Darwin souffrait-il de la maladie de Lyme ?


Il est difficile de faire un diagnostique sur une personne qui est mort depuis plusieurs siècles. Souvent, quand une maladie n’était pas connue à une époque, on pouvait penser que c’était peut-être psychologique. Pour Charles Darwin, les chercheurs ont pensé à certaines maladies, mais dernièrement on croit qu’il aurait été atteint de la maladie de Lyme
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Darwin souffrait-il de la maladie de Lyme ?

 

Illustration: John Collier / Wikimedia

par Brice Louvet, rédacteur scientifique11 janvier 2019, 10 h 29 min

Au cours de sa vie, Charles Darwin s’est plaint de nombreux maux. Beaucoup de maladies ont déjà été avancées pour expliquer ces symptômes, mais de nouvelles recherches suggèrent une autre cause possible, jusqu’alors négligée : la maladie de Lyme.

Charles Darwin, le célèbre évolutionniste auteur de L’origine des espèces, a au cours de sa vie évoqué de nombreux symptômes. Parmi eux ont été rapportés des tremblements musculaires, des attaques de panique, vertiges, palpitations cardiaques, acouphènes, éruptions cutanées au visage ou encore des problèmes gastriques et intestinaux. De quoi souffrait alors le plus célèbre des biologistes ?

« L’étrange collection de symptômes de Charles Darwin a défié les experts médicaux de son époque qui cherchaient une explication », explique Jeffrey M. Marcus, du département des sciences biologiques de l’Université du Manitoba (Canada). « Désespéré de trouver un soulagement, il a essayé toutes sortes de traitements. Mais parce que ses symptômes ne correspondaient à aucun diagnostic reconnaissable, beaucoup à l’époque soupçonnaient Darwin d’être hypocondriaque ».

Hypocondriaque, vraiment ?

Beaucoup d’historiens ont néanmoins tenté de cerner les nombreux maux de Darwin. Certains ont suggéré la maladie de Chagas, d’autres la maladie de Crohn, de l’eczéma, ou encore une intolérance au lactose – entre autres. Erwin Kompanje et Jelle Reumer, de l’Université de Melbourne (Australie) proposent aujourd’hui la borréliose chronique, aussi appelée maladie de Lyme. Après avoir analysé les journaux personnels et les lettres de Darwin, les chercheurs soupçonnent en effet le biologiste d’avoir été infecté par la bactérie Borrelia. Elle aurait  probablement été transmise par une tique lors de ses nombreux voyages en Grande-Bretagne. Si la maladie de Lyme n’est officiellement reconnue que depuis 1976, des cas ont été documentés en Europe à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle.

Les crises de panique, vertiges, tremblements, essoufflements et palpitations, ainsi que des problèmes gastro-intestinaux et cutanés relatés par Darwin pourraient effectivement s’expliquer par la maladie de Lyme. Cette dernière était probablement associée à une intolérance au lactose.

Ces symptômes pourraient également avoir été quelque peu exagérés par la « prédisposition hypocondriaque » de Darwin, notent les chercheurs.

tique

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Une tique a-t-elle transmis la maladie de Lyme à Charles Darwin ? Crédits : Pixabay

Toujours un doute

Pour Jeffrey M. Marcus, qui n’avait jusqu’à présent jamais pensé à la maladie de Lyme, il faut aujourd’hui considérer ces nouvelles conclusions.

« Ces tiques étaient certainement présentes en Grande-Bretagne du vivant de Darwin, tout comme la bactérie responsable de la maladie de Lyme, explique-t-il. Il est donc plausible que Darwin ait contracté la maladie de Lyme en Grande-Bretagne et que l’infection chronique ait été un élément important de son inconfort pendant des décennies.Cela dit, il aurait également pu avoir d’autres maladies qui pourraient avoir contribué à ses symptômes ».

