Pour le mur frontalier entre les États-Unis et le Mexique Donald Trump à contourné pas moins de 28 lois fédérales. Il peut donc en toute quiétude prendre l’eau douce souterraine sans se soucier des espèces en voie de disparition, des terres sacrées des Amérindiens et de l’environnement en général Tout cela pour ce foutu mur
Nuage
300.000 litres d’eau par jour de construction du mur de Trump
La barrière doit s’étendre sur près de 160 kilomètres en Arizona. | Herika Martinez / AFP
Repéré par Robin Tutenges
Repéré sur The Guardian
Le gouvernement contourne des lois environnementales afin d’édifier le mur en drainant les eaux souterraines de l’Arizona, aux dépens de plusieurs espèces.
En Arizona, le grand mur à la frontière du Mexique désiré par le président Trump pourrait supplanter la crise migratoire par une crise environnementale. Sa construction requiert des quantités pharaoniques d’eau, près de 300.000 litres par jour selon un entrepreneur chargé du projet, alors même que les réserves aquatiques de la région sont épuisées, malmenées par une sécheresse prolongée, des températures record et des cultures intensives.
Haute de 9 mètres, la barrière doit s’étendre sur plus de 100 kilomètres en Arizona, dont 30 kilomètres à la lisière du San Bernardino National Wildlife Refuge. Cette réserve est l’une des rares dans la région aride, et l’on y trouve des sources aquatiques où vivent des espèces en voie de disparition. Mais le mur, qui a commencé à être érigé à proximité en octobre, draine toute l’eau douce disponible aux alentours.
Au minimum huit espèces en voie de disparition sont menacées par cette ponction d’eau, dont quatre types de poissons endémiques. Le Yaqui Topminnow, le Chevaine, le Shiner et surtout le poisson Rio Yaqui, dont cette réserve est le seul habitat aux États-Unis, risquent de disparaître.
L’appauvrissement en eau menace également les grenouilles léopards Chiricahuas, la plante semi-aquatique Huachuca Water Umbel, la couleuvre rayée mexicaine ainsi que le faucon Aplomado.
À proximité de la réserve, l’eau d’un puits a déjà été exploitée pour fabriquer du béton et contrôler la quantité de poussière. Près de 230 millions de litres d’eau seront nécessaires pour construire le mur sur la seule partie de prévue en Arizona selon Gary Nabhan, ethnobiologiste et chercheur à l’Université de l’Arizona.
«C’est le genre de mur –pieds de béton, d’une hauteur absurde, avec un éclairage 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7– que Trump a choisi de construire qui causera le plus de perturbations pour les humains, mais aussi pour la faune et la végétation», ajoute Gary Nabhan.
Vingt-huit lois suspendues
Le 9 octobre 2018, l’administration Trump a annoncé qu’elle renoncerait à vingt-huit lois fédérales exigeant une protection et une surveillance des espèces menacées, des terres et des droits des Amérindien·nes afin d’accélérer la construction. En Arizona, treize lois d’État ont été suspendues en plus des lois fédérales.
Parmi elles, on retrouve le National Environnemental Policy Act, qui impose une longue analyse scientifique préalable des projets et induit souvent des coûts supplémentaires avant qu’ils ne soient approuvés. Sans ces lois, l’édification du mur peut aller de l’avant, sans se soucier des contraintes environnementales qu’elle pourrait rencontrer sur son chemin.
«Grâce à ces dérogations environnementales et à des fonds volés, déclare Raúl Grijalva, membre du Congrès de l’Arizona, il [Trump] construit un mur qui épuisera de précieuses ressources en eau, profanera des sites sacrés et détruira les trésors environnementaux des régions frontalières.»