Au tribunal, l’interprétation des émojis n’est pas une mince affaire


Il faut être prudent avec les émojis et les émoticônes, car cela peut nous amener au tribunal. Bien que ces textes imagés peuvent avoir plusieurs interprétations dépendant qui le reçoit et dans quel contexte, il peut s’avérer que les émojis soient des preuves en cas de harcèlement sexuel, diffamation ou même de menace. Dans certains documents numériques ou contrats certains vont aussi employé des émojis, mais personnellement, je trouve que ce n’est pas leur place
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Au tribunal, l’interprétation des émojis n’est pas une mince affaire

Les affaires de diffamation comportant des émojis ressembleraient de très près à leurs homologues sans émojis. | Bernard Hermant via Unsplash

Les affaires de diffamation comportant des émojis ressembleraient de très près à leurs homologues sans émojis. | Bernard Hermant via Unsplash

Stephen Harrison— Traduit par Bérengère Viennot

En 2019, des dizaines d’émojis ont fait leur apparition dans des contextes judiciaires. Petit tour d’horizon de la manière dont ils ont été utilisés.

La couverture par les médias de l’arrivée d’émojis dans les tribunaux laisse penser que nous devrions tous et toutes faire cette tête-là: .

«Peut-on aller en prison pour avoir utilisé un émoji?» s’interroge Fox News. «Les émojis font leur apparition à la barre de façon exponentielle, et les tribunaux n’y sont pas préparés» avance the Verge. Quant à CNN, il a prévenu que «les tribunaux ont le plus grand mal à évaluer la valeur de preuve qu’apportent les nuances des émojis».

Le nombre d’affaires signalées impliquant des émojis ou des émoticônes servant de preuves a augmenté de plus de 50% cette dernière année aux États-Unis, passant de 33 en 2017 à 53 en 2018, selon Eric Goldman, professeur de droit à Santa Clara. Lorsqu’il a commencé à compter, en 2004, il n’a découvert qu’un seul cas. En 2019, ce chiffre pourrait avoir dépassé la centaine.

Cette invasion de nos tribunaux obéit à une certaine logique. Les émojis et leurs prédécesseurs, les émoticônes, servent à donner un ton et une personnalité à du texte, fonctionnalité qui s’est avérée extrêmement populaire. 92% de la population connectée utilisent des émojis, et au moins 2.300 milliards de messages de téléphones portables incluent des émojis chaque année selon les chiffres de 2016. Rien d’étonnant qu’un certain pourcentage de ces communications se retrouve dans des procès.

Mais le fait que les émojis apparaissent à la barre doit-il nous rendre aussi paranoïaques que le suggèrent la plupart des journaux? Les cours de justice elles-mêmes ne savent pas encore trop quoi en faire pour le moment. Que communiquent les émojis, et est-ce que l’intention de la personne qui en envoie correspond à l’interprétation de la personne qui en reçoit? Les émojis sont-ils un mode d’expression, et à ce titre, doivent-ils être protégés?

À mesure qu’ils apparaissent dans toutes sortes d’affaires, ils posent ces questions essentielles en matière de langage et de communication –sans oublier l’importance de l’habileté numérique, même dans les plus hautes juridictions.

Affaires criminelles

Les émojis sont souvent considérés comme des symboles mignons, rigolos et fantaisistes. Mais les affaires qui les associent à des menaces de violences ne sont rien de tout cela –et malheureusement, il en existe beaucoup.

En France, un tribunal a condamné un homme de 22 ans à trois mois de prison pour avoir envoyé un émoji de pistolet par texto à son ex-petite amie, considéré comme une «menace réelle» par la cour. Aux États-Unis, les procureurs d’une affaire de meurtre dans le Massachusetts ont argumenté avec succès que l’usage par l’accusé d’un émoji avec des croix à la place des yeux, associé au nom de la victime, suggérait un homicide prémédité et non une mort accidentelle comme le plaidait l’accusé.

Dans les affaires criminelles, la question des preuves acceptables par le tribunal se pose souvent. Le principe directeur est que la preuve n’est acceptable que si elle est pertinente, ce qui signifie qu’elle participe à prouver ou à réfuter un élément de l’affaire; l’intention criminelle, par exemple.

