Les plantes "les plus dangereuses d’Europe" dans le jardin qui tue


Une visite de courtes durées en Angleterre dans un jardin assez spécial, et peut-être unique au monde. Pour admirer des plantes qui ont la particularité d’être tous toxiques pouvant même entrainer la mort
Nuage

 

Les plantes « les plus dangereuses d’Europe » dans le jardin qui tue

La berce du Caucase

La berce du Caucase, une plante toxique, est l’une des plantes de « Poison garden ».

© CHRISTIAN PUYGRENIER / PUY / PUYGRENIER

Incapables de bouger, les plantes ont concocté des substances toxiques pour neutraliser leurs prédateurs. Promeneurs, prenez garde ! Une jolie fleur peut cacher un terrible poison.

C’est au nord-est de l’Angleterre, à Alnwick, qu’elles se sont donné rendez-vous. Le cadre de ce symposium satanico-botanique ? Le parc de la duchesse de Northumberland. Au sein de ce domaine, un espace clos par une grille en fer forgé, peinte en noir et ornée de têtes de mort. « Ces plantes peuvent tuer », prévient l’écriteau.

Bienvenue à Poison Garden, royaume des plantes « les plus dangereuses d’Europe ».

L’occasion de croiser une centaine d’espèces redoutables. La belladone, digne représentante de la famille des Solanacées (qui comprend aussi la pomme de terre ou la tomate), dont dix à quinze baies (délicieuses, paraît-il) suffisent à terrasser un adulte.

Il y a là la gigantesque berce du Caucase, dont les molécules phototoxiques peuvent brûler la peau au 3e degré

La légendaire mandragore, chère aux officines occultes de la Renaissance. La grande ciguë, et son air de carotte sauvage ou de fenouil, qui emporta le philosophe Socrate. L’aconit napel et son cocktail détonant d’alcaloïdes… Sans oublier la gigantesque berce du Caucase, dont les molécules phototoxiques peuvent brûler la peau au troisième degré.

 Le jardin, à visée pédagogique, présente aussi les plantes aux propriétés psychoactives telles que le tabac, le pavot (opium) ou le cannabis, souvent enfermées dans des cages. La mise en scène, non dénuée d’humour anglais, se veut dramatique ; et les visites, exclusivement guidées et en groupe, sont limitées à une vingtaine de minutes. Un temps suffisant pour inspirer les Agatha Christie… en herbe.

https://www.sciencesetavenir.fr/

Les oiseaux toxiques sont bien la preuve que la nature veut votre mort


Certains oiseaux par leur alimentation deviennent toxiques qui peut faire du tort aux être humain possédant une mutation génétique alors que d’autres personnes ne ressentent aucun impact
Nuage

 

Les oiseaux toxiques sont bien la preuve que la nature veut votre mort

 

Un vilaine caille des blés du zoo de Varsovie. / Guérin Nicolas via WikimediaCC License by

Un vilaine caille des blés du zoo de Varsovie. / Guérin Nicolas via WikimediaCC License by

Megan Cartwright

Traduit par Peggy Sastre

Depuis des millénaires, ils nous empoisonnent.

Voici une énigme médico-légale: en Turquie, dix personnes mangent des cailles rôties un soir d’automne. Quelques heures plus tard, quatre convives se mettent à vomir. Ils se sentent de plus en plus faibles, leurs muscles se font de plus en plus douloureux. Aux urgences, on leur diagnostique une rhabdomyolyse – un syndrome pouvant être mortel et observé, durant la Seconde Guerre Mondiale, chez les survivants du blitz londonien écrasés sous les décombres.

Sauf que nous sommes en 2007 et qu’au lieu de subir les bombardements de la Luftwaffe, ces quatre hommes ont été victimes d’un volatile empoisonné.