La borréliose chronique pourrait ainsi expliquer – en partie – ces maux. Malheureusement, nous ne le saurons jamais avec certitude. Toujours est-il que son apparent inconfort ne l’a pas empêché de marquer l’histoire scientifique de son empreinte. Charles Darwin est finalement décédé d’une crise cardiaque en 1882, à l’âge de 73 ans.

Source

Maladie de Lyme : quels sont les symptômes ?


Cela ne fait pas tellement longtemps qu’on entend parler de la maladie de Lyme au Québec. Mais, malheureusement, c’est une réalité qu’il est mieux de s’informer, reconnaître les symptômes, des risques.
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Maladie de Lyme : quels sont les symptômes ?

Balade en forêt, à la campagne… Gare aux tiques ! Ces petits insectes peuvent être porteurs d’une bactérie qui provoque une affection assez grave : la maladie de Lyme. Voici ses symptômes, traitements et comment s’en protéger.

Premier symptôme : l’érythème migrant

Il s’agit d’une lésion cutanée, qui ressemble à une sorte de halo rouge qui s’étend et se déplace lentement du centre de la piqûre vers la périphérie. Cette rougeur n’est pas douloureuse*, peut atteindre jusqu’à 15cm de diamètre, et survenir entre 3 et 30 jours après la piqûre. Elle disparaît 3 à 4 semaines plus tard en l’absence de traitement**.

Cependant, il n’est pas systématique (20% des cas) et la maladie débutante peut passer inaperçue ou n’occasionner qu’une légère rougeur autour de la piqûre.

Peuvent être associés des maux de tête, une fatigue, une petite fièvre (38°C), des ganglions, des douleurs musculaires.

Pourquoi : le corps réagit à la présence de la bactérie Borrelia, transmise à l’homme par une piqûre de tiques infectées.

* elle peut gratter, mais ce n’est pas systématique

** un traitement ada

 

Plus tard : des douleurs articulaires

Sans traitement adapté, des douleurs articulaires peuvent apparaître 6 semaines à 1 an après la piqûre de tique. C’est la deuxième phase de la maladie.

Cela se manifeste sur de nombreuses articulations, souvent au niveau des genoux, qui enflent, deviennent chauds, rouges et douloureux, accompagnés d’une faiblesse des muscles du corps**.

 

« Un des critères qui peut faire penser à une maladie de Lyme est la variabilité des symptômes. Il est rare que la douleur reste au même endroit. Elle peut migrer d’une articulation à une autre, être forte un jour puis très légère le lendemain. Les symptômes peuvent arriver comme disparaître spontanément, puis réapparaître », explique le Dr Louis Teulières, immunologiste et infectiologue.

 

Pourquoi : « Cette phase secondaire correspond à la dissémination et au développement de la bactérie au niveau du corps. »

 

** cela peut ressembler à un état grippal, et les douleurs aux genoux à une polyarthrite…

Des manifestations neurologiques

Sans traitement adapté, des symptômes neurologiques comme une paralysie faciale, une inflammation douloureuse des nerfs qui entourent la piqûre de tique, des problèmes oculaires (vision trouble…)… peuvent se manifester quelques semaines, voire quelques mois après la piqûre de tique.

Les symptômes varient pendant plusieurs semaines avec des périodes de rémission plus ou moins longues. Non diagnostiquée et non traitée, la maladie peut devenir chronique.

Pourquoi : « La bactérie se développe et passe la barrière hémato méningée, se fixant dans les gaines nerveuses », explique le Dr Teulières.

Et aussi : Le cœur peut être également touché avec des pertes de connaissance, des palpitations** et des douleurs intercostales, qui cessent cependant spontanément et sans séquelle.

** sensation de battements cardiaques forts dans la poitrine.

Des manifestations dermatologiques

Sans traitement adapté, et qu’il y ait ou non eu un érythème migrant, des manifestations cutanées peuvent survenir plusieurs semaines ou mois après la piqûre de tique. Cela se caractérise par des rougeurs ou des lésions cutanées sur l’ensemble du corps, plus particulièrement sur le front, le pavillon de l’oreille et les mamelons.

