Le Saviez-Vous ► Médecine: de l’horreur à la menace


Il fut un temps que les maladies infectieuses, les épidémies, des maladies n’avaient pas de moyen pour l’enrayer et beaucoup trop de victimes y succombaient, comme diabète avant l’insuline, les gens souffraient le martyre à cause des infections et la putréfaction des plaies, ou encore la diphtérie avant le vaccin qui était transmissible d’un humain à un autre, ne sont que des exemples. Grâce à la recherche, beaucoup de maladies et infections possiblement mortelles sont maintenant évité par des médicaments ou des vaccins. Aujourd’hui, certaines maladies reviennent à cause des campagnes d’anti-vaccins. Malheureusement, ces personnes mettent leur vie et la vie des autres en danger.
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Médecine: de l’horreur à la menace

En réalité, il existera toujours deux facteurs qui feront pencher l'équilibre de la maladie et de la santé dans un sens ou dans l'autre. La beauté de l'histoire est que nous avons le contrôle sur l'un et l'autre de ces facteurs.

En réalité, il existera toujours deux facteurs qui feront pencher l’équilibre de la maladie et de la santé dans un sens ou dans l’autre. La beauté de l’histoire est que nous avons le contrôle sur l’un et l’autre de ces facteurs.

D-KEINE VIA GETTY IMAGES


Nous pouvons tous constater le recul des maladies mortelles et des épidémies qui décimaient des populations entières. Mais la partie n’est pas gagnée pour autant.

  • Jacques Beaulieu Communicateur scientifique

Voici des situations auxquelles les gens étaient trop souvent confrontés et qui n’existent plus de nos jours.

Une odeur de mort dans toute la maison

Le grand-père était couché dans son lit. Tout le monde savait qu’il n’en avait plus pour bien longtemps à vivre. Donc, inutile d’appeler le médecin ou encore de l’amener à l’hôpital. De toute façon, personne dans la famille n’aurait eu les moyens financiers pour payer le docteur et, encore moins, l’hôpital.

Alors on laissait grand-père s’éteindre lentement, trop lentement, de son diabète. Hier, son gros orteil s’était détaché de lui-même, complètement rongé par la gangrène. Sa jambe était bleuâtre et l’odeur infecte de viande pourrie embaumait la maison. En après-midi, monsieur le curé était passé et l’encens qu’il avait apporté réussissait à peine à camoufler cette odeur.

Ce tableau était fréquent avant que l’insuline ne fut découverte.

Brûlée vive ou dangerosité?

Toute la ville était aux abois. Une nouvelle épidémie faisait rage dans tout le pays et les premiers cas venaient d’apparaître dans la ville. Mais l’horreur atteint son comble quand Violette, la cadette de sept ans, présenta les premiers signes de la maladie.

Deux solutions s’offraient alors. Ou bien on laissait aller la maladie, alors la fillette vivrait quelque temps. Mais cette solution impliquait que durant sa brève existence, elle infecterait plusieurs autres personnes de son entourage. L’autre solution consistait à plonger la jeune enfant dans un bassin d’huile chaude.

Si elle en survivait, elle serait complètement défigurée pour toute sa vie, mais ne pourrait plus contaminer personne. Imaginez-vous, si vous l’osez, être la mère ou le père de Violette. Quelle décision prendrez-vous ?

Ce tableau était fréquent avant l’arrivée du premier vaccin.

Un père meurt après avoir été mordu par son fils de 4 ans

Nous sommes en 1620. La diphtérie est alors une maladie relativement fréquente et… mortelle. Infectées, les muqueuses de la gorge s’épaississent et finissent par obstruer complètement le passage de l’air dans les poumons.

Le patient aura beau vouloir inspirer ou expirer de l’air de toutes ses forces, plus rien ne passe. La mort par suffocation a alors lieu dans les minutes qui suivent l’obstruction complète. Le père voyant son fils souffrir ainsi et étant sur le point d’agoniser, il plongea sa main dans la bouche du petit et tenta d’enlever ce qui bloquait le passage de l’air.

Le fils, par réflexe, referma violemment sa bouche et mordit la main de son père jusqu’au sang. Quelques jours plus tard, le père développa aussi la diphtérie et, comme son fils, en mourut. Louis Mercado, médecin privé du roi d’Espagne Philippe III, en fut témoin et fut le premier à constater la nature transmissible de cette horrible maladie.

Bien sûr, les vaccins n’avaient pas encore été découverts.

Oui, mais

Nous pouvons tous constater le recul des maladies mortelles et des épidémies qui décimaient des populations entières. Et il est tout à fait normal et même louable de s’en féliciter. Mais la partie n’est pas gagnée pour autant.

