Nulle part où aller Un père dort dans sa voiture avec sa fille


Les papas prennent de plus en plus a coeur leur rôle et veulent partager des moments privilégiés avec leur enfants, mais quand les difficultés financières s’en mêlent être père monoparentale devient vraiment difficile et l’aide est plutôt rare car c’est aux mères que l’on a surtout axé l’aide dans divers domaine. Il y a beaucoup a faire pour redonner la fierté au père
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Nulle part où aller

Un père dort dans sa voiture avec sa fille

Un père dort dans sa voiture avec sa fille

Crédit photo : Agence QMI

Par Jean-Nicolas Blanchet | Journal de Montréal

Si les mères monoparentales en situation de grande pauvreté disposent de plusieurs ressources pour sortir de leur détresse, en revanche, les pères dans le besoin sont généralement laissés à eux-mêmes.

Sébastien (nom fictif) représente, selon plusieurs intervenants en milieu social consultés, un cas parmi tant d’autres de jeunes pères de famille en grande situation de pauvreté qui peine à trouver un centre d’aide pour l’accueillir avec son enfant.

La semaine dernière, il a même dû se résoudre à passer la nuit dans sa voiture avec sa fille.

À la suite d’un divorce s’étant soldé par des frais importants, le jeune travailleur s’est retrouvé à la rue, avec son sac à dos, il y a un mois, avec sa jeune fille dont il a la garde partagée.

Il s’est alors déniché un logement, qu’il n’était plus en mesure de payer quelques semaines plus tard, lorsque son employeur l’a congédié après plusieurs absences.

Incapable d’acquitter les frais de garderie et n’ayant pas de famille dans la région de Québec, il devait s’occuper de sa fille et ne pouvait plus se présenter au travail.

Dans la rue

Se retrouvant dans la rue, il a ensuite cherché désespérément des centres d’aide de Québec prêts à l’accueillir pour quelques jours, avec sa fille, le temps qu’il se replace.

«J’ai fait le tour des ressources. Pour les mères, il y a environ huit organismes, mais pour les pères, il n’y a rien. Ils m’ont dit qu’ils s’occupaient juste des femmes. Je suis allé à des places comme à Lauberivière, mais ils m’ont dit qu’il n’accueillait pas d’enfants», raconte-t-il.

L’organisme l’Archipel d’entraide a pu le dépanner quelques jours plus tard, en lui offrant une chambre dans une maison hébergeant des individus avec des problèmes de santé mentale.

L’organisme lui a ensuite trouvé un logement qui sera payé pour le premier mois, le temps qu’il s’inscrive aux programmes sociaux et qu’il tente de retourner sur le marché du travail.

Directrice générale au centre de Service 211, Mme Claude Vanasse scande, depuis 2008, que l’hébergement temporaire aux pères de famille en difficulté est un véritable trou de service qui doit être signalé aux bâilleurs de fonds.

Changement de société

Chapeauté par Centraide, le 211 est un service permettant de rediriger toutes demandes de ressources vers les organismes adéquats dans la région.

«On a reçu plusieurs appels d’hommes qui avaient leurs enfants avec eux et avaient besoin d’un endroit temporaire de crise, ça n’existe pas!», explique celle qui déplore qu’un homme en situation de détresse parvienne aussi difficilement à rester dans l’univers familial.

«C’est tout nouveau. On vit un changement de société et on n’a pas suivi la nouvelle réalité de la responsabilité des hommes face à leurs enfants. Les pères s’occupent beaucoup plus de leurs enfants et s’il y a une crise dans la famille, ça se peut que ce soit le père qui parte avec les enfants», souligne-t-elle.

Vers un réseau de maisons d’entraide?

«Ce n’est pas parce que les hommes ne demandent pas d’aide que le besoin n’existe pas»

C’est l’avis de Manuel Prats, coordonnateur de la Maison Oxygène de Montréal. Ce centre d’aide fondé en 1989 offre un logement et une garderie pour venir en renfort à une vingtaine d’hommes en situation de pauvreté qui souhaitent se sortir de la misère, chaque année.

Étant un des seuls centres d’aide spécialisés en hébergement temporaire pour les pères en difficulté, la Maison Oxygène souhaite implanter un réseau à travers la province.

Un centre a déjà été implanté à Drummondville et à Baie-Comeau. Un autre ouvrira durant l’année à Sherbrooke et celui de Montréal devrait doubler sa capacité d’accueil. Un centre pourrait même ouvrir à Québec.

Quart des demandes

Des discussions ont été entreprises avec le centre AutonHommie, qui voudrait lancer le projet si des ressources sont disponibles, explique M. Prats, rappelant qu’il effectue une cinquantaine de sorties médiatiques par année pour sensibiliser les bâilleurs de fonds.

Constatant la hausse du nombre de pères en difficulté, M. Prats dit répondre au quart des demandes de pères qui tentent de trouver refuge avec leur enfant, à Montréal. Selon lui, 80% des cas découlent d’une rupture conjugale.

