Le Saviez-Vous ► 10 mythes et réalités sur le vieillissement


La population dans les pays développés est vieillissante, au Québec dans 20 ans, nous serons probablement le coin qui a le plus grand nombre de personnes âgées que dans les autres pays. Beaucoup de mythes circulent sur les personnes de 65 et plus. Comme, ils prennent la place des jeunes dans les emplois, ils coûtent cher à la société, ils ont une retraite dorée etc
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10 mythes et réalités sur le vieillissement

 

 

Un couple de personnes âgées se promènent dans un parc.

En septembre 2015, pour la première fois, le Canada comptait plus d’aînés que d’enfants.  Photo : PHILIPPE HUGUEN/AFP/Getty Images

On entend souvent dire que la société québécoise sera bientôt parmi les plus vieilles en Occident, que les personnes âgées vivent aux crochets de la société et que peu d’entre elles sont autonomes. Vrai ou faux? Démêlons le tout avec des experts.

Un texte de Danielle Beaudoin

1. LES PERSONNES ÂGÉES NUISENT À L’AVANCEMENT PROFESSIONNEL DES PLUS JEUNES

– FAUX

« C’est faux, surtout au Québec », affirme Diane-Gabrielle Tremblay, professeure à l’École des sciences de l’administration de la TÉLUQ.

Les personnes âgées sont nombreuses, elles alimentent l’économie, et de ce fait, elles créent des emplois pour les jeunes, explique-t-elle.

« On sait qu’il y a une pénurie de main-d’œuvre dans plusieurs milieux. Donc, l’idée que les personnes âgées bloqueraient l’accès au marché du travail, ça ne tient pas trop la route », ajoute l’experte.

« Ça n’a jamais été démontré qu’il y avait un lien direct entre la retraite des plus vieux et l’embauche des plus jeunes », explique Yves Carrière, professeur au Département de démographie de l’Université de Montréal.

Ce ne sont pas des vases communicants, ajoute-t-il. Le démographe rappelle que dans les années 80, les taux de chômage étaient très élevés dans la plupart des pays de l’OCDE. Le Québec et le Canada avaient alors fait passer l’âge de la retraite de 65 à 60 ans. Cela n’a pas réglé le problème du chômage chez les jeunes, observe Yves Carrière.

C’est un mythe. Dans les pays où ça va bien économiquement, le taux de chômage est bas dans tous les groupes d’âge. Quand ça ne va pas bien, il est plus élevé pour tous les groupes d’âge. Yves Carrière, professeur de démographie au l’Université de Montréal

2. UNE GRANDE PROPORTION D’AÎNÉS N’EST PAS AUTONOME

– FAUX

« La très grande majorité des personnes âgées vivent à domicile, malgré parfois un état de santé moins bon ou certaines incapacités », observe Anne-Marie Séguin, professeure titulaire au Centre Urbanisation culture société de l’INRS et chercheuse de l’équipe VIES (Vieillissements, exclusions sociales, solidarités).

Le démographe Yves Carrière est du même avis. Il explique qu’être autonome, cela veut dire être capable de faire soi-même les activités quotidiennes, comme préparer les repas et faire l’épicerie. Cela n’empêche pas les personnes autonomes d’avoir mal au dos ou d’avoir d’autres incapacités. En fait, selon Yves Carrière, le tiers des personnes âgées ont des incapacités.

Entre 5 et 7 % des personnes âgées vivent en institution (CHSLD, hôpitaux ou logements sans cuisine dans un foyer où on fournit des soins), selon les chiffres d’Yves Carrière.

Autour de 2,6 % des 65 ans et plus vit en CHSLD, contre 7 % il y a une vingtaine d’années, explique pour sa part Yves Couturier, professeur titulaire à l’École de travail social de l’Université de Sherbrooke et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les pratiques professionnelles d’intégration des services en gérontologie.

L’État contraint l’accès aux CHSLD. Il dit que dorénavant, la priorité, c’est de donner des services à domicile pour trois raisons : ça coûte moins cher, c’est bon pour la santé et le bien-être et c’est ce que les gens veulent. Le Pr Yves Couturier

3. LES PERSONNES ÂGÉES NE PEUVENT PAS AMÉLIORER LEUR AUTONOMIE

– FAUX

Il s’agit là d’un « gros mythe » même chez les professionnels du vieillissement, selon le professeur Yves Couturier.

