Les vestiges d’une cité antique oubliée depuis 1300 ans refont surface en Ethiopie


Après 1000 enfouis dans le passé, une cité refait surface en Afrique, précisément en Ethiopie. On y découvre une ancienne basilique chrétienne avec des objets de cette religion mêlée a d’autres objets appartenant à croyances païennes reliquat de ses origines polythéismes. Cette cité témoignage d’activités domestiques, artisanales et commerciales, elle avait apparemment un rôle crucial pour le royaume
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Les vestiges d’une cité antique oubliée depuis 1300 ans refont surface en Ethiopie


Les vestiges d'une cité antique oubliée depuis 1300 ans refont surface en EthiopieLes vestiges de la cité antique de Beta Samati ont été découverts dans une colline au nord de l’Ethiopie.© Ioana Dumitru

Par Emeline Férard –

En Ethiopie, des archéologues ont mis au jour les vestiges d’une cité nommée Beta Samati qui aurait autrefois constitué un centre important du royaume d’Aksoum. Parmi les débris, ils ont identifié les restes d’une basilique qui apporte un nouvel éclairage sur l’arrivée du Christianisme en Afrique.

Dans les plateaux poussiéreux du nord de l’Ethiopie, une cité antique oubliée depuis plus de 1.000 ans vient de refaire surface. Et elle a révélé des vestiges d’une importance cruciale pour les archéologues. La cité est en effet le fruit d’une des civilisations antiques les plus influentes d’Afrique, celle de l’empire d’Aksoum. Influentes mais aussi énigmatiques.

On sait aujourd’hui que le royaume d’Aksoum a dominé l’est de l’Afrique et l’ouest de l’Arabie de 80 avant J.-C à 825 après J.-C et qu’il constituait l’une des principales puissances de l’époque. Grâce à sa position à proximité de la mer Rouge et de la route commerciale vers l’Inde, l’empire entretenait des relations commerciales étroites avec d’autres puissances y compris Rome.

Pourtant, cette civilisation demeure aujourd’hui très peu documentée.

« Les gens connaissent largement l’Egypte antique, la Grèce antique et la Rome antique… mais ils ne savent pas que la civilisation aksoumite a été l’une des civilisations les plus puissantes au monde et l’une des plus précoces », a expliqué à LiveScience, Michael Harrower, archéologue de la Johns Hopkins University de Baltimore.

Le problème est que les fouilles archéologiques sont restées relativement sporadiques depuis le XXe siècle, notamment en raison de l’instabilité politique du pays. Si de nombreux vestiges, dont un site d’obélisques, ont pu être mis au jour à proximité d’Aksoum, l’ancienne capitale du royaume, peu de recherches ont ainsi été menées dans le reste de la région.

De nombreux vestiges de l’empire aksoumite demeurent à proximité de son ancienne capitale, Aksoum. – Allamiro/Wikimédia Commons

Une cité cachée dans une colline

C’est pour combler ce manque que Michael Harrower et ses collègues ont lancé de nouvelles fouilles en 2009 dans la région de Yéha, à une cinquantaine de kilomètres d’Aksoum. Après s’être entretenus avec des locaux, ils ont plus précisément ciblé leurs efforts sur une colline à proximité d’un village. Elle s’est finalement révélée être ce que les archéologues appellent un tell, un monticule créé par des ruines.

En excavant le site, l’équipe est en effet tombé sur un réseau de murs en pierre et a constaté qu’elle ne faisait pas face à quelques bâtiments isolés mais à une véritable cité probablement étendue sur les 14 hectares de la colline. Les chercheurs ont choisi de la nommer Beta Samati, qui signifie « foyer d’audience » en tigrigna, la langue locale. Car cette cité revêtait visiblement une grande importance pour le royaume, selon l’étude publiée dans la revue Antiquity.

Les datations menées suggèrent que le site aurait été occupé durant pas moins de 1.400 ans, entre 750 avant J.-C et 650 après J.-C. Cela signifie que Beta Samati existait déjà durant la période dite pré-aksoumite et qu’elle serait restée occupée pendant l’essor du royaume jusqu’à son mystérieux déclin. Une découverte clé pour combler les zones d’ombre de l’histoire de l’empire d’Aksoum.

Pour Michael Harrower et ses collègues, ces conclusions impliquent en effet que les villages pré-aksoumites n’ont pas été abandonnés lorsque le royaume s’est développé et que ce dernier n’aurait donc pas entraîné une forte rupture politique contrairement à ce que les spécialistes avaient suggéré auparavant. A l’inverse, Beta Samati serait resté un centre important de l’empire, commercial, administratif et religieux.

Une basilique riche en informations

Parmi les décombres, les fouilles ont mis en évidence les vestiges de maisons ou d’ateliers ainsi que de nombreux artéfacts – poterie et pièces de monnaie notamment – témoignant à la fois d’activités domestiques, artisanales et commerciales. Dans une seconde zone, c’est un bâtiment rectangulaire bien plus vaste qui est sorti de terre.

Selon les archéologues, il s’agirait d’une basilique de style romain, qui pourrait avoir été construite pour servir d’église chrétienne. Une hypothèse qui offre un nouvel éclairage sur l’arrivée du christianisme en Afrique. Le royaume d’Aksoum reposait initialement sur une religion polythéiste, jusqu’à ce que le roi Ezana, ne convertisse la région à la religion chrétienne après avoir été converti lui-même par un missionnaire.

C’est du moins ce que la tradition éthiopienne relate mais les historiens ont émis de nombreux doutes quant à la période et à la façon dont le christianisme est apparu en Ethiopie.

« C’est ce qui rend la découverte de cette basilique si importante », a précisé Michael Harrower cité par le Smithsonian Mag. « C’est une preuve fiable de la présence chrétienne au nord-est d’Aksoum à une période très précoce ».

L’identification de cet édifice s’est révélée d’autant plus importante que contrairement à d’autres mis au jour auparavant, il n’était pas vide. Les archéologues y ont découvert de nombreux artéfacts qui, en plus de témoigner d’activités commerciales administratives et religieuses, ont laissé transparaître un mélange de culture païenne et chrétienne.

Sur l’inventaire, figurent notamment des figurines de bovins ainsi qu’une bague faite d’or et de cornaline arborant une image de tête de taureau. Des témoignages de croyances plutôt païennes, selon les archéologues. A l’inverse, un pendentif en pierre portant une croix et l’ancien mot éthiopien pour « vénérable » ainsi qu’une inscription sur l’un des murs faisant référence au Christ indiquent des croyances chrétiennes.

Cette bague en or et cornaline découverte à Beta Samati et arborant une tête de taureau témoigne d’un mélange d’influences romaine et aksoumite. – Ioana Dumitru

De la même façon, les objets de Beta Samati montrent un mélange d’influences locales et étrangères. Le design de la bague, par exemple, se rapproche des techniques romaines tandis que les symboles qui y figurent seraient plutôt d’influence aksoumite.

« Ils utilisaient certaines des idées venues de la Méditerranée mais les tournaient d’une façon différente, vers un style africain unique », a détaillé Michael Harrower.

Un aperçu précieux sur une société complexe

Autant de découvertes archéologiques qui semblent confirmer que Beta Samati jouait un rôle crucial dans le royaume d’Aksoum, apportant ainsi un aperçu précieux sur cette société complexe dont le déclin, à partir du IXe siècle, reste mystérieux.

« Les fouilles à Beta Samati ont fourni de nouvelles informations importantes sur les société pré-aksoumites et aksoumites », écrivent les auteurs dans leur rapport.

Cependant, « de plus amples recherches sont nécessaires pour révéler l’histoire et les interconnexions complexes du site », poursuivent les archéologues qui prévoient de retourner d’ici peu mener des fouilles à Beta Samati.

Ils espèrent également que leurs recherches aideront à faire connaitre la région et encourageront à venir découvrir ses paysages magnifiques et son histoire.

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Archéologie : des tombes de chevaux découvertes dans le Calvados


J’ai comme l’impression que le futur centre pénitentiaire dans le Calvados en France, va attendre longtemps avant d’être construite. Cette région est riche en découverte archéologique. Elle s’étend en plusieurs siècles et même millénaires. Des romains, des gaulois, les celtes ont foulée cette terre et ont laissé leurs traces. Ce qui a le plus surpris, est un char  vieux de 2 500 ans avec les ossements humains et deux chevaux. Les archéologues croient que ces chevaux avaient un statut particulier.

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Archéologie : des tombes de chevaux découvertes dans le Calvados


Archéologie : des tombes de chevaux découvertes dans le Calvados© Chris-Cécile Besnard-Vauterin, Inrap

Par Juliette de Guyenro

A Ifs, dans la périphérie de Caen, l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), a mis au jour un site archéologique qualifié « d’exceptionnel » par les chercheurs. Parmi les découvertes, des sépultures d’hommes mais également des tombes de chevaux.

