Le Saviez-Vous ► Au XIXe siècle, il était courant d’avaler un ver solitaire pour perdre du poids


J’ai déjà entendu parler d’avaler un oeuf de ténia, dans le but de perdre du poids. L’origine de cette pratique remonte autour des années 1837 au Royaume-Uni et encouragé par la reine Victoria 1re. Un guide à cette époque disait que c’était  »du devoir d’une femme d’être belle ». Vous connaissez sûrement cette citation :  »Il faut souffrir pour être belle », c’était une réalité. À cette époque, les critères de beauté étaient stricts et les moyens pour y parvenir étaient drastiques. Le ver solitaire faisait partie de ces méthodes dangereuses.
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Au XIXe siècle, il était courant d’avaler un ver solitaire pour perdre du poids


ver solitaire

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Crédits : iStock

par Yohan Demeure, rédacteur scientifique

L’époque victorienne qui s’est déroulée entre 1837 à 1901 est restée célèbre pour ses critères de beauté souvent étonnants. Cependant, certaines techniques pratiquées afin d’entrer dans ces critères font froid dans le dos comme celle d’avaler un ver solitaire.

Si la pratique venant de Chine consistant pour les femmes à se bander les pieds a été largement diffusée dans les médias, c’est un peu moins le cas pour une autre pratique dont l’origine est bien plus proche de nous : le régime au ténia.

Le ténia est un long ver parasite de l’intestin plus couramment appelé ver solitaire. Ce dernier se décline en deux espèces : l’une présente chez le porc et l’autre chez le bœuf (hôtes intermédiaires) et peut entraîner des douleurs abdominales, des nausées, des troubles du transit intestinal ou encore des troubles de l’appétit (anorexie, boulimie).

Comment croire que l’époque victorienne raffinée, qui s’est déroulée sous le règne de la reine du Royaume-Uni Victoria Ire comme son nom l’indique, pouvait autoriser une pratique aussi ignoble. En réalité, cette dernière fût abondamment encouragée. A cette époque, l’idéal de beauté chez la femme était le suivant : lèvres rouges, joues roses, peau pâle, pupilles dilatées, mais également et surtout, une silhouette très mince.

Ingestion d’ammoniac, bains d’arsenic ou encore corsets serrés à l’extrême étaient les méthodes les plus populaires, heureusement aujourd’hui disparues. Le régime au ténia est cependant le plus effrayant, car il s’agit de volontairement installer dans son corps un ver solitaire. Les femmes avalaient une pilule contenant un œuf de ténia et le parasite se développe une fois ce dernier éclos tout en se nourrissant d’une partie de ce que l’hôte avale.

En théorie, ce régime permettait de perdre du poids tout en se fichant du nombre de calories assimilées, une façon laxiste, mais surtout dangereuse de maigrir. Un guide d’époque, The Ugly-Girl Papers de S.D. Powers, estimant qu’il était « du devoir d’une femme d’être belle » décrivait cette technique et ses motivations dont le but était de trouver un équilibre « sain » dans cette recherche du corps parfait.

« Une fille corpulente devrait manger le minimum nécessaire pour satisfaire son appétit, mais en ne s’autorisant jamais à quitter la table en ayant encore faim »,pouvait-on lire dans le guide.

« Souffrir pour être belle » était une expression qui avait donc tout son sens. La dangerosité intervenait surtout lorsque le poids désiré était atteint et qu’il fallait retirer le ténia. Prendre des pilules pour éliminer le ver n’était pas encore très courant et il y avait donc plusieurs techniques parfois hallucinantes. Un certain docteur Meyers avait inventé un appareil à insérer dans le tube digestif, il s’agissait d’un cylindre fourré avec de la nourriture dont le but était d’attirer le ver. Cependant, les hôtes mourraient le plus souvent étouffés. Une autre technique consistait à agiter un bol de lait à proximité d’un orifice en attendant que ce dernier sorte alléché par l’odeur.

Il s’avère que cette technique destinée à la perte de poids est toujours d’actualité, bien que marginale. En effet, des personnes désirent toujours volontairement laisser s’installer un ver solitaire dans leurs intestins. Bon nombre d’escroqueries existent sur le Web, mais la pratique jouit parfois de publicités dont on se passerait. Dernier exemple en date ? Khloe Kardashian a déclaré dans l’émission de télé-réalité Keeping Up With the Kardashians qu’elle aimerait avoir un ver solitaire, une déclaration qui avait conduit à la rédaction d’un article préventif sur le site Vice en avril 2015.

https://sciencepost.fr/

Un trouble alimentaire à 55 ans


Quand on parle de troubles alimentaires comme la boulimie, l’anorexie, hyperphagie, de compulsion alimentaire on pense beaucoup que ces troubles de jeunes alors qu’en réalité, il y a des femmes et hommes plus âgés qui ont depuis longtemps ce genre de troubles ou qu’ils commencent plus tard.
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Un trouble alimentaire à 55 ans

 

Voilà 40 ans que l'anorexie fait partie du... (Photo Edouard Plante-Fréchette, La Presse)

Voilà 40 ans que l’anorexie fait partie du quotidien de Manon Germain, aujourd’hui âgée de 55 ans.

CATHERINE HANDFIELD

La Presse

«On les oublie, mais les gens qui ont 40, 50, 60 ans peuvent souffrir encore d’anorexie. J’en suis la preuve. J’ai 55 ans. Je n’ai pas honte, mais malheureusement, je souffre encore d’anorexie.»

Voilà 40 ans que l’anorexie fait partie du quotidien de Manon Germain. L’an dernier, pour la toute première fois dans sa vie, elle a entamé une thérapie, à l’Institut Douglas, à Montréal. Lorsqu’elle l’a entreprise, elle était rendue si faible qu’elle était incapable de monter les marches.

Lorsqu’elle regarde les jeunes femmes qui suivent la thérapie avec elle, Manon Germain ne peut s’empêcher de se voir en elles.

«Je les comprends. Je les comprends, mon Dieu. Tu aimerais tellement les aider, leur dire: « Ne faites pas comme moi. »»

Lorsque nous lui avons parlé, Manon Germain n’avait pas mangé depuis quatre jours («je n’y pense même pas»). Sa voix était affaiblie, mais on y percevait quand même l’espoir.

«Je voudrais manger plus. J’aimerais avoir un poids santé, dit la quinquagénaire, qui s’est souvent sentie jugée dans sa maladie. Douglas m’aide à trouver une nouvelle façon de penser envers moi. De prendre le temps de réaliser que je me fais tellement de tort…»

Quand on pense au trouble alimentaire, l’image de la jeune femme anorexique arrive spontanément. La réalité est pourtant beaucoup plus vaste. S’il est vrai que l’anorexie touche davantage les plus jeunes, les cliniciens voient de plus en plus de patients plus âgés atteints de boulimie ou d’hyperphagie (l’équivalent de la boulimie, sans comportements compensatoires), indique Howard Steiger, chef du Programme des troubles de l’alimentation à l’Institut Douglas.

«On voit des troubles alimentaires qui débutent plus tard dans la vie et qui persistent plus tard», constate le psychologue, qui déplore cette «manie culturelle» envers le maintien d’une image de jeunesse.

44 ans

En 2015-2016, la moyenne d’âge des utilisateurs des groupes de soutien d’Anorexie et boulimie Québec était de 44 ans. Elle était de 36 ans en 2016-2017.