La caille des blés tue quelques-uns de ses prédateurs humains – mais pas tous – depuis des millénaires. Mais cela fait seulement trois décennies que des chercheurs sont partis à la chasse d’oiseaux toxiques vivant en Amérique, en Australie ou en Nouvelle Guinée. Ces oiseaux secrètent des toxines rares et, selon des biologistes, demandent à être mieux étudiés à des fins médicales. Sauf que si ces oiseaux peuvent nous en apprendre beaucoup sur notre génétique, préviennent des scientifiques,

ils «disparaissent avec chaque hectare de forêt tropicale abattu, emmenant avec eux les joyaux de la toxinologie».

Dans la Bible, on parlait déjà des intoxications à la caille

Les quatre Turcs que les cailles auront rendu malades ne considèrent sans doute pas ces bestioles comme un joyau toxinologique, à l’instar des Israélites agonisant dans l’Ancien Testament après en avoir mangé. Dans le Livre des Nombres, on peut en effet lire:

«Comme la chair était encore entre leurs dents sans être mâchée, la colère de l’Éternel s’enflamma contre le peuple, et l’Éternel frappa le peuple d’une très grande plaie.»

Selon des historiens des sciences, le passage décrit une épidémie de coturnisme – une intoxication à la caille. Comme l’écrasement sous des décombres, cette intoxication provoque une rhabdomyolyse, soit la destruction rapide des muscles et une obstruction des vaisseaux sanguins par les cellules musculaires endommagées. Des débris cellulaires qui peuvent ensuite provoquer une insuffisance rénale, voire un choc septique mortel.

Si la Bible estime que l’empoisonnement des Israélites est un châtiment divin, des médecins antiques à l’instar de Galien allaient observer que ces intoxications à la caille survenaient le plus souvent en automne. En effet, comme le remarqua le précurseur de la médecine moderne, les oiseaux ne devenaient toxiques que lorsqu’ils mangeaient des graines de ciguë au cours de leur migration vers le sud de la Méditerranée – un périple pouvant les mener en Turquie.

Les observations de Galien furent remises au goût du jour en 1992, lorsque des biologistes américains essayèrent de comprendre pourquoi le pitohui bicolore était si puant et amer que les habitants de Nouvelle Guinée le surnommaient «l’oiseau poubelle». Lorsque les scientifiques examinèrent des spécimens de l’animal, ils trouvèrent que ses plumes et sa peau renfermaient des batrachotoxines, de dangereuses neurotoxines que l’on trouve aussi chez certaines grenouilles vénéneuses d’Amérique du Sud.

Mais la concentration en batrachotoxines n’était pas identique chez tous les oiseaux, ce qui laissait entendre que l’oiseau poubelle ne secrétait pas tout seul ses ordures, mais les récupérait autre part. En 2004, des biologistes retrouvent la trace de ces batrachotoxines dans des coléoptères dont raffolent les oiseaux. Ces insectes, de la famille des Melyridae, sont connus chez les habitants de Nouvelle-Guinée pour causer des brûlures lorsqu’ils se posent sur la peau. En mangeant les insectes, le pitohui saturait sa chair de batrachotoxines – et, au cours du temps, l’espèce avait développé une résistance contre ces toxines, résistance dont ses prédateurs sont dépourvus.  

Privilégiez le poulet, la salade verte et un grand verre d’eau

Comme d’autres animaux, le pitohui a découvert qu’en étant vénéneux, il éloignait les prédateurs et les parasites, et que l’alimentation pouvait être une source abondante de poison. Des sources qui varient: l’oie armée de Gambie mange des coléoptères riches en cantharidine, tandis que la gélinotte huppée d’Amérique du Nord et la colombine lumachelle d’Australie récupèrent leurs toxines dans des plantes. Quant à la caille des blés, elle trouve sa neurotoxine, la conicine, dans des graines de ciguë – toxine contre laquelle elle a développé une résistance, contrairement aux humains.

Ce qui nous ramène à notre première énigme: sur les dix mangeurs de caille, seuls quatre ont été atteints de rhabdomyolyse. Pourquoi la maladie n’a-t-elle pas touché tout le monde?