Depuis le début de juillet, une équipe constituée d’une dizaine de chercheurs de l’Inrap a débuté une opération de fouilles préventives sur l’emplacement d’un futur centre pénitentiaire à Ifs, dans la périphérie de Caen (Calvados). Le site, qui s’étend sur une surface de 5,8 hectares, a dévoilé de nombreuses découvertes datant des périodes gauloise, romaine et du haut Moyen-Age. Parmi les découvertes les plus surprenantes : deux sépultures de chevaux.

Trois phases d’occupation

Les chercheurs ont pu découper le site en trois phases différentes d’occupation. La première pourrait remonter au Ve siècle avant Jésus-Christ, et serait caractérisée par un site constitué de plusieurs enclos d’habitation présentant des traces de fondation de bâtiments, quelques silos, des traces de parcelles agricoles mais aussi de nombreuses sépultures. Parmi elles, trois ensembles funéraires, réunissant chacun « une dizaine voire une vingtaine de morts inhumés », d’après le rapport de l’Inrap.

L’un de ces ensembles s’organise autour d’un monument funéraire enfermant une tombe à char. Un vestige exceptionnel qui correspond à un type de sépulture qui serait connu dans le monde celtique, dans lequel est enfoui le défunt avec un char de guerre. Dans celui découvert sur le site d’Ifs, les chercheurs ont mis au jour des cerclages de roues du char sur lequel était déposé le défunt.

Des chevaux au statut privilégié

Mais c’est autour de la tombe à char que la découverte qui a le plus émerveillé les chercheurs se situe : des chevaux enterrés à trois endroits différents à proximité de squelettes humains.

« C’est quelque chose d’exceptionnel », estime Chris-Cécile Besnard-Vauterin, responsable scientifique des fouilles, dans un article de Liberté Caen. « Cette tombe sort du commun. Il n’y a qu’un autre exemple de connu dans l’Ouest, à Orval dans la Manche, mais là, il s’agit d’une tombe datant d’il y a 2 500 ans. »

La présence de ces sépultures et leur proximité avec les humains interroge sur le statut particulier de ces animaux. Selon les chercheurs, ces bêtes auraient pu avoir un statut privilégié à cette époque.

Plusieurs siècles d’histoire

Sur deux autres habitats du site, différentes époques ont été étudiées. Plus au nord, un système plus complexe d’enclos d’habitation se dévoile et daterait des trois derniers siècles avant notre ère, selon les chercheurs. Le site se caractérise alors par des fossés profondément ancrés dans le sol et par une abondance de mobilier, notamment à vocations domestique et agricole. Parmi les vestiges, de nombreux restes de faune d’élevage ont été excavés, mais également des fragments de céramiques et de terre cuite ou encore du mobilier métallique.

D’autres vestiges encore appartiendraient à l’époque de l’Antiquité jusqu’au IIe siècle après Jésus-Christ. Et enfin, la partie orientale du site aurait été occupée entre le VIIIe et le Xe siècle, période correspondant au haut Moyen-Age. Là, on pourrait observer les traces de constructions sur poteaux, ainsi que des aménagements abritant des ateliers artisanaux, dont un métier à tisser. Au total, sur l’entièreté du site et les différentes périodes couvertes, 60 tombes humaines ont été découvertes.

Les archéologues, qui se réjouissent d’une telle découverte, voient en ce site l’opportunité d’étudier une occupation continue sur plusieurs siècles.

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Le Saviez-Vous ► L’hygiène au Moyen Âge : se mettre au bain


On s’imagine peut-être qu’au Moyen-Âge, l’hygiène laissait à désirer. Et bien non ! Ils étaient plutôt propres. À cette époque, il y avait les gens riches qui avaient les moyens et l’espace pour avoir des genres de tonneaux recouverts d’un linge pour se laver. Puis, les bains publics pour une bonne partie de la population et ceux qui n’avaient pas les moyens, il restait les ruisseaux et les rivières. C’est surtout dans les bains publics que les choses, on évoluer. D’abord la mixité qui sans surprise a engendrer la prostitution. Les gens du Moyen-Âge étaient très propres, peut-être un peu trop d’ailleurs … Les bains publics ont été un lieu idéal pour la propagation des maladies vénériennes et d’épidémie de certaines maladies.
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L’hygiène au Moyen Âge : se mettre au bain

Watriquet de Couvins, Dits. V.1300-1400. Manuscrit français. Bibliothèque de l’Arsenal, Ms-3525 réserve.

Nous considérons le Moyen Âge comme une période d’obscurité faisant suite à l’Âge d’or de l’Empire Romain.

L’hygiène constitue un bon exemple de ce contraste.  Alors que les Romains bâtirent des thermes aux quatre coins de l’Empire, les populations médiévales occidentales, selon l’imaginaire collectif, ne se lavaient pas ou très peu, délaissant la pratique du bain.

Cependant, le Moyen Âge couvre une période de plus de 1000 ans, du 5ème au 15ème siècle. Durant tout ce temps, la société connut de nombreuses mutations. Il n’y a pas eu une seule civilisation médiévale monolithe, mais de multiples cultures, parfois fort différentes. Voilà pourquoi il faut particulièrement se méfier des idées trop simplistes concernant le Moyen Âge qui ne traduisent pas la diversité et la richesse des sociétés et des mentalités parfois antinomiques constituant cette vaste époque.


À la source du bain

Ensuite, les érudits médiévaux ne délaissèrent pas le savoir hérité de l’antiquité classique. Les érudits perses, arabes et byzantins jouèrent un rôle prépondérant dans la transmission des textes classiques.

Dans le cadre de la médecine, Avicenne, savant perse du 10ème siècle, traduisit en arabe les œuvres d’Hippocrate et de Galien, les deux plus célèbres médecins de l’Antiquité grecque et romaine. Avicenne rédigea lui-même un traité médical, le Kitab Al Qanûn fi Al-Tibb (- كتب ا لقا نون في ا لطب), ou Livre de la Loi concernant la médecine.

A partir du 11ème siècle, à la faveur des échanges entre l’orient et l’occident, les savants européens redécouvrirent les écrits d’Hippocrate et de Galien, et mirent la main sur le fameux Kitab Al Qanûn fi Al-Tibb d’Avicenne. Ces œuvres, traduites en latin depuis l’arabe, constituèrent l’un des fondements de la médecine médiévale occidentale. Loin de rompre avec les idées de l’Antiquité, le Moyen Âge s’en fera le relais fécond, enrichissant le corpus médical de traités novateurs.

Ces textes antiques et orientaux ne constituent cependant pas les seules bases de l’hygiène médiévale en occident. N’oublions pas qu’à la fin de l’Antiquité, des peuples germaniques migrèrent au sein de l’Empire Romain d’Occident, donnant naissance aux premiers royaumes médiévaux. Si certaines de ces entités politiques se présentèrent comme les héritiers de Rome, ils conservèrent néanmoins quelques coutumes héritées de leurs ancêtres germaniques. Le code des lois des Francs Saliens en constitue un bon exemple.

Or, les Germains, bien avant leur invasion de l’Empire Romain, prenaient régulièrement des bains chauds, à en croire l’historien Tacite :

« Au sortir du sommeil, qu’ils prolongent souvent jusque dans le jour, ils se baignent, ordinairement à l’eau chaude, l’hiver régnant chez eux une grande partie de l’année. » (Tacite, Mœurs des Germains, XXII)

Les descendants médiévaux de ces Germains conservèrent-ils cet us ? L’avènement du christianisme, et la conversion de ces peuples à cette nouvelle religion aurait contribué à préserver la coutume des ablutions durant l’ère médiévale.

Effectivement, grâce au baptême l’eau fut considérée au Moyen Âge comme un élément régénérateur et purificateur, aussi bien d’un point de vue matérialiste qu’idéaliste.  Jusqu’au 13ème siècle, le catéchumène était d’ailleurs intégralement plongé dans le baptistère, débutant sa nouvelle vie de croyant par un bain rituel.


Il n’est pas permis à tout le monde d’aller au bain

Se basant sur ces piliers aux origines variées, les médecins médiévaux préconisèrent à la population de prendre des bains … plusieurs fois par jour.

Maître Aldebrandin de Sienne, médecin du 13ème, donna le conseil suivant :

« Cil ki velt se santé garder et sera sains et se fera baignier en estuves et en cuves […] tant qu’il puist sen cors laver et soi netiier de l’ordure » (Maître Aldebrandin de Sienne, le régime du corps, de garder le corps generaument 11-13).

Corroborant les dires d’Aldebrandin de Sienne, certains croisés revenus du Levant vantèrent les mérites des bains orientaux dès le 12ème siècle. Le peuple suivait-il pour autant les recommandations des érudits ?

En effet, pour se laver en leur demeure, les habitants devaient disposer d’un espace suffisamment grand pour y installer une cuve. Ils devaient également aller chercher l’eau , et pouvoir la faire chauffer en leur logis. Le baquet lui-même devait être composé de robustes planches de bois étanches, recouvertes d’un drap afin d’éviter les échardes. Seuls les seigneurs et les bourgeois les plus aisés avaient les moyens de prendre des bains chez-eux.