«C’est une statistique qui surprend autant les gens dans la population que les professionnels de la santé, affirme Marilène Dion, coordonnatrice clinique, Anorexie et boulimie Québec (ANEB). On a souvent l’impression que c’est une maladie d’adolescente, alors que dans les faits, ça touche vraiment toutes les tranches d’âge.»

Céline Desparois, 43 ans, a commencé à souffrir... (Photo Patrick Sanfaçon, La Presse) - image 2.0

Céline Desparois, 43 ans, a commencé à souffrir de troubles alimentaires vers l’âge de 25 ans, après deux grossesses.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Marc* avait 62 ans le jour où il a rappelé les Outremangeurs Anonymes (OA), une association de partage pour les gens qui souffrent de compulsion alimentaire. Ce jour-là, Marc avait rencontré des clients à Sainte-Catherine, sur la Rive-Sud de Montréal.

«Je n’avais rien vendu le matin, ça n’avait pas fonctionné.»

Marc était déçu. Et il ressentait l’urgent besoin de manger. De manger beaucoup. Plusieurs assiettes. Il est donc parti à la recherche d’un restaurant de type buffet, en vain.

«Je peux vous dire qu’il n’y en a pas, de buffet, à Sainte-Catherine», lance l’homme de 69 ans, qui peut maintenant en parler avec humour.

Les OA permettent à Marc d’exprimer ses émotions au lieu de les manger. Il mange aujourd’hui raisonnablement.

Quel est le modèle des gens d’âge mûr qui souffrent d’un trouble alimentaire?

Certaines personnes vont carrément développer un trouble alimentaire en âge avancé, mais ça demeure rare, indique Cynthia Bulik, professeure de psychiatrie à l’Université de la Caroline du Nord et auteure du livre Midlife Eating Disorders. Deux cas de figure sont plus fréquents: des gens qui, comme Manon Germain, vivent depuis longtemps avec une forme chronique de la maladie ou encore des gens qui ont vu une résurgence de leur trouble en raison d’un enjeu venu bouleverser leur vie

«Ça peut être n’importe quoi qui dépasse la capacité d’adaptation de la personne, souligne Howard Steiger. La personne va avoir recours à quelque chose qu’elle peut contrôler [dans ce cas-ci, la nourriture] pour se sécuriser.»

Pour Céline Desparois, 43 ans, les troubles alimentaires ont débuté assez tardivement, vers l’âge de 25 ans. Au terme de ses deux grossesses, elle voulait perdre du poids et s’est inscrite au programme alimentaire Minçavi. En trois mois, elle a perdu 25 livres.

«Mais plus j’en perdais, plus je voulais en perdre. J’ai complètement dérapé, comme quelqu’un qui descend une pente avec son vélo. Je n’étais plus capable de freiner.»

Les années ont passé, et l’anorexie a fini par laisser place à la boulimie. Céline Desparois souffre encore de boulimie aujourd’hui, mais elle va beaucoup mieux. Elle vient d’ailleurs d’entreprendre une thérapie à la clinique St-Amour, où elle réapprend à bien manger le jour.

Si Céline Desparois et Manon Germain parlent ouvertement de leur maladie, beaucoup de gens d’âge mûr souffrent dans la solitude, dans la honte même, souligne Marilène Dion, de l’ANEB.

Paradoxalement, note Cynthia Bulik, souffrir d’un trouble alimentaire à un âge plus avancé (avec les responsabilités professionnelles et familiales qui viennent avec) peut avoir des effets considérables sur la vie de la personne.

Manon Germain, qui était acheteuse dans le domaine de la mode, a arrêté de travailler dans la quarantaine lorsque sa vie a basculé. Et l’anorexie y est pour beaucoup.

Pour s’en sortir, briser l’isolement demeure essentiel, disent à l’unisson tous les intervenants à qui nous avons parlé. Plus on agit rapidement, plus la personne a la chance de se rétablir rapidement. N’empêche, note Marylène Dion, les gens qui souffrent depuis longtemps d’un trouble alimentaire ont tout un vécu dans lequel ils peuvent puiser pour continuer à évoluer.

«Sans trouble alimentaire, je ne serais pas devenue la personne que je suis aujourd’hui, souligne Céline Desparois. J’ai appris que la vie est fragile. Et qu’il faut en prendre soin.»

«Il ne faut pas lâcher, conclut tout doucement Manon Germain. Et il faut s’aimer.»

* Comme Marc est membre des Outremangeurs Anonymes, il a demandé qu’on n’indique pas son nom de famille.

La bigorexie et les femmes aisées

Chez les femmes d’âge mûr issues de milieux socioéconomiques aisés, une autre forme de trouble alimentaire se dessine, note Myriam Gehami, nutritionniste en troubles alimentaires à la Clinique psychoalimentaire. Il s’agit de la bigorexie, la recherche obsessive d’un corps à la fois mince et musclé. Ces femmes, dont l’estime de soi est souvent basse, cherchent à se valoriser, à fuir leur réalité. Et cette fuite passe par l’entraînement et l’alimentation, qui finissent par occuper toute la place dans leur tête et dans leur vie.

«Ce sont des femmes qui s’entraînent beaucoup – au-delà de 12, 13 heures par semaine – et qui, malgré toute l’activité physique qu’elles font, mangent de petites portions, sans féculents ou presque», constate Mme Gehami, selon qui la compétition du milieu alimente la problématique. Ces femmes ont souvent recours à la chirurgie esthétique.

Ressources

ANEB: Anorexie et boulimie Québec est un organisme sans but lucratif dont la mission est de garantir une aide immédiate, spécialisée et gratuite aux personnes atteintes d’un trouble alimentaire et à leurs proches.

Cliniques: La clinique St-Amour, la clinique Muula et la Clinique psychoalimentaire ont toutes une spécialisation dans le traitement des troubles alimentaires.

OA: Outremangeurs Anonymes est une association d’hommes et de femmes qui partagent leur expérience personnelle, leur force et leur espoir dans le but de se rétablir de la compulsion alimentaire.

http://www.lapresse.ca/

3 choses à savoir sur les troubles de l’alimentation chez l’homme


Les troubles alimentaires comme l’anoxie et la boulimie sont souvent associés aux femmes et pourtant des hommes peuvent aussi en souffrir,. Il est aussi important pour eux de consulter
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3 choses à savoir sur les troubles de l’alimentation chez l’homme

 

Les femmes ne sont pas les seules à souffrir d’anorexie, de boulimie et d’autres troubles alimentaires. Découvrez les similitudes et différences avec les hommes.

Les troubles alimentaires touchent en moyenne deux fois plus de femmes que d’hommes. Ils sont donc minoritaires, certes, mais ce problème les concerne aussi. Pourtant, il est plutôt rare d’entendre des témoignages masculins à ce sujet. L’ancien chanteur du groupe One Direction, Zayn Malik, a parlé de ses troubles de l’alimentation dans son autobiographie et, plus récemment, au cours d’une interview au Sunday Times.

« Chaque aspect de ma vie était tellement réglementé et contrôlé que c’était le seule domaine où je pouvais encore dire ‘non, je ne mangerai pas’. Une fois que j’ai réussi à reprendre le contrôle, mon alimentation est revenue à la normale », raconte-t-il, cité par Health.

Comme lui, des milliers d’hommes souffrent d’anorexie, de boulimie et d’autres troubles alimentaires dans le monde. Voici trois informations à connaître.