« Imaginez votre père de 90 ans, qui n’a jamais fait de sport de toute sa vie. Si à 90 ans, il fait un programme d’activités physiques adapté à sa condition, il va augmenter son espérance de vie et sa qualité de vie. […]. Il y a toute une philosophie qui s’appelle en anglais le restorative care. Plutôt que de gérer la décroissance ou le déclin, c’est comment on peut soutenir le développement des personnes, même au grand âge. »

Une des sources d’âgisme, c’est de penser que les vieux sont incapables de s’améliorer parce qu’ils sont vieux. L’âge n’est pas forcément vecteur de déclin. Le Pr Yves Couturier

4. LES AÎNÉS VIVENT AUX CROCHETS DE LA SOCIÉTÉ ET COÛTENT CHER

– FAUX

Les personnes de 65-69 ans n’ont jamais été aussi actives sur le marché du travail, note le démographe Yves Carrière.

Elles participent beaucoup plus à l’économie qu’elles le faisaient dans le passé. Le Pr Yves Carrière

Yves Carrière ajoute que bien des personnes âgées qui ne sont pas sur le marché du travail sont actives et utiles à la société. Certains gardent leurs petits-enfants pour permettre à leurs enfants de gagner leur vie.

« Il y a du bénévolat et toutes sortes d’activités qui ne sont pas rémunérées et pas comptabilisées dans le PIB », précise le démographe.

Et ce n’est pas vrai que les personnes âgées coûtent si cher en soins de santé, affirme Yves Carrière.

La hausse des coûts du système de soins de santé a très peu à voir avec le vieillissement de la population. Yves Carrière, démographe

« Ce qui fait que les coûts du système augmentent de façon très rapide, c’est la technologie, les salaires, l’inflation, les médicaments. Et c’est ça qu’on ne contrôle pas très bien. Le vieillissement de la population, entre 1998 et 2008, expliquait 10 % de la hausse des coûts. Mais c’est sûr que dans le futur, comme le vieillissement va être plus marqué, il aura plus d’impact », explique le démographe.

5. L’AIDE À DOMICILE EST SURTOUT ASSURÉE PAR LES PROCHES

– VRAI

Entre 7 et 15 % de l’aide à domicile est fournie par l’État, soutient Yves Couturier. Ce sont donc surtout les proches, majoritairement les femmes, qui prennent soin des personnes âgées à la maison : les laver, les habiller, les nourrir, etc. Selon l’expert, il faut donc soutenir davantage les proches aidants.

Dans la vraie vie, c’est surtout le conjoint ou la conjointe qui donne les services. Si le conjoint s’épuise, il y a deux personnes qui rentrent en CHSLD ou à l’hôpital. Ça coûte 100 000 $ par année, ça. Il faut aider le conjoint et ne pas attendre qu’il s’effondre. Malheureusement, le Québec n’est pas actif là-dessus. Yves Couturier

Selon ses recherches sur le sujet, Diane-Gabrielle Tremblay, professeure à la TÉLUQ, constate que bien des proches aidants perdent au change.

Beaucoup de ces personnes, surtout les femmes, vont réduire leurs heures de travail, et finalement un certain nombre vont quitter leur emploi parce qu’elles soutiennent une personne âgée. Diane-Gabrielle Tremblay

« Du point de vue économique, ce n’est pas bon du tout », explique l’experte.

Àson avis, il faut garder les proches aidants sur le marché du travail, en leur offrant notamment des horaires plus flexibles.

Écoutez l’émission spéciale de Désautels le dimanche sur le vieillissement diffusée le 25 septembre sur ICI Radio-Canada Première.

6. TOUT LE MONDE VEUT PRENDRE SA RETRAITE À 60 ANS

– FAUX

Pas nécessairement, dit Diane-Gabrielle Tremblay.

« Il y a de plus en plus de [retraités] qui reviennent en emploi. Selon les enquêtes, 30 à 40 % reviennent pour des raisons financières. Mais pour beaucoup, on va revenir pour l’intérêt du travail ou parce qu’on s’ennuie un peu à la maison. »

Le démographe Yves Carrière note aussi que de plus en plus de gens réalisent que l’espérance de vie augmente.