Si quelqu’un vous envoie les émojis suivants, dans cet ordre: , alors ils peuvent être interprétés comme une expression de l’intention criminelle de vous agresser et de vous envoyer à l’hôpital (pour ne pas que vous pensiez que c’est un exemple caricatural, il s’agit de l’exact message envoyé par deux hommes placés en garde à vue à la suite d’accusations de harcèlement en Caroline du Sud).

La question du mobile apparaît souvent dans les affaires criminelles, qu’elles impliquent des émojis ou pas. Mais dans ces cas de figure, il y a un hic, qui les distingue des autres: la manière dont un émoji est affiché par une plateforme peut changer tout le sens du message. Prenons un scénario hypothétique où l’utilisateur tape le message , disons pour exprimer qu’une ambulance est en chemin pour aider quelqu’un qui s’est blessé à la main. Dans ce cas imaginaire, le téléphone du destinataire inverse le dessin du doigt, qui devient pointé vers l’ambulance. Comme dans l’affaire de Caroline du Sud, le message est désormais interprété comme une menace criminelle.

La raison pour laquelle l’émoji pourrait théoriquement être inversé est que des plateformes comme celles d’Apple, Google et Microsoft ont le droit d’afficher différents émojis comme bon leur semble. En outre, Unicode ne peut obliger les plateformes à afficher les émojis de la même façon. Par conséquent, l’expéditeur et le destinataire voient des messages différents sans le savoir.

Si cette hypothétique méprise se retrouvait devant les tribunaux, la cour ne devrait pas seulement considérer le texto tel qu’il a été reçu mais également les preuves de ces différences entre les plateformes.

Mais comme l’écrit Goldman, ce type de situation nécessite que des recherches soient faites pour déterminer à quoi ressemblaient les émojis à l’époque où ils ont été envoyés.

En d’autres mots, à la fois les juges et les avocats doivent être mis au courant de la manière dont l’environnement technologique affecte l’interprétation des émojis.

Harcèlement sexuel

Aujourd’hui, l’usage à caractère sexuel des émojis aubergine, pêche et gouttelettes de sueur est devenu monnaie courante, en tout cas dans la culture occidentale

«Quand votre patron se met à vous envoyer des “aubergines” et des “pêches” par texto, un (mauvais) juge pourrait penser qu’il est seulement en train de suggérer une recette, mais vous, vous savez exactement ce dont il s’agit» écrit Elie Mystal pour le site Above the Law.

L’émoji en forme de trace de rouge à lèvre est devenu une pomme de discorde dans une affaire d’accusation de harcèlement sexuel en Californie, raconte le Wall Street Journal. Un homme d’une quarantaine d’années aurait envoyé des textos suggestifs à une potentielle employée. La femme aurait répondu à l’un de ces messages par une marque de rouge à lèvres, ce qui a soulevé la question de savoir si ce baiser signifiait qu’elle accueillait favorablement ses avances, question centrale lorsqu’une affaire de harcèlement sexuel est portée devant la justice.

Dans certains cas, les juges décident d’écarter les émojis des preuves et se contentent de lire la retranscription du texto au jury. Mais selon Goldman, ce n’est pas la bonne approche. Tout le sens d’un texto peut changer lorsqu’une phrase est ponctuée, par exemple, par un smiley qui fait un clin d’œil. Omettre les émojis empêche les juré·es de prendre une décision éclairée au sujet de ce que les messages mis en cause signifient en contexte.

Diffamation

La décision d’un tribunal britannique dans l’affaire McAlpine v. Bercow en 2013 pourrait un jour être considérée comme le précédent fondateur au Royaume-Uni pour savoir si un émoji engage la responsabilité dans un cas de diffamation sur les réseaux sociaux. Voici un petit aperçu de la chose pour celles et ceux qui n’ont pas passé le barreau: la diffamation consiste à faire une fausse déclaration qui porte atteinte à la réputation de quelqu’un. Si cette déclaration est faite à l’écrit et qu’elle est publiée, le droit anglo-saxon la qualifie de «libel». Si elle est orale, elle est appelée «slander».

L’affaire de diffamation Bercow impliquait un homme politique reconnu, Lord Alistair McAlpine, et une personnalité politique populaire, Sally Bercow. En 2012, la BBC a expliqué que l’un des agresseurs, dans une récente affaire de pédocriminalité, était un «éminent homme politique conservateur des années Thatcher».

