«Demain, tous crétins?», un documentaire intelligent sur notre abrutissement collectif


L’être humain peut-il avoir une baisse de l’intelligence aux prochaines générations ? Cela parait un peu fou, mais si on s’arrête un peu, ce n’est pas si bête que cela. Si on continue à être assaillie par des perturbateurs endocrinien, et autre pollution toxique, cela a un effet direct sur le cerveau.
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«Demain, tous crétins?», un documentaire intelligent sur notre abrutissement collectif

 

COURTOISIE

Nous sommes, parait-il, de plus en plus idiots.

 

  • Ismaël Houdassine

Nous sommes, parait-il, de plus en plus idiots. Si l’on en croit le documentaire-choc Demain, tous crétins?, la santé mentale de l’humanité vacille au point où les chercheurs et scientifiques tirent la sonnette d’alarme. Depuis vingt ans, les études démontrent que l’intelligence décline dangereusement au niveau mondial mettant en péril les avancées de notre civilisation.

L’enquête fouillée et passionnante de 55 minutes, menée par Thierry de Lestrade et Sylvie Gilman, les deux cinéastes derrière l’excellent Mâles en péril, dresse un portrait catastrophique sur nos capacités intellectuelles en constante régression. Les responsables? Les perturbateurs endocriniens, ces molécules chimiques qui dérèglent le fonctionnement de la thyroïde, essentielle au développement cérébral du fœtus.

«Nous devenons de plus en plus stupides. Ça se passe en ce moment. Ça ne va pas s’arrêter, et on a intérêt à réfléchir à ce qu’on va faire avec ça. Si nous ne faisons rien, la civilisation qui repose sur l’intelligence ira en sens inverse. Et tout laisse penser que c’est déjà en train d’arriver», lance à l’écran le chercheur britannique Edward Dutton

Faire pression sur les autorités

Car les faits sont là. Les polluants, de plus en plus nombreux et nocifs, s’attaquent à notre cerveau causant troubles du comportement, baisse du QI (Quotient Intellectuel) et la multiplication des cas d’autisme. Par exemple, en Californie, le nombre d’enfants diagnostiqués autistes a augmenté de 600 % entre 1990 et 2001.

Ces substances toxiques, on en trouve aujourd’hui partout, dans les pesticides, les cosmétiques, les produits d’entretien, la peinture, la poussière ou encore les plastiques. On apprend d’ailleurs qu’aux États-Unis, chaque bébé naît avec plus de cent molécules chimiques dans le sang. Des chiffres similaires au Canada.

Malgré tout, des pistes de solution sont possibles, affirment plusieurs spécialistes interrogés dans le documentaire. Pour cela, ils invitent la société civile à faire pression sur les autorités pour qu’ils puissent à leur tour exclure les responsables politiques sous influence des lobbys industriels. Mais voilà, si rien n’est fait, il se peut que la comédie loufoque Idiocraty, signée en 2006 par Mike Judge où deux individus se réveillent d’un long sommeil dans une société rongée par le crétinisme, ne nous fasse bientôt plus rire du tout.

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Le Saviez-Vous ► Un médicament qui devint un colorant


Un médicament qui a connu une certaine gloire promettait de guérir certaines maladies et devenu aujourd’hui, un moyen très utile en radiologie
Nuage

 

Un médicament qui devint un colorant

Jacques Beaulieu

Chroniqueur et communicateur scientifique

Pendant très longtemps, les carences en iode, particulièrement dans des régions éloignées de la mer, provoquaient une maladie dont personne ne voulait: le crétinisme. Cette maladie amenait des troubles physiques et des retards mentaux importants. L’iode est en effet un élément essentiel au bon fonctionnement de la glande thyroïde qui synthétise les hormones nécessaires à la croissance tant physique qu’intellectuelle. Il existe deux formes de la maladie: le goitre endémique qui provient d’une carence en iode et le goitre infantile qui provient d’un problème congénital d’hypothyroïdie. Le goitre endémique fut endigué en Amérique par l’obligation d’ajouter de l’iode au sel de table. Au Canada, cette mesure fut obligatoire dès 1924. Quant au goitre infantile, des tests de dépistages dès la troisième journée de vie du bébé permettent d’éviter le développement de la maladie. Ce qui fait qu’aujourd’hui dans les pays industrialisés, le goitre est devenu une maladie rare.

