Des mauvaises herbes ultrarésistantes héritées des OGM


Nous ne sommes pas plus avancés avec les cultures génétiquement modifiées, avec l’apparition de mauvaises herbes très résistantes, même si la cause des ennuis semblent être plus l’utilisation d’un herbicide dans ce genre de culture
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Des mauvaises herbes ultrarésistantes héritées des OGM

 

L'amarante de Palmer

Photo :  Radio-Canada/La semaine verte

Un texte de Julie Vaillancourt de l’émission La semaine verte

Les cultures génétiquement modifiées sont commercialisées depuis maintenant 20 ans, mais leur utilisation massive tant au Canada qu’aux États-Unis a engendré un problème de taille : l’apparition de mauvaises herbes ultrarésistantes qui causent bien des maux de tête aux agriculteurs.

La croissance de l’amarante de Palmer, une mauvaise herbe ultrarésistante qui envahit maintenant une grande proportion des champs américains, est fulgurante. Elle croît de 5 à 7 centimètres par jour et peut atteindre 2 mètres de haut.

L'agriculteur et l'amarante de Palmer 

Photo :  Radio-Canada/La semaine verte

Le fermier Scott Harper, de l’Indiana, aux États-Unis, a vu la plante en question accaparer de plus en plus d’espace dans ses champs de soya et de maïs depuis le milieu des années 2000. Auparavant, l’épandage de Roundup, l’herbicide de l’entreprise Monsanto, donnait de bons résultats. Ce n’est plus le cas.

« Je me considère comme un bébé du Roundup. C’est tout ce que j’épandais, c’était facile et efficace. J’ai été chanceux d’être là pendant que ça fonctionnait bien parce que maintenant, ça ne marche plus très bien… » — Scott Harper

Scott Harper

Scott Harper Photo :  Radio-Canada/La semaine verte

L’agriculteur plante uniquement des semences génétiquement modifiées dans ses champs. En fait, près de 90 % des grandes cultures céréalières aux États-Unis sont issues de ces semences.

Il y a 20 ans, les premiers OGM

C’est en 1996 que les scientifiques ont créé les premiers OGM. L’herbicide Roundup était auparavant utilisé, mais cette année-là, il a été jumelé avec succès à une semence dont l’ADN a été modifié pour tolérer l’application du Roundup.

Résultat : l’herbicide tuait toutes les plantes sur son passage sauf celles qui avaient été modifiées pour résister à son application.

Des mauvaises herbes résistantes aux herbicides ont été découvertes au Québec. 

Photo :  Jeff Roberson/Associated Press

Ces cultures Roundup Ready, le nom commercial des semences génétiquement modifiées, ont fait fureur aux États-Unis. Notre voisin américain produit désormais 40 % des cultures génétiquement modifiées dans le monde.

Toutefois, l’engouement pour ces cultures a fait bondir la consommation de pesticides, et certaines mauvaises herbes comme l’amarante de Palmer sont devenues résistantes au glyphosate, l’agent actif de l’herbicide Roundup.

L'amarante de Palmer dans un champ 

Photo :  Radio-Canada/La semaine verte

Depuis, plusieurs compagnies ont mis en marché d’autres herbicides à base de glyphosate, mais les fermiers américains sont longtemps demeurés fidèles à l’herbicide de Monsanto, celle qui a commercialisé en premier les semences génétiquement modifiées.

D’autres compagnies vendent maintenant des semences génétiquement modifiées, mais encore aujourd’hui aux États-Unis, le deux tiers des espèces de mauvaises herbes résistantes au glyphosate se retrouvent dans des cultures Roundup Ready.

Des spécialistes, comme l’agronome Larry Steckel, avaient pourtant averti les fermiers américains du danger de miser sur un seul herbicide. Il souligne que les agriculteurs ont fait l’erreur de surutiliser le Roundup.

« C’était prévisible que l’utilisation intensive du Roundup créerait des mauvaises herbes résistantes puisque la clé, c’est la diversité. Plusieurs d’entre nous avions averti les fermiers, mais ils ne voulaient pas changer leurs pratiques. » — Larry Steckel, agronome à l’Université du Tennessee

Champs 

Photo :  Radio-Canada/La semaine verte

C’est en Georgie, dans le sud des États-Unis, que l’amarante de Palmer a montré les premiers signes de résistance au glyphosate en 2000. La mauvaise herbe prospère maintenant dans 27 des 50 États américains.

La « ceinture de maïs » (Corn Belt), la région qui produit 50 % de cette graminée aux États-Unis, est maintenant atteinte si bien que la mauvaise herbe menace l’économie de la région.

Les racines de l'amarante de Palmer

Le Canada également atteint

Bien que l’amarante de Palmer ne soit pas encore présente au Canada, les spécialistes soulignent que le phénomène se propage vers le nord. Plusieurs mauvaises herbes résistantes au glyphosate ont d’ailleurs fait leur apparition au Canada depuis 2010. Plusieurs d’entre elles sont présentes dans des champs ontariens de cultures génétiquement modifiées.

Le Canada produit 6 % des cultures génétiquement modifiées dans le monde et a adopté les cultures Roundup Ready en 1996, en même temps que les États-Unis. Depuis, l’usage des herbicides à base de glyphosate est monté en flèche, même dans les cultures non génétiquement modifiées, ce qui a contribué à engendrer de la résistance chez certaines espèces de mauvaises herbes.