Plus rapide que chez les femmes

Des études basées sur l’observation des données entre 1998 et 2008 suggèrent que certains troubles, comme le fait de se purger et de suivre des régimes extrêmes, progressent plus vite chez les hommes que chez les femmes. Ce type de problème est souvent associé à un abus de drogues, une dépression, de l’anxiété et de l’exercice compulsif.

Les jeunes adultes plus à risque

Une étude menée sur plus de 13.000 jeunes âgés de 14 à 20 ans a montré une augmentation des risques de troubles alimentaires chez les hommes à partir de 20 par rapport aux adolescents. Le risque est plus exactement de 1,2% chez les jeunes âgés de 14 ans et de 2,9% chez ceux de 20 ans.

Des symptômes plus ou moins différents

La perte de poids n’est pas le seul signe en cas de trouble alimentaire. L’organisme a du mal à fonctionner quand il est mal nourri, il peut donc développer une fatigue, un manque de coordination, une baisse de la réponse immunitaire, une mauvaise santé mentale et émotionnelle, un manque de concentration, une irritabilité et du stress.

La pression du physique parfait touche les hommes autant que les femmes et peut les pousser à alterner des phases de boulimie avec des phases de jeûne. Mais peu importe le sexe, quand ces maladies commencent à se faire sentir, il ne faut pas avoir honte de demander de l’aide.

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Le cerveau des anorexiques ignore littéralement la faim


Il semble que des scientifiques ont enfin trouvé des preuves physiologiques qu’ont l’anorexie et la boulimie. Un grand pas pour mieux comprendre ces troubles alimentaires et peut-être de meilleurs traitements
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Le cerveau des anorexiques ignore littéralement la faim

 

Manger ou ne pas manger | daniellehelm via Flickr CC License by

Manger ou ne pas manger | daniellehelm via Flickr CC License by

Repéré par Peggy Sastre

Chez les personnes atteintes de troubles du comportement alimentaire, les circuits neuronaux gérant l’appétit sont inversés

Une équipe de quatre psychiatres et chercheurs en neurosciences affiliés à l’université du Colorado vient de mettre en lumière les manifestations neurologiques de l’anorexie: les malades sont capables d’ignorer littéralement la faim parce que les circuits qui la gèrent normalement dans leur cerveau sont inversés. Portant sur des adultes, l’étude ne peut pas dire si le phénomène est une cause ou une conséquence des troubles alimentaires, mais il existe bel et bien.

Pour arriver à ce résultat, les scientifiques menés par Guido Frank, spécialiste de la neurologie des troubles alimentaires ont enrôlé 26 femmes souffrant d’anorexie, 25 de boulimie et 26 autres «sujets sains» pour constituer leur groupe de contrôle. Ensuite, les volontaires ont été soumises à un test classique d’activation de l’appétit, à savoir boire un peu d’eau sucrée, tandis que leur cerveau était surveillé à la fois par IRM fonctionnelle et par IRM de diffusion.

La primauté de l’esprit sur la matière

Et ce que montrent les chercheurs, c’est que les anorexiques ou les boulimiques présentent de nombreuses altérations dans les structures cérébrales régissant normalement la récompense gustative et la régulation de l’appétit. Des modifications particulièrement significatives dans la matière blanche, qui coordonne la communication entre différentes zones du cerveau.

En outre, l’hypothalamus ne joue pas le même rôle chez les malades et les non-malades. Chez ces dernières, les régions cérébrales impliquées dans la gestion de la faim vont chercher leurs informations dans l’hypothalamus. Chez les malades, non seulement l’activité des voies neuronales de la faim est bien plus faibles, mais l’information va dans le sens inverse: de l’hypothalamus aux autres zones cérébrales. Ce qui laisse entendre que leur cerveau shunte l’hypothalamus et ignore littéralement les signaux incitant à manger.

«En termes cliniques, on parle de la primauté de l’esprit sur la matière, précise Frank. Nous disposons désormais de preuves physiologiques pour soutenir cette idée. En temps normal, la région du cerveau responsable de l’appétit devrait vous faire quitter votre chaise et chercher quelque chose à manger. Chez les patientes atteintes d’anorexie ou de boulimie, ce n’est pas le cas.»

Auto-conditionnement?

Les humains sont prédisposés à aimer le goût sucré, signal d’aliments caloriques et dès lors utiles à la survie. À l’inverse, il est très courant que les personnes atteintes de troubles du comportement alimentaire commencent par s’éloigner du sucré, par peur de grossir.

«Il peut s’agir d’un comportement acquis, voire d’un auto-conditionnement où la prise de poids fonctionne comme une “punition”», écrivent les chercheurs.

Des habitudes qui peuvent tout à fait modifier le cerveau des malades, en altérant notamment les circuits neuronaux dédiés à l’appétit et à la prise alimentaire.

Pour distinguer l’œuf de la poule, l’équipe de Frank envisage de poursuivre ses recherches sur des enfants, et notamment ceux issus de familles où les troubles du comportement alimentaire sont fréquents, afin de comprendre «quand tout cela commence à se mettre en place».

http://www.slate.fr/

Ex-mannequin anorexique, elle témoigne contre la maigreur


Depuis que la France veut interdire les mannequins souffrant d’anorexie, certaines parmi les mannequins ont dénoncé ouvertement comment ces filles qui doivent s’affamer pour réussir. Espérons que cela pourrait enfin changer les choses, mais il faut que les autres pays puissent dénoncer ce genre de traitement réservé a ces femmes
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Ex-mannequin anorexique, elle témoigne contre la maigreur

 

Ex-mannequin anorexique, elle témoigne contre la maigreur

Victoire Maçon Dauxerre.Photo Models.com

Trois pommes par jour pour seul repas, poisson ou poulet une fois par semaine: Victoire Maçon Dauxerre a sombré dans l’anorexie quand elle était mannequin, calvaire dont elle témoigne dans un livre qui paraît au moment où la France a décidé d’interdire les mannequins trop maigres.

«On ne peut pas imposer un corps malade en idéal de beauté, c’est criminel», juge la jeune femme de 23 ans, cinq ans après une carrière météorique de huit mois, au cours de laquelle elle a défilé à New York, Milan, Paris, pour des grands noms dont Alexander McQueen, Céline, Miu Miu.

À l’époque, elle était descendue à 103 livres  pour 5,8 pieds. Aujourd’hui, elle se félicite de la législation adoptée en décembre soumettant l’activité de mannequin à un certificat médical qui prend notamment en compte l’indice de masse corporelle (IMC), même si elle trouve que le texte a «dix ans de retard».

Une telle mesure l’aurait empêchée de travailler:

«un médecin aurait vu que j’avais le pouls super faible, je perdais mes cheveux, j’avais de l’ostéoporose, je n’avais plus mes règles. Quand on a le teint terreux, limite vert, on voit tout de suite qu’il y a un problème».

C’est à 18 ans que Victoire Maçon Dauxerre se fait repérer alors qu’elle magasine avec sa mère dans le Marais à Paris. Fille d’un ingénieur et d’une artiste, elle prépare son diplôme universitaire et rêve de faire des sciences politiques. Mais elle se laisse convaincre par l’aventure du mannequinat et entre à l’agence Elite.

«Personne ne m’a dit: tu dois perdre du poids. Mais on m’a dit: en septembre, tu fais les semaines de la mode, la taille du vêtement sera du 32-34, tu dois entrer dedans. C’est à ce moment-là que j’aurais dû partir», regrette cette longue jeune femme châtain aux yeux bleus, qui porte désormais du 38.

