Ces cher­cheurs ont recréé le parfum envoû­tant que portait Cléo­pâtre


Un parfum qui aurait servi a Cléopâtre refait son apparition à notre époque. Grâce à des résidus dans une amphore et des inscriptions sur des textes anciens, des chercheurs ont pu reconstituer la recette du parfum de Cléopâtre

Nuage


Ces cher­cheurs ont recréé le parfum envoû­tant que portait Cléo­pâtre


par  Laura Boudoux

La fragrance recréée par deux profes­seurs de l’uni­ver­sité d’Ha­waï, à Mānoa, serait la même que celle que portait Cléo­pâtre. Connue pour le carac­tère enivrant de son parfum, la reine d’Égypte ancienne aurait envoûté Marc Antoine avant même qu’il ne la voie grâce à son essence musquée.

La légende raconte en effet que Cléo­pâtre, à l’oc­ca­sion de sa première visite à Tarse, avait fait enduire les voiles pourpres de son bateau d’un parfum si puis­sant qu’il flot­tait jusqu’au rivage.

Le 30 juillet 2019, l’uni­ver­sité d’Ha­waï annonçait sur son site que les profes­seurs Robert Litt­man et Jay Silver­stein avaient réussi à repro­duire cette fragrance épicée, grâce aux rési­dus retrou­vés dans une amphore, à Thmuis en Basse-Égypte. C’est dans cette ville que des archéo­logues ont retrouvé des fours datant du IIIe siècle avant J.-C., utili­sés notam­ment pour la fabri­ca­tion de parfums. Grâce aux analyses des rési­dus trou­vés dans l’une des jarres, et à la lecture de textes anciens, les deux profes­seurs ont repro­duit de la myrrhe, une résine natu­relle extraite d’arbres.

« Quel plai­sir de sentir un parfum que personne n’avait plus senti depuis 2000 ans, et qui a pu être porté par Cléo­pâtre », s’émeut encore Robert Litt­man. « C’est le Chanel No. 5 de l’Égypte ancienne, le parfum le plus prisé de l’an­cien monde », assure le profes­seur.

L’es­sence de Cléo­pâtre embaume actuel­le­ment le Natio­nal Geogra­phic Museum, à Whashing­ton D.C., à l’oc­ca­sion de expo­si­tion Queens of Egypt, qui a lieu jusqu’au 15 septembre.

Sources : Univer­sity of Hawai’i News

https://www.ulyces.co/

Des éruptions volcaniques associées à la fin des pharaons


Les chercheurs ont pu trouver des liens avec les écrits sur des données du niveau du Nil et comparer avec le Groenland et de l’Antarctique ainsi que les notes de l’état politique et social pour comprendre que l’éruption volcanique du Mont Etna a l’an 40 av. J.-C a mit fin à la dynastie des pharaons
Nuage

 

Des éruptions volcaniques associées à la fin des pharaons

 

L'éruption du volcan Etna

L’éruption du volcan Etna Photo : Reuters/Antonio Parrinello

Une série d’éruptions volcaniques aurait contribué à la chute de la dernière dynastie égyptienne, il y a 2000 ans, affirment des chercheurs américains, après avoir jumelé des mesures scientifiques à des informations contenues dans les documents historiques.

Cette activité volcanique aurait largement réduit l’importance des pluies et des inondations liées à la mousson, qui gorgent d’eau chaque été la région du Nil, permettant des récoltes abondantes.

C’est que les volcans en activité peuvent perturber le climat d’une région en diffusant du dioxyde de soufre dans la stratosphère. Certaines études ont montré l’effet du volcanisme sur les températures terrestres, mais peu se sont concentrées sur ses effets sur l’hydrologie.

Pourtant, si des variations dans la présence de l’eau d’une région sont difficiles à reconstituer à travers les siècles, elles peuvent aider à comprendre l’histoire et la vulnérabilité de sociétés aujourd’hui disparues.

L’Empire égyptien

Les éruptions volcaniques auraient causé de la sécheresse, des mauvaises récoltes, des famines et auraient mené à une instabilité politique grandissante. Des guerres perdues, des mouvements de grèves et de révoltes auraient ensuite mené à la fin de l’Égypte pharaonique.

Les auteurs des présents travaux publiés dans la revue Nature Communicationsen viennent à cette conclusion après avoir combiné plusieurs informations provenant :

  • des mesures de la variation du niveau d’eau du Nil;
  • des analyses de carottes de glace polaire contenant les cendres volcaniques;
  • de l’étude des modèles climatiques.