Par exemple, dans les provinces des Prairies, le kochia envahit maintenant certains champs de céréales qui ne sont pas génétiquement modifiées, comme le lin.

Avec les informations de Marc-Yvan Hébert, journaliste de La semaine verte à Winnipeg.

Le saviez-vous?

Le glyphosate a été breveté par la multinationale agroalimentaire Monsanto en 1974 sous la marque Roundup. Il est présent dans plus de 200 produits herbicides et antiparasitaires. Peu coûteux et très efficace, il s’agit de l’herbicide le plus populaire au Canada. Son ingrédient actif a été déclaré, en 2014, comme cancérogène probable chez l’humain, par le Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé.

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Cultures génétiquement modifiées: les abeilles affectées par les pesticides


Beaucoup le savait qu’une bonne partie du problème avec les abeilles était l’utilisation des pesticides .. mais voila qu’une preuve concrète a été dévoilée. L’être humain a trop vouloir contrôler la nature … met la production en péril
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Cultures génétiquement modifiées: les abeilles affectées par les pesticides

Les néonicotinoïdes peuvent engendrer des modifications des enzymes du cerveau de l'abeille. L'insecte peut alors avoir de la difficulté à voler, à s'orienter ou à communiquer avec les membres de sa colonie.

Les néonicotinoïdes peuvent engendrer des modifications des enzymes du cerveau de l’abeille. L’insecte peut alors avoir de la difficulté à voler, à s’orienter ou à communiquer avec les membres de sa colonie.

Photothèque Le Soleil

Claudette Samson
Le Soleil
 

(Québec) Des chercheuses québécoises viennent de démontrer que les abeilles qui butinent aux champs sont clairement affectées par les nouveaux pesticides utilisés en enrobage des semences de plantes génétiquement modifiées. Cette démonstration serait une première mondiale, selon l’une des scientifiques impliquées.

Madeleine Chagnon est entomologiste et professeure associée à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et s’intéresse depuis des années à l’effet des pesticides sur les abeilles, et tout particulièrement des néonicotinoïdes, ces pesticides systémiques qui enrobent les semences et se diffusent dans la plante à mesure qu’elle pousse. Ils sont utilisés au Québec sur de très grandes superficies, dans la culture du maïs et du canola.

 Dans le cadre d’une recherche de trois ans, elle a démontré dans un premier temps que des abeilles soumises en laboratoire à des doses connues de néonicotinoïdes développent des modifications au niveau des enzymes de leur cerveau. Sans nécessairement faire mourir l’abeille, ces modifications peuvent avoir un impact majeur sur le petit insecte pollinisateur : difficulté à voler, à s’orienter, à communiquer avec les membres de sa colonie. Des observations semblables ont d’ailleurs été faites ailleurs dans le monde.

 Mme Chagnon et sa collègue toxicologiste Monique Boily, aussi de l’UQAM, seraient toutefois les premières à démontrer l’impact de ces pesticides sur les abeilles qui butinent librement aux champs, et dont, par définition, on ignore la quantité de pesticides ingérée. Cette démonstration a été faite grâce à l’analyse des biomarqueurs de quelque 6000 abeilles prélevées dans six régions du Québec, expliquait hier Mme Chagnon en entrevue téléphonique.

Les ruches ont été déposées près de champs de maïs cultivé avec le pesticide en question, de même que près de champs de maïs biologique et dans des zones éloignées de ces cultures.

 L’opération consistait à capturer des abeilles qui volaient et à les tuer rapidement en les posant sur de la glace sèche. Elles étaient ensuite conservées à une température de moins 80 degrés Celsius, jusqu’à l’analyse des enzymes de leur cerveau. Les chercheuses ont alors constaté que celles qui butinaient dans des champs de cultures utilisant les néonicotinoïdes présentaient les mêmes modifications que celles qui avaient été exposées au pesticide en laboratoire. En outre, des abeilles présentant un comportement erratique ou mortes ont aussi été découvertes dans ces ruches.

 À l’inverse, les abeilles ne présentant pas d’anomalies provenaient d’endroits éloignés des cultures génétiquement modifiées, et les colonies y étaient davantage en santé.

 Accumulation de preuves

 Les recherches des deux Québécoises, dont le résultat a été remis hier au ministère québécois de l’Agriculture, constituent une preuve de plus de ce que dénoncent depuis des années bien des apiculteurs sur le terrain, croit Jean-Pierre Chapleau, de la Fédération des apiculteurs du Québec.

 Bien sûr, il n’y a pas que les pesticides qui affectent les butineuses, dit-il, et les apiculteurs ont du travail à faire pour améliorer la survie de leurs colonies. La Fédération est d’ailleurs en train d’élaborer un plan d’action à cet égard. L’une des phases de ce plan se déroulera en collaboration avec la Table agro-environnementale de l’Union des producteurs agricoles, pour sensibiliser les agriculteurs aux effets des pesticides.

 Le plan vise aussi à développer une meilleure gestion des parasites, en collaboration avec les vétérinaires. La tendance croissante à louer les ruches pour polliniser sera aussi regardée, en raison du stress qu’elle peut occasionner.

«Il y a des abeilles qui vont aux bleuets, aux pommes et aux canneberges, ça fait beaucoup de transport, ça!», s’exclame cet ancien reproducteur de reines, qui exploite encore 250 ruches en Estrie.

http://www.cyberpresse.ca