Cependant, ces ablutions n’étaient pas dévolues aux privilégiés.  En effet, la population se regroupait autours d’étuves publiques depuis le 12ème siècle.   Le   Livre de la taille pour l’an 1292 présente, pour la seule ville de Paris, 27 de ces établissements thermaux soumis à l’impôt de la taille.

Des crieurs publics avertissaient la population quand l’eau des thermes les plus proches était chaude :

«Seigneur qu’or vous allez baigner
Et estuver sans délayer ;
Les bains sont chauds, c’est sans mentir…
»

Bains publics de Pouzzoles, Italie, détail d’une miniature de Pietro da Eboli, 12ème siècle. 

Les citadins pouvaient alors rejoindre les étuves… s’ils pouvaient en payer le droit d’entrée. Le livre des métiers d’Etienne Boileau (13ème siècle) nous renseigne sur le prix de ces établissements :

« Et paiera chascunne personne, pour soy estuver, deus deniers ; et se il se baigne, il en paiera quatre deniers »

4 deniers pour se baigner, alors que le salaire d’un ouvrier qualifié était de 10 à 11 deniers par jour à la même époque, à en croire ce tableau.

Toutefois, les plus humbles prenaient également des bains… mais dans des fontaines ou des cours d’eau…

Nous voyons que l’ensemble de la population médiévale se lavait quotidiennement, seul le lieu différait en fonction du statut social de la personne.

Les personnes ne se contentaient pas de se baigner, ils employaient également du savon, héritage de l’antiquité et employé diligemment et sans discontinuité durant tout le Moyen Âge. Le capitulaire de Villis du 8ème siècle nous en apporte la preuve. Ce document est un ensemble de recommandations que Charlemagne adresse à ses gouverneurs. Entre autres prescriptions, le souverain conseille à ses administrateurs de réapprovisionner régulièrement leurs domaines en savon.

La qualité de ce produit hygiénique variait également en fonction de la classe sociale. Le moins onéreux, le savon gallique, se composait de cendre de hêtre ou de saponaire et de suif de chèvre.

A partir du 14ème siècle, Marseille produisit des savons à base d’huile d’olive et de cendre de Salicorne. Le premier savonnier phocéen connu date de 1371 et se nomme Crescas Davin. Cette cité méditerranéenne, tournée vers la Méditerranée, s’inspira de la composition du savon d’Alep.

Ce dernier était par ailleurs également importé en Europe par l’intermédiaire de Venise. Très onéreux, seules les familles les plus aisées pouvaient en bénéficier..

« Venari, ludere, lavari, bibere ! Hoc est vivere ! »
« Chasser, jouer, se laver, boire ! Ceci est vivre ! »
(Proverbe médiéval d’origine franque)

Cependant, les gens ne se baignaient pas que par simple nécessité. Au sein des étuves publiques mixtes, hommes et femmes s’y côtoyaient sans grande pudeur. Se baigner dans des cuves d’eau chaude et aromatisée constituait un véritable art de vivre associé à d’autres voluptés, comme l’évoque cet extrait d’un rondeau du poète Charles d’Orléans (1394-1465) :

« Et on y boit du vieux et du nouveau,
On l’appelle le déduit de la pie ;
Souper au bain et dîner au bateau,
En ce monde n’a telle compagnie. »

L’écolier de mélancolie, Rondeau LXV, 1430-1460

Miniature du Maître de Dresde, in. Valerius Maximus, Facta et dicta memorabilia, vers 1480.

En effet, il était coutume de banqueter  en se baignant. Les gens ne buvaient  pas seulement du vin par plaisir. De nombreux médecins préconisaient d’en consommer souvent, l’eau étant souvent contaminée.

Mélangé à des herbes aromatiques, le breuvage de Bacchus était par ailleurs censé faciliter la digestion. Le nom même du vin médiéval, l’hypocras, se réfère au célèbre médecin de l’antiquité : Hippocrate.

Pour ces raisons, la population ingurgitait…  plusieurs litres de vin par jour !  Cet alcool devait faire parti de la thérapie lors des bains. L’eau : un délice de s’y baigner… un supplice d’en avaler…


Après le banquet, des couples pouvaient ensuite sortir des cuves … pour  « se détendre »  sur des lits, comme en témoigne cet extrait du Roman de la Rose :

« Puis revont entr’eus as estuves,
Et se baignent ensemble ès cuves
Qu’ils ont es chambres toutes prestes,
Les chapelès de flors es testes »

Le Roman de la Rose, vers 11 132 et suiv. (fin du 13ème siècle).

Certaines étuves devinrent même d’aimables maisons de passe. À la fin du Moyen Âge au 15ème siècle, à cause de ces « débordements moraux » , les autorités instaurèrent des règles de décence au sein de ces établissements où fleurissait la prostitution. Les bains mixtes les plus « joyeux » durent fermer leur porte.


La maîtresse d’étuve Jeanne Saignant, par exemple, fut jugée en 1466 pour « troubles à l’ordre public ». Une minute de son procès nous apporte un éclairage sur l’ambiance  qui devait régner en ces lieux et de la nuisance sonore que subissait le voisinage :

« On oyait crier, hutiner, saulter, tellement qu’on était étonné que les voisins le souffrissent … »

La douche froide…

À la « souillure de l’âme », vint s’adjoindre celle du corps : La licence sexuelle au sein des bains, ainsi que la promiscuité qui y régnait, contribuèrent à véhiculer les maladies vénériennes et les épidémies. Quelle ironie pour un lieu justement dévolu à l’hygiène !

En 1573, Nicolas Houel, apothicaire de Paris, tint les étuves pour responsables de nombreuses contaminations. Ce dernier écrivit dans son traité de la peste :

« Bains et étuves publiques seront pour lors délaissés, pour ce qu’après les pores et petits soupiraux du cuir, par la chaleur d’icelle, sont ouverts plus aisément, alors l’air pestilent y entre. »

Même si les pestiférés n’avaient pas le droit de pénétrer dans les étuves publiques, de nombreux bains furent délaissés au début de la Renaissance pour cette raison. La population commença à se méfier de l’eau. Quelques établissements thermaux survécurent néanmoins à l’époque moderne.

Nous avons vu, à travers de nombreux exemples depuis Charlemagne jusqu’à la fin du 15ème siècle, que les populations médiévales ne délaissèrent pas les bains, bien au contraire. Si dans l’imaginaire collectif le manque d’hygiène fût en partie responsable des grandes épidémies, la réalité nous prouve le contraire :

Les gens allaient justement trop souvent aux étuves ; la promiscuité, et parfois la luxure, qui en résulta contribua à véhiculer de nombreuses maladies. Un exemple qui nous amène à réfléchir aux liens de causes à effet que nous tenons pour évidents et acquis…

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Le Saviez-Vous ► Pourquoi le jaune est une couleur qu’on n’aime pas


Quelle est votre couleur préférée ? Il semblerait que le jaune ne soit qu’à seulement 5 % dans les choix des gens. La façon que la couleur est interprétée dépend des époques. Dans l’Antiquité, le jaune était choyé, mais aujourd’hui, il est plus vue de façon négative. Comme toute chose, la perception de la couleur évolue
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Pourquoi le jaune est une couleur qu’on n’aime pas

Pourquoi le jaune est une couleur qu'on n'aime

FLORIN SEITAN / EYEEM VIA GETTY IMAGES

À la question «Quelle est votre couleur préférée?», le bleu obtient entre 45 et 50% des réponses quand le jaune est à moins de 5%.

L’historien français Michel Pastoureau, spécialiste des couleurs mais aussi des emblèmes et du bestiaire, publie jeudi “Jaune, histoire d’une couleur”, dernier volet d’une série sur l’histoire des couleurs.

Le jaune, couleur “bénéfique” dans l’Antiquité avant de devenir ”équivoque” au Moyen-Âge puis “mal-aimé” à partir du XVIe siècle, est revenu sur le devant de la scène avec le mouvement de contestation des “gilets jaunes” ces derniers mois en France.

“Le jaune, couleur qui se voit et qui, comme le gilet, signale un danger, habille dans ce mouvement les +oubliés de la République+ en perdition sociale et fiscale”, estime Michel Pastoureau.

On peut se poser des questions sur ce retour du jaune en politique.

“Comment choisir pour emblème une couleur associée aux idées de mensonge et de trahison ?”, s’interroge l’historien âgé de 72 ans.

Mais les choses sont en train d’évoluer, note-t-il. En Allemagne, le parti libéral a choisi la couleur jaune comme emblème. En Italie, le Mouvement 5 étoiles a choisi lui aussi le jaune pour couleur phare.

“Non pas tant parce que cette couleur demeurait la seule disponible (…) mais parce que c’était une couleur +qui se plaçait hors du système+”, souligne l’historien.

“En politique, le jaune, longtemps rejeté, semble donc se réveiller”, affirme M. Pastoureau qui ne tranche pas pour savoir s’il s’agit de “turbulences éphémères ou (du) début d’une véritable lame de fond”.