Établir des liens

Dans un premier temps, l’historien américain Joseph Manning, de l’Université Yale, et ses collègues ont analysé des données recueillies depuis 622 avant JC concernant les niveaux du Nil et les ont comparées aux informations recueillies dans la glace du Groenland et de l’Antarctique.

Comme les couches de glace contenant de la cendre correspondent aux années d’éruptions volcaniques, les chercheurs ont réussi à établir que ces années étaient associées à des niveaux d’eau du Nil beaucoup moins importants.

Les chercheurs ont ensuite examiné le contexte social et politique de l’Égypte ptolémaïque (305-30 av. J.-C.), l’une des civilisations anciennes les mieux documentées, à la lumière de la sécheresse induite par les éruptions volcaniques.

Ainsi, ces éruptions ont été associées à des mouvements d’agitation sociale et de révolte contre les classes dirigeantes, et à la fin de la guerre entre l’État ptolémaïque et son grand rival l’Empire séleucide.

Ces événements, particulièrement l’éruption du mont Etna en 40 av. J.-C, ont également mené à des troubles sociaux et économiques et à l’adoption de décrets renforçant l’autorité de l’élite.

Ces bouleversements ont finalement mené à la fin du règne de 300 ans de l’Égypte ptolémaïque, dont le suicide de Cléopâtre portera le coup final.

http://ici.radio-canada.ca/

Le Saviez-Vous ► Savez-vous vous couper les ongles?


Le coupe-ongles tel que l’on connait est assez récente, car il n’y a pas si longtemps, c’est au couteau qu’on coupait les ongles. Puis, des superstitions sont apparus selon le jour ou on choisissait de s’occuper des ongles
Nuage

 

 

Savez-vous vous couper les ongles?

 

2046 de Wong Kar Wai ©

2046 de Wong Kar Wai ©

Ernie Smith, traduit par Yann Champion

Histoire et perspectives d’une pratique aussi universelle qu’ancestrale. Cet article contient aussi la superstition la plus absurde qui soit.

 

Nos ongles sont pratiques: ils protègent les pointes de nos doigts. Mais ils ont aussi un côté ennuyeux: il faut les couper toutes les deux semaines environ.

Qui que vous soyez, il vous faut régulièrement sacrifier à ce rituel durant lequel de petits morceaux de votre kératine sautent dans tous les sens sous l’effet du coupe-ongles. Peu de gens le savent, mais le coupe-ongles est une invention assez récente, à peu près autant que le couteau suisse. Cela signifie que durant la majeure partie de son histoire, l’humanité a dû, pour se couper les ongles, se débattre avec des méthodes un peu plus compliquées qu’avoir simplement à sortir un coupe-ongles d’un tiroir.

Il s’avère que l’histoire de la coupe des ongles est aussi étonnamment compliquée. Pratique hygiénique parfois entourée de superstitions, elle comprend surtout beaucoup de zones d’ombre. Par qui fut inventé l’omniprésent coupe-ongle moderne? C’est une question à laquelle, pour commencer, nous ne pourrons peut-être jamais répondre.

Les ancêtres du coupe-ongles

Vers 1875, des brevets de coupe-ongles modernes commencèrent à apparaître, le tout premier étant au nom de Valentine Fogerty, même si son appareil s’apparentait plus à une sorte de lime circulaire, un «taille-ongles» plutôt qu’un coupe-ongles. Le premier système que j’ai pu trouver à l’USPTO (bureau américain des brevets) ressemblant quelque peu aux coupe-ongles modernes fut obtenu en 1881 par les inventeurs Eugene Heim et Oelestin Matz pour leur coupe-ongles de style pince (de nos jours, les coupe-ongles de ce style sont devenus si fréquents qu’ils n’entraînent plus le dépôt de brevets, même si cela n’empêche pas la création de nouveautés. Qui, par exemple, n’a jamais rêvé d’un coupe-ongles qui retient automatiquement les rognures d’ongles?)

S’il vous est déjà arrivé de peler une pomme au couteau, c’est à peu près la méthode qui était employée avant que ne soient conçus des coupe-ongles

Ces deux appareils tentaient de régler un problème qui, auparavant, se réglait à la dure: au couteau. Prenez, par exemple, le brevet du taille-ongles de R.W. Stewart: le geste ressemblait plus à celui que l’on fait lorsque l’on pèle un fruit que lorsque l’on presse une pince. S’il vous est déjà arrivé de peler une pomme au couteau, c’est à peu près la méthode qui était employée avant que ne soient conçus des appareils spécialement destinés à cet usage (qu’il s’agisse de couteaux ou de ciseaux spéciaux).

