Le changement climatique a transformé certains Néandertaliens en cannibales


Certains Néandertalien ont eu un passage de cannibalisme. L’étude d’une grotte située en France démontre que des hommes de Néandertal ont effectivement été cannibale. Les paléontologues ont aussi étudié le climat. Il semble donc que les changements climatiques ont fait d’eux des cannibales pour une question de survie.
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Le changement climatique a transformé certains Néandertaliens en cannibales

 

Des preuves de cannibalisme chez les Néandertaliens ont déjà été découvertes, à l'instar de ces os déchirés découverts dans une grotte à Goyet, en Belgique.

Des preuves de cannibalisme chez les Néandertaliens ont déjà été découvertes, à l’instar de ces os déchirés découverts dans une grotte à Goyet, en Belgique.Image: Asier Gómez-Olivencia et al.

par Brice Louvet, rédacteur scientifique

Une récente étude suggère que certains néandertaliens ont dû se tourner vers le cannibalisme pour survivre à une période de réchauffement, il y a entre 128 000 et 114 000 ans.

L’Homme de Néandertal est connu pour sa résistance au froid. Notre ancien cousin se plaisait en effet dans les steppes, chassant mammouths, rhinocéros et autres mégalocéros pour survivre. Parfaitement adaptés à ces conditions, certains néandertaliens ne devaient pas voir d’un très bon œil les évolutions climatiques. Comme ce réchauffement – une période interglaciaire – opéré il y a entre 128 000 et 114 000 ans.

Une mauvaise passe

Car qui dit réchauffement climatique dit également évolution de l’environnement, et donc de la faune qui va avec. Si durant les périodes glaciaires les grosses proies abondaient dans la région, un réchauffement survenu durant la période éemienne a en revanche mené certaines espèces à migrer, laissant place à d’autres espèces plus petites, moins en chair. Il y avait du coup moins à manger. Une période de “disette” qui mena certains Néandertaliens à se livrer au cannibalisme. C’est du moins ce que suggère récente étude publiée dans le Journal of Archaeological Science.

Alban Defleur et Emmanuel Desclaux, du CNRS, ont en effet examiné les restes de Néandertal rassemblés sur le site de Baume Moula-Guercy. La grotte est située près de Soyons, dans le sud-est de la France. Au moins six Néandertaliens ont été trouvés ici – deux adultes, deux adolescents et deux enfants. Et tous les ossements semblent présenter des marques de cannibalisme. Certains os ont été démembrés intentionnellement, d’autres présentaient des marques de coupes faites à l’aide d’outils de pierre, et des marques de mâchonnement faites par des dents de Néandertal.

Stress nutritionnel

Ces preuves de cannibalisme ne sont pas nouvelles. Mais jusqu’à présent, beaucoup les associaient à d’anciennes pratiques rituelles. Pour tenter de replacer cet épisode anthropophage, les chercheurs ont également examiné les données climatiques de la région correspondantes à la période éemienne. On estime qu’à cette époque, la température mondiale était environ d’environ 2 degrés Celsius plus élevée que la température mondiale moyenne du 20e siècle. Il semblerait alors que ce réchauffement ait effectivement été la cause d’un important stress nutritionnel pour nos anciens cousins.

Cette période de réchauffement climatique fut en effet extrêmement rapide : en seulement 500 ans, soit 25 à 30 générations, les Néandertaliens sont passés d’un environnement boréal à un climat méditerranéen, avec la faune qui va avec. De nombreux reptiles ont été retrouvés dans les sédiments. Des restes de poissons également, preuve que Néandertal a tenté de s’adapter. Mais les proies étaient plus petites, plus furtives, bref, plus difficiles à attraper. Un besoin nutritionnel s’est alors manifesté, poussant certains individus à se tourner vers leurs défunts pour survivre.

Survivre à tout prix

« Les schémas de traumatismes décrits dans la nouvelle étude sont plus compatibles avec le cannibalisme nutritionnel, explique Danielle Kurin, anthropologue américaine à l’Université de Californie à Santa Barbara. Les os comme le fémur et le crâne montrent des signes de rupture intentionnelle [peu de temps après la mort], ce qui suggère un effort pour atteindre les tissus à haute teneur calorique tels que la moelle osseuse et même le cerveau dans certains cas ».

Les chercheurs savaient déjà que les Néandertaliens du Baume Moula-Guercy pratiquaient le cannibalisme, mais ce lien avec le changement climatique est tout nouveau.

« Le cannibalisme mis en évidence à Baume Moula-Guercy n’est pas une marque de bestialité ou de sous-humanité, notent les auteurs. Les données indiquent plutôt un épisode de survie court et unique [cannibalisme] en réponse au stress nutritionnel induit par des changements environnementaux rapides et radicaux ».