La BBC n’avait pas explicitement nommé McAlpine mais sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes ont publié des posts sur lui en relation avec cette histoire, faisant émerger son nom dans les tendances sur Facebook et Twitter. C’est alors que Bercow a publié ce tweet, à l’intention de ses plus de 56.000 followers:

«Pourquoi Lord McAlpine est-il soudain tendance? *visage innocent*».

Note: Les mots «*visage innocent*» n’étaient pas un véritable émoji. Mais la cour n’en a pas moins déduit que les utilisateurs et utilisatrices de Twitter étaient susceptibles d’interpréter ces mots «comme une indication scénique, ou une émoticône»en d’autres termes, comme un émoji. Finalement, le tribunal a jugé que l’expression «*visage innocent* était dénué de sincérité et ironique» et participait de la diffamation. Le tribunal s’est prononcé contre Bercow, ce qui a conduit à un aveu de culpabilité de sa part et lui a coûté plus de 20.000 dollars.

Même si l’Angleterre et les États-Unis n’ont pas les mêmes critères juridiques en matière de diffamation, Nicole Pelletier, étudiante en droit, avance qu’un tribunal américain pourrait tout à fait décider qu’un émoji engage la responsabilité dans le cadre d’une affaire de diffamation s’il estime que l’émoji en question signale une implication factuelle.

En d’autres termes, les affaires de diffamation comportant des émojis ressembleraient de très près à leurs homologues sans émojis, en influençant la manière dont le public interprète la déclaration.

Contrats

Les émojis et les émoticônes n’ont pas encore joué de rôle significatif dans des affaires américaines concernant des contrats. Mais un certain jugement israélien de 2017 a de bonnes chances de faire figure d’exemple dans des articles de droit universitaires ou dans d’autres cas. L’affaire concernait un candidat à la location qui répondait à un bailleur par le biais d’un texto (les explications des émojis ont été rajoutées) :

Bonjour [smiley joyeux, aux yeux qui sourient] L’appartement m’intéresse [femme qui danse] [personnes arborant des oreilles de lapin] [comète] [bouteille de champagne qui s’ouvre]… il faut juste discuter des détails… Quel moment vous irait?

Sur la base de ce message, le bailleur a retiré l’appartement du marché. Peu après, les candidats à la location ont cessé de répondre à ses messages. Et ils ont loué un autre logement.

Le tribunal israélien n’a pas jugé que le texto avait créé un contrat liant les parties. Mais en Israël, un texte de loi exige que les parties agissent de bonne foi et le tribunal a accordé 2.200 dollars au bailleur en se basant sur le principe que les candidats à la location avaient fait preuve de mauvaise foi.

Plus particulièrement, le juge a déclaré que «les symboles envoyés […] communiquaient un grand optimisme» et que le message conduisait naturellement le bailleur à se fier au désir de l’accusé de louer son appartement.

De futures affaires impliquant des contrats et des émojis dans les systèmes de common law se tourneront sans doute vers le principe légal ancestral selon lequel, pour qu’un contrat soit formé, il faut qu’il y ait eu accord des volontés. Si deux parties qui négocient s’envoient l’image d’un pouce dressé après avoir discuté des termes d’un contrat, c’est sans doute qu’elles sont parvenues à un accord (en tout cas aux États-Unis).

Encore une fois, d’autres émojis sont plus ambigus, surtout entre différentes cultures mais même parfois à l’intérieur. Une étude révèle qu’environ 25% du temps, les gens ne sont pas d’accord sur la connotation positive ou négative d’un même émoji. L’ambiguïté est dangereuse dans des discussions contractuelles, ce qui explique pourquoi le barreau de la Caroline, la South Carolina Bar Association, a expressément rappelé à ses membres en mars que les émojis «ne devaient pas être utilisés dans des textes juridiques ou dans des communications commerciales».

Premier amendement et liberté d’expression

La Cour suprême des États-Unis a longtemps soutenu que l’idée «d’expression», telle qu’elle est évoquée dans le premier amendement de la constitution américaine, ne se limitait pas au mot écrit ou parlé. Des précédents ont montré que porter un brassard pour protester contre la guerre du Vietnam ou brûler le drapeau américain étaient protégés par le premier amendement. Mais le cas fondateur majeur sur la protection de la liberté d’expression par des émojis n’existe pas encore.

