière à partir de quelques individus « devraient être considérés avec une prudence extrême ».

« Et il y a d’autres sortes de modifications génétiques de populations qui sont plus sûres, géographiquement limitées par elles-mêmes et réversibles », a-t-il assuré.

Les membres de l’UICN ont adopté une disposition visant « à ne pas soutenir ou promouvoir une étude scientifique, y compris des essais sur le terrain, portant sur le forçage génétique à des fins de conservation ou d’autres objectifs » jusqu’à la finalisation d’ici 2020 d’une évaluation rapide.

Mais cette disposition est non contraignante.

La primatologue Jane Goodall et des dizaines de protecteurs de l’environnement et de scientifiques ont signé cette semaine une lettre ouverte dans laquelle ils s’inquiètent de la modification génétique transmissible dans les domaines militaire, agricole et de la conservation.

Cette lettre appelle à l’arrêt de tous les projets en la matière « étant donné les dangers évidents de libérer des gènes irrémédiablement génocidaires dans la nature ».

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