Tchouri n’a pas fini d’intéressé les terriens. Maintenant ce sont des crop cicle qui intrigue les scientifiques.
Nuage
Quels sont ces mystérieux cercles qui apparaissent sur Tchouri ?
Séquence de dix images représentant les changements dans la région d’Imhotep. ESA/Rosetta/MPS for OSIRIS Team MPS/UPD/LAM/IAA/SSO/INTA/UPM/DASP/IDA
Par Joël Ignasse
Quelques semaines avant son passage au plus près du Soleil, sur la surface de la comète se sont formées des structures concentriques à croissance rapide.
CROP CIRCLE. Si des farceurs peuvent être accusés de dessiner la nuit des crop circle, ces cercles d’épis flétris, en plein champ, ils sont toutefois mis hors de cause quand des configurations similaires se forment sur la comète67P/Tchourioumov-Guérassimenko ! C’est pourtant bien de telles structures concentriques qui sont apparues dans la région d’Imhotep, proche de l’équateur de Tchouri et qui ont été photographiées par la sonde Rosetta, en orbite autour de la comète depuis août 2014.
Les premiers cercles détectés datent de juin 2014. « Un matin, nous avons remarqué que quelque chose de nouveau était arrivé : la surface d’Imhotep avait commencé à changer de façon spectaculaire » relate Olivier Groussin, du Laboratoire d’Astrophysique de Marseille qui vient de co-signer un article sur le sujet dans la revueAstronomy & Astrophysics.
La première onctionnalité a été photographiée par la caméra OSIRIS de Rosetta le 3 juin, les images suivantes ont montré qu’elle augmentait de taille puis qu’un deuxième cercle apparaissait. Le 2 juillet ils mesuraient respectivement 220 et 140 mètres de diamètre et un troisième cercle était observé. L’ensemble avait fusionné le 11 juillet tandis que deux autres nouvelles structures se formaient. Les observations ont malheureusement cessé à partir de cette date, la sonde étant repositionnée avant le passage au périhélie qui a eu lieu un mois plus tard.
ÉROSION.
« Ces changements se sont déroulés très rapidement avec une expansion des bords de quelques dizaines de centimètres par heure. Cela met en évidence la complexité des processus impliqués » souligne Olivier Groussin.
Quels sont-ils ? Pour une part, ils se sont formés suite à la sublimation de la glace située juste sous la couche de poussière qui tapisse la région d’Imhotep. Cette glace s’est transformée en vapeur sous l’effet des rayons du Soleil, la comète se rapprochant de l’astre et Imhotep est une région proche de l’équateur de la comète qui reçoit une grande quantité de lumière. Mais cette explication n’est pas suffisante pour rendre compte du rapide taux d’expansion des cercles. Il devrait être de quelques centimètres par heure et non de plusieurs dizaines de centimètres. Des mécanismes additionnels interviennent donc dans ce phénomène. Pour les décrypter il faudra mettre en commun les observations réalisées par la caméra OSIRIS et les données provenant des autres instruments de Rosetta.
« Nous pourrons alors reconstituer l’origine de ces curieuses caractéristiques » conclut Olivier Groussin.
Progression des cercles entre mai et juillet. ESA/Rosetta/MPS for OSIRIS Team MPS/UPD/LAM/IAA/SSO/INTA/UPM/DASP/IDA.