Il semble que la Cour suprême ne soit pas passée loin de se pencher sur la question dans l’affaire Elonis v. United States. Il s’agissait des publications Facebook d’Anthony Douglas Elonis, écrites sous le pseudonyme «Tone Dougie», dans lesquelles il diffusait des paroles prétendument de rap contenant un langage et une imagerie violentes à propos de sa femme et de ses collègues. Elonis a protesté en assurant que ses messages étaient fictifs et protégés par le premier amendement. Il a avancé que son recours à l’émoticône qui tire la langue «:-P» suggérait qu’il plaisantait et qu’il ne s’agissait pas de menaces sérieuses.

La Cour suprême a rejeté l’affaire à cause d’une instruction erronée donnée au jury, mais a malheureusement refusé de rendre un verdict sur la question du premier amendement ou de l’émoticône elle-même, au grand dam des professeures de droit Elizabeth Kirly et Marilyn McMahon.

«La Cour a ainsi raté l’occasion de se prononcer sur la valeur de preuve des émojis en tant que discours numérique», ont-elles écrit.

De futures affaires impliquant des émojis et la protection de la liberté d’expression s’occuperont sans doute du problème qualifié d’expression de «valeur moindre», qui aurait également pu se poser dans l’affaire Elonis si la Cour suprême l’avait envisagée sous l’angle du premier amendement. Bien que la doctrine légale varie en fonction des juridictions américaines et européennes, le principe général est que la forme d’expression considérée comme désinvolte, conversationnelle ou grossière par nature n’est généralement pas protégée au titre de la liberté d’expression à la hauteur d’un discours considéré comme ayant une plus grande valeur publique.

Mais comme toutes les normes, celles des émojis ont changé au fil du temps. Si les émojis étaient autrefois un signe d’amateurisme et d’irresponsabilité, aujourd’hui ils sont régulièrement utilisés par des responsables politiques et des chef·fes d’entreprises (pour le meilleur comme pour le pire). Disqualifier les communications par émojis des protections que procure la liberté d’expression sous prétexte que le discours en est de «valeur moindre» n’est pas une position raisonnablement tenable à long terme.

«La loi doit être stable, mais elle ne doit pas être figée», a écrit Roscoe Pound, un des juristes américains du début du XXe siècle les plus cités. Les pictogrammes numériques sont peut-être des nouveautés pour certain·es juges, mais cela ne les empêche pas d’être compris et évalués à travers le prisme de principes juridiques préexistants, des intentions criminelles au discours de «valeur moindre».

Et ils n’ébranlent certainement pas tout le système judiciaire, contrairement à ce qu’ont voulu faire entendre certains médias.

Pour en revenir à Pound, peut-être le plus grand défi pour les tribunaux qui ont à gérer des affaires comprenant des émojis n’est-il pas l’instabilité mais le retranchement. À l’instar du langage corporel ou du ton de voix, le grand bénéfice des émojis, c’est leur capacité à humaniser le texte. C’est pourquoi il est peu judicieux que des juges à l’ancienne décident que les émojis doivent être évincés des preuves ou refusent d’envisager qu’ils soient versés aux dossiers. Ignorer ces nouveaux moyens d’expression numériques n’est pas seulement un échec à être de son temps, mais un refus d’envisager les faits dans leur contexte humain.

http://www.slate.fr/

Des trolls pas toujours drôles


Vous connaissez les trolls sur les réseaux sociaux ? Il y a des personnes que c’est pour faire des blagues, taquiner, alors d’autres sont malveillant voir même dangereux. C’est les trolls malveillants et les trolls professionnels qu’ils faut se méfier. D’abord, cela peut amener à discréditer une personne, une organisation, a faussé l’information ou encore de harcèlement. Pour se protéger, il ne faut surtout pas embarquer des conversations sans fins sur les réseaux sociaux, mais je crois que quand il y a menace, il faut alerter les autorités ou du moins les modérateurs.
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Des trolls pas toujours drôles

 

Ils sévissent sur YouTube, Facebook, Twitter, Instagram, dans des blogues ou... (Illustration La Presse)

ILLUSTRATION LA PRESSE

JEAN SIAG
La Presse

Ils sévissent sur YouTube, Facebook, Twitter, Instagram, dans des blogues ou des forums, enfin, là où ils peuvent publier leurs commentaires ou faire déraper des conversations. Blagues, bravades, sacres, insultes, attaques ou menaces, les trolls ont plusieurs visages. Ils agissent seuls, en groupe ou pour des groupes militants. Portrait robot de trois types de trolls.