Le jaune est le cinquième volet d’une série entamée en 2000. Michel Pastoureau a déjà publié (aux éditions du Seuil) “Bleu” (2000), “Noir” (2008), “Vert (2013) et “Rouge” (2016).

“Si définir la couleur n’est pas un exercice facile, définir ce qu’est le jaune l’est moins encore”, dit-il. “Dire qu’il s’agit de la couleur du citron, du safran, de l’or, des blés mûrs -comme on le lit en général dans les dictionnaires – n’est pas faux, mais ne constitue pas vraiment une définition”.

L’historien a divisé son livre, abondamment illustré, en trois grands chapitres: des origines au Ve siècle, du VIe au XVe siècle et du XVIe au XXIe siècle.

Les peuples de l’Antiquité, rappelle-t-il, voyaient dans le jaune une couleur presque sacrée, celle de la lumière, de la chaleur, de la richesse et de la prospérité.

Les Grecs et les Romains lui accordaient une place importante dans les rituels religieux, tandis que les Celtes et les Germains l’associaient à l’or et à l’immortalité.

Bon dernier 

Le déclin du jaune date du Moyen-Âge qui en fait une couleur ambivalente. C’est la couleur du mensonge, de l’avarice, de la félonie… C’est la couleur, insiste Michel Pastoureau, des hypocrites, des chevaliers félons, de Judas. Quand à partir du XIIIe siècle le port d’un insigne distinctif est imposé aux Juifs (comme le rouelle en France) la couleur le plus souvent sollicitée est le jaune.

“Faut-il voir dans cette marque imposée à tous les juifs du royaume de France un ancêtre plus ou moins direct de l’étoile jaune?”, s’interroge Michel Pastoureau.

“Certains historiens l’ont dit, mais cela semble quelque peu hasardeux”, répond-il en arguant que “partout en Europe, des signes discriminatoires semblables (…) ont été prescrits à bien d’autres catégories d’exclus et de réprouvés qu’ils soient chrétiens ou non chrétiens”.

Mais au Moyen-Âge, précise l’historien, le jaune demeure aussi la couleur symbolique de l’or, du miel et des blés mûrs, autant de signes de pouvoir, de joie et d’abondance.

Le jaune va inexorablement reculer à partir du XVIe siècle.

En Europe occidentale, le jaune reste, encore et toujours, bon dernier parmi les couleurs de base. À la question Quelle est votre couleur préférée?”, le bleu obtient entre 45 et 50% des réponses quand le jaune est à moins de 5%. Et les résultats sont toujours les mêmes depuis que de telles enquêtes existent, c’est à dire depuis les années 1880.

“Si je n’étais pas historien mais créateur-peintre, styliste, graphiste, designer, publicitaire-, j’en profiterais et miserais davantage sur le jaune”, assure l’historien qui ouvre les paris: “le jaune, une couleur d’avenir?”.

https://quebec.huffingtonpost.ca/

Le Saviez-Vous ► Les licornes ont failli disparaître à la fin du Moyen Âge


Les licornes, il y en a partout, en bibelots, jouets, dessins, images sur diverses choses, et même à la télé ou sur le web. L’histoire de l’origine de la licorne est pourtant la cause de beaucoup d’effusion de sang sur des bêtes comme les éléphants, les narvals et les morses à cause de leurs défenses en ivoire. Depuis l’antiquité, on donnait aux licornes des pouvoirs extraordinaires ou encore des symboles comme la pureté, la virginité. L’ignorance durée des siècles avant qu’on comprenne qu’en fait, les licornes n’existent pas.
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Les licornes ont failli disparaître à la fin du Moyen Âge


Détail de la tapisserie La dame à la licorne, «La vue» (fin du XVe siècle), exposée au musée de Cluny. | Salix via Wikimedia Commons

Détail de la tapisserie La dame à la licorne, «La vue» (fin du XVe siècle), exposée au musée de Cluny. | Salix via Wikimedia Commons

Pauline Guéna

Ne souriez pas: même les espèces d’animaux imaginaires peuvent s’éteindre –ou presque.

Parmi les animaux mythiques qui hantent l’imaginaire occidental comme oriental, de l’Antiquité jusqu’à l’époque moderne, aucun n’a sans doute connu le succès de la licorne.

On la rencontre dans l’Antiquité grecque et romaine, dans l’Orient musulman ou l’Occident chrétien. Elle fait même son grand retour aujourd’hui en tant que jouet, ainsi que parmi les symboles de la communauté gay. Pourtant, les licornes avaient disparu pendant un moment, à la fin du Moyen Âge.

Goût de l’ivoire

Le succès des licornes vient en partie de l’intérêt des sociétés méditerranéennes pour l’ivoire. Les Romains raffolent de ce matériau, qu’ils obtiennent surtout par les défenses d’éléphant.

Ils n’en manquent pas: à l’époque, l’Empire romain s’étend jusqu’en Afrique du Nord, où les troupeaux d’éléphants sont nombreux et où les défenses mesurent jusqu’à deux mètres de long, une taille que des siècles de chasse sélective, privilégiant les spécimens à longues défenses, a fini par réduire aujourd’hui.

Le goût de l’ivoire gagne par la suite aussi bien l’Orient musulman que l’Occident carolingien. Les jeux d’échecs, les boîtes ouvragées ou encore les autels portatifs sont souvent ornés de sculptures d’ivoire très fines.

Bientôt, dans le nord de l’Europe, un autre type d’ivoire commence à circuler: les défenses de morse. Du Xe au XIIIe siècle, le climat se réchauffe, ce qui permet aux Scandinaves de s’implanter dans de nouveaux espaces.

Ils s’installent d’abord en Islande, où la population de morses décroît rapidement. Puis ils fondent des colonies au Groenland, où ils organisent des expéditions estivales de chasse et rapportent à leurs campements quelques morses entiers, mais le plus souvent de simples têtes. Ils les laissent pourrir un temps, puis en extraient les précieuses défenses pour les exporter.

C’est un commerce de grande ampleur: en 1327 débarque à Bergen un navire chargé de 527 défenses. Les défenses sont alors travaillées dans des ateliers à travers toute l’Europe. Au Nord, une certaine Margret hin haga est ainsi connue comme le «meilleur tailleur d’Islande». Le matériau est aussi utilisé en Angleterre, en Allemagne et jusqu’en Castille.

On ne manque donc pas d’ivoire au Moyen Âge; mais quand on en a les moyens, on préfère celui des licornes.

Narvals échoués

Dans les textes médiévaux, les licornes sont parées de toutes les qualités. Animaux sauvages, vivant dans les bois, elles sont réputées parfaitement pures et souvent assimilées au Christ. On finit par imaginer qu’elles ne peuvent être approchées que par de jeunes vierges, les seules à les égaler en pureté.

Leurs longues cornes délicatement enroulées sur elles-mêmes ont une grande valeur: on les place dans les trésors des cathédrales aux côtés des reliques, on en fait des symboles de pouvoir ou on les ouvrage pour les insérer sur des épées. Bien sûr, ces cornes qui s’accumulent dans les trésors des rois et des évêques d’Europe ne sortent pas de nulle part.


La pure et chaste licorne repose sur la Vierge Marie: psautier de la fin du XIIIᵉ siècle. | Collection de Michel Francou

En fait, les principaux chasseurs de licornes sont probablement les Scandinaves du Groenland. En remontant vers le nord à la recherche des morses, ils suivent le même chemin que les narvals, ces mammifères marins dont les mâles possèdent une longue dent en pointe torsadée et fragile.

Les narvals ne s’échouent que rarement sur les côtes européennes. En revanche, au Groenland, il leur arrive souvent de s’échouer sur la glace, notamment lorsqu’ils tentent d’échapper à des orques. Là, leur dépouille s’abîme, si bien que lorsque les Scandinaves les trouvent en été, ils ne comprennent pas forcément à quel type d’animal ils ont à faire.

Ils n’ont donc pas besoin d’inventer des histoires pour vendre leurs prétendues cornes de licorne: le goût pour l’ivoire et la réputation de l’animal imaginaire suffisent.

D’ailleurs, certaines histoires s’amendent peut-être: en 1539, sur une carte de la Scandinavie réalisée à la demande d’un archevêque suédois exilé en Italie, on distingue entre les bateaux et les monstres une petite licorne marine, dont la tête et la corne sortent discrètement de l’eau dans le nord de l’Atlantique. C’est une indication précieuse, à une époque où les licornes sont déjà en train de disparaître.

Les opérations des Scandinaves au Groenland se compliquent dès la fin du XIIIe siècle: le climat se refroidit, et quelques degrés suffisent à mettre leur mode de vie en danger. Au milieu du XIVe siècle, les navigations se sont réduites; au début du XVe siècle, les colonies scandinaves du Groenland disparaissent.

Objets rares

Au début du XVIe siècle, lorsqu’Albrecht Dürer dessine un morse, son modèle est une tête conservée dans du sel en tonneau. Il n’a donc plus une idée très précise de l’apparence de l’animal.