Parce que, pour certains poisons, des gens ont plus de risque de tomber malade s’ils sont porteurs de mutations génétiques spécifiques. A peu près 400 millions de personnes dans le monde sont porteuses d’une mutation qui fait que, lorsqu’elles mangent des fèves (sans forcément de foie ni d’excellent chianti), leurs globules rouges éclatent. D’autres mutations codant pour des enzymes hépatiques responsables de la métabolisation de l’éthanol font que des Asiatiques ont la peau qui rougit lorsqu’ils boivent de l’alcool, ou que d’autres ont immédiatement la nausée dès le premier verre. D’où l’hypothèse d’une susceptibilité génétique à la conicine pouvant expliquer que certaines personnes, et pas d’autres, tombent malades en mangeant de la caille, à l’image des quatre pauvres Turcs de notre histoire.

En attendant que la génétique de l’intoxication à la caille soit parfaitement décryptée, peut-être vaut-il mieux en rester au bon vieux poulet, préférer la salade verte plutôt que les fèves, et arroser le tout d’un grand verre d’eau.

http://www.slate.fr/

Les oiseaux toxiques sont bien la preuve que la nature veut votre mort


Il existe des oiseaux qui sont toxiques par leur alimentation, et ce à certaines périodes de l’année. Consommer ces volailles peut entraîner la mort de certaines personnes, mais pas à tous. Les scientifiques semblent avoir trouvés une bonne partie de la réponse
Nuage

 

 

Les oiseaux toxiques sont bien la preuve que la nature veut votre mort

 

<a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Common_quail#/media/File:Coturnix_coturnix_(Warsaw_zoo)-1.JPG">Un vilaine caille des blés du zoo de Varsovie.</a> / Guérin Nicolas via WikimediaCC <a href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/">License by</a>

Un vilaine caille des blés du zoo de Varsovie. / Guérin Nicolas via WikimediaCC License by

Megan Cartwright

Traduit par Peggy Sastre

Depuis des millénaires, ils nous empoisonnent

Voici une énigme médico-légale: en Turquie, dix personnes mangent des cailles rôties un soir d’automne. Quelques heures plus tard, quatre convives se mettent à vomir. Ils se sentent de plus en plus faibles, leurs muscles se font de plus en plus douloureux. Aux urgences, on leur diagnostique une rhabdomyolyse – un syndrome pouvant être mortel et observé, durant la Seconde Guerre Mondiale, chez les survivants du blitz londonien écrasés sous les décombres.

Sauf que nous sommes en 2007 et qu’au lieu de subir les bombardements de la Luftwaffe, ces quatre hommes ont été victimes d’un volatile empoisonné.

La caille des blés tue quelques-uns de ses prédateurs humains – mais pas tous – depuis des millénaires. Mais cela fait seulement trois décennies que des chercheurs sont partis à la chasse d’oiseaux toxiques vivant en Amérique, en Australie ou en Nouvelle Guinée. Ces oiseaux secrètent des toxines rares et, selon des biologistes, demandent à être mieux étudiés à des fins médicales.

Sauf que si ces oiseaux peuvent nous en apprendre beaucoup sur notre génétique, préviennent des scientifiques, ils« disparaissent avec chaque hectare de forêt tropicale abattu, emmenant avec eux les joyaux de la toxinologie».

Dans la Bible, on parlait déjà des intoxications à la caille

Les quatre Turcs que les cailles auront rendu malades ne considèrent sans doute pas ces bestioles comme un joyau toxinologique, à l’instar des Israélites agonisant dans l’Ancien Testament après en avoir mangé. Dans le Livre des Nombres, on peut en effet lire:

«Comme la chair était encore entre leurs dents sans être mâchée, la colère de l’Éternel s’enflamma contre le peuple, et l’Éternel frappa le peuple d’une très grande plaie.»