Les amuseurs

Ils ne sont pas mal intentionnés ou malveillants. Ils veulent d’abord et avant tout s’amuser, en taquinant les autres. Les trolls amuseurs sont assez nombreux – vous en êtes peut-être un! Et en général, ils sont inoffensifs.

«Moi, je les appelle des « trollilol », nous dit Nellie Brière, spécialiste des stratégies de communication numérique et des réseaux sociaux. Ils interviennent surtout pour faire rigoler. Personnellement, j’ai des amis qui me « trollent » de façon sympathique. Par exemple, en « likant » une vieille publication (comme un déménagement) sur Facebook pour la remettre d’actualité et mélanger tout le monde. Ou alors pour relever une erreur de langage ou une maladresse. Ce sont des taquineries.»

Évidemment, un troll amuseur pour une personne peut être un troll malveillant pour une autre…

«Ça dépend de ce qu’on est prêt à tolérer, nous dit Nellie Brière, mais aussi de la personne qui nous taquine. On est tous le troll de quelqu’un! Une personne proche de moi ou qui fait partie de mon cercle pourra évidemment aller plus loin que quelqu’un que je ne connais pas. Je n’accepterai pas certaines choses de la part d’un inconnu. Après, il y a la susceptibilité de chacun…»

Certains trolls amuseurs seront un peu plus provocateurs, mais jamais ils ne seront menaçants.

«Ils aiment intervenir, par exemple, lorsque les conversations sont trop consensuelles, précise la spécialiste. Ça peut être une façon pour eux de rehausser le débat, quitte à faire déraper la discussion.»

C’est le cas de Christian Aubry, communicateur web de son état, qui accepte le titre de «troll blanc» (en référence aux hackeurs blancs, par opposition aux hackeurs noirs, malveillants), dans le sens où, oui, sur Facebook, il aime bien faire des blagues ou donner son opinion. En particulier lorsqu’elle n’est pas sollicitée.

«Je n’ai pas d’intention malicieuse, mais oui, je peux faire déraper la discussion le temps d’un commentaire ou d’un jeu de mots.»

Christian Aubry va aussi donner son opinion envers et contre tous, surtout lorsque tout le monde penche du même côté.

«Pour moi, c’est de la conversation polémique. Est-ce que ça fait de moi un troll ? Je ne crois pas, parce qu’une fois mon opinion donnée, je lâche le morceau. Mais je constate que le fait de défendre une opinion contradictoire, c’est dérangeant.»

Quels sont ses sujets de prédilection?

«Je le fais par exemple dans des discussions où l’on présente Apple ou le système iOS comme la plus grande merveille du monde informatique. J’ai aussi eu des conversations qui ont dégénéré avec un ami qui s’oppose tout le temps aux militantes féministes. Lui, c’est un troll! Ou alors avec un blogueur d’Outremont qui a pris pour cible les juifs hassidiques. Un sujet qui peut certainement être débattu, mais pas de cette façon que je trouve dangereuse.»

«La vérité est que les trolls amuseurs font partie de la culture du web, nous dit le spécialiste en sécurité dans les technologies d’information Benoît Gagnon. Moi-même, ça m’arrive de « troller » certaines personnes, dans la mesure où on pique les gens ou on commente un sujet un peu en dehors des sentiers battus. Il n’y a rien d’inquiétant, même si on peut ne pas apprécier l’humour ou l’opinion de ces personnes.»

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Les malveillants

On ne mettra pas de gants blancs, les trolls malveillants sont là pour vous nuire. Leur méchanceté est variable, selon leur humeur, leur degré de frustration ou les commentaires négatifs déjà publiés. Ils agissent parfois seuls, parfois en groupe. Parfois, c’est intentionnel, parfois, ce sont tout simplement des personnes impulsives ou colériques.

«En général, on parle de quelqu’un qui a l’intention de vous blesser ou de vous faire mal paraître, estime Nellie Brière. Il y a des militants politiques qui vont volontairement nuire aux personnalités publiques qui défendent certaines idées. Ce sont de vraies personnes, incarnées, qui sont mobilisées par des partis ou des groupes de pression.»

