C’est une étude sur un petit groupe d’enfant souffrant d’autisme qui laisse entrevoir une possibilité qu’être bilingue pour eux aide à la flexibilité cognitive. Sauf qu’aucun de ces enfants n’avait pas de déficience intellectuelle, mais simplement une déficience de langage
Nuage
Le bilinguisme aurait des effets bénéfiques pour les autistes
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MATHIEU PERREAULT
La Presse
Le bilinguisme ne nuit pas aux enfants autistes, comme le disent plusieurs professionnels dans leurs recommandations aux parents. Au contraire, il semble protéger des effets délétères de l’autisme sur la « flexibilité cognitive », selon une nouvelle étude montréalaise.
« Comme les enfants autistes ont souvent un retard de langage, les professionnels pensaient que le bilinguisme était contre-indiqué parce qu’il compliquerait l’acquisition du langage », explique Aparna Nadig, chercheuse à l’Université McGill, qui est l’auteure principale de l’étude publiée dans la revue Child Development. « Nous voulions vérifier cela, vu que chez les enfants ne souffrant pas d’autisme, le bilinguisme ne nuit pas à l’apprentissage de la langue. »
« Il y a aussi un effet positif sur la flexibilité cognitive, qui pose souvent problème chez les autistes. »
La flexibilité cognitive est la capacité de passer rapidement d’une tâche à l’autre, très utile à l’école, par exemple. Dans l’étude de Mme Nadig, qui portait sur 40 autistes montréalais de 6 à 10 ans, elle était testée en leur faisant passer deux tests : il fallait classer des images sur un écran tout d’abord selon leur couleur, puis selon leur forme.
L’effet a été indéniable : les bilingues (la moitié des enfants l’étaient) avaient une meilleure flexibilité cognitive que les monolingues. Mme Nadig prévient par contre que le nombre de cobayes est petit et que ces résultats doivent donc être reproduits par d’autres chercheurs pour qu’ils mènent à des recommandations. Elle va bientôt publier une autre étude sur les impacts du bilinguisme sur les capacités langagières des autistes, dont elle ne pouvait encore dévoiler les résultats.
Pas de déficience intellectuelle
Autre bémol : aucun des autistes n’avait de déficience intellectuelle et seulement le tiers avaient un retard de langage.
« Le nombre de retards de langage était trop petit pour qu’on puisse faire des analyses statistiques », dit Mme Nadig.
Elle prévient aussi que certains des enfants bilingues connaissaient un peu d’autres langues, et veut maintenant suivre les 40 enfants dans trois et cinq ans.
Quel pourrait être le mécanisme améliorant la flexibilité cognitive chez les bilingues ?
« Pour être bilingue, il faut passer rapidement d’un ensemble de règles grammaticales et de vocabulaire à un autre », explique Mme Nadig.
Les enfants étaient considérés comme bilingues s’ils avaient été exposés à deux langues pendant plus de 20 % de leur vie et s’ils avaient un niveau suffisant à différents tests.
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Proportion des enfants américains qui reçoivent un diagnostic d’autisme
De 26 % à 58 %
Proportion des autistes qui ont une déficience intellectuelle
De 30 % à 65 %
Proportion des autistes qui ont un retard de langage
Sources : CDC, Science Direct