Personnellement, je n’aime pas trop l’habillage des chiens avec manteau et bottes. Cependant, certaines races de chiens plus petits, moins poilus ont besoin d’une couche supplémentaire pour affronter les grands froids.
Nuage
Les manteaux pour chiens, ridicules ou indispensables?
Flickr / istolethetv
Eleanor Cummins traduit par Peggy Sastre
Pour certaines races, une ou deux couches supplémentaires peuvent effectivement être bonnes pour leur santé.
Une promenade dans les rues de New York en décembre est une expérience à nulle autre pareille –les lumières de Noël, les tas de neige sale, les stands éphémères de sapins. Cette semaine, j’ai même croisé un pit-bull avec une écharpe. Tout en muscles, l’animal naviguait fièrement entre les plaques de verglas, sans avoir à l’évidence conscience du ridicule du bout de laine grise que ses propriétaires avaient noué autour de son cou. Dans le même quartier, j’allais apercevoir des chiens en doudoune, en ciré jaune avec des bottes assorties et même en gilet à col bénitier.
Bien sûr, ces choix relèvent de choix esthétiques, concrétisés par de solides comptes en banque, mais de nombreux propriétaires de chiens avancent que ces habits ne sont pas là que pour la rigolade –ils seraient essentiels à la santé de leur compagnon à quatre pattes. Ce qui est assez étrange comme idée, vu que nous parlons d’animaux. Sauf s’il leur venait subitement des pouces opposables, jamais des chiens ne pourraient se confectionner des vêtements, alors comment peuvent-ils leur être essentiels? La chose est encore plus bizarre lorsque vous vous rappelez que les chiens descendent du loup, cette créature majestueuse qui peut tolérer une amplitude thermique des plus conséquentes, allant des températures arctiques frôlant les -55°C à la canicule désertique et ses 50°C. Difficile d’imaginer les loups géants de Game of Thrones dans des combinaisons médicalement recommandées.
Eux-aussi subissent le froid
Difficile à imaginer, certes. Mais pour envisager scientifiquement la réponse à cette question, qu’on se rappelle aussi qu’il y a entre 10.000 et 30.000 ans, les humains ont domestiqué le loup, sans doute en gratifiant sa loyauté par des bouts de barbaque. Au fil du temps, les loups se sont mollifiés –jusqu’à en devenir le meilleur ami de l’homme. Une évolution au coût énorme: ces grosses et résistantes bestioles sont devenues, par le pouvoir de la sélection humaine, les trucs mignons, débonnaires et relativement geignards que nous connaissons aujourd’hui. Après des millénaires de manipulation, le loup originel aura été transformé en 300 espèces distinctes de chiens. Certaines, comme le digne husky sibérien ou l’adorable samoyède sont toujours, grâce à leur épaisse fourrure, tels des coqs en pâtes dans des environnements glacials. Mais d’autres, comme les chiens chinois à crête, sont peu ou prou nus. Probablement dérivés du chien nu africain, ils sont devenus des créatures aussi extrêmement fragiles que bizarrement peignées. Et même les chiens intermédiaires peuvent avoir du mal dans le froid –leurs petits ou gros manteaux ne sont pas de trop quand le mercure descend en piqué.
Si les chiens divergent en apparence, leur température corporelle demeure étonnamment identique: selon l’American Kennel Club, la température d’un chien varie entre 38,3°C et 39,2°C. Bien sûr, difficile de garder un husky sibérien ou un chien chinois à crête dans ce cocon douillet. À moins que vous viviez dans le cercle polaire, les huskies ont besoin de petites attentions pour survivre à l’été –de l’eau en quantité et une maison climatisée. De même, il est peu probable que des chiens nus livrés à eux-mêmes puissent passer l’hiver new-yorkais. La plupart des chiens n’auront pas de problème aux alentours de 5°C, du moins le temps d’une promenade. Mais en-dessous de 0°C, les choses peuvent se compliquer.
Les huskies gambaderont joyeusement, mais les chiens plus menus ou moins densément poilus pourraient souffrir d’hypothermie ou d’engelures, surtout s’ils sont mouillés ou restent longtemps à l’extérieur. Si la plupart des chiens feront leur promenade hivernale sans souci, la situation est suffisamment préoccupante pour que les experts recommandent effectivement quelques couches supplémentaires pour les races les plus fragiles.
Les bottes ont aussi leur utilité
De fait, certains toutous ne seront pas contre une écharpe bien épaisse ou, si vous ne pouvez vraiment pas faire autrement, un gilet en mérinos. Et même s’il peut être pénible de voir des descendants du loup des steppes se trimbaler avec des petits bouts de plastique aux pattes, les bottes pour chien ont aussi leur utilité. Dans les villes qui salent leurs routes et leurs trottoirs en hiver, la chose est même nécessaire: les produits chimiques utilisés par les services de voirie peuvent être toxiques pour les chiens et leur abîmer les pattes. Si vous vivez dans une ville qui utilise de tels produits, une fois rentré au chaud, il est probable que votre chien se lèche les coussinets et ingère des sels potentiellement dangereux pour sa santé. S’il ne tombera pas malade à coup sûr, c’est un risque que peu de propriétaires de chien ont envie de prendre.
J’ai toujours des doutes sur la morsure que le froid peut provoquer sur la plupart des chiens, mais il me faut admettre que pour les plus fragiles, les vêtements d’hiver peuvent être recommandés. Reste qu’en me baladant dans New York, je ne peux m’empêcher de songer à ce que nous avons fait à ces pauvres bêtes. Avant que les humains ne les sélectionnent pour en faire des races de diverses formes et tailles, et leur fourrent des petits manteaux sur le dos, les chiens étaient des créatures indépendantes, autonomes et même redoutables. Aujourd’hui, ce ne sont plus que des accessoires de mode à poils.