Nellie Brière donne l’exemple des lobbys de climatosceptiques aux États-Unis, très actifs sur les réseaux sociaux ou les forums de discussion.

«Leur but est de nuire et de discréditer le discours environnemental. Ils sont bienveillants par rapport à leur objectif, mais malveillants par rapport aux groupes écologistes ou à ceux qui parlent de réchauffement climatique.»

Ce «lobbyisme», inévitable, peut être bien fait, croit Nellie Brière.

«C’est ce que je prône. Je travaille justement avec des organisations politiques pour les aider à canaliser les actions de leurs militants pour que cette prise de parole soit faite de manière éthique et positive. À ce moment-là, on parle de gens qui ont une volonté de changer les choses. C’est de la participation citoyenne, et c’est très bien.»

Ne pas les nourrir

Autre cas de figure, le troll qui utilise les réseaux sociaux pour régler ses comptes ou ruiner la réputation d’une personnalité publique. On pense notamment au cas de l’animatrice Pénélope McQuade, qui s’est fait «troller» pendant des mois par des antiféministes (ou des masculinistes). Un harcèlement qu’elle a dénoncé lorsqu’elle a commencé à recevoir des vidéos d’un homme qui se masturbait.

Dans son livre The Internet of Garbage, la journaliste américaine Sarah Jeong écrit que pour mettre le couvercle sur un troll malveillant, il faut l’ignorer. «Ne pas le nourrir» en engageant la discussion.

Benoît Gagnon, spécialiste de la sécurité sur les plateformes numériques, est d’accord avec cette affirmation. «C’est souvent la meilleure chose à faire, parce que le troll va se nourrir de votre réaction.»

Chroniqueurs et blogueurs constatent même qu’en bloquant l’accès aux trolls, ces derniers ont tendance à redoubler d’ardeur.

«Si les propos tenus sont très dérangeants pour la personne qui les reçoit, il vaut mieux les bloquer, croit Benoît Gagnon. Sinon, on vit avec en les ignorant. Tout dépend de sa tolérance psychologique…»

Quelle est la motivation du troll malveillant?

«Plusieurs études ont conclu qu’il y avait une forme de sadisme dans cet exercice de harcèlement ou d’intimidation. Une forme de plaisir à humilier.»

«Plus on est populaire, plus on est vulnérable et plus on court le risque d’être pris en grippe par des individus ou des groupes», souligne M. Gagnon.

«À un moment donné, le troll malveillant n’est plus un troll, estime toutefois Nellie Brière. Quelqu’un qui fait du harcèlement ou qui fait des menaces de mort n’est plus un troll. C’est quelqu’un qui a un problème de comportement qui est grave, dangereux et illégal. On ne devrait pas assimiler ces agissements-là aux trolls.»

 

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Les professionnels

Il s’agit de personnes dont le travail consiste à manipuler l’information ou à s’acharner sur quelqu’un ou sur un groupe de gens – habituellement un personnage public ou une organisation reconnue – dans le but de la dénigrer ou de la discréditer.

On pense spontanément au scandale de Cambridge Analytica – qui aurait utilisé les données personnelles de 50 millions d’utilisateurs Facebook à des fins électorales – ou encore aux 13 Russes accusés récemment de s’être ingérés dans la campagne présidentielle américaine de 2016.

Dans une entrevue publiée par l’Associated Press, deux ex-employés de la bien nommée Internet Research Agency de Saint-Pétersbourg, mise en cause par la justice américaine, ont admis qu’il s’agissait d’une entreprise de «trollage» (troll factory).

«Ce phénomène-là est très inquiétant», estime Nellie Brière, parce qu’elle menace nos démocraties.

«Cette culture de non-transparence, qui vise à changer la perception que les gens ont d’un sondage d’opinion ou d’un article, est dangereuse, parce qu’il y a manipulation d’informations.»

«On parle entre autres de l’astroturfing, stratégie qui consiste à faire semblant qu’il y a une mobilisation de la population autour d’une idée, alors qu’il s’agit d’une mise en scène», explique Mme Brière.

Les journalistes sont particulièrement vulnérables, nous dit encore Nellie Brière, «parce qu’ils sont seuls face à une multitude anonyme qui cherche à détourner leurs propos. Les journalistes qui diffusent leurs articles sur les réseaux sociaux se livrent en pâture à tous ceux qui veulent les insulter. Et un commentaire négatif en entraîne toujours un autre. Ils n’ont pas d’aide pour modérer les commentaires, ils ne sont pas soutenus sur les réseaux sociaux. Ça contribue à les détruire et à les faire taire».