Brevet d’Eugene Heim et Oelestin Matz pour un coupe-ongles; vers 1881. U.S. PATENT OFFICE/PUBLIC DOMAIN

Se couper les ongles du lundi au jeudi

Néanmoins, vers la fin du XIXe siècle, les superstitions entourant la manière ou le moment de se couper les ongles étaient assez fréquents. Un article par dans le Boston Globe en 1889, notait que l’une des superstitions de l’époque était que les gens évitaient de se couper les ongles le week-end de peur que cela ne leur porte malheur.

«Cela porte malheur de se couper les ongles le vendredi, le samedi ou le dimanche, expliquait l’article. Si vous les coupez le vendredi, vous faites le jeu du diable. Le samedi, vous vous préparez à des déceptions. Le dimanche, cela vous portera malheur pour toute la semaine. Certaines personnes ressentent toutes sortes de mauvais présages si elles se coupent un ongle par inadvertance un de ces jours et elles préfèreront tous les désagréments liés au fait d’avoir les ongles longs plutôt que de se les couper après le jeudi.»

(Soyons honnêtes: c’est une superstition archi nulle. Je préfère nettement celle qui dit que des taches blanches sur les ongles seraient signe de chance.)

Mais toutes ces histoires de couteaux à éplucher et de superstitions ne nous ramènent que deux siècles en arrière. Comment faisait-on avant cela?

Plus loin encore

La documentation historique en la matière étant particulièrement mince, la littérature est d’un grand secours pour s’y retrouver. En 1702, par exemple, le dramaturge irlandais George Farquhar faisait référence à la coupe des ongles au couteau (paring) dans The Twin Rivals (Les Jumeaux rivaux)

En remontant plus loin encore, on découvre d’autres choses, comme le fait que les ongles étaient un marqueur social dans la Chine de la dynastie Ming: les ongles longs impliquaient que leurs porteurs ne pouvaient pas travailler et appartenaient donc à des classes élevées. Néanmoins, on peut faire remonter encore plus loin notre intérêt pour les ongles bien entretenus. À l’antiquité romaine, pour être précis.

Ici encore, c’est la littérature qui nous éclaire. Le satiriste Horace fait à plusieurs reprises référence aux ongles dans ses œuvres. Dans ses Satires (35 av. J.-C), notamment, il invente le cliché de l’artiste qui se ronge les ongles nerveusement (ou, comme il l’écrivit lui-même, «…se gratte au front et se ronge les ongles jusqu’au vif, et raturant et refaisant»)

Une œuvre plus tardive, le premier livre des Épitres (vers 20 av. J.-C.), nous offre sans doute notre référence historique la plus parlante. Dans un passage où il présente un personnage, il fait également référence à la coupe des ongles au couteau chez les barbiers. En voici la traduction de Panckoucke:

«Un citoyen actif et ferme, un orateur illustré par ses triomphes au barreau, Philippe, revenait un jour de ses travaux vers huit heures, et se plaignait que l’âge lui allongeât le chemin du Forum aux Carènes, quand il aperçut, dit-on, dans la boutique solitaire d’un barbier, un homme frais rasé qui, un petit couteau à la main, se coupait tranquillement les ongles.»

L’époque d’Horace a aussi été une période charnière pour l’histoire du vernis à ongles. La reine égyptienne Cléopâtre (69 à 30 av. J.-C.) se colorait les ongles couleur rouille intense avec du henné (et en raison des normes sociales de l’époque, c’était l’une des seules à se colorer les ongles en rouge).

Si l’on remonte encore plus loin, il est fait référence à la coupe des ongles dans l’Ancien Testament, Deutéronome 21:12.

«Lorsque tu partiras en guerre contre tes ennemis, que Yahvé ton Dieu les aura livrés en ton pouvoir et que tu leur auras fait des prisonniers, si tu vois parmi eux une femme bien faite et que tu t’en éprennes, tu pourras la prendre pour femme et l’amener en ta maison. Elle se rasera la tête, se coupera les ongles et quittera son vêtement de captive.»