Source

Notes : Période Éemienne : L’Éémien, parfois Éemien ou Eémien, est une subdivision de l’époque géologique du Pléistocène utilisée en Europe du Nord et définie aux Pays-Bas. Il correspond à l’avant-dernière période interglaciaire du Quaternaire.

https://fr.wikipedia.org/wiki/E%C3%A9mien

https://sciencepost.fr/

Le cannibalisme au paléolithique n’était pas uniquement alimentaire


Le cannibalisme existe au moins depuis l’homme de la préhistoire. Pourquoi manger son semblable, point de vue énergétique bien des animaux sont plus rassasiant que manger une personne humaine. Est-ce vraiment juste une question de nourriture, ou peut-être des rituels ?
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Le cannibalisme au paléolithique n’était pas uniquement alimentaire

 

Une fameuse peinture datant de l'époque du paléolithique a... (ARCHIVES AFP)

Une fameuse peinture datant de l’époque du paléolithique a été exposée dans un musée à Paris, en 2015.

 

PASCALE MOLLARD-CHENEBENOIT
Agence France-Presse
Paris

Pour comprendre le cannibalisme pratiqué par les hommes préhistoriques, un chercheur a eu l’idée de calculer la valeur nutritionnelle du corps humain. Verdict: elle n’est pas particulièrement riche. Le but recherché n’aurait donc pas été purement alimentaire, en déduit-il.

S’attaquant à un sujet tabou, James Cole, spécialiste du paléolithique à l’Université de Brighton, a établi un tableau des différentes parties du corps humain indiquant leur poids respectif et leur valeur nutritionnelle exprimée en calories (graisse et protéines).

De cette table, publiée jeudi dans la revue Scientific Reports, il ressort que le cerveau et la moëlle épinière ne pèsent pas lourd mais sont très caloriques, que les cuisses ont un bon potentiel calorique mais que le tissu adipeux est encore plus riche.

«Sur le plan des calories, nous correspondons à un animal de notre taille et de notre poids», déclare à l’AFP James Cole. «Mais nous ne sommes pas très nourrissants comparé aux gros animaux que les premiers hommes chassaient et mangeaient», ajoute-t-il. «L’homme est une espèce plutôt maigre». Or le gras est plus calorique que les protéines.

La viande de mammouth, d’ours, de sanglier, de castor, de bison était nettement plus énergétique, selon un autre tableau comparatif publié par le chercheur.

Un homme de 66 kilos fournit potentiellement 1300 calories par kilo de muscle. Le mammouth est à 2000 calories par kilo, l’ours à 4000 (trois fois plus que l’homme) tout comme le sanglier et le castor.

La valeur calorique globale des muscles d’un homme est évaluée à 32.376. Elle est de 3 600 000 pour un mammouth, 1 260 000 pour un rhinocéros laineux, 600 000 pour un ours, 200 100 pour un cheval.

«Au niveau individuel, l’homme affiche un taux calorique peu élevé. Et même si vous mettez cinq ou six individus, cela procurera toujours moins de calories qu’un seul cheval ou un bison», note James Cole.

Raisons culturelles et sociales?

«Qui plus est, l’homme est plus intelligent et son comportement est complexe. Ce devait être plus difficile de tuer six hommes qu’un cheval.»

«C’est pourquoi je suggère que peut-être que nous ne pouvons pas expliquer les actes de cannibalisme juste par un besoin de nourriture», poursuit-il. Les raisons de cette anthropophagie étaient peut-être «culturelles ou sociales» (défense du territoire…).

Le Paléolithique est une période qui commence avec l’apparition du genre Homo il y a 3 millions d’années et se termine il y a environ 10 000 ans.

Des fouilles archéologiques ont permis d’établir que Homo antécesseur, un pré-néandertalien qui vivait il y a près de 1 million d’années (site du Gran Dolina en Espagne), était cannibale. Tout comme Homo Erectus il y a 680 000 ans (site de la Caune de l’Arago à Tautavel en France).

L’homme de Néandertal, notre cousin disparu, mangeait lui aussi de la viande humaine (site français de Moula-Guercy, site d’El Sidron en Espagne).

Et l’homme moderne, Homo Sapiens, était lui aussi anthropophage comme le montrent des ossements trouvés dans la grotte de Maszycka en Pologne (15 000 ans environ avant notre ère) et dans la grotte anglaise de Gough (14 700 avant notre ère).

Les archéologues disposent de plusieurs indices pour repérer le cannibalisme à partir de l’étude des ossements: incisions, marques de découpe, fractures sur des os frais (pour extraire la moëlle osseuse), traces de mâchement humain, absence de la base crânienne (pour extraire le cerveau).

Pour la plupart de ces sites, le cannibalisme a été expliqué par un besoin de nourriture. Mais pour quelques autres, des motifs rituels ont été mis en avant. Dans la grotte de Gough trois crânes transformés en coupe à boire par Homo Sapiens ont été découverts.

À Maszycka, il pourrait s’agir d’un cannibalisme lié à la guerre et à Caune de l’Arago, d’une anthropophagie rituelle car le gibier ne manquait pas.

http://www.lapresse.ca/

Cannibalisme: niveau goût, à quoi ressemble la viande d’humain?