Selon Benoît Gagnon, la volonté d’influencer l’opinion publique n’est pas chose nouvelle, mais le web et les réseaux sociaux facilitent indéniablement sa mise en oeuvre.

«On le voit notamment auprès d’individus proches de groupes terroristes, illustre-t-il. Ils vont tenter de légitimer des discours qui mènent à des actions violentes avec des commentaires très incisifs. Des discours qui pourraient justifier des gestes violents ou leur donner un sens.»

Que faire?

Alors, faut-il répondre ou non à ces trolls?

«Le terrorisme gagne à faire parler de lui. C’est une guerre de communication, mais parfois, il est impossible de dialoguer avec certaines personnes. Margaret Thatcher disait: « Si vous voulez mettre fin au terrorisme, arrêtez d’en parler. » Il ne faut peut-être pas aller jusque-là, mais parfois ça ne sert à rien. Par contre, dans certains cas, la prise de parole est nécessaire et souhaitable.»

On a l’impression que ces trolls agissent impunément. Qu’ils sévissent sans craindre les conséquences.

«Je n’irais pas jusque-là, nous dit Benoît Gagnon. On l’a vu avec le cas de Jeff Sabres [connu pour avoir harcelé Véronique Cloutier et Guy A. Lepage], qui s’est finalement retrouvé devant les tribunaux. Quelqu’un qui tient des propos diffamatoires va finir par en payer le prix.»

Tout cela étant dit, qu’est-ce qu’on fait? Benoît Gagnon croit qu’il y a plusieurs acteurs qui ont une responsabilité dans la publication de commentaires.

«Tout le monde doit être plus conscient et plus vigilant, croit-il, que ce soit les gestionnaires de pages, les responsables des grands réseaux sociaux comme Facebook, les fournisseurs de services web, etc. Il y a à l’évidence un besoin de modération, parce que les mots ne sont pas gratuits.»

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Séisme en Italie: Amatrice porte plainte contre Charlie Hebdo


    Est-ce qu’on peut rire de tout ? Personnellement, je ne crois pas. Quand ce sont des drames que d’autres vivent, il n’y a pas lieu d’en rire, mais d’être solidaire que ce soit une catastrophe naturelle, une tuerie, ou même par l’aspect physique d’une personne. La liberté d’expression est une chose, mais le respect est tout aussi important
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    Séisme en Italie: Amatrice porte plainte contre Charlie Hebdo

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Amatrice est la ville la plus touchée par... (Archives AP)

Amatrice est la ville la plus touchée par le séisme meurtrier du 24 août qui a frappé le centre de l’Italie faisant 295 morts.

ARCHIVES AP

Agence France-Presse

ROME

La mairie d’Amatrice, la ville d’Italie la plus touchée par le séisme meurtrier du 24 août, a porté plainte lundi pour « diffamation » contre le journal satirique français Charlie Hebdo après des dessins sur les victimes du tremblement de terre.

La mairie d'Amatrice, la ville d'Italie la plus... (DESSIN FÉLIX, CHARLIE HEBDO) - image 1.0

DESSIN FÉLIX, CHARLIE HEBDO

« Il s’agit d’un outrage macabre, insensé et inconcevable aux victimes d’une catastrophe naturelle », a déclaré l’avocat de la municipalité, Me Mario Cicchetti, cité par les médias.

Quelques jours après le séisme qui a fait 295 morts dans le centre de l’Italie, Charlie Hebdo avait publié un dessin de Félix montrant des victimes ensanglantées avec les mentions « penne sauce tomate » et « penne gratinées » ou encore écrasées par les débris de leurs maisons sous le titre « lasagnes ».

La mairie d'Amatrice, la ville d'Italie la plus... (DESSIN COCO, CHARLIE HEBDO) - image 2.0

DESSIN COCO, CHARLIE HEBDO

La polémique avait enflé sur les réseaux sociaux puis dans les médias italiens.

« Ces dessins sont répugnants », avait estimé le ministre de la Justice, Andrea Orlando.