Voici donc un écrit qui fait remonter l’histoire de la coupe des ongles au moins au VIIIe siècle av. J.-C., soit bien avant Valentine Fogerty.

Mais peut-être êtes vous plus intéressé par l’avenir de la coupe des ongles que par son histoire…

Brevet pour le coupe-ongles Antioch. U.S. PATENT OFFICE/PUBLIC DOMAIN

Pour le dire clairement, le coupe-ongles a connu quelques évolutions étonnantes ces dernières années, notamment:

Grosses poignées: Votre coupe-ongles vous glisse régulièrement des mains? Recevant de très bonnes critiques, le coupe-ongles de précision Bezox est peut-être la solution.

Tête pivotante: L’un des problèmes du coupe-ongles classique est que l’une des mains est souvent plus forte et plus habile que l’autre et qu’il n’est donc pas forcément aisé de se couper les ongles avec sa main la plus faible (d’où des problèmes d’ongles qui se plient, etc.). Les coupe-ongles à tête rotative offrent une solution possible à ce problème.

Le coupe-ongles extra long: Sorte de combinaison loufoque des deux premiers appareils avec une grande pince, le coupe-ongles Antioch, est apparu en 2011 pour permettre à ses utilisateurs de se couper les ongles des orteils sans avoir à se pencher, ce qui peut certes être pratique… tant que l’on trouve un endroit où ranger cet encombrant ustensile.

Le coupe-ongles ultra cher: Ses créateurs définissent le Khlip Ultimate Clipper comme le «coupe-ongles ultime», puisque «son design primé» vous offre «plus de contrôle et de précision lors de la coupe de vos ongles». Mais à près de 80 $, on est en droit de se demander s’il est bien raisonnable de débourser une telle somme pour un coupe-ongles. Car comme l’a dit une chronique parue sur Gizmodo: le Klhip Ultimate Nail Clipper est par-dessus tout un coupe-ongles horriblement cher.

L’électrique: Coupe-ongles futuriste, le Vanrro V1 est en quête de financement via un site de crowdfunding. L’appeler «coupe-ongles» prête toutefois un peu à équivoque: c’est plutôt une sorte de lime à ongles électrique, comme il en existe déjà pour chiens. Malheureusement, la campagne de financement n’a, pour l’instant, rassemblé que 264€ et il faut signaler qu’une tentative similaire a déjà été abandonnée le mois dernier.

Mais, au fond, la vraie question ne porte peut-être pas tant sur le coupe-ongles lui-même que sur la bonne manière de se couper les ongles, en assurant une coupe homogène. Heureusement, les conseils en la matière ne manquent pas.

«Observez vos dix ongles et choisissez le plus court, ou celui qui a le moins de “blanc” à son extrémité, a expliqué la star de la manucure Deborah Lippmann, dans an article de GQ. Prenez cet ongle comme référence pour vous assurer de couper tous vos ongles uniformément.»

Lippmann recommande aussi d’utiliser une lime, de prendre soin de ses cuticules pour éviter les petites peaux et de garder une bande de «blanc» au bout des ongles.

Pour le dire autrement, les plus beaux ongles ne sont pas ceux qui ont été coupés avec le coupe-ongles le plus élaboré, mais ceux qui ont été soignés avec le plus d’attention.

http://www.slate.fr

Le Saviez-Vous ► Que savons-nous vraiment sur Cléopâtre ?


Cléopâtre est loin de la reine imaginée par René Goscinny et Albert Uderzo dans Astérix et Cléopâtre. Nous avons probablement qu’une idée déformée de cette femme qui a connu une fin tragique
Nuage

Que savons-nous vraiment sur Cléopâtre ?

Photo: Cléopâtre et César par Jean-Léon Jérôme, 1866

Le 12 août de l’an 30 av. J.-C., la célébrissime reine Cléopâtre mettait fin à ses jours dans des circonstances demeurées nébuleuses pour les historiens d’aujourd’hui. Incontestablement une des femmes les plus connues de l’Histoire, elle est auréolée de légendes qui brouillent parfois sa véritable histoire. Intéressons-nous brièvement à ce que nous savons réellement sur sa vie…

1- Cléopâtre n’était pas Égyptienne:


(Source)

Parce qu’elle a régné sur le royaume d’Égypte pendant l’Antiquité, la croyance populaire a fait d’elle une reine égyptienne. Or, Cléopâtre, septième de ce nom dans sa lignée, était issue de la dynastie des Ptolémées, descendants de Ptolémée Lagos, général d’Alexandre le Grand. Se mariant entre frères, soeurs et cousins afin de garder la lignée gréco-macédonienne, ces souverains ont de ce fait toujours parlé et conservé une culture plus grecque qu’égyptienne.

