Un microbe commun aurait fait des millions de morts lors de la conquête des Amériques


On sait que la colonisation de l’Amérique par les Européens avait affaibli les Amérindiens. Maintenant, les scientifiques se penchent sur une épidémie qui n’existaient pas avant la venu des Européens, et que  par la suite beaucoup d’Aztèques du Mexique jusqu’au Guatémala sont mort à cause d’un microbe très connu aujourd’hui, la salmonelle. Ce qui est assez étonnant qu’ils ont pu trouver ce microbe, mais il semble que les dents gardent prisonniers ces microbes même après la mort. Il reste quand même d’autres recherches auprès de corps cette époque pour confirmer cette hypothèse
Nuage

 

Un microbe commun aurait fait des millions de morts lors de la conquête des Amériques

 

La bactérie de la salmonelle

La bactérie de la salmonelle Photo : iStock/Getty Images

Peu de temps après l’arrivée des premiers Européens en Amérique, une mystérieuse épidémie, que les Aztèques appelleront le cocoliztli, apparaît spontanément au sud du Mexique. Elle fera des millions de victimes en quelques années à peine. Cinq siècles plus tard, des chercheurs commencent à lever le voile sur ce tueur mystérieux, qui est toujours bien présent parmi nous.

Un texte de Renaud Manuguerra-Gagné

Les populations d’Amérique ont été décimées par plusieurs maladies apportées involontairement d’Europe. Une des épidémies les plus effroyables s’est répandue au 16e  siècle dans la région qui regroupe aujourd’hui le Mexique et le Guatemala.

On pense qu’entre 1545 et 1550, de 5 à 15 millions de personnes seraient mortes des suites de ce que les habitants de la région ont nommé cocoliztli, l’équivalent de la grande peste en langue aztèque.

Parmi les symptômes décrits : fièvre, vomissements, hémorragies et convulsions. La mort venait en quelques jours à peine. Toutefois, étant donné les connaissances médicales de l’époque, on a bien peu de détails précis sur ce qui s’est réellement passé.

De l’ADN sous la dent

Pendant 500 ans, le mystère est resté entier, mais une étude récente de chercheurs allemands et mexicains a peut-être identifié un coupable.

La réponse est venue de corps provenant d’un site archéologique de la région d’Oaxaca, au Mexique, nommé Teposcolula Yucundaa. On y trouve une ancienne ville du peuple mixtèque, une culture voisine des Aztèques.

On voit une place rectangulaire excavée, entourée de murets de pierre, dans un site où la végétation est abondante.

Site archéologique de Teposcolula Yucundaa, au Mexique   Photo : Christina Warinner/Teposcolula-Yucundaa Archaeological Project

Vingt-neuf squelettes y ont été trouvés, parmi lesquels 24 sont ceux de personnes mortes lors de l’épidémie du cocoliztli, tandis que cinq autres sont mortes un siècle auparavant, avant l’arrivée des premiers Européens.

Bien qu’il soit difficile d’identifier à partir d’un squelette la maladie à l’origine d’un décès, des microbes responsables d’infections peuvent s’accumuler à l’intérieur d’une dent et y rester prisonniers après la mort de leur hôte.

Les chercheurs ont donc analysé l’ADN présent dans les dents des squelettes et l’ont comparé à une banque de bactéries actuelles. Ils y ont identifié un grand nombre de bactéries normales du microbiome humain, mais une intruse est sortie du lot pour dix des corps : la salmonelle!

Plus spécifiquement, il s’agit de la Salmonella enterica Paratyphi C, dont les différentes variantes sont, de nos jours, à l’origine de cas de fièvre typhoïde chez près de 21 millions de personnes par année et que l’on traite avec des antibiotiques.

Premiers contacts

Cette souche spécifique de salmonelle pourrait provenir des Européens, car aucun des ossements datant d’un siècle avant l’arrivée des colons n’en portait de traces. D’autres ossements, trouvés cette fois en Norvège, montrent que la même souche faisait des victimes en Europe dès l’an 1200.

La présence de la salmonelle peut surprendre, surtout quand on pense aux symptômes rapportés par des témoignages historiques à propos de la maladie. Il faudra trouver d’autres sites où l’on détecte une présence de salmonelle avant de confirmer qu’elle est à l’origine du cocoliztli.

Ces données montrent toutefois que la salmonelle se répandait dans la région au moment de l’épidémie de 1545. Les chercheurs rappellent aussi que, pour détecter de l’ADN de cette façon, il devait y avoir une grande quantité de bactéries dans le sang des victimes au moment de leur mort.

De plus, si la bactérie n’était pas présente avant l’arrivée des Européens, les nations qui y vivaient n’auraient eu aucune défense immunologique contre elle, ce qui les rendait particulièrement sensibles à une infection foudroyante.

Si on ajoute à cela le fait que les conditions de vie des peuples autochtones se sont détériorées avec les guerres et les famines, et que cette bactérie se répand rapidement dans les cours d’eau, cela fait de la salmonelle un bon suspect.

Il est aussi possible que la salmonellose ne soit que l’une des multiples maladies qui auraient décimé les populations de la région au cours de cette période.

Malgré l’incertitude, l’étude demeure une première preuve biologique de l’impact négatif qu’auraient eu les premiers contacts des Européens avec les peuples d’Amérique.

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