La dessinatrice de Charlie Hebdo Coco y avait répondu avec un dessin où une femme écrasée sous les décombres lance aux Italiens:

« C’est pas Charlie Hebdo qui construit vos maisons, c’est la mafia ».

La municipalité a déposé sa plainte devant le parquet de Rieti (centre), pour demander aux magistrats de déterminer si Felix, Coco et les responsables du journal ont commis ou non un délit.

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À Sorel-Tracy : La fin des amitiés Facebook entre profs et élèves


Avec les médias sociaux comme Facebook, les vidéos … certains pensent que tout est permis et il y a eu du débordement qui a entacher la réputation de professeur et causer du trouble avec les élèves .. Je pense que certains règlements sont nécessaire même si parfois cela semble rigide ..
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À Sorel-Tracy  : La fin des amitiés Facebook entre profs et élèves

 

À Sorel-Tracy - La fin des amitiés Facebook entre profs et élèves

Finies les amitiés Facebook entre élèves et professeurs à Sorel-Tracy, en Montérégie.

© Agence QMI / Archives

Agence QMI

SOREL-TRACY – La Commission scolaire de Sorel-Tracy s’attend désormais à ce que son personnel adopte un comportement éthique, et ce, même en dehors des heures de classe.

Finies les amitiés Facebook entre élèves et professeurs à Sorel-Tracy, en Montérégie. Les photos de professeurs qui font un peu trop la fête sont à proscrire sur leur page personnelle.

Voilà le contenu d’une nouvelle politique d’utilisation des médias sociaux et des nouvelles technologies qui sera adoptée par la commission. Les comportements des professeurs sur leur lieu de travail, mais aussi dans leur quotidien, seront désormais désapprouvés.

«Nous n’avions pas de politique qui encadrait l’utilisation des ordinateurs et des médias sociaux, a expliqué le directeur des communications de la Commission scolaire de Sorel-Tracy, Éric Choinière. Avant, c’était plus libre. Oui, nous laissons à la disposition des membres du personnel et des élèves de l’équipement, mais nous leur rappelons leurs responsabilités.»

Règles de conduite

Avec l’avènement des médias sociaux et prochainement, des tablettes électroniques en classe, la commission souhaite que chacun se conforme à des règles de conduite.

Dans cette politique, qui entrera en vigueur le 1er mai prochain, on parle entre autres du respect de la vie privée, de droit d’auteur et on interdit le téléchargement, l’utilisation abusive à des fins personnelles ou illégales des ressources informationnelles, la propagande et le harcèlement sous toutes ses formes.

«C’est tolérance zéro pour le harcèlement ou l’intimidation, a mentionné M. Choinière. Nous voulons que les personnes qui utilisent notre équipement aient une base et qu’ils sachent que l’on ne peut pas les utiliser n’importe comment. Nous interdisons, par exemple, aux personnes de les utiliser pour harceler d’autres personnes ou pour enfreindre la loi comme pour aller sur des sites pornographiques.»

Professeurs et médias sociaux

On rappelle également aux professeurs leurs responsabilités envers l’établissement même en dehors des heures de travail et sur les médias sociaux. On leur demande de ne pas exposer des renseignements confidentiels, faire de la diffamation ou parler au nom de la commission scolaire.

«Plusieurs professeurs désirent être amis avec leurs élèves, mais nous leur déconseillons de le faire que ce soit sur les médias sociaux ou en dehors de l’école, a souligné Éric Choinière. L’enseignant doit conserver son autorité et être un modèle. C’est certain qu’il perd sa crédibilité si des parents ou un élève l’a vu sur une “brosse” pendant la fin de semaine.»

Sanctions graves

La politique prévoit des sanctions si un des utilisateurs ne respecte pas ses règles.

«Dépendamment de la gravité de l’infraction, cela peut aller de la réprimande à l’interdiction d’avoir accès aux ressources informationnelles, a-t-il dit. Cela peut également se rendre jusqu’au congédiement ou à la suspension de l’école pour un élève.»

De plus, la commission se réserve le droit, dans des circonstances particulières, d’accéder aux matériels informatiques.

«L’article, paru sur les fonctionnaires de la fonction publique, a forcé plusieurs institutions à réfléchir, a fait savoir le directeur des communications. Même si nous respectons la vie privée du personnel, on se laisse le droit de vérifier ce qui se passe et de contrôler ce qui se fait pendant les heures de travail.»

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