Ignorés des politiques

Le réseau public n’a tout simplement pas encore pris le virage paternité. C’est le constat de Raymond Villeneuve, directeur du Regroupement de la valorisation de la paternité.

(Crédit photo: Agence QMI) Raymond Villeneuve

Loin d’être surpris de la situation de Sébastien, M. Villeneuve estime que le phénomène des pères en difficulté est en hausse constante.

«Le phénomène a toujours été sous-estimé. Quand on parle d’une famille monoparentale, on pense toujours à une femme seule avec son enfant. Il y a peu d’études sur les pères au Québec et c’est normal, on n’adresse jamais les questions aux pères dans les statistiques. La monoparentalité féminine est considérée, mais pas la monoparentalité masculine», indique-t-il, précisant que les pères deviennent de véritables fantômes au plan statistique.

Le mot «père»

«Mon meilleur exemple, c’est au niveau des politiques dans le programme national de santé publique. On y retrouve le mot «mère» 56 fois, et le mot «père» n’apparaît pas une seule fois. Ce n’est pas rien, ça veut dire que la pensée de la santé publique au Québec, quand on examine la santé de l’enfant, les conditions de la mère sont des facteurs déterminants, mais pas celles du père».

Ainsi, le père n’existe tout simplement pas lorsque le gouvernement lance des programmes de soutien aux familles, peste-t-il.

«On est creux! Il n’y a pas de politique véritable pour soutenir les pères en difficulté, ce sont des initiatives de petits groupes qui font des miracles en travaillant à remonte-courant. Il faut reconnaître que le gouvernement est de plus en plus sensible à la question, mais il reste beaucoup de travail à faire», conclut le directeur, qui souligne que 13% des actions visant à aider les pères en difficulté proviennent du réseau public.

http://tvanouvelles.ca

Cultiver la bonté


Une journée internationale de la gentillesse .. je trouve cela épatant, mais la gentillesse ne doit pas se faire 365 jours par année ?  Vous savez, je déteste les fêtes, je trouve que cette période est lourd et en fait je suis une anti fête pour une raison personnelle mais aussi parce que c’est la fête du gaspillage, en argent, bouffe etc .. mais une chose que j’aime a cette période, comme par exemple la guignolée ou on ramasse des aliments non périssable, de l’argent et des jouets. Les gens sont plus souriants et saluent même s’ils sont inconnus. Les ainées ont enfin de la visite de leur famille ou d’étrangers, les itinérants ont un peu plus d’empathie de la population, mais cela ne devrait pas durer juste un mois .. mais bien toute l’année
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Cultiver la bonté

Cultiver la bonté

Illustration: La Presse

Sylvie St-Jacques
La Presse

 

Au nom de la charité, les membres de Simple Plan ou Joannie Rochette ont posé nus au profit de Centraide. Les Français ont récemment célébré la 3e Journée internationale de la gentillesse, sentiment humain auquel le magazine Psychologie vient de consacrer un grand dossier. Pas de doute: y a de la bonté dans l’air. Phénomène saisonnier ou réchauffement du climat social?

«L’empathie est l’élément social soudant toutes les civilisations», écrit l’économiste américain Jeremy Rifkin dans

La civilisation de l’empathie, essai paru en traduction française au printemps 2011. Dans cette brique de près de 700 pages, ce conseiller pour l’Union européenne s’emploie à démontrer que la nature humaine profonde est plus altruiste que vile ou avide de pouvoir et que l’humanité doit absolument prendre un «virage bonté». La survie de l’espèce, selon lui, en dépend.

«L’empathie est l’âme de la démocratie. C’est la reconnaissance du fait que chaque vie est unique, inaliénable et mérite une considération égale dans la sphère publique. L’évolution de l’empathie et l’évolution de la démocratie ont toujours avancé main dans la main, à travers l’histoire. Plus une culture est empathique, plus ses valeurs et ses institutions sont démocratiques», poursuit Rifkin.

Pour survivre en ce siècle de turbulences, les quelque 7 milliards de Terriens que nous sommes devront renouer avec notre bonté intrinsèque. Mais cultiver la bonté, n’est-ce pas aller à contre-courant? Le cynisme a en effet été associé à l’intelligence et un certain réalisme. Et quels sont les contextes qui favorisent chez l’individu les comportements nobles?

