L’histoire humaine devrait nous apprendre sur nos erreurs pour éviter de refaire les mêmes et pourtant …. Au Mexique, la déforestation a commencé par les Mayas et même 1000 après, même si les forêts ont repris de terrains, les conséquences continuent à se faire sentir. Imaginez dans 1 000 ans avec toutes ces forêts qui sont décimées.
Nuage
Les Mayas à l’origine d’une catastrophe écologique durable?
La civilisation maya apparaît à la base de la péninsule du Yucatán 2000 ans avant Jésus-Christ. Moins de 1000 ans plus tard, les forêts sont décimées.
PHOTO FOURNIE PAR PETER DOUGLAS
MATHIEU PERREAULT
La Presse
Les Mayas ont appauvri les sols du Mexique en procédant à une vaste déforestation bien avant l’arrivée des Européens, selon une étude montréalaise. Cet impact négatif sur les sols se ferait d’ailleurs toujours sentir près de 1000 ans après la disparition de cette culture précolombienne. C’est une mauvaise nouvelle pour les changements climatiques.
DÉFORESTATION
La civilisation maya apparaît à la base de la péninsule du Yucatán 2000 ans avant Jésus-Christ. Moins de 1000 ans plus tard, les forêts sont décimées.
« Dans les sédiments des lacs, on passe d’une concentration de 90 % de pollen de forêt à 40 % », explique Peter Douglas, biogéochimiste à l’Université McGill et auteur principal de l’étude publiée hier dans la revue Nature Geoscience. « C’est comme passer du nord des Laurentides à la Montérégie, en termes de couverture végétale. La forêt tropicale commençait à l’époque à seulement 100 km au sud de Cancún, et s’étendait sur tout le Guatemala, le territoire des Mayas. »
Les chercheurs ont analysé les sédiments de trois lacs, un au Mexique et deux au Guatemala.
CARBONE
Outre l’absence d’ombre et d’absorption du CO2 de l’atmosphère par les arbres par l’entremise de la photosynthèse, la déforestation a comme conséquence de diminuer la capacité des sols à emmagasiner du carbone.
« Avec la déforestation, il y a une perte de minéraux comme le fer et l’aluminium, qui se lient au carbone et empêchent les microbes de le manger, dit M. Douglas. De plus, le sol devient plus meuble, il n’y a plus de mottes de terre qui protègent aussi le carbone des microbes. Ces microbes, éventuellement, évacuent le carbone dans l’atmosphère sous forme de CO2. Nous avons découvert que 1000 ans après la disparition des Mayas, les terres qu’ils habitaient n’ont toujours pas regagné la capacité d’emmagasiner beaucoup de carbone, même si les forêts sont revenues. C’est une mauvaise nouvelle pour la déforestation qui sévit actuellement en Amazonie et en Asie du Sud-Est, qui aura des impacts à très long terme sur les changements climatiques. »
La quantité de carbone dans les sols est très importante dans l’équilibre du climat, parce que le CO2 est un gaz à effet de serre.
« Les sols contiennent deux fois plus de carbone que l’atmosphère, dit le biogéochimiste montréalais. La déforestation est la deuxième contribution humaine au réchauffement de la planète. C’est beaucoup moins que la combustion de carburants fossiles, qui produit des gaz à effet de serre, mais c’est très important. »
SÉCHERESSE
Peter Douglas a commencé à travailler sur le sujet durant son doctorat à l’Université Yale.
« J’ai travaillé sur l’impact des sécheresses sur les Mayas. Nous nous sommes rendu compte que les molécules qui sont emmagasinées pendant longtemps dans les sols déformaient nos résultats. Je me suis intéressé à ces molécules et j’ai réalisé qu’elles étaient importantes pour le stockage du carbone. »
POPULATION
La prochaine étape des recherches de M. Douglas est l’évolution de la population maya.
« On estimait généralement qu’au maximum, on parlait d’une population de 1 ou 2 millions, de 10 à 20 villes de 100 000 habitants, mais les nouveaux relevés radars permettent de voir les traces d’un nombre beaucoup plus grand de villes, et certains arrivent à 20 millions. Je veux utiliser des techniques géochimiques pour mesurer une molécule produite par les intestins humains, qui se retrouve dans les sédiments des lacs. On voit là aussi une population plus grande qu’avec les techniques classiques de l’archéologie. »
L’étude du stockage de carbone est donc périphérique au principal domaine de recherche de M. Douglas.
« Pour ces recherches, j’ai besoin de technologies assez avancées auxquelles je n’ai pas accès ici », dit-il.
PERGÉLISOL, ANGKOR ET AMAZONIE
L’impact à long terme de la déforestation sur la capacité des sols à stocker du carbone pourrait être étudié au Cambodge avec la civilisation khmère d’Angkor, qui a existé du IXe au XVIe siècle, et en Amazonie, où des relevés radars montrent que des réseaux de villes importantes ont existé à l’époque précolombienne, selon M. Douglas.
« Je fais aussi des recherches sur la capacité du pergélisol à stocker le carbone dans le Grand Nord canadien. »
QUELQUES DATES CLÉS
2600 avant Jésus-Christ
Premières traces de la civilisation maya dans la péninsule du Yucatán
2000 avant Jésus-Christ
Premières villes mayas
800
Début de la disparition des cités mayas
1200
Fin de la civilisation maya, dont les héritiers seront des micro-États et villes souvent en guerre les uns contre les autres
1300
Les Aztèques s’imposent dans le centre du Mexique
1519
Hernán Cortés conquiert l’empire aztèque
Sources : Université McGill, Smithsonian