2- Cléopâtre était très cultivée:


(Source)

Contrairement à ses prédécesseurs, Cléopâtre voulait connaître l’histoire, la culture et surtout maîtriser la langue de son peuple. Elle a passé une partie de son enfance, adolescence et vie de jeune adulte à étudier la géographie, l’art de la guerre et de nombreuses langues parlées en Méditerranée au Ier siècle avant notre ère. Elle préférait de loin la compagnie des intellectuels de la bibliothèque d’Alexandrie à l’univers parfois étouffant de la cour royale.

3- Une alliance politique avec Jules César:


(
Source)

À la mort de son père en mars 51 av. J.-C., Cléopâtre s’est retrouvée corégente du royaume d’Égypte avec son frère Ptolémée XIII, qui n’avait que six ans. La corruption et les luttes internes pour le pouvoir menèrent à l’exil de Cléopâtre en Syrie qui, après la noyade son frère, voulut se rétablir sur le trône en tant que véritable souveraine. Pour y parvenir, elle sollicita l’aide d’un des hommes les plus puissants de Méditerranée à l’époque, le général romain Jules César. L’image d’elle déroulée dans un tapis à ses pieds reste jusqu’à présent un mythe tenace, puisqu’aucune preuve historique ne nous permet de prouver cette histoire, qui, dans le contexte de l’époque, reste improbable. Cléopâtre et César devinrent néanmoins des alliés politiques et des amants.

4- La mère du seul fils de César:


Photo:
Représentation de Césarion à Dendérah

Cléopâtre mit au monde le seul fils connu de Jules César, nommé volontairement Césarion afin de prouver sa légitimité, ce qui suscita rapidement une crainte et une haine de la population romaine face à la reine d’Égypte, devenue une menace pour la puissance de Rome. Elle était selon toute vraisemblance à Rome sur l’invitation de César l’année de la mort de l’assassinat du dictateur et elle aurait donné naissance à Césarion sur le chemin du retour…

5- L’amour et des folies avec Marc-Antoine:


Photo:
Antoine et Cléopâtre – Lawrence Alma-Tadema, 1884

Le général Marc-Antoine et ami de Jules César fut le véritable amour de Cléopâtre. Ils eurent ensemble quatre enfants. Elle avait sollicité son appui après la mort de César et l’avait au départ séduit grâce à une magnifique croisière sur le Nil, à bord d’un navire luxueux. Elle avait besoin de la protection de Rome et lui des contacts et richesses de l’Égypte. Marc-Antoine aimait la fête et Cléopâtre sut le divertir en mettant en place ce qu’elle appelait « la vie inimitable ».

Selon les sources anciennes, elle avait entre autres mis en place un groupe secret de « beuverie », caractérisé par de somptueux banquets où l’alcool coulait à flot, de même que toutes sortes de jeux.

6- Une morsure de serpent?


La mort de Cléopâtre – Réginald Arthur, 1892

Le suicide de Cléopâtre reste somme toute nébuleux. Les sources anciennes comme l’auteur Plutarque en ont fait un récit romanesque qui a quelque peu brouillé les pistes. Nous savons qu’après la défaite contre le général Octave à Actium, Cléopâtre fut gardée prisonnière dans son mausolée. Octave planifiait de la promener enchaînée dans les rues de Rome lors de son triomphe, ce qu’elle n’aurait jamais supporté.


(Source)

La légende de son suicide nous dit qu’un paysan lui aurait livré un serpent aspic dans un panier de figues et qu’elle serait morte du venin de sa morsure. Or, les descriptions de la mort de Cléopâtre et ses suivantes laisse penser à une mort rapide et relativement douce, ce qui n’aurait pas été le cas avec une morsure de serpent. Un empoisonnement à l’arsenic semble plus probable… Cléopâtre est décédée à l’âge de 39 ans.