En réalité, il existera toujours deux facteurs qui feront pencher l’équilibre de la maladie et de la santé dans un sens ou dans l’autre. La beauté de l’histoire est que nous avons le contrôle sur l’un et l’autre de ces facteurs.

Premier facteur: le patient

Le public a un rôle primordial à jouer en santé publique. S’il n’adopte pas un mode de vie sain et ne respecte pas les normes d’hygiène minimales requises, il forcera la balance à pencher du côté de la maladie. Les campagnes anti-vaccination ainsi que les doutes colportés contre les médicaments en général contribuent aussi à faire pencher la balance du côté de la maladie.

Quand une personne refuse de se protéger en se faisant vacciner ou en faisant vacciner ses enfants, elle met non seulement en jeu sa vie et celles de ses proches, mais représente une menace en santé publique. Il n’est pas normal qu’alors que des vaccins existent et sont disponibles certaines personnes refusent de faire vacciner leurs enfants. La résurgence de foyers épidémiques de rougeole, comme on le voit présentement, n’a aucune raison d’être acceptée.

La vaccination a éliminé complètement la variole de la surface de la Terre. Elle aurait pu, si tous les pays l’avaient adoptée, éliminer une autre maladie grave: la poliomyélite. Quant à la tuberculose, elle ne sévit qu’à des endroits où la promiscuité est grande et les mesures d’hygiène déficientes.

Quand le patient deviendra réellement un partenaire de sa santé, non seulement il favorisera sa propre santé, mais aussi il contribuera à l’amélioration de la santé publique.

Deuxième facteur: la recherche

La recherche demeure la seule garantie de pouvoir lutter efficacement contre les maladies présentes et futures. Ainsi, les antibiotiques ont longtemps été, et sont encore très efficaces contre les maladies infectieuses.

Mais les bactéries ne lâchent pas si facilement prise. Avec le temps, certaines bactéries peuvent développer des résistances aux antibiotiques. Qui plus est, on a découvert que ces bactéries résistantes peuvent partager leur «savoir-faire» avec d’autres bactéries augmentant ainsi les foyers de résistance.

Dans un article paru il y a quelques semaines, le Journal de Montréal rapportait que depuis cinq ans, 197 Québécois sont morts après avoir été infectés par l’une des bactéries résistantes surveillées par le ministère de la Santé (MSSS). Ce fléau pourrait devenir plus meurtrier que le cancer d’ici 2050.

Dans cette guerre sans fin entre l’homme et les microbes, notre seule arme efficace est la recherche scientifique. Elle vise deux objectifs: mieux connaître l’univers des microbes pour mieux se prévenir (recherche fondamentale) et développer de nouvelles armes (recherche appliquée et clinique) pour lutter contre les infections et les autres maladies.

S’asseoir sur ses lauriers et se contenter de bénéficier des avancées existantes n’est pas une option. Pour contrer les menaces, il faut encourager de toutes les façons possibles la recherche fondamentale et la recherche clinique en soutenant le mieux possible les médicaments novateurs.

En résumé, les deux clefs du succès: motiver le patient à devenir réellement partenaire de sa santé et favoriser la recherche et l’émergence de nouveaux médicaments.

https://quebec.huffingtonpost.ca/

Le Saviez-Vous ► La diphtérie : de garottillo à Balto


Une maladie qui longtemps n’avait pas de remède, la diphtérie a causé la mort de beaucoup d’enfants et aussi des adultes. Aujourd’hui, ily a un vaccin et l’histoire de Balto, ce chien de traîneau est rentré dans l’histoire grâce a sa ténacité d’aller porter le sérum en Alaska. Il y a encore des cas surgissant ici et là, à cause de l’absence de la vaccination
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La diphtérie : de garottillo à Balto

 

 

Jacques Beaulieu

Chroniqueur et communicateur scientifique


 

Le premier est espagnol, le second, américain. Ces deux termes n’ont aucun lien entre eux si ce n’est une des maladies les plus meurtrières de l’histoire humaine : la diphtérie. Jusqu’à la fin du XIXème siècle, elle formait la plus grande cause de mortalité infantile. Et comme bien des maladies, elle semble aussi vieille que l’homme. Mais, comme le terme actuel diphtérie n’a fait son apparition qu’il y a à peine quelque deux cents ans, ses manifestations historiques sont plus difficiles à cerner.

L’Antiquité

Six siècles avant notre ère, le médecin indien D’havantare décrit les symptômes d’une maladie mortelle que l’on pourrait traduire par : maladie de la gorge fermée.