« Prendre sa retraite à 55 ou 60 ans, ça peut être long longtemps. Et si vous êtes en bonne santé, pourquoi ne pas continuer à travailler? Donc, il y en a beaucoup qui voient l’intérêt de continuer à travailler. »

Yves Carrière ajoute que si on veut garder les personnes âgées sur le marché du travail, les employeurs devront faire montre d’un peu de flexibilité. Diane-Gabrielle Tremblay, de la TÉLUQ, est du même avis.

Quatre jours/semaine, des horaires flexibles, le télétravail; beaucoup de gens resteraient jusqu’à 65 ans, et même 67 ans. Beaucoup de gens sont disposés à rester plus longtemps, et sont capables de le faire.

Diane-Gabrielle Tremblay

7. LE VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION A COMMENCÉ AVEC LES BABY-BOOMERS

– FAUX

Totalement faux, selon le démographe Yves Carrière.

« Le vieillissement de la population au Canada et partout dans les pays développés a commencé avant le baby-boom. » 

Il donne l’exemple de la France, qui, déjà au début du 20e siècle, s’inquiétait de la baisse de fécondité et du nombre de plus en plus grand de vieillards.

Il explique que le baby-boom a plutôt ralenti le vieillissement démographique.

« La proportion de personnes âgées a cessé de croître avec le baby-boom. Elle n’a pas diminué; elle a juste cessé de croître. C’est pour vous dire à quel point il y avait déjà une tendance à avoir de plus en plus de personnes âgées. »

Par la suite, les baby-boomers n’ont pas fait beaucoup d’enfants, et en parallèle, le nombre de personnes âgées a continué à augmenter.

« Dans les années 80-90 et début 2000, on est passé de 7 à 14 % de personnes âgées. Ce n’était pas à cause des baby-boomers; ils n’avaient pas 65 ans encore. »

Toutefois, une fois que les baby-boomers arrivent à 65 ans, « c’est comme si on pesait sur l’accélérateur, parce qu’ils sont très nombreux ».

On va rattraper à peu près tous les pays de l’OCDE dans les 10-15 prochaines années. Yves Carrière

Yves Carrière explique qu’on assiste à une transition démographique partout dans le monde.

 « La fécondité diminue, et la mortalité aux grands âges diminue. Ça donne un vieillissement de la population, avec une proportion de personnes âgées qui va probablement arriver entre 25 et 30 %. C’est la maturation démographique d’une société. C’est une tendance qu’on observe dans tous les pays développés, et les pays en développement y arrivent aussi. »

8. TOUS LES BABY-BOOMERS VONT AVOIR UNE RETRAITE DORÉE

– FAUX

Un autre « beau gros mythe », dit le professeur Yves Carrière. Au contraire, avec l’arrivée des baby-boomers sur le marché du travail, « on [a commencé] à observer l’endettement et une baisse de la couverture des régimes de retraite ».

 Selon lui, les années dorées de la retraite, c’était dans les années 90.

« On aime […] dire que les vieux ont tout et que les jeunes n’ont rien. Parmi les baby-boomers, il y en a qui sont pauvres. Dans chaque cohorte, il y a de tout; des gens scolarisés, d’autres moins scolarisés. Il y en a qui ont bien réussi, d’autres, non », explique Yves Carrière.

Diane-Gabrielle Tremblay, professeure à la TÉLUQ, croit aussi que c’est un mythe. « Malheureusement, beaucoup de gens n’ont pas de bons régimes de retraite, ou n’en ont pas, point. Notamment les femmes avec de bas revenus, des emplois précaires dans tout ce qui est hôtellerie et restauration. »

Patrik Marier, professeur en science politique à l’Université Concordia et directeur du Centre de recherche et d’expertise en gérontologie sociale (CREGÉS), fait remarquer que le revenu disponible médian des aînés québécois de 65 à 74 ans est de 20 200 $, alors qu’il est sous les 20 000 $ pour les 75 ans et plus, selon un rapport de l’Institut de la statistique du Québec de 2013.

Dans la réalité, une bonne part des personnes âgées, surtout les femmes, vont vivre avec des revenus très modestes. Anne-Marie Séguin, de l’INRS

Anne-Marie Séguin souligne qu’en 2015,près de 40 % des Québécois qui touchent la pension de sécurité de la vieillesse reçoivent aussi le Supplément de revenu garanti (SRG). Seuls le Nouveau-Brunswick et Terre-Neuve affichent des pourcentages plus élevés.