«UNE OMERTA»

Elle s’affame alors pour arriver à la taille requise, et perd une vingtaine de livres en deux mois pendant l’été, en se nourrissant de trois pommes par jour et de boissons gazeuses, dont les bulles «calent».

«Plus je maigrissais, plus je me trouvais grosse», explique cette «bonne élève», qui reconnaît qu’il y a «sans doute un terrain pathologique à l’anorexie». «Mais voir des images toute la journée qui vous confirment que la beauté c’est la maigreur, ça ne fait qu’inciter à cela».

Dans son livre paru mercredi, Jamais assez maigre. Journal d’un top model(Les Arènes), elle raconte avoir vu dans les coulisses des défilés des mannequins grignoter devant les caméras, avant d’aller se faire vomir aux toilettes une fois les journalistes partis. Avoir participé à des séances photo où seuls les photographes avaient à manger. Être tombée d’inanition et de fatigue dans la rue en pleine semaine de la mode de New York.

«Les filles qui travaillent aujourd’hui diront probablement que je mens parce que si elles veulent continuer, elles ne peuvent rien dire, il y a une véritable omerta dans le milieu», dénonce cette jeune femme volontaire, qui se destine désormais au métier de comédienne.

«Les mannequins ne sont rien, ce sont juste des cintres. Dans les années 1980, les mannequins étaient des personnalités. Aujourd’hui il faut s’effacer derrière le vêtement», dit-elle. Elle «en veut aux maisons de couture»: «les créateurs ne veulent que des corps androgynes, on ne veut pas célébrer le corps de la femme».

«Karl Lagerfeld dit que personne ne veut voir des grosses défiler. Mais entre ce qu’on voit maintenant et des grosses, il y a quand même de la marge!», s’insurge-t-elle, en colère contre ce «diktat de la maigreur».

Quand, à bout, elle décide finalement d’arrêter le mannequinat, «personne n’a compris». Elle tombe dans la boulimie, fait une tentative de suicide.

«Tout le monde me disait  »tu as la vie rêvée » mais moi je n’ai jamais été aussi malheureuse», raconte Victoire Maçon Dauxerre, qui dit avoir reçu depuis l’annonce de son livre plein de témoignages et messages de soutien.

http://fr.canoe.ca/

«Ma fille se trouve laide et grosse»


Il est triste de voir que de plus en plus jeune, les enfants se soucient de leur apparence physique. Il y a une urgence d’agir, mais comment parler de l’apparence physique alors que tout parle du culte de la minceur pour les femmes et des corps musclés pour les hommes.
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«Ma fille se trouve laide et grosse»

 

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ALEXANDRE VIGNEAULT
La Presse

On le répète, comme pour s’en convaincre: il n’y a pas que l’apparence qui compte. On insiste auprès de nos enfants, aussi perméables que les adultes – c’est dire… – au culte de la minceur ou des torses musclés. L’impact est réel: à 10 ans, une fillette sur deux voudrait être plus mince. Et ce n’est pas nécessairement plus simple pour les garçons, rapporte notre journaliste Alexandre Vigneault.

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Porter le poids de son image

«Ma fille se trouve laide et grosse», se désole une maman sur Facebook. L’enfant en question n’a pas encore 9 ans. Cassandre*, la mère qui signe le billet, lui a fait valoir qu’elle n’est ni laide ni grosse, mais ses bons mots ne pèsent pas bien lourd dans la tête de sa fillette qui désire trouver sa place dans la cour d’école.

Cassandre n’a pas grimpé dans les rideaux la première fois que sa fille lui a fait part de sa souffrance par rapport à son apparence.

«Je ne voulais pas faire la mère freak et dire que mon enfant était fuckée, dit-elle. Mais après plusieurs fois, j’ai commencé à la questionner.»

«Ça vaut la peine de prendre le temps d’en parler. Ce n’est pas un hasard si un enfant répète une chose plusieurs fois. C’est probablement qu’il a envie d’en parler», estime Annie Aimé, professeure de psychologie à l’Université du Québec en Outaouais et spécialiste des problèmes liés au poids.

La fille de Cassandre n’est pas seule. Il y a aussi celle de Claudia, qui fait de l’embonpoint, et celle de Marie, qui a un ventre rondouillet. Se trouver trop grosse à 9 ans est malheureusement très courant.

«En avril 2014, on a publié un rapport de recherche dans lequel un peu plus de 40 % des enfants de 8 à 12 ans interrogés disaient vouloir être plus minces, expose Annie Aimé. Si on avait regardé toutes les insatisfactions par rapport au poids, on serait peut-être arrivé à 50 %.»

Ces chiffres correspondent aux constats aussi faits aux États-Unis et en Australie, précise la psychologue.

Les filles sont les principales affectées par le culte de la minceur, mais les garçons aussi sont touchés: à 9 ans, 33 % d’entre eux aimeraient être plus minces.

«On a été surpris de voir que nos garçons aussi voulaient être plus minces», admet Annie Aimé.

En fait, chez les garçons, deux tendances coexistent: vouloir mincir et prendre du muscle.

Un facteur d’intimidation

«Ce qui me sidère, c’est que ma fille est tout à fait normale», lance Cassandre.

Elle croit que cette idée lui vient de l’école. Marie et Claudia n’en doutent pas, elles.

«Il y a des commentaires des amis à l’école», confirme Marie. «Ma fille commence à se faire écoeurer à l’école», dit aussi Claudia.

Le poids est le trait physique le plus susceptible de devenir une source d’intimidation, rapporte Annie Aimé.

«On a tendance à percevoir le poids comme une chose qu’on peut contrôler. Si une personne est grosse, ce n’est pas « pauvre toi », mais plutôt: « qu’est-ce que tu fais pour être grosse de même? » On va blâmer la personne, la culpabiliser.» Annie Aimé,
professeure de psychologie à l’Université du Québec

«L’impression que j’ai, dit Cassandre, c’est qu’on vit dans une société de la performance comme travailleur, comme homme, comme femme, comme parent, comme amoureux. Il y a tellement de messages qui nous disent qu’on doit être parfait. Il n’est pas facile de se développer une pensée autonome.»

Les enfants les plus conformistes et ceux qui ont une faible estime d’eux-mêmes sont plus susceptibles d’être insatisfaits de leur apparence. Par ailleurs, ils sont perméables aux conversations entre adultes au sujet du poids, des régimes et de la nécessité d’améliorer sa silhouette. Ils sont aussi exposés aux publicités d’aliments minceur et d’appareils d’exercice.

«Ça fait longtemps que ma fille veut qu’on achète un vélo stationnaire», glisse d’ailleurs Marie.

Jouets, pub et jeux vidéo

«Les jeunes sont de plus en plus exposés aux médias et le sont de plus en plus tôt. Même avant 2 ans, les enfants peuvent commencer à interagir avec une tablette électronique, par exemple», fait valoir Thierry Plante, spécialiste en éducation aux médias chez Habilo Médias, organisme basé à Ottawa.

En plus de l’inévitable publicité, il évoque l’internet et les jeux vidéo. YouTube est en effet le site le plus populaire chez les jeunes Canadiens de quatrième année et plus, selon lui. Certains des jeux les plus populaires chez les jeunes Canadiennes sont aussi, en résumé, des jeux de magasinage et de maquillage de modèles stéréotypés «soit légèrement ou très sexualisés».

Les jouets colportent aussi des messages. L’icône du genre, pour les filles, c’est bien sûr la Barbie et sa taille d’une finesse démesurée. Une étude américaine qui date de 1999 signale également que les figurines du genre G.I. Joe et Star Wars avaient considérablement pris du muscle depuis les années 70.