Avec la fin de la grande chasse au morse, l’approvisionnement en dents de narval s’arrête aussi. Il reprend au XVIe siècle, lorsque les royaumes de France et d’Angleterre entrent en compétition pour conquérir l’Amérique du Nord et, espèrent les navigateurs, trouver un passage vers le Pacifique.

Alors que les navigations se multiplient vers le Nord, ils découvrent des populations préservées de morses, ainsi que quelques narvals, encore associés aux licornes. Au siècle suivant, leur véritable nature sera définitivement identifiée.

Entre la fin du XIIIe siècle et le XVIe siècle, l’Europe se tourne à nouveau vers l’ivoire d’éléphant; les cornes de licorne deviennent des objets rares. À Venise, au début du XVIe siècle, deux Grecs apportent une corne de «monoceros», ornée d’argent et de pierres précieuses, qui aurait appartenue au dernier empereur byzantin: une véritable merveille.

Quelques décennies plus tard, Elizabeth Ière d’Angleterre paie au prix fort une autre corne dont elle fait un symbole de sa virginité. Partout, le prix des cornes de licorne augmente, car l’accès aux vrais animaux a pratiquement disparu.

Certes, les licornes ne se sont pas véritablement éteintes. Mais le léger refroidissement du climat a limité l’accès aux prétendues cornes et entraîné une survalorisation culturelle de ces objets, au moment même où ils devenaient inaccessibles. Finalement, les prix montent, du fait même de l’ignorance des acheteurs.

Et nous, quelle image projetons-nous sur les derniers spécimens des espèces en voie d’extinction? Les voit-on vraiment pour ce qu’ils sont, les représentants d’une biodiversité à protéger, ou plutôt comme des licornes, si merveilleux et lointains que leur futur ne nous concerne pas directement?

Ce texte est extrait du livre Actuel Moyen Âge II de Catherine Kikuchi, Pauline Guéna, Florian Besson, Tobias Boestad, Simon Hasdenteufel et Maxime Fulconis, paru aux éditions Arkhê.

http://www.slate.fr/

s secrets des papyrus calcinés d’Herculanum bientôt révélés par les rayons X ?


Les chercheurs croient être en mesure de décrypter les papyrus d’Herculanum qui est carbonisé et impossible de le dérouler sans le détruire. C’est grâce à la tomographie par rayons X, en fournissant des images exploitables avec l’intelligence artificielle qui pourraient permettre de lire les textes de ces papyrus. C’est donc une histoire à suivre.
Nuage


Les secrets des papyrus calcinés d’Herculanum bientôt révélés par les rayons X ?


Laurent Sacco

Journaliste


Une équipe internationale veut utiliser une technique issue de l’apprentissage automatique pour décrypter des images 3D par rayons X afin de tenter de percer les secrets des célèbres papyrus d’Herculanum. Ces papyrus pourraient révéler des ouvrages philosophiques inédits datant de l’Antiquité gréco-romaine.

Bien des textes, ou fragments de textes, datant de l’Antiquité gréco-romaine nous sont parvenus. Ils sont disponibles en langue grecque et avec leurs traductions comme jamais grâce au Web, qui constitue pour nous un outil qui aurait rendu profondément jaloux les lettrés, philosophes et savants de la bibliothèque d’Alexandrie s’ils en avaient connu l’existence. Nous pouvons ainsi lire le Banquet de Platon, des fragments de l’œuvre d’Archytas de Tarente ou encore les fameux écrits en mathématique, mécanique et astronomie d’Archimède.

Par contre, nous savons que de nombreux textes ne sont pas passés à la postérité, les traités d’Héraclite et Démocrite par exemple ou bien encore la majorité des tragédies de Sophocle (seulement 7 sur plus d’une centaine nous sont parvenues). On ne sait pas très bien pourquoi mais on peut suspecter que, parfois, leur contenu n’était pas du goût des autorités monothéistes du début de notre ère.

Toutefois, il existe une unique bibliothèque datant de l’Antiquité qui nous est parvenue dans laquelle on espère trouver des trésors peut-être insoupçonnés. Il s’agit d’un ensemble de près de 1.800 papyrus que l’on a commencé à découvrir entre 1752 et 1754, lors des fouilles du site d’Herculanum, près de Naples. Mais, comme l’expliquait plus en détail Futura dans le précédent article ci-dessous, ces papyrus qui faisaient partie de la bibliothèque de Lucius Calpurnius Piso Caesoninus, le beau-père de Jules César, ont été carbonisés lors de l’éruption du Vésuve en 79 après Jésus-Christ.

Une partie de l'alphabet reconstitué depuis l'un des rouleaux de papyrus. Les lettres trouvées grâce à la tomographie X en contraste de phase sont sur la première et deuxième ligne. Sur la troisième ligne se trouvent les lettres obtenues par infrarouge à partir d'un autre papyrus. La comparaison des deux alphabets a permis l'identification du style d'écriture du rouleau. La quatrième ligne présente les caractères grecs en majuscules d'impression. © CNRS-IRHT UPR 841, ESRF, CNR-IMM Unité de Naples

Une partie de l’alphabet reconstitué depuis l’un des rouleaux de papyrus. Les lettres trouvées grâce à la tomographie X en contraste de phase sont sur la première et deuxième ligne. Sur la troisième ligne se trouvent les lettres obtenues par infrarouge à partir d’un autre papyrus. La comparaison des deux alphabets a permis l’identification du style d’écriture du rouleau. La quatrième ligne présente les caractères grecs en majuscules d’impression. © CNRS-IRHT UPR 841, ESRF, CNR-IMM Unité de Naples

On a tenté de dérouler ces papyrus mais ils sont tellement fragiles que les opérations généralement effectuées avant le XXIe siècle conduisaient plutôt à leur destruction, même s’il a toutefois été possible de découvrir que certains de ces rouleaux contenaient des textes de Philodème de Gadara, un philosophe épicurien (cela n’était guère surprenant, Pison, le nom parfois donné au beau-père de Jules César, était un protecteur des arts et de la philosophie). Nous disposons heureusement maintenant d’un puissant moyen d’investigation non invasif, à savoir les lignes de lumière des synchrotrons sous forme de rayons X qui permettent de faire de la tomographie avec des objets précieux dans le domaine de l’archéologie et de la paléontologie, en plus de permettre de faire de la cristallographie pour des matériaux savants et des molécules biologiques d’intérêts.

L’équipe internationale engagée dans cette entreprise, et qui comprenait des chercheurs du CNRS (Institut de recherche et d’histoire des textes) et du CNR italien, avait en particulier réussi à identifier des lettres grecques.

On espère aller plus loin aujourd’hui en utilisant des techniques d’analyse des données issues des développements fulgurants de l’apprentissage automatique (en anglais machine learning, littéralement « apprentissage machine »). C’est ce que se propose de faire avec des collègues le professeur Brent Seales, directeur de la « Digital Restoration Initiative » de l’université du Kentucky (États-Unis), un programme de recherche consacré au développement d’outils logiciels permettant la récupération de textes fragiles et illisibles.

Une présentation de la saga associée au décryptage des papyrus d’Herculanum avec des rayons X. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l’écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © VisCenter

Le problème avec les papyrus d’Herculanum, c’est que certains ont été écrits en utilisant une encre non-métallique et donc basée sur le carbone, de sorte qu’il est très difficile de faire la différence entre les caractères couchés sur le papyrus carbonisé et ce papyrus lui-même. Toutefois, les chercheurs pensent que des algorithmes issus de l’apprentissage automatique peuvent voir des différences sur des images que ne remarquerait pas un observateur humain.

Il faut toutefois de nouvelles données plus précises à exploiter et c’est pour cela que plusieurs des papyrus offerts en 1802 par le roi de Naples à Napoléon Bonaparte, et qui sont conservés à la bibliothèque de l’Institut de France à Paris, ont franchi la Manche pour être étudiés avec les rayons X fournis cette fois-ci par le synchrotron Diamond Light Source situé dans l’Oxfordshire au Royaume-Uni. Des images en 3D à très haute résolution sont rendues possibles, comme jamais pour ces papyrus, avec la ligne de lumière I12 de ce synchrotron.

Comme l’explique dans un communiqué de l’AFP Michel Zink, secrétaire perpétuel de l’Académie des Inscriptions et Belles lettres, on sait que certains des papyrus « contiennent pour l’essentiel des écrits grecs, chez une personne intéressée par la philosophie épicurienne… Contrairement à la philosophie stoïcienne, dont les textes, jugés compatibles avec le christianisme, ont été recopiés au Moyen Âge, l’épicurisme n’était pas en odeur de sainteté, et ses textes ont rarement été conservés… C’est pourquoi ces rouleaux présentent, sur le fond, une telle importance » conclut Michel Zink, car « on peut espérer réussir à lire des phrases entières, et peut-être un jour, un texte entier ».

On pourrait peut-être alors découvrir des informations fascinantes dans la droite ligne des idées de Michel Serres exposées dans son fameux ouvrage La Naissance de la physique dans le texte de Lucrèce.