9. D’ICI UNE VINGTAINE D’ANNÉES, LA SOCIÉTÉ QUÉBÉCOISE SERA UNE DES PLUS VIEILLES EN OCCIDENT

– VRAI

« Ce qui est remarquable pour le contexte québécois, c’est qu’on va rejoindre les sociétés les plus vieilles », note Yves Couturier, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les pratiques professionnelles d’intégration des services en gérontologie.

Il explique que le Québec va bientôt atteindre le niveau de vieillissement de l’Italie.

« Ça aura pris 100 ans à l’Italie pour atteindre ce niveau; ça va prendre une génération au Québec pour le faire. »

Le baby-boom a eu cet effet-là. Dans une génération, on passe en moyenne de 7-8 enfants par femme à autour de 2. C’est la rapidité du choc démographique qui est typique au Québec. Même si on se compare au Canada anglais, le Québec se distingue.

Yves Couturier

« Le Québec est une des régions où ça prend le moins de temps pour doubler la proportion de personnes âgées », fait remarquer le démographe Yves Carrière.

Il faudra 32 ans au Québec pour passer de 12 à 24 % de personnes âgées, comparativement à 75 ans au Royaume-Uni, et 70 ans à la France.

La société québécoise sera peut-être parmi les plus vieilles d’ici une vingtaine d’années, mais les autres pays développés ne seront pas loin derrière, note le démographe. Il souligne que le décalage entre les pays quant à la proportion de 65 ans et plus sera beaucoup moins prononcé qu’il l’est aujourd’hui.

Selon l’Institut de la statistique du Québec, les 65 ans et plus représentent aujourd’hui 18 % de la population.

10. LES AÎNÉS ET LA TECHNOLOGIE NE FONT PAS BON MÉNAGE

– FAUX

C’est vraiment un mythe, selon Diane-Gabrielle Tremblay, de la TÉLUQ. « Aujourd’hui, ceux qui ne connaissent pas les technologies, ce sont les 85 ans et plus. »

Patrik Marier, directeur du CREGÉS, explique que les nouveaux retraités sont à l’aise avec les nouvelles technologies. Ils ont été en contact avec Internet et les téléphones intelligents lorsqu’ils étaient sur le marché du travail. Par contre, les personnes plus âgées sont peut-être moins familières avec la technologie, car lorsqu’elles étaient sur le marché du travail, tout cela n’existait pas.

Au fil de ses recherches sur le sujet, Anne-Marie Séguin, professeure titulaire au Centre Urbanisation culture société de l’INRS, a constaté que la technologie est de plus en plus présente chez les personnes âgées. 

« Dans les entrevues, on leur demandait : « Si vous alliez en résidence, si vous aviez juste une chambre, qu’apporteriez-vous? » Beaucoup de gens ont dit : « Mon ordinateur ou ma tablette. Parce que dans mon ordinateur, j’ai mes photos, beaucoup de souvenirs, plein de choses ». Pour des aînés, ça devient de plus en plus important », explique-t-elle.

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En Mongolie, les places en maternelle sont tirées au sort


Un tirage au sort pour aller à la maternelle, c’est assez inusité. En Mongolie, il y a eu un baby boum dans les années 80 et aujourd’hui, les écoles ne se sont pas préparer au nombre d’enfants qui pourraient fréquenter l’école. Cependant, ces enfants ont de 2 à 5 ans. C’est un peu jeune pour commencer alors que les premières années sont pour consolider la famille. La maternelle n’est pas obligatoire, mais à partir de 6 ans tous doivent fréquenter l’école primaire qui est déjà eux aussi pleine
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En Mongolie, les places en maternelle sont tirées au sort

 

JOEL SAGET VIA GETTY IMAGES

Et ceux qui gagnent la loterie font leur apprentissage dans des classes de 60 élèves.

En Mongolie, le boom des naissances fait déborder les maternelles et affole les enseignants. A tel point que des parents doivent remporter un tirage au sort pour pouvoir scolariser leurs enfants dans le public, ou s’en remettre à de coûteuses écoles privées, s’ils en ont les moyens.

Dans la capitale Oulan Bator, les places sont en effet attribuées au hasard grâce à un système de loterie en ligne. Et malheur aux perdants.