Le philosophe Ruwen Ogien, dans un récent ouvrage intitulé L’influence de l’odeur des croissants chauds sur la bonté humaine, explore justement les conditions morales, intrinsèques et contextuelles qui motivent l’égoïsme ou l’altruisme chez les mortels. Ogien, un spécialiste de philosophie morale et chercheur au CNRS, à travers une série de mises en situation qui impose un choix moral, confronte le lecteur à des dilemmes avec des questions comme «la vie d’un animal vaut-elle moins que celle d’un homme?» ou «est-il acceptable de sacrifier une personne pour en sauver cinq autres?» À travers ces «expériences de pensées» à solutions multiples, Ogien fait la preuve que de trancher entre le bien et le mal est un complexe casse-tête éthique. Et, études scientifiques à l’appui, il démontre que la bonté humaine est moins une vertu intrinsèque qu’une réaction au contexte ambiant. Ainsi, écrit Ruwen Ogien, il a été prouvé que les effluves du four du boulanger ont un effet positif sur le cerveau humain et motivent les gens à être plus serviables et patients…

«Ce qui est plus étonnant, c’est à quel point les facteurs qui déclenchent la bonne humeur et les comportements «prosociaux» associés peuvent être futiles ou insignifiants. Il suffit de trouver une pièce de monnaie sur l’appareil dans une cabine de téléphone public pour être bon!», écrit Ruwen Ogien.

La guérilla de la bonté

Interviewé par le magazine français Psychologie, qui consacrait récemment tout un dossier à la gentillesse, le moine bouddhiste Matthieu Ricard expliquait le retour actuel aux valeurs comme l’empathie, l’altruisme, la coopération, comme une réaction à la mondialisation.

«Nous sentons bien que nous sommes tous sur le même bateau. Face à la question écologique, face aux écarts entre riches et pauvres, et entre Nord et Sud, nous comprenons que l’heure n’est plus à la compétition, mais à la coopération. Sans quoi, nous serons tous perdants. Et à l’échelle individuelle, nous mesurons bien que cet égoïsme et cet individualisme font notre malheur. Ils sont la cause de notre sentiment de solitude, de nos ruminations excessives, de nos déprimes…», affirme le traducteur du dalaï-lama.

Patience Salgado, alias «Kindness Girl» (c’est le titre de son blogue), a quant à elle pris l’initiative de contribuer à créer un monde meilleur, en pratiquant au quotidien des menues actions de générosité, une noble mission qu’elle tente aussi de transmettre à ses enfants.

«Enfant, j’ai vu mes parents faire des gestes de bienveillance: ils avaient l’habitude d’apporter des repas dans les hôpitaux, par exemple. Quand mes trois enfants étaient petits, j’ai commencé à faire aussi des petits gestes de bonté anonymes: je me promenais dans la ville et je laissais des cartes pour des cafés gratuits. Aux alentours de l’Halloween, je dispersais des citrouilles ou encore j’écrivais à la craie des messages sur le trottoir. J’adorais l’effet de surprise de ces gestes», raconte au téléphone cette mère de trois enfants âgée de 35 ans, qui vit à Richmond, en Virginie.

Depuis que le magazine Oprah a parlé d’elle, Patience Salgado reçoit des quantités d’appels de bons Samaritains qui veulent imiter sa «mission bonté» dans leur propre communauté.

Patience, qui raffole de l’aspect anonyme de ces menus gestes de bonté, confie que sa croyance profonde dans la connectivité qui relie tous les humaines motive son travail, qu’elle autofinance entièrement. La prochaine mission de sa «guérilla bonté» ? Un jour de gratitude envers les éboueurs de son quartier.

«Pendant la période des Fêtes, les éboueurs ont la lourde tâche de ramasser tous les résidus de cette période de réjouissances. Ce sont des personnes qui sont partie prenante de nos vies quotidiennes et pourtant, on ne les connaît pas. C’est pourquoi j’ai invité les gens de ma communauté à laisser sur leurs sacs-poubelles des notes de remerciement, un peu de pourboire ou encore des cartes pour des cafés gratuits, histoire de leur montrer notre gratitude.»

Et au Québec? Pas de doute, une dose d’action désintéressée serait ici la bienvenue.

«Le Québec est la province où l’on pratique le moins de bénévolat», rappelle François Lahaise, agent de communication pour le Centre d’action bénévole de Montréal.

Est-ce le froid qui masque l’odeur des croissants chauds qui nous rend avares de notre temps, de notre énergie, de notre bonté et peu enclins à manifester notre altruisme? Selon François Lahaise, une méconnaissance de ce que représente l’action bénévole en serait peut-être la cause.

«Plusieurs gens pensent que le bénévolat est réservé aux personnes âgées. Mais sur le site du Centre d’action bénévole, on a le choix de 900 activités dont certaines demandent aussi peu que trois heures par mois.»

Sans compter que l’action bénévole, selon certaines études, procure des bénéfices pour la santé, réduit les risques de maladies cardiaques, le stress, la dépression…

Soyons bons, c’est de saison. Mais aussi, comme le rappelle François Lahaise, la bonté bénévole est une vertu à pratiquer 12 mois par année.

«Pour la période des Fêtes, les demandes de bénévoles sont presque toutes comblées. C’est bien beau, aider les démunis le 24 décembre, mais ils seront encore dans le besoin le 24 janvier, le 24 mars et le 24 avril.»

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