7- Nous avons peut-être sa signature:


P. Bingen 45

Les papyrus, papier de son époque, étaient souvent réutilisés pour faire du cartonnage de cercueil pour les momies. Un de ces papyrus découvert et conservé au musée égyptien de Berlin porte selon toute vraisemblance sa signature. Il s’agit d’un édit royal daté du 23 février 33 av. J.-C., qui garantit des droits et des avantages à un Romain. Fait rare, ce papyrus est signé d’une main d’écriture différente du document avec la mention :« Qu’il en soit ainsi ». Qui d’autre pourrait donner de tels ordres et signer de cette façon sans apposer son nom, si ce n’est la reine elle-même, l’autorité suprême du royaume?

La documentation sur son époque reste fragmentaire, mais peut-être trouverons-nous dans les prochaines années des documents et/ou des artéfacts qui nous permettront de la connaître davantage!

Evelyne Ferron / Spécialiste en histoire ancienne

http://www.historiatv.com/

Comment les pièces de monnaie ont changé l’image de Cléopâtre


La vraie histoire de Cléopâtre a été déformée. Cléopâtre était-elle avide de pouvoir ? Une nymphomane ? Pourtant, les historiens commencent à y voir plus clair sur son règne. Elle voulait vraiment aider le peuple et entre autre, elle a innové grâce à la monnaie d’échange
Nuage

 

Comment les pièces de monnaie ont changé l’image de Cléopâtre

 

Cléopâtre, par Vasily Alexandrovich Kotarbinsky, via Wikimedia, License CC

Cléopâtre, par Vasily Alexandrovich Kotarbinsky, via Wikimedia, License CC

Christian-Georges Schwentzel

Quelques documents permettent d’entrevoir la réalité du règne de Cléopâtre, loin de l’image de reine fatale ou de prostituée nymphomane que les historiens romains ont voulu lui coller sur le dos.

La célèbre reine Cléopâtre (69-30 av. J.-C.), dernière souveraine d’Égypte avant l’annexion romaine, exerça un réel pouvoir politique, ce qui fait d’elle un cas presque unique dans l’histoire de l’Antiquité. Défaite par le futur empereur Auguste, à la bataille d’Actium, et contrainte au suicide, elle a durement pâti, dans l’historiographie, de son statut de vaincue. Elle ne fait pas partie de ceux qui écrivent l’histoire. Les auteurs romains, tous plus ou moins tributaires de la propagande du vainqueur, n’ont cessé de la dépeindre comme un monstre (Horace), une abomination (Virgile), une reine fatale responsable de la mort de son amant Marc Antoine (Plutarque), une prostituée doublée d’une nymphomane (Properce).

La vision traditionnelle de Cléopâtre (J.W. Waterhouse, 1888).
David Flam / Flickr, CC BY

Grâce à l’examen de sources numismatiques et archéologiques, dont certaines ont été révélées récemment, il est aujourd’hui possible de rééquilibrer cette vision négative d’une dirigeante politique dont les deux principaux défauts, aux yeux de ses ennemis, sont d’avoir été une femme et une Égyptienne. Les virulentes attaques dont la reine fit l’objet furent avant tout motivées par la misogynie et la xénophobie. Pour ses détracteurs, la reine se confond avec l’Égypte, vue comme l’antithèse de toutes les vertus romaines. Une terre de vice, de décadence, de corruption et de pouvoir féminin. Un comble!

La recherche sur Cléopâtre a beaucoup progressé depuis le début des années 2000, grâce à des objets (statues, monnaies, inscriptions, papyrus), parfois conservés de longue date dans des musées, mais qui n’avaient pas été clairement reconnus comme des documents se rapportant au règne de la célèbre souveraine. Des représentations d’elle ont pu être identifiées à partir d’éléments stylistiques ou grâce à la présence de symboles royaux particuliers, comme le triple cobra pharaonique ou le motif hellénistique de la double corne d’abondance. Ces œuvres, produites dans l’entourage de Cléopâtre, suivant des modèles élaborés par ses proches conseillers, nous montrent la souveraine telle qu’elle souhaitait apparaître aux yeux de ses sujets: une divinité incarnée, une déesse-reine, garante du bonheur et de la prospérité de son peuple.

La numismatique réhabilite la reine

 

Grâce à des monnaies apparues récemment sur le marché de la numismatique, on possède aujourd’hui un corpus d’une vingtaine de séries monétaires émises par la reine, à Alexandrie et dans les régions du Proche-Orient dont Marc Antoine lui confia la gestion. On a parfois remarqué que le buste qui orne ces monnaies est dénué de charme et bien éloigné de l’image d’Épinal de la séductrice. Rien d’étonnant à cela: Cléopâtre veut apparaître comme une dirigeante politique, compétente et sérieuse, voire sévère; une femme de fer, non une pin-up.