Mais, tel n’était pas le cas au début du 20e siècle, alors que plusieurs cherchaient à connaitre les vertus de l’iode sur l’organisme humain.

Le lipiodol : de panacée universelle à colorant

Au début du XXe siècle, l’arrivée d’un nouveau médicament s’affichait souvent comme une panacée. Ainsi en était-il des huiles iodées. Merck avait déjà mis en marché la sienne en 1896 en faisant réagir du chlorure d’iode sur de l’huile de sésame. Deux pharmaciens français décidèrent de modifier un peu la recette (le me-too était déjà à la mode!) en utilisant de l’acide iodhydrique et de l’huile de graines de pavot encore appelée huile d’œillette. Cette dernière serait plus pure et plus active que l’huile de sésame.

C’est ainsi que ces deux pharmaciens, Laurent Lafay et Marcel Guerbet, présentèrent leur produit qu’ils avaient nommé lipiodol à la Société française de Dermatologie et de Syphilographie en 1901. Ils l’annoncèrent comme ayant des vertus dépuratives du sang. Aux dires de ses concepteurs, ses vertus seraient dues aux grandes quantités d’iode qu’on pouvait ainsi donner aux patients tant par voies orales, nasales, cutanées et même parentérales. Les injections se faisaient sans douleur et ne provoquaient jamais d’iodisme. Quant aux applications, elles étaient pour le moins très larges et on suggérait d’utiliser le lipiodol autant pour les troubles pulmonaires que pour les troubles cardiaques, dans les affections de la glande thyroïde comme les goitres, contre les infections microbiennes et contre les prurits.

Le médicament ne connut pas la gloire espérée, mais poursuivit quand même son petit bonheur de chemin.

L’huile de pavot

Près de vingt ans plus tard, un neurochirurgien français le Dr Sicard soupçonna un effet radio-opaque de l’huile de pavot. Il faut savoir que cette huile peut aussi être utilisée en peinture. Obtenue par seconde pression, elle n’a pas la qualité nécessaire pour être alimentaire, mais fournit un excellent siccatif (qui accélère le sèchement) pour les peintures. Le docteur Sicard confie donc à un de ses élèves la tâche d’évaluer le lipiodol comme colorant radiologique. C’est ainsi que le Dr Forestier put constater qu’en l’injectant à des lapins, le produit formait des petites sphères radio-opaques le long des vertèbres. C’est ainsi que la première application scientifique du lipiodol fit son entrée non pas comme médicament, mais comme colorant fort utile en myélographie. En moins de sept ans, pas moins de trente-sept cas de tumeurs de la moelle épinière ont pu être trouvés par un contrôle lipiodolé et opérés par l’équipe de chirurgiens. Et bientôt, les indications se multiplièrent telles les explorations sous-arachnoïdiennes, rachidiennes, des cavités pulmonaires et des appareils génitaux féminins et masculins.

Et nos pharmaciens.

André Guerbet

Dès le début des années 1920, la demande devint si forte que le seul pharmacien qui fabriquait encore le lipiodol, Laurent Lafay, dans le sous-sol de sa petite officine ne pouvait plus y répondre. Il contacta donc son vieil ami Maurice Guerbet. Heureusement, ce dernier avait un fils qui avait complété des cours d’ingénieur en usine avant de devenir lui-même pharmacien. Ce sera donc ce fils, André Guerbet, qui fondera ainsi Les Laboratoires Guerbet en 1924, une compagnie qui existe encore de nos jours et qui fabrique toujours des produits utiles en radiologie.

Ainsi, il arrive qu’en cherchant un médicament, on finisse par découvrir un produit qui trouve sa voie comme outil diagnostique fort précieux.

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