Selon des historiens des sciences, le passage décrit une épidémie de coturnisme – une intoxication à la caille. Comme l’écrasement sous des décombres, cette intoxication provoque une rhabdomyolyse, soit la destruction rapide des muscles et une obstruction des vaisseaux sanguins par les cellules musculaires endommagées. Des débris cellulaires qui peuvent ensuite provoquer une insuffisance rénale, voire un choc septique mortel.

Si la Bible estime que l’empoisonnement des Israélites est un châtiment divin, des médecins antiques à l’instar de Galien allaient observer que ces intoxications à la caille survenaient le plus souvent en automne. En effet, comme le remarqua le précurseur de la médecine moderne, les oiseaux ne devenaient toxiques que lorsqu’ils mangeaient des graines de ciguë au cours de leur migration vers le sud de la Méditerranée – un périple pouvant les mener en Turquie.

Les observations de Galien furent remises au goût du jour en 1992, lorsque des biologistes américains essayèrent de comprendre pourquoi le pitohui bicolore était si puant et amer que les habitants de Nouvelle Guinée le surnommaient «l’oiseau poubelle». Lorsque les scientifiques examinèrent des spécimens de l’animal, ils trouvèrent que ses plumes et sa peau renfermaient des batrachotoxines, de dangereuses neurotoxines que l’on trouve aussi chez certaines grenouilles vénéneuses d’Amérique du Sud. 

Mais la concentration en batrachotoxines n’était pas identique chez tous les oiseaux, ce qui laissait entendre que l’oiseau poubelle ne secrétait pas tout seul ses ordures, mais les récupérait autre part. En 2004, des biologistes retrouvent la trace de ces batrachotoxines dans des coléoptères dont raffolent les oiseaux. Ces insectes, de la famille des Melyridae, sont connus chez les habitants de Nouvelle-Guinée pour causer des brûlures lorsqu’ils se posent sur la peau. En mangeant les insectes, le pitohui saturait sa chair de batrachotoxines – et, au cours du temps, l’espèce avait développé une résistance contre ces toxines, résistance dont ses prédateurs sont dépourvus.  

Privilégiez le poulet, la salade verte et un grand verre d’eau

 

Comme d’autres animaux, le pitohui a découvert qu’en étant vénéneux, il éloignait les prédateurs et les parasites, et que l’alimentation pouvait être une source abondante de poison. Des sources qui varient: l’oie armée de Gambie mange des coléoptères riches en cantharidine, tandis que la gélinotte huppée d’Amérique du Nord et la colombine lumachelle d’Australie récupèrent leurs toxines dans des plantes. Quant à la caille des blés, elle trouve sa neurotoxine, la conicine, dans des graines de ciguë – toxine contre laquelle elle a développé une résistance, contrairement aux humains.

Ce qui nous ramène à notre première énigme: sur les dix mangeurs de caille, seuls quatre ont été atteints de rhabdomyolyse. Pourquoi la maladie n’a-t-elle pas touché tout le monde?

Parce que, pour certains poisons, des gens ont plus de risque de tomber malade s’ils sont porteurs de mutations génétiques spécifiques. A peu près 400 millions de personnes dans le monde sont porteuses d’une mutation qui fait que, lorsqu’elles mangent des fèves (sans forcément de foie ni d’excellent chianti), leurs globules rouges éclatent. D’autres mutations codant pour des enzymes hépatiques responsables de la métabolisation de l’éthanol font que des Asiatiques ont la peau qui rougit lorsqu’ils boivent de l’alcool, ou que d’autres ont immédiatement la nausée dès le premier verre. D’où l’hypothèse d’une susceptibilité génétique à la conicine pouvant expliquer que certaines personnes, et pas d’autres, tombent malades en mangeant de la caille, à l’image des quatre pauvres Turcs de notre histoire.

En attendant que la génétique de l’intoxication à la caille soit parfaitement décryptée, peut-être vaut-il mieux en rester au bon vieux poulet, préférer la salade verte plutôt que les fèves, et arroser le tout d’un grand verre d’eau.

Megan Cartwright

http://www.slate.fr/