La monnaie n’est pas la couverture d’un magazine de charme, mais un instrument de pouvoir, un média qu’utilise la reine comme principal support du discours officiel. Il n’y a alors ni presse, ni télévision; c’est grâce à la monnaie qui circule entre toutes les mains, ou presque, que le peuple peut «voir» sa souveraine. Une sorte de miroir du prince, ou plutôt de la princesse. On comprend que Cléopâtre, comme d’autres souverains, y ait prêté la plus grande attention.

Bas-relief du temple de Dendérah: Cléopâtre en déesse-reine.
Christopher Michel / Flickr, CC BY

Propagande ou contre-propagande?

Mais on objectera que tout cela n’est que propagande, au même titre que la contre-propagande à laquelle se livrèrent les ennemis romains. Le discours officiel ne préjuge en rien de ce que fut la réalité du règne. L’historien de la dernière reine d’Égypte serait-il donc contraint de s’en tenir à une étude des représentations? Ce type de recherche n’est nullement dénué d’intérêt, mais la mission de l’historien est aussi, et autant que possible, de tenter de répondre à la question: comment cela s’est-il réellement passé?

Quelques documents permettent d’entrevoir la réalité du règne, à défaut de le découvrir complètement. Des inscriptions nous montrent que la reine se soucia effectivement du bien-être de ses sujets. Elle tenta de lutter contre les famines et la malnutrition qui frappèrent l’Égypte à plusieurs reprises durant son règne, lors de mauvaises récoltes, conséquences de crues insuffisantes du Nil. Dans l’une de ces inscriptions, elle cherche à réguler le transport du blé à destination d’Alexandrie, la capitale du royaume, véritable mégapole de 500 000 habitants. On pourra lui reprocher d’avoir négligé les campagnes, mais il pouvait sembler pertinent d’assurer en priorité l’approvisionnement des zones les plus peuplées.

Elle impose la valeur fiduciaire

Les dernières recherches sur Cléopâtre nous montrent aussi qu’elle fut à l’origine d’une innovation majeure d’un point de vue économique: elle fit apparaître des marques de valeur sur les pièces en bronze, très courantes, qui circulaient en Égypte. Au revers, à côté de l’aigle qui sert de blason à la dynastie des Ptolémées, famille de Cléopâtre, on lit la lettre grecque pi (équivalent de notre p), sur les plus grands modules, et la lettre mu (m) sur les monnaies de plus petite dimension. Pi signifie 80 (drachmes) et mu 40.

Nous sommes habitués aujourd’hui à lire 10 centimes, 1 ou 2 euros sur les pièces que nous utilisons, mais cette valeur indiquée n’était absolument pas la norme dans l’Antiquité; la valeur étant alors habituellement celle du métal. Cléopâtre crée un monnayage à valeur fiduciaire. Le métal de référence à l’époque était l’argent, mais l’Égypte en manquait cruellement. Il avait fallu frapper des pièces en bronze pour subvenir aux besoins de la population. Les prédécesseurs de la reine avaient instauré une équivalence entre le bronze et l’argent: une drachme d’argent valant 60 drachmes de bronze. Le problème est que ce cours officiel n’était pas vraiment respecté.

Monnaie d’argent de Cléopâtre.

Lorsqu’on payait en monnaies de bronze, il arrivait que le commerçant vous demande davantage que l’équivalence décrétée par l’État. Il en résultait une «inflation» du bronze, aggravant la pauvreté de ceux qui ne possédaient pas de drachmes d’argent, soit la majorité des paysans de la vallée du Nil. La réforme monétaire de Cléopâtre devait donc permettre de limiter les abus en facilitant le contrôle des prix. La mesure était autant économique que sociale.

A-t-elle obtenu les effets escomptés? Nul ne le sait et il est toujours douteux de tirer des arguments du silence des sources. On peut néanmoins remarquer qu’il n’y eut pas de grandes révoltes paysannes à l’époque de Cléopâtre, les derniers soulèvements de masse ayant éclaté sous le règne de son père. Il n’est donc pas impossible que Cléopâtre ait remporté quelques succès économiques que les auteurs romains, totalement accaparés par l’évocation des prétendus vices de la femme monstrueuse, ont bien évidemment passés sous silence.

Cet article est paru sur le site The Conversation le 29 avril 2016

http://www.slate.fr/