Il s’agit : « d’une affection dans laquelle se produit, par suite d’une augmentation de la lymphe du sang, un gonflement de la gorge caractérisé par de l’angoisse et de la douleur et qui, détruisant les organes, devient incurable en obstruant les canaux aériens. » (traduit librement du livre de Joseph O’Dwyer, M.D., Acute and Chronic Forms of Stenosis of the Larynx, New York, William and Wood Company, 1889).

 Plusieurs siècles plus tard, au début de notre ère, Arétée de Cappadoce parlait d’une maladie semblable qu’il nomme : ulcère syriac ou mal égyptien faisant ainsi référence à une épidémie de la maladie qui courrait alors en Égypte et en Syrie. Gatien (IIIème siècle après J.-C.) parlera d’expectoration membraneuse.

Le Moyen-Âge et la Renaissance

L’historien Baronius cite des épidémies qui auraient sévi à Rome en 856 et en 1004. En 1576, Baillou, un médecin français, cite ainsi un chirurgien qui aurait ouvert un patient mort de cette maladie :

«Le chirurgien affirme avoir ouvert le cadavre d’un homme enlevé par cette dyspnée et par une maladie inconnue. Il trouva une humeur épaisse et résistante tendue comme une membrane dans le larynx, devant l’orifice de la trachée, de telle façon que l’air extérieur ne pouvait ni entrer ni sortir librement et qu’elle avait causé une suffocation soudaine.» (Édouard Delthil, Traité de la diphtérie, sa nature microbienne, son origine ornithologique probable, Paris 1891).

La maladie portait alors plusieurs noms : angine pestilentielle, morbus strangulatorius, angine couenneuse, etc.

Du terme garrotillo

En Espagne, on l’appelait la garrotillo en référence au garrot qu’utilisait le bourreau lors d’exécution par strangulation des criminels condamnés.

Les dix-septième et dix-huitième siècles

Alors qu’à cette époque, diverses potions à base d’arsenic ou de zinc ainsi que la trachéotomie étaient les seules thérapies recommandées, arriva Louis Mercado, médecin privé du roi d’Espagne Philippe III. Il avait remarqué qu’un enfant atteint de la maladie l’avait transmise à son père en le mordant alors que celui-ci lui retirait des matières obstruant sa gorge. L’origine transmissible de la maladie était pour la première fois soulignée. Nous sommes alors en 1620.

La première vraie description de la diphtérie est attribuée au médecin français Pierre Fidèle Bretonneau. Dans son livre intitulé : Des inflammations spéciales du tissu muqueux, et en particulier de la diphtérite paru à Paris en 1826, il établit les distinctions entre la maladie qu’il nomma alors la diphtérite et les trois autres types d’angines : les angines banales, les angines couenneuses et les angines scarlatineuses. Conscient de l’origine microbienne de la diphtérie, il ne put malheureusement jamais le prouver, le microscope n’étant pas encore inventé.

Le dix-neuvième siècle

Comme bien des sciences de la vie, la microbiologie est alors en plein essor. Ainsi la bactérie qui cause la diphtérie est identifiée par Theodor Klebs en 1883 et isolée un an plus tard par Friedrich Löffler. Elle portera le nom de Corynebacterium diphteriae ou bacille de Löffler-Klebs. Löffler avait pressenti que la bactérie n’était pas directement en cause, mais que la maladie serait plutôt le résultat d’une toxine émise par celle-ci. Deux autres noms célèbres vont corroborer cette hypothèse. En effet les travaux d’Alexandre Yersin, découvreur du bacille de la peste (Yersinia pestis) et Émile Roux, cofondateur de l’Institut Pasteur, réussiront avec leurs collaborateurs une sérothérapie curative qui fera chuter la létalité de la diphtérie de 40% à 2%. Un grand pas venait d’être franchi dans la lutte contre cette maladie. Nous sommes alors en 1894. Au même moment, de l’autre côté de l’Atlantique, au New York City Department of Health’s diagnostic laboratory, le premier laboratoire municipal aux États-Unis, la docteure Anna Wessels Williams et son associé, William H. Park réussirent à partir d’une souche spécifique de la diphtérie (qu’on appelle encore de nos jours la souche Park-William) à produire une antitoxine 500 fois plus efficace ce qui permit de diminuer d’autant les coûts de production.