Ces symptômes régressent généralement spontanément en quelques mois, mais sans traitement adapté, peuvent ressurgir et devenir chroniques.

Pourquoi : « Le corps réagit aux toxines libérées par les bactéries. De la même manière que pour les manifestations neurologiques, articulaires et cardiaques, elles débutent en général quelques semaines à quelques mois après la piqûre de tique », explique le Dr Teulières.

 

Comment soigne-t-on la maladie de Lyme ?

Le traitement, en cas de piqûre de tiques, est à base d’antibiotiques. 

Le médecin juge du risque de contracter la maladie de Lyme, en fonction du temps d’accroche de la tique* et de la région où la personne a été piquée

 

Cependant : « Le traitement donné aux patients (généralement des antibiotiques pendant 8 à 10 jours), n’est pas suffisant**. Il faut suivre une cure d’antibiotiques à forte dose sur près de 3 semaines pour éradiquer la bactérie », explique le Dr Teulières.

Pas si évident car « le diagnostic est difficile. Les personnes concernées ne se souvenant pas toujours de la piqûre de tique et les médecins pas toujours bien formés à cette maladie. »

  Un examen : il existe un test de dépistage (test Elisa) mais les résultats restent aujourd’hui peu satisfaisants *** 

* Plus la durée de la fixation de la tique est longue, plus le risque de transmission est important. Au-delà de 48h, consultez.

** des personnes déclarent la deuxième phase de la maladie alors qu’elles ont pris des antibiotiques.

*** à cause d’un manque de sensibilité et de spécificité car ils ne prennent pas forcément en compte les borrelia burgforferi, présentes en France.

 

Comment s’en protéger

Les tiques se trouvent dans les sous-bois, les herbes hautes et s’accrochent sur un « hôte », animaux ou humains, à leur passage

Que faire : au cours de promenade en forêts ou dans les champs, lors des activités en plein air, mieux vaut porter des vêtements longs et clairs couvrant les jambes et les bras, et des chaussures fermées. Au retour, vérifiez scrupuleusement votre peau.

Pensez-y : il existe répulsifs anti-tiques pour la peau et les vêtements que vous pouvez appliquer en prévention

Sachez-le : la piqûre d’une tique ne provoque pas forcément la maladie !

« Il ne faut donc pas s’affoler. Retirez la tique en essayant de ne pas arracher la tête, et consultez un médecin », explique le Dr Teulières.

Les conséquences de la maladie de Lyme

Son évolution : avec un traitement adapté, lors des 2 premières phases de la maladie, la guérison est complète. Sans traitement, la maladie peut devenir progressivement chronique avec des manifestations neurologiques, articulaires et cardiaques, très handicapantes (arthrite chronique destructive, syndromes neurologiques…).

Mais même à ce stade, il est possible de traiter avec des perfusions d’antibiotiques.

« Suite au traitement, les symptômes sont fortement réduits et la personne contaminée peut retrouver une vie quasi normale. Il peut rester quelques douleurs résiduelles, des déficits de la mémoire ou de fixation de la pensée », explique le Dr Teulières.

 

Les régions les plus touchées

C’est une maladie répandue dans les régions tempérées de l’hémisphère nord.

En France, les contaminations varient d’une région à une autre, mais ce sont les régions de l’Est (Alsace…) et le centre du pays qui sont les plus touchées. Les seules zones européennes non colonisées sont les côtes méditerranéennes et les régions montagneuses au-dessus de 1200m. Les contaminations surviennent principalement entre mai et septembre. 

Sachez-le : « Plus on retrouve la présence de gibiers (cerf, sanglier…) et de rongeurs dans une région, plus il y a de risques que les tiques soient infectées par la bactérie Borrelia*. »

 

* Les tiques se contaminent en parasitant les animaux sauvages.

Publié par Florence Massin, journaliste santé et validé par Dr Louis Teulières, immunologiste et infectiologue

l’association Lyme Sans Frontières

http://www.medisite.fr/