« On pensait gagner au tirage au sort et on s’apprêtait à acheter les fournitures scolaires à mon fils », témoigne Sukhbaatariin Boldbaatar, un jeune papa de 27 ans. « Mais on a reçu un texto nous disant qu’il n’était pas pris. Sur le moment, je me suis demandé comment l’avenir d’un enfant de 2 ans pouvait être déterminé juste par le hasard. »

Son fils faisait partie des 22 000 bambins ayant participé à la loterie: seuls 12 600 ont finalement été sélectionnés. Les autres doivent rester à la maison ou être scolarisés dans des écoles privées, inaccessibles pour les familles modestes comme celle de Boldbaatar qui est actuellement au chômage.

Car les maternelles publiques d’Oulan Bator n’ont de place que pour accueillir la moitié des 146.000 enfants âgés de 2 à 5 ans que compte la capitale, selon le bureau municipal de l’éducation.

Un problème qui s’explique selon les experts par un manque de planification sur le long terme.

La majorité des écoles publiques ont été construites durant l’ère communiste. Et très peu après la transition démocratique de 1990. Résultat: les salles de classe sont aujourd’hui pleines à craquer, les enseignants surmenés et les ressources utilisées à leur maximum.

60 par classe

Lassés de devoir faire cours dans ces conditions extrêmes, les professeurs des écoles étaient en grève les 21 et 26 septembre.

« On a dû s’habituer à travailler avec plus de 60 enfants par classe », raconte à l’AFP Tsergiin Bayalag, enseignant à la maternelle numéro 122 d’Oulan Bator.

L’établissement compte actuellement quelque 660 élèves, soit le double de sa capacité théorique.

« La charge de travail supplémentaire n’affecte pas que les professeurs. Les cuisiniers aussi doivent préparer deux fois plus de repas. Je veux que le gouvernement verse un salaire décent aux enseignants », déclare Bayalag.

La promiscuité dans les classes favorise aussi la diffusion de microbes et de la grippe et les hôpitaux ont du mal à gérer l’afflux constant de tout jeunes patients.

Face à cette situation, les parents aisés ne s’enquiquinent même plus à participer au tirage au sort et inscrivent directement leur progéniture dans le privé. Les plus modestes gardent leurs enfants à la maison, la maternelle n’étant pas obligatoire en Mongolie.

Le taux de natalité a explosé en dix ans en Mongolie, passant de 18,4 naissances pour 1.000 habitants en 2006 et à 25,4 pour 1.000 en 2016, selon les statistiques gouvernementales – il est ainsi plus de deux fois supérieur à celui de la France. Ce bond s’explique en partie par le fait que la génération née lors d’un précédent baby boom dans les années 80 est désormais en âge de procréer.

‘Des mesures insuffisantes’

Et à Oulan Bator, où vit déjà la moitié des 3 millions de Mongols, l’afflux depuis les campagnes d’ex-bergers nomades sans emploi accentue le problème.

Pour Batkhuyagiin Batjargal, directeur exécutif de l’association Alliance mongole pour l’éducation, la crise est surtout le résultat de la politique gouvernementale.

« Il y a eu suffisamment de signes avant-coureurs, mais les mesures prises ont été insuffisantes », souligne-t-il.

Les naissances ont explosé lors de l’Année « du cochon d’or » en 2007, les enfants nés durant cette période étant censés connaître la prospérité, selon le calendrier mongol. Mais peu a été fait depuis pour faire face à l’afflux prévisible de nouveaux élèves.

La municipalité d’Oulan Bator construit certes de nouvelles écoles dans les quartiers déshérités. Mais la Mongolie est percluse de dettes, ce qui limite fortement les dépenses publiques.

Les écoles primaires, elles, ne font pas l’objet d’un tirage au sort car la Constitution du pays garantit l’éducation gratuite pour tous les enfants à partir de l’âge de 6 ans. Mais elles sont tout aussi bondées que les maternelles.

A l’Ecole primaire numéro 65, Lkhagvasurengiin Oyunchimeg a 44 élèves dans sa classe, mais aucune salle n’y est disponible pour donner ses cours de rattrapage.

« Parfois, avec les enfants, on s’installe dans les couloirs », explique-t-elle. « Mais ce n’est pas un endroit adapté pour étudier et ils sont facilement distraits. »

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