«L’impact sur l’image corporelle et l’estime de soi des garçons va se faire sentir plus vers l’adolescence», précise Thierry Plante.

Que faire?

L’insatisfaction quant à l’image corporelle est une situation complexe. Le fait de jouer avec une Barbie ne rend pas anorexique, évidemment. L’exposition prolongée aux stéréotypes dominants peut par contre avoir un effet à long terme si la personne – enfant ou adulte – ne développe pas son sens critique.

C’est pourquoi Thierry Plante suggère de s’intéresser aux émissions et aux jeux qui captivent nos enfants, sans porter de jugement, mais en les remettant en contexte.

«Ça commence avec l’image corporelle, mais plus tard, à l’adolescence, ça touchera la sexualité, sa représentation et les comportements», dit-il.

«On peut aussi planifier l’utilisation des médias, plutôt que leur accès soit toujours une possibilité en arrière-plan, ajoute-t-il.

«Envisager le temps d’utilisation d’un média comme un choix a une influence sur leur utilisation: les enfants sont plus conscients des choix qu’ils font dans un tel contexte.» Thierry Plante,spécialiste en éducation aux médias chez Habilo Médias

Parler sans juger et accompagner les enfants constituent aussi des pistes de solution, selon Annie Aimé. Il faut essayer de naviguer entre l’éducation à l’alimentation, la nécessité de bouger et le développement du regard critique à l’égard des modèles dominants.

«On évite les extrêmes: il ne faut pas partir en peur, prévient-elle, mais on ne fait pas semblant que ce n’est pas là non plus.»

* Certains noms des mères qui témoignent ont été changés

Une fille sur deux

S’observer et se comparer est un comportement normal. Les recherches montrent toutefois que les enfants sont nombreux à se trouver inadéquats.

3 ANS

Âge auquel on commence à se préoccuper de son image corporelle et où on distingue clairement les gens minces des plus en chair. Cassandre dit d’ailleurs que dès 3 ou 4 ans, il était clair pour sa fille qu’une princesse «ne pouvait pas être grosse».

47 %

Presque une fillette de 9 ans sur deux souhaiterait être plus mince, selon une enquête réalisée au Québec. Il s’agit d’un bond spectaculaire puisque, à 8 ans, 25 % d’entre elles formulaient le même souhait. Après 10 ans, la proportion s’élève à 50 % et demeure stable au cours de l’adolescence.

8 ANS

Le regard des autres contribue à façonner notre image corporelle à partir de 8 ans. Avant, les enfants construisent surtout leur image à travers le regard de leurs parents.

15 %

Pourcentage de garçons de 9 à 11 ans qui voudraient être plus musclés. Une enquête menée au Saguenay-Lac-Saint-Jean en 2002 a révélé en outre que 73 % des garçons de 14 ans souhaitaient gagner du muscle.

Sources: Institut national de la statistique du Québec, Canadian Obesity Network, Annie Aimé (Université du Québec en Outaouais)

On le répète, comme pour s'en convaincre: il n'y a pas que... (PHOTO MASTERFILE) - image 8.0PHOTO MASTERFILE

Vers les troubles alimentaires?

Claudia ne tourne pas autour du pot: en voyant sa fille «manger ses émotions», elle craint que celle-ci ne développe un trouble alimentaire.

«Est-ce qu’elle va se faire vomir à l’adolescence? Si on ne règle pas ça en ce moment, ça va être pire plus tard, pense-t-elle. Ça ne peut pas aller en s’améliorant.» Pas tout seul, du moins, selon elle.

Entendre sa fillette se plaindre de son poids et de son apparence suscite une inquiétude semblable chez Cassandre, qui ne voudrait pas que sa fille souffre plus tard d’anorexie.

«Je me dis que c’est maintenant qu’il faut que je m’en occupe, avant que ce soit cristallisé et pendant que la communication est possible, dit-elle. J’ai travaillé avec des ados et je sais qu’à un moment donné, ils se referment…»

Les troubles alimentaires touchent bien sûr un certain nombre de garçons, mais ce sont d’abord les filles qui sont à risque de devenir anorexiques ou boulimiques. Des observateurs s’en inquiètent d’autant plus que, à l’ère de l’internet, des sites présentent la minceur extrême comme un mode de vie («lifestyle») et glorifient les petites cuisses, les ventres plats et les corps d’une minceur parfois extrême.

Inspiration minceur

Thierry Plante, spécialiste de l’éducation aux médias chez Habilo Médias, cite notamment des pages qui utilisent des variations des termes «thinspo» (de «thinsporation», contraction de «thin» et «inspiration») et «Pro-Ana» (raccourci de proanorexie), appellations cool pour désigner des pages consacrées à l’inspiration minceur ou faisant la promotion de comportements associés à l’anorexie. Sur l’un de ces blogues, on aperçoit même une fille impeccablement coiffée et habillée, qui se fait vomir avec style…

Annie Aimé, cofondatrice de la clinique IMAVIE, spécialisée dans les problèmes de nutrition et d’image corporelle, confirme que le risque que la situation empire est réel.

«Le facteur de risque le plus solide des troubles alimentaires, c’est l’image corporelle négative. Alors pour toute femme qui développe un trouble alimentaire, il y a des insatisfactions corporelles.» Annie Aimé, cofondatrice de la clinique IMAVIE

Elle précise néanmoins que ce n’est pas le seul facteur: il y a aussi l’anxiété, la dépression et l’isolement, notamment. L’image corporelle devrait être abordée à l’école, selon elle, et bien sûr à la maison.

«Il faut que la communication soit toujours ouverte», conseille-t-elle.

Même si elle est très embêtée par les inquiétudes de poids de sa fille, Marie peut au moins se réjouir de deux choses: son enfant «est relativement bien dans sa peau» et sa confiance en elle n’a jamais été un problème jusqu’ici.

Claudia se trouve dans une situation plus délicate. Elle ne veut pas mettre de pression sur sa fille et dit ne pas vouloir la voir maigrir pour maigrir.

«Ce que je voudrais, c’est qu’elle se sente en forme, qu’elle puisse courir comme les autres, précise-t-elle. Qu’elle ait du fun comme les autres enfants.»

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Elle se rendait malade en ne mangeant que santé


Manger santé est bien, mais en faire une obsession peut devenir un trouble alimentaire comme l’anorexie, la boulimie qui sont les plus connus. L’orthorexie n’a peut-être pas autant de conséquences sur le corps, mais il y a des conséquences sur le plan psychologique
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Elle se rendait malade en ne mangeant que santé

 

Photo Dominique Scali

Sylvie Béliveau passait trois heures par jour à planifier ses repas et elle angoissait à l’idée de manger des aliments malsains. Elle souffrait d’un trouble que les spécialistes rencontrent de plus en plus souvent.

L’orthorexie est un trouble alimentaire qui pousse certaines personnes à organiser leur vie autour d’une nourriture parfaitement santé, quitte à ne plus manger grand-chose.

«Je me suis déjà acheté des légumes et ensuite je les ai jetés parce qu’ils n’étaient pas bios. Je n’étais pas capa­ble de me faire un jus avec», illustre la femme qui donne des cours de stretching et d’éducation par le mouvement du corps à Saint-Hilaire.

«On se sent tellement bien à manger bien. J’avais plus d’énergie», dit la dame de 47 ans.

Par contre, le stress qui accompagnait son mode de vie était nocif.