Les premiers vaccins

En 1913, le médecin allemand Emil Adolf von Behring, un proche collaborateur du très connu Robert Koch (découvreur du bacille responsable de la tuberculose), met au point un premier vaccin formé d’un mélange de toxine et d’antitoxine de la diphtérie. Le vaccin s’avère très efficace en laboratoire, mais, malheureusement totalement inefficace chez les humains. À l’époque deux théories s’affrontaient pour expliquer les défenses naturelles contre les agents infectieux : la théorie cellulaire et la théorie humorale. Grâce à ses travaux, Behring avait accordé ses lettres de noblesse à cette dernière ce qui lui valut un prix Nobel de la physiologie dès 1901. C’est à un vétérinaire et biologiste français que reviendra la paternité du premier vaccin efficace contre la diphtérie. En 1923, Gaston Ramon découvre qu’en mélangeant la toxine diphtérique avec un peu de formol il obtient un produit très efficace qu’il nomme anatoxine diphtérique et qui sera finalement utilisé avec succès comme vaccin.

Des résultats rapides

L’effet des vaccinations ne tarda pas à se faire sentir. Ainsi au Canada la vaccination de masse a débuté dès 1930. Alors qu’en 1924, il y avait eu 9 000 cas de diphtérie de signalés, une vingtaine d’années plus tard, on ne comptait guère plus de 5 cas de répertoriés. En 2011, un seul cas pour tout le pays fut recensé.

Du terme Balto

En 1925, dans un petit village d’Alaska surgit une épidémie de diphtérie. Les habitants de Nome avaient désespérément besoin du sérum antidiphtérique pour sauver leurs enfants. Après avoir envoyé des télégrammes à toutes les villes et villages des alentours, on apprend que le sérum serait disponible à Anchorage situé à plus de 1600 kilomètres de Nome. Une tempête empêche tout avion de décoller et il fut décidé d’utiliser des traineaux tirés par des chiens pour effectuer l’aller-retour. C’est grâce à un de ces attelages que l’on put sauver bien des vies dans le village. Celui-ci était dirigé par le maître-chien Gunnar Kaasen dont l’équipage de chiens Husky avait comme chien de tête, Balto qui devint instantanément un héros national. À Central Park, à New York, une sculpture en bronze fut érigée à l’image de Balto avec ces mots gravés : Endurance – Fidélité – Intelligence. Son histoire fut l’objet d’un dessin animé qui fit fureur partout aux USA. Et lorsque le vrai Balto décéda en 1933, ses restes furent empaillés et cédés au Musée d’histoire naturelle de Cleveland. Depuis 1973, une course annuelle de traineaux à chiens à lieu reprenant l’itinéraire de Balto, c’est la course Iditarod.

C’est ainsi que le vingtième siècle vit la fin des épidémies dévastatrices de la diphtérie. Enfin presque… Puisqu’en 1974, sur la Côte-Nord du Saint-Laurent, une épidémie de diphtérie toucha une douzaine de patients pour la grande majorité de jeunes travailleurs forestiers. Les trois premiers atteints en moururent. L’épidémie se déclara le 5 septembre et était complètement subjuguée à la fin du mois d’octobre. Une intervention rapide et efficace de la santé publique avait sauvé la situation. Plus loin de nous, en 1995 une autre épidémie éclata en Russie et en Roumanie et fut aussi contrée. Finalement, en 2011 au village de Kimba en Nigérie, 13 enfants décédaient d’une étrange maladie. Il s’agissait en réalité de la diphtérie. Plus d’une centaine de cas y furent identifiés dont vingt-quatre en moururent. Une absence de vaccination et un retard à se faire soigner furent les responsables de cette épidémie.

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Vaccins : pourquoi les théories des anti sur Internet ont autant de succès


C’est le même constat en Amérique. J’ai d’ailleurs eu connaissance de personnes qui me disaient qu’ils ne voulaient pas faire vacciner leurs enfants à cause des effets secondaires, mais aussi que certaines des maladies visées avaient disparu. Pourtant sans vaccins, ces maladies reviennent
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Vaccins : pourquoi les théories des anti sur Internet ont autant de succès

La mouvance anti-vaccins prend de l'ampleur en France. © Creative Commons

La mouvance anti-vaccins prend de l’ampleur en France. © Creative Commons

Par Lise Loumé

La mouvance anti-vaccins s’est propagée en France et dans le monde par le biais d’Internet. Pourquoi de nombreuses personnes adhèrent à ses théories ? Décryptage.

Se protéger soi-même et protéger les autres : voilà toute l’importance de la vaccination, sujet majeur de santé publique dont Sciences et Avenir a consacré son dossier du numéro de décembre 2015

Un rappel important à un moment où le vaccin est plus que jamais victime de son succès. Il a permis d’éradiquer totalement la variole. La poliomyélite, la diphtérie, le tétanos ne sont plus que des souvenirs dans les pays développés.