CE QU’IL FAUT RETENIR

  • Les célèbres papyrus d’Herculanum ont été retrouvés dans l’une des villas d’Herculanum, préservée pour les générations futures en même temps que Pompéi en 79 après J.-C. lors des éruptions du Vésuve. Ces papyrus faisaient partie de la bibliothèque de Lucius Calpurnius Piso Caesoninus, encore appelé Pison, beau-père de Jules César et protecteur des arts et de la philosophie.

  • Sa bibliothèque, la seule de l’Antiquité qui nous soit parvenue complète, contenait notamment des textes rédigés en grec exposant les idées de Philodème de Gadara, un philosophe épicurien. Les papyrus sont hélas carbonisés et presque indéroulables sans les détruire.

  • Heureusement, des techniques non invasives utilisant la tomographie par rayons X, fournissant des images exploitables avec l’IA moderne, peuvent donner accès aux textes conservés dans ces papyrus, révélant potentiellement des surprises.

https://www.futura-sciences.com/

Le Saviez-Vous ► Faits divers : voilà pourquoi ils nous fascinent !


Avec les tout ce qui se vend comme revues à potins, les médias de tout genre sur Internet, les faits divers intéressent beaucoup de gens. Que ce soit des crimes, des vols, des scandales, etc … il y en a pour tous les goûts. Même dans l’Antiquité, le Moyen-Âge, les faits divers ont captivé, inquiétés, inspirer la peur. La majorité des histoires ci-bas viennent de France, mais on peut trouver des cas semblables dans notre coin du monde. Ceci dit, il y a un fait que j’ai remarqué sur les réseaux sociaux, une nouvelle de maltraitance animale active beaucoup de réaction a comparer des faits comme le meurtre d’adulte ou d’enfant, la famine et autres ..
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Faits divers : voilà pourquoi ils nous fascinent !

En 1817, l’affaire Fualdès défraie la chronique. Elle reste irrésolue à ce jour. © Wikimedia Commons

Un incendie tragique, une femme séquestrée, un casse incroyable… Les drames nous bouleversent et nous fascinent depuis l’Antiquité. Que révèlent-ils des mœurs de nos ancêtres et des tréfonds de l’âme humaine ?

Rome, en 81 avant J.-C. Le corps sans vie de Sextus Roscius, un riche propriétaire terrien, est retrouvé dans le quartier de Subure, le plus sordide de la capitale de l’Empire romain. Qui a tué ce citoyen richissime, dont la fortune est estimée à six millions de sesterces, proche de Sylla, le nouvel homme fort de la République ? L’affaire Roscius entre dans l’Histoire comme l’un des premiers faits divers au retentissement important. Il faut dire qu’elle possède tous les ingrédients nécessaires : un décor trivial (des bas-fonds) dans lequel survient un événement tragique, la collision entre deux mondes (celui des riches et des pauvres), et une odeur de mystère. C’est ça, un fait divers !

Mara Goyet, historienne et auteure de Sous le charme du fait divers (éd. Stock), le confirme : « Le fait divers, c’est l’irruption de l’extraordinaire dans ce qui est le plus banal. Il laisse penser que notre réalité prosaïque est plus riche et mystérieuse que prévu. Il permet de se tenir sur le fil entre le réel et le fantastique », explique la jeune professeure.

La « rubrique des chiens écrasés » est synonyme de faits divers, expression qui n’apparaît qu’au XIXe siècle. Pourtant, ces récits de crimes et autres cataclysmes tragiques intéressent depuis plus de 2 000 ans les plus grands auteurs, historiens et philosophes.

« Désastres, meurtres, enlèvements, agressions, accidents, vols, bizarreries, tout cela renvoie à l’homme, à son histoire, à son aliénation, à ses fantasmes, à ses rêves, à ses peurs… » comme l’explique le philosophe et professeur au Collège de France Roland Barthes, dans Essais critiques, en 1964. Le fait divers est le miroir de l’âme humaine, le sel du « roman national » !

Un exemple ? Au VIe siècle, Frédégonde, la maîtresse de Chilpéric Ier, ambitieuse et jalouse, demande à son royal amant de tuer sa femme. Si la presse à scandale avait existé, les lecteurs du Moyen Age auraient pu lire ce titre aguicheur : « Elle fait étrangler la reine pour prendre sa place ! » Mais en l’absence de tabloïds, ce sont longtemps des chroniqueurs qui se sont chargés de divulguer les détails (souvent sordides) de la grande Histoire. Et plus le conteur avait du talent, plus le fait divers avait une chance de passer à la postérité.

Revenons au meurtre de Sextus Roscius dans les basfonds de Rome. C’est l’auteur latin Cicéron qui a gravé dans le marbre cet incident tragique. Alors jeune avocat, il défend le fils (et homonyme) de la victime, Sextus Roscius, accusé de parricide. Le plus odieux des crimes ! Le procès, qui passionne le Tout-Rome, a lieu sur le forum. Dans sa plaidoirie, Cicéron ne cesse de poser une question qui deviendra célèbre : « Cui bono ? », « A qui profite le crime ? » Pas à son client, mais à un certain Chrysogonus, affranchi et favori de Sylla, qui a récupéré toutes les fermes du défunt, avec l’aide de Capiton, le neveu de Sextus Roscius. Cicéron sauve la tête de son client, acquitté faute de preuves, et la retranscription de sa plaidoirie est toujours étudiée par les aspirants avocats.

Les faits divers remplissent le même rôle que les contes, sauf qu’ils sont vrais

Les faits divers questionnent notre rapport au bien et au mal. L’affaire des « possédées de Loudun », qui éclate en 1632, l’illustre bien. Dans le couvent de cette petite ville de la Vienne-, plusieurs religieuses sont victimes d’hallucinations et de convulsions, comme si elles étaient possédées par le démon. Malgré les exorcismes, « l’épidémie » continue et les sœurs accusent bientôt le prêtre Urbain Grandier, grand séducteur. L’homme a par ailleurs signé un pamphlet contre Richelieu. Mauvaise idée : il va terminer sur le bûcher.

Grâce à l’essor des éditions imprimées au XVIIe siècle, cette sombre histoire, où se mêle sorcellerie, machination politique et jalousies, se diffuse dans tout le royaume. De l’affaire des poisons en 1682 à l’intrigante bête du Gévaudan qui fait frémir le pays entre 1764 et 1767, les gazettes ne ratent pas une occasion de relater des crimes. Mais pourquoi nous fascinent-ils ?

« Les faits divers remplissent le même rôle que les contes, sauf qu’ils sont vrais, précise l’historienne Mara Goyet. Ils sont pleins d’objets qui deviennent fascinants, de figures inquiétantes (l’ogre, la mère infanticide, le routard du crime), de lieux marquants (le virage de Chevaline, la Vologne). »

En 1817, l’affaire Fualdès est la première affaire judiciaire médiatisée au monde

Un fait divers peut-il cacher un secret d’Etat?En d’autres termes, comme disait Cicéron : « A qui profite le crime ? » Au fil de l’Histoire, les puissants ont pu être tentés de maquiller en accidents tragiques des scandales politiques. Remontons au 20 mars 1817. A Rodez, un corps flotte dans l’Aveyron. Il a les mains ligotées, une plaie béante à la gorge. C’est le cadavre d’Antoine Fualdès, ancien procureur impérial. Très vite, on crie au complot royaliste. Louis XVIII vient en effet de rétablir la monarchie et la « Terreur blanche », des violences perpétrées par les royalistes contre les révolutionnaires, fait rage. Or, Fualdès a été juré au tribunal révolutionnaire de Paris… Rien n’étaye ces soupçons, mais l’Etat veut à tout prix étouffer les rumeurs pour éviter une révolte populaire. La solution ? Maquiller ce meurtre en banal crime crapuleux. La police monte un dossier de toutes pièces : des dizaines de faux témoins pointent une troupe de coupables, des petites gens qui auraient tendu un piège à Fualdès pour le détrousser. Le procès qui s’ouvre devant la cour d’assises de l’Aveyron le 18 août 1817 est la première affaire judiciaire médiatisée au monde.C’est le début de la « justice spectacle ».

Des journaux parisiens comme Le Moniteur, Le Conventionnel ou Le Journal des débats dépêchent leurs envoyés spéciaux. La principale « pièce à conviction » est une couverture tachée de sang : sûrement celui d’un animal de boucherie. Aucun des protagonistes ne connaît le témoin principal, Clarisse Manson, une maîtresse bafouée en mal de célébrité. Qu’à cela ne tienne ! La presse tient sa saga à rebondissements. Dans toute la France circulent des tableaux représentant les accusés. Certains d’entre eux font fortune à Paris en paradant dans des cabinets de cire reproduisant les scènes de l’assassinat. Rodez devient la ville où « on égorge les gens comme des cochons ». Mission accomplie : la vérité sur la mort de Fualdès n’a jamais été faite, et ce potentiel scandale a viré au plus rocambolesque et spectaculaire fait divers du XIXe siècle.