Sujet un peu morbide certes, mais c’est un peu l’histoire du cannibalisme en essayant de savoir ce que l’ont peut trouver a la viande humaine. Faut dire que dans certaines régions le cannibalismes, est autorisé mais heureusement pas chez nous, c’est un crime odieux et inadmissible
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Cannibalisme: niveau goût, à quoi ressemble la viande d’humain?

 

Ces dernières semaines, des cas de cannibalisme ont été rapportés aux Etats-Unis et en Suède et le doute persiste autour du cas de Luka Rocco Magnotta.

 

A Berlin, la police a arrêté Luka Rocco Magnotta, le Canadien soupçonné d’avoir tué et dépecé un étudiant chinois. Selon certaines sources Magnotta aurait mangé des morceaux du corps de sa victime. Ces deux dernières semaines, des cas de cannibalisme ont été rapportés en Floride, au Maryland et en Suède. Quel est le goût de la chair humaine?

Celui du veau. En 1931, dans son livre Jungle Ways [Secrets de la jungle], l’aventurier et journaliste William Buehler Seabrook donna au monde la description la plus détaillée du goût de la chair humaine. Selon Seabrook, crue, la viande d’humain ressemble au bœuf, mais en un peu moins rouge et avec un gras jaune clair.

Cru ou cuit?

Grillée, la viande tourne au gris, comme l’agneau ou le veau, et son odeur rappelle celle du bœuf cuit. Et niveau goût, Seabrook écrit:

«C’était si proche d’une bonne pièce de veau à pleine maturité qu’à mon sens, aucune personne dotée d’un palais ordinaire et d’une sensibilité normale n’aurait pu faire la différence.»

Mais on peut légitimement douter du témoignage de Seabrook. Il était parti en Afrique de l’Ouest pour obtenir des informations de première main sur le cannibalisme auprès des Guero, mais avoua ensuite que les membres de cette tribu, méfiants, ne lui avaient pas permis de partager leurs traditions.

Dans son autobiographie, Seabrook prétend avoir obtenu le corps d’un patient récemment décédé dans un hôpital français, qu’il cuisit ensuite à la broche. Quand il se dépeint en mangeur d’homme dans Secrets de la jungle, il n’a pas vécu cette expérience en Afrique de l’Ouest, mais à Paris.

Malgré ses soucis de crédibilité, la description de Seabrook reste encore la plus précieuse. De nombreux témoignages sur le goût de la viande humaine nous viennent de fous –des tueurs en série comme Karl Denke, par exemple, ou le meurtrier allemand Armin Meiwes– ce qui fait qu’on ne peut pas vraiment compter dessus.

Pour le reste, ces propos sont souvent vagues et contradictoires. Plus cohérente et prévisible, l’idée que la viande d’enfants serait plus tendre que celles d’adultes, du fait du développement du collagène qui s’accroît avec l’âge. Certains ont même laissé entendre que cette viande juvénile était si tendre que sa texture rappelait celle du poisson.

Cela dépend de l’assaisonnement

Par ailleurs, des cannibales ont décrit la viande d’humain à des anthropologues comme étant sucrée, amère, tendre, coriace et grasse. Des variations qui pourraient s’expliquer par différents modes d’accommodement. De nombreuses tribus mangent la viande d’humains décédés après l’avoir laissée faisander quelques temps.

La grillade et le ragoût sont visiblement les modes de cuisson les plus répandus et beaucoup de tribus assaisonnent le tout avec des piments ou d’autres épices. En Afrique centrale, pendant la cuisson de leurs ragoûts d’humain, les Azande ont apparemment l’habitude d’écumer la graisse pour l’utiliser ensuite dans des sauces ou des lampes à huile. Dans le Pacifique sud, des cannibales enveloppent des morceaux d’humain dans des feuilles qu’ils cuisent à la broche. Et on a vu des anthropophages du Sumatra servir des criminels avec du sel et du citron.

Les auteurs de la récente vague de cannibalisme ont tous opté pour des morceaux différents. Rudy Eugene, l’agresseur de Floride, a mangé le visage de sa victime. Le cannibale suédois s’est contenté de ses lèvres, tandis qu’un Tokyoïte aurait cuisiné et servi ses propres organes génitaux à des convives qui avaient gagné leur repas aux enchères.

Dans les tribus cannibales, on observe une diversité comparable. Selon Seabrook, en Afrique de l’Ouest, les cannibales préfèrent le milieu du dos, les côtes, les fesses et les paumes des mains, qu’ils considèrent comme particulièrement tendres. Ils mangent des organes humains, écrit-il, sans trouver aucune différence de goût avec ceux d’autres animaux.

Au XIXe siècle, des cannibales des îles Fidji préféraient visiblement le cœur, les cuisses et le haut des bras. Pour d’autres tribus, les seins de jeunes femmes sont apparemment des morceaux de choix. (Quand le cannibalisme est rituel, la symbolique des morceaux consommés est souvent bien plus importante que leur goût. Selon certaines croyances, avaler le cœur d’un courageux guerrier ou les bras d’un puissant combattant permettrait au mangeur d’assimiler les qualités souhaitables du défunt).

 

Brian Palmer

Traduit par Peggy Sastre

http://www.slate.fr