Folie

Pendant neuf mois, son désir de manger santé a pris des proportions extrêmes.

 C’était «à en devenir fou», dit-elle.

Même dans une épicerie spécialisée, faire ses courses lui prenait une éternité, le temps de lire toutes les étiquettes. Après les repas, elle continuait de se demander si elle avait fait le bon choix de nourriture.

Dès qu’elle était dérangée dans sa routine, comme lorsqu’elle devait prendre la route, elle angoissait. La même question la taraudait:

«Qu’est-ce que je vais manger?»

Sa vie sociale a commencé à se dégrader. De peur d’avoir à se nourrir d’aliments malsains, elle s’empêchait d’aller manger au restaurant ou chez d’autres personnes.

Fierté

Pour Sylvie Béliveau, manger santé était une «source de fierté et une façon de performer. Tout est parfait dans mon panier. C’est comme une bonne note à l’école», illustre-t-elle.

Elle a souffert d’anorexie et de boulimie quand elle était adolescente et jeune adulte. Elle croyait que sa tendance au contrôle excessif était derrière elle, mais sa «police intérieure» est revenue pendant l’été 2013, prenant la forme de l’orthorexie.

Elle n’est pas allée jusqu’à se sous-alimenter ou à développer des carences. Sa faim était psychologique.

 «J’avais faim de quelque chose qui réconforte. Un repas chaud avec des pâtes.»

C’est à Pâques l’an dernier que le déclic s’est fait. Elle était seule chez elle, loin des membres de sa famille. Elle s’est alors rendu compte qu’elle se privait d’une certaine joie de vivre. Depuis, elle fait l’effort de prendre conscience de ses pensées obsédantes vis-à-vis de la nourriture.

Par exemple, elle mange parfois du chocolat pur à 70 %, alors qu’avant elle ne tolérait rien en deçà de 100 %.

L’alimentation, «il n’y a pas que ça dans la vie!» s’exclame-t-elle.

Elle considère toutefois qu’elle n’est pas complètement guérie de sa maladie.

Une maladie dans l’air du temps

L’orthorexie ne fait pas encore partie du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM), la bible des psychiatres. Depuis quelques années, nutritionnistes et psychologues disent toutefois rencontrer de plus en plus de personnes qui en présentent les symptômes.

Ces temps-ci, l’alimentation saine est valorisée socialement, ce qui pourrait expliquer que ce trouble gagne en fréquence.

«On entend beaucoup parler de l’importance de manger santé, des vertus de certains aliments», explique Patricia Groleau, psychologue à la clinique Change de Montréal.

Les personnes qui ont des tendances orthorexiques peuvent se sentir supérieures aux autres lorsqu’elles arrivent à suivre leurs propres règles, indique Mme Groleau.

À l’inverse, elles se sentent faibles, dévalorisées et anxieuses lorsqu’elles les enfreignent, ajoute-t-elle.

«Les règles deviennent de plus en plus restrictives. Un aliment qui était “correct” le mois passé ne l’est plus le suivant.»

Traitement

«Souvent, les gens se tournent vers l’alimentation pour se sentir stabilisés, ce qui, par la bande, peut diminuer le stress ressenti dans d’autres sphères de vie», indique Mme Groleau.

Il y a plusieurs liens à faire entre l’orthorexie et l’anorexie, ces troubles touchant tous au contrôle de l’alimentation, croient certains spécialistes.

Afin d’aider ses clients à surmonter leur orthorexie, Mme Groleau cherche à changer progressivement les comportements qui génèrent de la détresse et les problèmes de fonctionnement au quotidien.

La thérapie vise aussi à travailler sur les fausses croyances et les règles alimentaires que les clients entretiennent.

«Il est important de réitérer qu’il n’existe pas de bons ou de mauvais aliments, tout est une question d’équilibre.»

Exemples de ce qu’elle évite de manger

Sucre

Sel

Gluten

Soya

Produits laitiers

Levure

Blé

Caféine

Additifs

Colorants

Mauvais gras

Viande

Chocolat (sauf si très pur)

Tout ce qui n’est pas biologique

Exemple de dîner type

Un mélange de salade avec des noix, des légumineuses et des germinations. Pas de pain.

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Dépression : hommes et femmes ne sont pas égaux face à la maladie


Personne n’est à l’abri de la dépression, mais elle se présente différemment entre femme et homme. Et c’est chez les hommes qu’il est plus difficile à diagnostiquer
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Dépression : hommes et femmes ne sont pas égaux face à la maladie

 

Hommes et femmes peuvent souffrir de dépression de différentes manières. Mêmes si certains symptômes sont communs, ils n’ont pas la même vulnérabilité face aux troubles de l’humeur.

Les femmes sont plus susceptibles de ruminer

 

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Ressasser les sentiments négatifs, s’attarder sur ce qui nous fait broyer de noir : ces deux attitudes sont rencontrées plus fréquemment chez les femmes que chez les hommes qui souffrent de dépression. Contrairement aux femmes, les hommes arrivent plus facilement à se laisser distraire de leurs pensées négatives tandis que les femmes ont plus tendance à ruminer, à se blâmer, et à souffrir d’une mésestime de soi.

Les femmes sont également plus susceptibles de souffrir de dépression en réponse à un événement stressant comme un décès dans la famille, un divorce ou la perte d’un emploi.

Les hommes sont plus susceptibles de boire

 

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C’est même un signe qui devrait mettre la puce à l’oreille de leur entourage. Les hommes qui souffrent de dépression ont en effet tendance à boire et à se tourner vers les drogues illicites pour tenter d’apaiser leur mal-être. Pour masquer leur tristesse, ils peuvent également se lancer à fond dans le travail ou pratiquer un sport de manière excessive.

Les hommes sont également plus susceptibles de tenter de se suicider et ont plus de chance de réussir leur tentative que les femmes.

Les femmes ont plus de risque de souffrir d’un trouble de l’alimentation

 

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La dépression et les troubles du comportement alimentaire comme l’anorexie ou la boulimie vont souvent de pair chez les femmes. Les difficultés psychologiques ou la difficulté à faire face à certaines situations difficiles se traduisent souvent, chez les femmes, par des crises ou des accès boulimiques, des compulsions alimentaires ou, à l’inverse, un refus de manger.

Ces symptômes sont liés à la situation de mal-être et de mésestime de soi qui accompagnent la dépression chez les femmes.

Les symptômes sont plus difficiles à reconnaître chez les hommes

 

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En raison de l’interaction des hormones, les femmes sont souvent touchées plus durement par la dépression que les hommes. Les symptômes apparaissent donc de manière plus marquée chez les femmes.

En cas de dépression, les femmes internalisent leurs troubles anxieux tandis que les hommes les externalisent. Certains deviennent plus agressifs, d’autres se lancent dans des comportements à risque comme le jeu, le tabagisme, ou les rapports sexuels non protégés. Des « symptômes » que l’on met du temps à mettre sur le compte de la dépression. Du coup, beaucoup d’hommes souffrent de dépression sévère lorsqu’ils sont enfin diagnostiqués.

Hommes et femmes réagissent différemment aux antidépresseurs

 

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C’est un nouveau domaine de recherches sur lequel, pour l’instant, peu d’études ont été publiées, mais il semble qu’il existe des différences dans la façon dont hommes et femmes métabolisent les antidépresseurs. L’origine la plus probable de ce déséquilibre entre les sexes semble de nature hormonale.