L’affaire Vacher va faire rimer pour toujours fait divers et… crime sanguinaire

Passions, jalousies, amours contrariées. Les écrivains vont se passionner et s’emparer de cette formidable « matière première ». Flaubert s’inspire probablement de deux affaires réelles (Delamare et Lafarge) pour écrire Madame Bovary tandis que Maupassant, grand lecteur de faits divers, écrit plusieurs contes inspirés par des affaires de prostitution au début des années 1880. Mais en 1897, l’affaire Vacher, du nom de ce tueur en série qui éventrait des jeunes bergers, va faire rimer pour toujours fait divers et… crime sanguinaire !

« Cette affaire a fasciné à cause du profil du meurtrier : cruel et sadique depuis l’enfance, né dans une famille terriblement dysfonctionnelle, excentrique (il pose avec une toque et des clefs, celles du paradis selon lui), cynique (il vend ses confessions à un journal) », décrypte Mara Goyet.

Depuis Vacher, les histoires de tueurs manipulateurs et menteurs ont suscité des moments de « communion macabre » pendant lesquels le pays tremble d’angoisse. « Bonsoir. La France a peur », lance Roger Gicquel en ouvrant son JT sur TF1 le 18 février 1976 après l’arrestation du meurtrier du petit Philippe Bertrand, 7 ans. Sept décennies plus tôt, un autre tueur d’enfant indignait le pays, bouleversant l’agenda politique du moment. Le 31 janvier 1907, à Paris, Albert Soleilland viole et assassine Marthe Erbelding, 11 ans. Il est condamné à la guillotine. Mais le président de la République Armand Fallières est contre la peine de mort : il gracie Soleilland puis dépose un projet de loi en faveur de l’abolition. La presse se déchaîne, multipliant les détails sordides sur le meurtre. Le Petit Parisien publie un sondage dans lequel 74% des lecteurs se disent favorables à la peine capitale. Résultat ? En 1908, la peine de mort est maintenue par 330 voix contre 201. Et le restera jusqu’en 1981. Un fait divers n’est jamais anodin.

Au Moyen Âge, ce sont surtout les pilleurs qui alimentent la chronique

Valérie Toureille, historienne spécialiste du Moyen Âge, maître de conférences à l’université Paris-Seine, revient sur l’impact des crimes commis à cette époque.

Ce qui frappe aujourd’hui l’opinion ne choquait pas forcément il y a mille ans. L’homicide, par exemple, crime jugé très grave aujourd’hui, était banalisé au Moyen Âge.

« Les rixes sont alors nombreuses qui dégénèrent parfois, détaille Valérie Toureille, auteure de Crime et Châtiment au Moyen Age (éd. Seuil). On excuse aussi facilement quelqu’un qui tue pour l’honneur. » Ce qui fait grand bruit à l’époque, c’est le vol.

« Voler, c’est trahir la confiance qui cimente la communauté, indique Valérie Toureille. On pardonne aux petits larrons acculés par la faim – il existe même une excuse de vol par nécessité –, mais on craint plus que tout les brigands qui n’hésitent pas à tuer pour dépouiller leurs victimes. Les brigands, les cottereaux ou les coquillards, qui pillent les voyageurs, alimentent la chronique de ce qu’on n’appelle pas encore les faits divers. »

Au milieu du XVe siècle, le Journal d’un bourgeois de Paris se fait l’écho de cette hantise en relatant les méfaits d’une bande de voleurs qui enlèvent des enfants dans la capitale. Un vaste trafic organisé par un « roi » et une « reine ». On le voit, au Moyen Age, les pilleurs suscitent autant la peur que les tueurs en série aujourd’hui.

Par Marion Guyonvarch

https://www.caminteresse.fr/

Malades au musée : mystère à l’Université d’Ottawa


Cela ne doit pas être très bon pour un musée qui emprunte à long terme des artefacts se retrouve mêler à une histoire de moisissure qui rend les bénévoles malades en travaillants sur les objets dans un local du musée. Enfin, ce qui compte est bien la santé des étudiants.
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Malades au musée : mystère à l’Université d’Ottawa

La devanture du Musée d’antiquités gréco-romaines de l’Université d’Ottawa.

Le Musée d’antiquités gréco-romaines de l’Université d’Ottawa.

PHOTO : RADIO-CANADA / YASMINE MEHDI

Nausées, maux de tête, troubles respiratoires, infections : autant de symptômes qu’auraient ressentis d’anciennes stagiaires du Musée d’antiquités gréco-romaines de l’Université d’Ottawa, qui croient avoir été exposées à des moisissures en manipulant des artéfacts. L’Université indique avoir conduit des analyses qui n’ont toutefois révélé « aucun risque pour la santé ».

Au début, ça ressemblait à la mono[nucléose], se souvient Catherine Raileanu. J’attrapais tous les rhumes qui passaient, j’étais constamment fatiguée, j’avais des nausées. Plus je passais de temps dans le musée, plus j’avais des maux de tête.

L’étudiante a commencé à faire du bénévolat au Musée d’antiquités gréco-romaines en septembre 2017 — un établissement méconnu situé au troisième étage de l’édifice Desmarais. Dans les mois qui ont suivi, elle se rendait presque quotidiennement au petit musée, notamment pour y dresser un inventaire des artéfacts.

On a commencé à ouvrir les boîtiers en bois et c’est là qu’on a trouvé des artéfacts avec de la moisissure noire dessus, raconte Catherine. Il y en avait au moins une cinquantaine […] Ça sentait la vieille bibliothèque.

L’étudiante dit alors faire le lien entre ses symptômes et son lieu de travail.

Au début, je n’aurais pas fait de lien. Mais après avoir parlé avec d’autres bénévoles, on a réalisé qu’on était plusieurs à avoir les mêmes symptômes. Catherine Raileanu, ancienne bénévole du musée

Au total, trois étudiantes se sont confiées à Radio-Canada et ont raconté avoir trouvé de la moisissure sur plusieurs artéfacts du musée.

L’Université d’Ottawa a refusé notre demande d’entrevue. Dans un courriel, une porte-parole ne nie pas la possible présence de moisissures, mais affirme que l’établissement a rapidement mené des analyses de qualité de l’air qui n’ont révélé aucun risque pour la santé.

La santé et la sécurité de nos étudiants demeurent de la plus haute importance pour l’Université. Isabelle Mailloux-Pulkinghorn, porte-parole de l’Université d’Ottawa

Isabelle Mailloux-Pulkinghorn a par ailleurs indiqué que toutes les personnes ayant travaillé dans les locaux du Musée [avaient] été avisées des résultats des tests et analyses.

L’affaire est maintenant devant la Commission de la sécurité professionnelle et de l’assurance contre les accidents du travail (CSPAAT).

L’Université a récemment été informée des démarches entreprises par certains étudiants auprès du gouvernement ontarien. Jusqu’à maintenant, la Commission n’a pas contacté l’Université, mais si elle le fait, l’Université offrira sa collaboration, précise Mme Mailloux-Pulkinghorn.

Un rapport détaille l’étendue des symptômes

Radio-Canada a obtenu copie d’un rapport d’une dizaine de pages rédigé par une autre stagiaire à l’intention de l’Université. Cette dernière est arrivée au musée quelques mois après Catherine Raileanu. Elle aurait ressenti des symptômes semblables.

Préoccupée, l’étudiante — qui a refusé d’accorder une entrevue formelle — recense les symptômes ressentis par cinq autres étudiantes sur presque un an, sur un total de 12 étudiants. Radio-Canada a tenté de contacter les autres personnes citées dans le rapport. Deux d’entre elles ont répondu : Catherine Raileanu et Tara Ward.

Trois artéfacts avec de la moisissures.

Des artéfacts qui présentent des signes de moisissures, selon des stagiaires au musée.

PHOTO : COURTOISIE

Tara, une ancienne étudiante du Collège Algonquin, est arrivée au musée en janvier 2019 — peu avant que Catherine n’interrompe ses études en raison de problèmes de santé. Elle raconte avoir ressenti d’étranges symptômes, qu’elle attribue aussi à la présence de moisissures.

J’ai eu une infection de la gorge, puis une infection oculaire et finalement, une infection respiratoire. C’était vraiment inhabituel, explique Tara. Sa médecin lui a prescrit des antibiotiques, un anti-inflammatoire et un bronchodilatateur, sans toutefois établir de diagnostic définitif. J’étais fatiguée, j’avais du mal à respirer, je ne mangeais pas vraiment. C’était horrible.

Dès que j’ai quitté le musée, mes symptômes ont cessé. Tara Ward, ex-stagiaire

Les trois étudiantes sont persuadées que leurs symptômes ne sont pas attribuables à un virus.

 Habituellement, une grippe on l’a pendant une ou deux semaines. Mais là, ça continuait et ça continuait, affirme Catherine Raileanu.