« Et justement, parce que ces maladies ont disparu, des citoyens des pays développés finissent par ne considérer que les effets secondaires et les risques éventuels que peut comporter la vaccination, comme tout produit de santé », analyse Serge Montero, président du comité Vaccins du Leem (Les Entreprises du Médicament) lors d’une table-ronde sur le sujet organisé le 10 décembre 2015 à Paris.

« Paradoxalement, alors que la population occidentale implore les scientifiques de trouver un vaccin contre le Sida et Ebola, deux maladies qui ont causé la mort de millions d’individus pour la première, de milliers pour la deuxième, et ce en majorité dans les pays les plus pauvres, elle a tendance à décrier les vaccins qui sont à sa disposition ».

70 % des sites et blogs remettent en cause des faits scientifiquement démontrés

Car la mouvance anti-vaccins est très présente en France.

« Si 9 % de la population était méfiante envers les vaccins au début des années 2000, cette proportion est montée à… 40 % dans les années 2010 ! », explique Gérald Bronner, sociologue et professeur à l’Université Paris-Diderot.

Malgré ce que laissent penser ces chiffres, la mouvance n’est pas née avec Internet.

« Elle est en fait apparue en même temps que les vaccins eux-mêmes ! », précise le spécialiste.

Dès la fin du 19e siècle donc. « Mais les argumentaires anti-vaccins sont longtemps restés cantonnés à des milieux de radicalité, et ne gagnaient pas l’espace public ».

C’est donc bien Internet qui a permis une large propagation de ces idées.

« Le Web est un marché dérégulé dans lequel ceux qui ont le plus de temps et les plus engagés – les militants, croyants, et « lanceurs d’alerte » autoproclamés – sont ceux qui occupent le plus d’espace », analyse-t-il.

L’Hexagone, comme les autres pays européens, compte un peu moins de 5 % d’anti-vaccins. Pourtant, le nombre de sites et de blogs français contestant la vaccination  est majoritaire sur le sujet.

« De manière générale, 70 % des sites et blogs présents sur la Toile diffusent des contenus qui s’apparentent à des croyances et remettent en cause des faits scientifiquement démontrés, explique-t-il. Dès qu’une personne effectue des recherches sur la dangerosité potentielle des vaccins sur Internet, elle tombe facilement sur ces sites, dont les sources ne sont souvent ni vérifiées ni datées ».

Tomber sur ces sites est une chose, adhérer à leur contenu en est une autre. Pourquoi parviennent-ils à convaincre autant de monde ?

« Ces théories fonctionnent sur de nombreux individus parce qu’elles favorisent ce que les sociologues appellent la « démagogie cognitive » : elles agissent sur le fonctionnement « ordinaire » du cerveau », qui comporte de nombreux biais : par exemple, notre cerveau surévalue par un facteur 10 ou 15 les plus faibles probabilités, ce qui fait que nous surévaluons le risque par rapport au bénéfice apporté », explique Gérald Bronner. « Autre exemple de biais : nous concevons davantage les conséquences de nos actions plutôt que de nos inactions.

 Selon lui, ce biais permet notamment d’expliquer pourquoi des parents anti-vaccin ne se soucient pas suffisamment des conséquences de leur inaction, c’est-à-dire de n’avoir pas fait vacciner leur enfant. Sans oublier que les amateurs d’informations un tant soit peu indécis ont plutôt tendance à rechercher des informations qui confirmeront leurs premières opinions et à éviter la confrontation à d’autres idées.

Sortons du démagogisme et de l’idéologie organisés par le Web »

Alors comment redonner confiance dans la vaccination ?

« Sortons du démagogisme et de l’idéologie organisés par le Web et apprenons à rétablir le centre de gravité de nos opinions scientifiques dans une appréciation raisonnable et raisonnée des risques et des bénéfices des progrès scientifiques et technologiques », résume le sociologue.

 Ce qui, selon Serge Montero, passe par davantage d’informations fiables et sourcées provenant des scientifiques et des médecins sur la Toile, afin de ne plus laisser le champ libre aux théories non fondées sur les vaccins.

« Précisons que même si Internet est une source majeure d’informations pour se faire une opinion sur les vaccins, elle arrive après le médecin traitant et l’avis des proches », conclut Marie-Aliette Dommergues, pédiatre et infectiologue du Centre hospitalier de Versailles.

http://www.sciencesetavenir.fr/