On sait, par exemple, que les hormones utilisées pour la contraception orale augmentent le taux sanguin des antidépresseurs. En utilisant les mêmes doses de médicament pour une femme que pour un homme, celle-ci risque d’avoir un taux excessif dans le sang et de voir augmenter les effets indésirables.

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L’anorexie, ce fléau tombé dans l’oubli


Les troubles alimentaires tels que l’anorexie et la boulimie sont difficiles à soigner et il semble selon, une personne anorexie, qu’il manque cruellement des traitements spécialisés. Pourtant les troubles alimentaires sont de 3% des filles âgées de 15 à 25 ans souffrent de troubles alimentaires. Environ 90% des personnes atteintes d’anorexie ou de boulimie sont des femmes, juste au Québec, selon aqpamm.ca Côté médical, ils sont moins alarmant, mais je pense que les patientes qui le vivent sont plus en mesure de voir la réalité des besoins
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L’anorexie, ce fléau tombé dans l’oubli

 

L'anorexie est loin d'être une maladie qui passe... (PHOTO: CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE)

L’anorexie est loin d’être une maladie qui passe avec l’adolescence et plusieurs en meurent, rappelle Laurence Doucet, 22 ans, qui souffre de cette maladie depuis l’âge de 15 ans.

PHOTO: CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

Louise Leduc
La Presse

Est-il normal que de 5 à 20% des personnes atteintes d’anorexie meurent de ses complications, si l’on en croit Statistique Canada, et qu’on en parle si peu? Est-il acceptable que le Québec ne compte que six lits pour traiter tous les adultes atteints d’anorexie ou de boulimie? Est-il souhaitable qu’on en vienne à proposer à des gens d’ici d’aller se faire traiter gratuitement à New York?

Ce sont quelques-unes des questions que pose Laurence Doucet, âgée de 22 ans, qui raconte s’être sentie carrément coupable d’occuper pendant huit semaines l’un des six lits de l’hôpital Douglas spécialisés dans le traitement des troubles alimentaires.

«Dans mon département, il y avait une fille qui avait attendu sept mois à l’hôpital Notre-Dame avant d’avoir sa place à l’hôpital Douglas et une autre qui avait attendu quatre mois à l’hôpital Pierre-Boucher. Et moi, j’ai passé cinq semaines dans une unité non spécialisée dont je suis sortie sans avoir pris un seul kilo.»

Au nom de toutes celles qui sont toujours sur des listes d’attente, elle tient aujourd’hui à dire toute son indignation devant le peu de ressources spécialisées.

À son plus bas, Laurence a pesé 38 kilogrammes. Son régime composé surtout de laxatifs et d’amphétamines – «pour me donner de l’énergie» – l’a conduite à maintes reprises aux urgences.

Après avoir passé huit semaines à l’hôpital Douglas, elle a demandé sa sortie. Elle demeure très fragile.

«Je suis partie en étant convaincue que j’allais rechuter et que j’allais mourir d’anorexie.»

Deux semaines plus tard, elle tient le coup.

«Je n’ai perdu qu’un demi-kilo, ce qui n’est pas alarmant», dit-elle.

Elle compte néanmoins toujours le nombre de calories précis qu’elle ingurgite, elle continue de mesurer ses aliments et elle ne voit pas le jour où elle aimera mieux prendre une part de gâteau qu’une branche de céleri.

Une maladie qui reste

L’anorexie, dit-elle, est loin d’être une maladie qui passe avec l’adolescence. Elle-même en est atteinte depuis l’âge de 15 ans et plusieurs en meurent, rappelle-t-elle. En moyenne, selon une étude menée en 2007 (par Hudson et coll.), les personnes atteintes en souffrent pendant 8,3 ans.

Dans ces conditions, comment se fait-il que les soins spécialisés pour les adultes soient si rares? demande-t-elle.

Chef du service des troubles alimentaires de l’hôpital Douglas et professeur titulaire de psychiatrie à l’Université McGill, le docteur Howard Steiger ignorait que Laurence Doucet entendait lancer ce cri d’alarme.

«J’appuie son message et j’espère qu’il sera entendu, dit-il. Nous avons effectivement besoin de plus de programmes spécialisés.»

Cela dit, insiste-t-il, il ne faut surtout pas que les personnes en crise en concluent qu’elles n’ont nulle part où aller.

«Quand la situation est critique, on voit les personnes en deux jours. S’il n’y a pas toujours un lit spécialisé disponible tout de suite, on peut hospitaliser la personne dans un autre département.»

Oui, admet-il, les besoins sont énormes et la liste d’attente pour être évalué par l’hôpital Douglas est de six mois.

Cela ne veut pas dire pour autant que la solution passe par beaucoup plus de lits. En matière de troubles alimentaires, relève-t-il, l’hospitalisation est loin d’être toujours la meilleure solution. L’hôpital Douglas propose donc aussi un suivi en centre de jour, ce qui lui permet de voir 15 autres personnes.

Le docteur Howard Steiger croit aussi beaucoup au partage d’expertise. Son idée, c’est de former des gens un peu partout au Québec pour que des services non spécialisés dans les troubles alimentaires soient mieux outillés pour soigner des personnes qui en souffrent.

Des lacunes

Laurence Doucet sait tout cela, mais elle demeure très sceptique.

Va pour le partage d’expertise, dit-elle, «mais concrètement, même si l’on donne une formation à quelqu’un dans un CLSC ou un hôpital en région, ça ne nous donne pas pour autant davantage de traitements spécialisés».

Le problème avec le centre de jour, par ailleurs, «c’est qu’on y va seulement quatre jours par semaine. La fin de semaine, les filles ne mangent rien et reviennent amaigries au centre. Alors toi, si tu as mangé et gagné du poids, tu te sens démotivée et mal à l’aise par rapport aux autres».

Un séjour dans un service non spécialisé, par ailleurs, ne fait souvent que retarder le processus de guérison, à son avis. «Quand j’y étais, on m’apportait de l’Ensure, je le jetais dans les toilettes et le personnel n’y voyait que du feu.»

Quand on est très malade, un suivi spécialisé et personnalisé est impératif, selon elle, et elle trouve fort dommage que l’état d’une personne doive être critique pour qu’une prise en charge adéquate soit possible.

«On nous propose même d’aller à New York, au centre médical de l’Université Columbia, où l’on nous soigne gratuitement si l’on accepte de faire partie d’une étude. Personnellement, ma mère étant très malade, je n’avais pas envie de m’éloigner.»

«C’est très grave, l’anorexie, rappelle Laurence Doucet. On en meurt souvent et les gens qui sont atteints font très souvent des tentatives de suicide. Il faudrait qu’on se le dise davantage.»

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L’anorexie et la boulimie n’ont pas d’âge


Il y a beaucoup de préjugés face aux troubles alimentaires, tels que l’anorexie et la boulimie. Cependant, les recherches sur ces maladies avancent et peuvent mieux cibler les causes. Certains peuvent en guérir surtout si le traitement est pris assez tôt
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L’anorexie et la boulimie n’ont pas d’âge

PAR LUCIE TURGEON  | PHOTO: SHUTTERSTOCK

Publié dans moietcie.ca le 23 juin 2014

Aneb Québec: une ressource de première ligne

Anorexie et boulimie Québec offre une aide professionnelle aux personnes atteintes d’un trouble de l’alimentation, en plus du soutien et de l’information à leurs proches.