La jeune femme affirme elle-aussi s’être rendue à la clinique médicale à plusieurs reprises. Le personnel infirmier lui aurait alors indiqué que ses symptômes s’apparentaient à ceux d’une exposition à la moisissure, sans toutefois poser de diagnostic. Radio-Canada n’a pas été en mesure de confirmer cette information.

Un diagnostic difficile à établir

Il est particulièrement ardu d’établir un diagnostic d’exposition à la moisissure, puisque l’inhalation de spores peut être difficile à détecter et qu’une panoplie de symptômes différents peuvent être ressentis.

Un individu qui est exposé peut ressentir des symptômes sévères et une autre personne de la même famille peut ne jamais ressentir de symptômes, illustre le microbiologiste Christian Jacob.

Le microbiologiste Christian Jacob n’a pas pu déterminer la présence de moisissure en se basant seulement sur des photos.

Habituellement, quand il y a une odeur d’humidité, c’est que quelque chose se passe, indique néanmoins l’expert, en ajoutant que l’Université d’Ottawa avait bien fait de commander un test de qualité de l’air.

Le musée fermé depuis plusieurs mois

Le musée a fermé ses portes au printemps dernier, peu après qu’une étudiante eut formellement fait part de ses inquiétudes à la curatrice.

L’Université d’Ottawa a indiqué par courriel que le musée était fermé afin de revoir son rôle et sa mission.

La collection du Musée d’antiquités gréco-romaines comprend plusieurs prêts à long terme, notamment de l’Ambassade de la Grèce au Canada et du Musée canadien de l’histoire.

Un représentant de l’Ambassade grecque a indiqué à Radio-Canada ne pas avoir été informé de la fermeture du musée ce printemps, en ajoutant qu’il demanderait des explications à l’Université d’Ottawa.

Le Musée canadien de l’histoire dit également faire les suivis appropriés, après avoir appris la fermeture du musée par Radio-Canada.

Le Musée prend très au sérieux les enjeux liés à la préservation et à la sécurité de ses collections, a indiqué la porte-parole, Patricia Lynch, dans un courriel.

Plusieurs stagiaires ayant ressenti des symptômes fréquentaient le Collège Algonquin. L’établissement n’a pas voulu commenter le dossier pour des raisons de confidentialité.

L’environnement de travail relève entièrement de la responsabilité de l’employeur, a néanmoins souligné la porte-parole, Ruth Dunley, dans un courriel.

Radio-Canada a tenté de joindre plusieurs experts de muséologie — notamment à l’Institut canadien de conservation et au Royal Ontario Museum. Les deux organismes ont refusé de nous accorder une entrevue.

Le Musée d’antiquités gréco-romaines se trouve au troisième étage de l’édifice Desmarais, sur le campus de l’Université d’Ottawa. La collection a été créée en 1975 dans l’objectif de « susciter un intérêt pour les études classiques chez les étudiants et étudiantes de tout âge. » Avant sa fermeture, il était ouvert au grand public sur rendez-vous.

Source : Université d’Ottawa

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Le Saviez-Vous ► Choux, roses, cigognes : d’où viennent ces légendes sur l’arrivée des bébés ?


J’espère qu’on n’enseigne plus ces légendes aux enfants sauf pour les contes. Je me souviens que ces légendes étaient véhiculées quand j’étais enfant, mais nous savions très tôt, qu’en réalité, les bébés venaient des mamans. Comment ? Si les parents ne l’expliquaient pas, on pouvait l’apprendre avec les amis qui en savaient un peu plus.
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Choux, roses, cigognes : d’où viennent ces légendes sur l’arrivée des bébés ?


Cigognes & compagnie

Par Dorothée Louessard

Si les garçons naissent dans des choux et les fillettes dans des fleurs, que diable fichent les cigognes censées être les livreuses officielles de bébés ? Mais au fait d’où viennent donc ces mythes sur la naissance de nos chérubins ?


Depuis l’Antiquité, le chou est associé à la fertilité. On servait traditionnellement de la soupe aux choux aux jeunes mariés afin accroître leurs chances d’avoir un enfant. Et encore aujourd’hui, la consommation de choux est préconisée à toutes les femmes désireuses de booster leur fécondité. Pourquoi ? Parce qu’ils sont riches en acides foliques (Vitamine B9) assurant le bon développement du foetus. Les autres vitamines présentes dans les choux de Bruxelles auraient également le pouvoir d’augmenter la quantité de sperme de l’homme et leur durée de vie.

L’autre origine possible de ce mythe sur la naissance proviendrait de la Grèce Antique. Le roi Agamemnon parti en guerre, sa femme Clytemnestre accoucha de quadruplés dont trois filles et un garçon. N’ayant pas de langes sous la main, elle emmaillota ses filles dans des pétales de rose et enveloppa son garçon dans des feuilles de chou. Si ce dernier n’a pas eu droit aux pétales de rose, c’est parce que la rose constituait le symbole de la féminité durant l’Antiquité. La feuille de chou fut choisie tout simplement parce que du choux était prévu au dîner.

Deux explications possibles donc, et qui s’avéraient bien pratiques à ressortir à nos enfants lorsqu’ils nous balançaient la fameuse question tant redoutée : « Dis, comment on fait les bébés ?« 

Mais alors les cigognes dans tout ça, elles faisaient quoi au juste ? Déposaient-elles les bébés selon leur sexe tantôt dans des roses, tantôt dans des choux ?

La légende de la cigogne ou « Légende du Kindelesbrunnen » est connue dans le monde entier et puise son origine en Alsace. Il y aurait eu jadis un lac sous la cathédrale de Strasbourg, où voguaient les âmes des enfants en attendant de venir au monde. Un sympathique gnome naviguait sur le lac à bord d’une barque argentée et, muni d’un filet d’or, il attrapait les âmes des bébés pour les donner à la fameuse cigogne qui se chargeait alors de distribuer les bébés aux parents. D’ailleurs, encore aujourd’hui, en Alsace, les parents désirant avoir un enfant doivent « commander » leur bébé aux cigognes en déposant un morceau de sucre sur le bord de leur fenêtre. Quant au choix de l’oiseau, il est sans doute lié au fait que les cigognes font leur grand retour en Alsace, au printemps, saison associée aux naissances.

Le mythe des cigognes est d’ailleurs le thème du film d’animation des studios Warner, « Cigognes & compagnie » ,  On y découvre que les cigognes ont cessé la livraison de bébés pour se reconvertir dans l’expédition de colis Internet. Et, alors que Junior, coursier star de l’entreprise, s’apprête à reprendre la tête de l’entreprise, il rallume involontairement la Machine à Fabriquer les Bébés…

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Le Saviez-Vous ► Superstition : Pourquoi briser un miroir porte-t-il malheur ?


S’il fallait qu’on soit maudit à chaque fois qu’on casse un miroir, on serait bien malheureux. Le miroir existerait depuis au moins 6 milles ans. À cette époque, il était incassable. Plus tard, il était en verre, mais recouvert d’une couche de mercure et il fallait mettre le prix. On peut comprendre qu’un miroir cassé était pour eux, un malheur. Puis, 7 ans malheurs était relié à la religion chrétienne ou bien un semblant de savoir scientifique
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Superstition : Pourquoi briser un miroir porte-t-il malheur ?

@Getty Images

A l’origine, il y a la peur et l’ignorance des lois de la nature.

« Les superstitions servent à contrôler son anxiété en ayant l’impression de maîtriser son environnement et des événements qui ne relèvent pas de la seule volonté. La pensée magique est activée quand l’anxiété dépasse la pensée rationnelle », analyse Nicolas Roussiau, psychologue social, coauteur de La Superstition aujourd’hui (éd. De Boeck).

Pas toujours facile de retrouver leur racine précise.

« Elles sont le plus souvent d’origine religieuse », observe l’historienne Eloïse Mozzani, auteur du Livre des superstitions (éd. Robert Laffont).

« Religion et superstitions ont toujours coexisté à deux niveaux différents : quand la religion prépare l’au-delà, les superstitions sont censées agir sur le présent, ici et maintenant. »

Malheur, si on brise un miroir

Fabriqués en pierre (en obsidienne) ou en métal poli (en or, argent, cuivre, bronze), les premiers miroirs (6 000 ans avant J.-C.) étaient incassables. Les Grecs, qui pensaient que le miroir était le reflet de l’âme, pratiquaient la catoptromancie : on lisait l’avenir dans un miroir improvisé, un récipient en terre cuite recouvert d’une pellicule d’eau. Si ce « miroir » se brisait, la personne qui venait consulter l’oracle était déclarée maudite.

Au XVIe siècle, à Venise, comme les premiers miroirs en verre étaient recouverts d’une couche d’étain et de mercure, ils coûtaient cher. Les maîtres de maison menaçaient donc les domestiques de sept ans de malheur s’ils le cassaient.

Pourquoi sept ? Parce que depuis l’Antiquité, c’est un chiffre symbolique. Dans la Bible, les sept vaches maigres du songe de Pharaon annoncent sept années de malheur ; chez les Romains, on considère que le corps se régénère tous les sept ans.

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