Ligne d’écoute et de référence: 514 630-0907 ou 1 800 630-0907

anebquebec.com

Contrairement aux idées reçues, l’anorexie et la boulimie n’affectent pas uniquement des jeunes femmes en quête d’un certain idéal physique. En fait, personne n’est à l’abri! Pour intervenir promptement, il importe d’en savoir davantage sur ces troubles

Véronikah, 48 ans, connaît bien l’enfer de l’anorexie. Depuis l’adolescence, cette artiste peintre lutte contre ce trouble alimentaire. Dans son cas, la maladie a persisté à l’âge adulte et elle est devenue chronique. Pour aider les femmes souffrant d’anorexie et les empêcher de sombrer dans la spirale de la chronicité, Véronikah a écrit le livre Ce qui ne tue pas rend plus fort.

«Je veux leur éviter de faire les mêmes erreurs que moi», affirme-t-elle.

Impressionnée par le combat que livre depuis des années Véronikah, l’actrice Mireille Deyglun a accepté d’en signer la préface. Pour avoir elle-même souffert de boulimie à différentes périodes de sa vie, elle comprend très bien le cauchemar de Véronikah. Leurs histoires démontrent clairement que l’anorexie et la boulimie ne sont pas des désordres propres aux adolescentes, puisque leur trouble alimentaire a continué à l’âge adulte. De fait, selon le Dr Howard Steiger, chef du Programme des troubles de l’alimentation à l’Institut Douglas, la majorité des personnes atteintes d’un désordre alimentaire sont des adultes.

«Certaines le développent à l’adolescence, d’autres à l’âge adulte», assure le psychologue.

Des désordres semblables

Comme toutes les personnes atteintes d’anorexie, Véronikah craint terriblement de prendre du poids et elle utilise toutes les méthodes pour maintenir un poids extrêmement bas. Depuis des années, elle ne mange presque pas, fait plusieurs heures d’activité physique par jour et avale des laxatifs en grande quantité pour purger le plus possible son système digestif. En 2000, au plus creux de sa déchéance, Véronikah ne pesait pas plus de 79 lb!

 «J’ai dû être hospitalisée pendant près de cinq mois», raconte-t-elle.

La boulimie, dont a souffert Mireille, est un trouble alimentaire très semblable à l’anorexie.

«Les gens atteints de boulimie craignent eux aussi d’engraisser et de perdre le contrôle de leur poids s’ils s’alimentent normalement», explique le  Dr Steiger.

Ce trouble se caractérise toutefois par des périodes d’excès alimentaires suivies de comportements compensatoires pour éviter le gain de poids, tels que les vomissements provoqués, l’abus de laxatifs, l’exercice excessif et le jeûne.

«Durant mes épisodes boulimiques, je pouvais passer cinq heures par jour dans un gym»,  se souvient Mireille.

De véritables maladies

«L’anorexie et la boulimie ne sont pas de simples caprices, mais de vrais troubles mentaux», insiste le Dr Steiger.

Les femmes qui souffrent d’un désordre alimentaire deviennent obsédées par leur poids ainsi que par la nourriture qu’elles mangent.

«Elles changent leurs habitudes alimentaires et adoptent des façons anormales de se nourrir», ajoute le psychologue.

«Ce n’est pas pour être belles et avoir la taille d’un mannequin que les personnes anorexiques ou boulimiques désirent la minceur, mais parce qu’elles sont profondément malheureuses», souligne Véronikah.

Ces troubles alimentaires sont en quelque sorte un cri de désespoir, un appel à l’aide.

«Mes épisodes de boulimie survenaient lorsque je vivais un bouleversement important dans ma vie», indique Mireille.

Pour elle, c’était une façon d’apaiser sa peine, d’avoir un peu de réconfort.

«Les femmes souffrant d’un trouble de l’alimentation n’ont pas à avoir honte», affirme le Dr Steiger.

L’anorexie et la boulimie ne se développent pas à cause d’un manque de volonté ou de force de caractère.

«Les recherches montrent que ces troubles sont causés par une combinaison de facteurs biologiques, psychologiques, sociaux et environnementaux», explique-t-il.

Par exemple, on sait aujourd’hui que leur composante héréditaire est très importante.

«Les personnes qui montrent cette susceptibilité génétique courent un plus grand risque de devenir anorexique ou boulimique lorsqu’elles sont exposées à certains déclencheurs, comme un stress important ou un régime alimentaire», poursuit l’expert.

Déni et clandestinité

Les personnes souffrant d’un trouble de l’alimentation peuvent avoir de la difficulté à admettre leur problème. Certaines d’entre elles vont ainsi tenter, par tous les moyens, de cacher leur état. Pendant des années, Véronikah a utilisé tout un arsenal d’astuces pour perdre davantage de poids sans attirer l’attention de son entourage:

«À un moment donné, je prenais jusqu’à 25 laxatifs par jour».

Nombre d’anorexiques et de boulimiques vivent ainsi, comme Véronikah, dans la clandestinité.

«La personne devient experte à couvrir les traces de son trouble», explique le Dr Steiger.

Elle peut ainsi réussir à garder un comportement clandestin pendant des décennies. Cela est même plus facile pour les personnes atteintes de boulimie, parce que leur désordre alimentaire est moins visible en apparence. Contrairement à l’anorexie, la boulimie n’entraîne pas une perte de poids importante. Les boulimiques ont même souvent  un poids normal. Par ailleurs, l’anorexie doublée de boulimie peut être trompeuse.

«J’ai continué de souffrir d’anorexie pendant des années tout en ayant retrouvé une apparence physique presque normale», raconte Véronikah, qui a aussi connu une période de boulimie. 

Des troubles qui se soignent

L’anorexie et la boulimie sont des maladies graves qui peuvent entraîner de sérieux problèmes de santé et même être mortelles.

«Le taux de décès liés à l’anorexie est l’un des plus élevés en psychiatrie», indique le Dr Steiger.

Au moins 5 % des personnes qui en sont atteintes vont éventuellement en mourir. La bonne nouvelle: ces désordres alimentaires sont soignables.

«Avec un traitement approprié, plusieurs d’entre elles peuvent guérir complètement», assure le psychologue.

Cela est d’autant plus vrai lorsque la maladie est traitée dès ses débuts. Le traitement le plus efficace consiste  en une approche multidisciplinaire, incluant entre autres des conseils nutritionnels et des psychothérapies (individuelle, de groupe et familiale).

«Personne ne devrait mourir d’un trouble de l’alimentation. Il faut aller chercher de l’aide», insiste-t-il.

C’est d’ailleurs ce qu’a fait Mireille le jour où elle n’est plus arrivée à contrôler ce qu’elle mangeait:

«J’étais dépassée par ce que je vivais et je voyais bien que je ne m’en sortirais pas seule».

Pour elle, l’expérience de la thérapie de groupe s’est avérée salutaire.

«Durant ma thérapie, j’ai eu un déclic et, du jour au lendemain, mes épisodes de boulimie ont cessé», assure-t-elle.

Quant à Véronikah, elle a aujourd’hui accepté l’idée qu’elle ne guérira jamais.

«Je fais partie du faible pourcentage d’anorexiques qui le demeurent toute leur vie.»

Véronikah ne s’apitoie pas sur son sort pour autant. Elle continue à lutter chaque jour contre cette terrible maladie.

«J’ai fait des progrès immenses. La maladie est toujours là, mais je la contrôle mieux et je ne suis plus malheureuse comme avant.»

De fait, elle a enfin trouvé le bonheur, grâce à son conjoint, à ses trois garçons et à sa peinture.

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