"J’ai été professeur pendant 17 ans, mais je ne savais ni lire ni écrire"


On peut dire que ce professeur a eu un parcours pas très ordinaire. Ne sachant ni lire, ni écrire, mais usant de stratégie, il a quand même réussi à enseigner pendant 17 ans dans une école aux États-Unis. Et ce n’a qu’à la fin de sa carrière de professeur, qu’il a enfin pu apprendre à lire et à écrire
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« J’ai été professeur pendant 17 ans, mais je ne savais ni lire ni écrire »

© thinkstock.

Source: BBC News

John Corcoran a porté un incroyable secret durant plus de 17 ans. Après avoir grandi dans l’état du Nouveau Mexique, aux Etats-Unis, durant les années 40 et 50, obtenu son diplôme de secondaire et suivi des études à l’université, il est devenu professeur des écoles alors qu’il ne savait ni lire ni écrire.

« Lorsque j’étais enfant, mes parents me répétaient que j’étais un gagnant, et pendant les six premières années de ma vie, j’ai cru ce qu’ils me disaient », raconte John Corcoran à la BBC.

À l’époque, le petit garçon rêve de lire « comme ses sœurs ». Sa première année à l’école se déroule sans accroc.

« Les choses allaient bien parce qu’on ne nous demandait pas grand-chose à part rester dans les rangs, rester assis, se taire et aller aux toilettes à l’heure ».

Mais les choses se gâtent en deuxième année, lorsque John ouvre finalement un livre.

« Pour moi, c’était comme ouvrir un journal en chinois – je ne comprenais pas ce que ces lignes signifiaient, et en tant qu’enfant de six, sept, huit ans, je ne savais pas comment expliquer le problème ».

« Je priais pour me réveiller en sachant lire »

« Je me souviens que je priais le soir, en disant: ‘S’il te plaît Seigneur, aide-moi à lire demain quand je me lèverai’. Parfois j’allumais même la lumière, je prenais un livre et je le regardais pour voir si un miracle s’était produit. Mais je n’ai jamais eu de miracle ».

John finit par être relégué au rang des élèves plus faibles, persuadé d’être « bête ». Pourtant, chaque année, les professeurs répétaient à ses parents qu’il était « intelligent » et qu’il « finirait par comprendre », avant de le faire passer dans la classe supérieure. Mais arrivé en cinquième primaire, John ne « comprenait toujours pas ».

Un moyen de survivre

« Lorsque je suis arrivé en cinquième année, j’ai abandonné l’idée d’apprendre à lire. Je me levais tous les jours, je m’habillais, et j’allais à l’école comme si j’allais à la guerre. Je détestais être en classe. C’était un environnement hostile et je devais trouver un moyen de survivre ». John se met alors à faire le clown et à perturber la classe, jusqu’à se faire expulser des cours.

Lorsqu’il atteint la deuxième secondaire, le jeune homme change de tactique et parvient à devenir le chouchou des profs. Bon en sport, en math, et doté d’incroyables capacités sociales, John se lie d’amitié avec de nombreuses élèves qui acceptent de faire ses devoirs à sa place. Il sait alors écrire son prénom et quelques mots mais est incapable de former une phrase complète ou de lire.

Retour dans la cage aux lions

Il obtient finalement une bourse d’étude sportives et intègre une université. Là encore, il enchaîne les stratagèmes pour passer ses examens et finit par être diplômé. À sa sortie de l’école, John est directement engagé en tant que professeur en raison d’une pénurie dans le métier.

« C’était la chose la plus illogique que vous puissiez imaginer – je venais de sortir de la cage aux lions et j’y retournais ». 

« Pourquoi ai-je enseigné? En y repensant, c’était fou. Mais j’avais survécu au lycée et à l’université sans me faire prendre, donc le fait d’être professeur semblait être une bonne manière de se cacher. Personne ne soupçonne un professeur de ne pas savoir lire ». 

John enseigne différentes matières, allant de l’athlétisme à la dactylographie:

« Je pouvais taper 65 mots par minute, mais je ne comprenais pas ce que j’écrivais ».

Il apprend également à repérer les élèves doués en écriture et en lecture, qui deviennent alors ses aides, sans le savoir.

« Personne ne suspecte jamais le professeur », explique-t-il. « Je n’ai jamais écrit sur un tableau noir, et il n’y avait pas de papier imprimé dans ma classe. Nous avons regardé beaucoup de films et nous avons eu beaucoup de débats ». 

Leçon d’espoir

Après 17 ans dans l’enseignement, John finit par mettre un terme à sa carrière. Et huit ans plus tard, il se décide à appeler à l’aide. Alors âgé de 48 ans, l’homme voit Barbara Bush, l’ancienne première dame américaine, parler de l’analphabétisme chez les adultes à la télévision. Il réalise soudain qu’il n’est pas seul et se rend à la bibliothèque de son quartier pour qu’on lui apprenne enfin à lire.

« Il a fallu sept ans pour que je me considère comme une personne alphabétisée ». 

S’il avait d’abord honte, John a aujourd’hui décidé de partager son histoire, encouragé par la volontaire qui lui a appris à lire.

« Je voulais donner de l’espoir et montrer que nous ne sommes pas stupides. Nous pouvons tous apprendre à lire », explique John.

 « J’avais l’impression d’être dans le noir depuis 48 ans, jusqu’à ce que je trouve enfin le courage d’enterrer le fantôme de mon passé »

http://www.7sur7.be/

Pour qu’il lise, mieux vaut donner un livre papier à un enfant


Les livres ne devraient pas être remplacés par des tablettes, ordinateurs pour la lecture chez l’enfant. Enfin, dans certains cas, la liseuse seraient bénéfiques, mais avoir accès aux livres aideraient plus les enfants à être en contact avec les mots et l’imagination
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Pour qu’il lise, mieux vaut donner un livre papier à un enfant

 

Untitled | Monica H. via Flickr CC License by

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Repéré par Grégor Brandy

Repéré sur The Conversation, BBC

Une étude menée par des chercheurs de trois universités australiennes confirme ce constat.

 

Les «digital natives» n’ont pas forcément envie d’une vie tout numérique. Une nouvelle étude menée par des chercheurs australiens sur des élèves du CM1 à la sixième, et rapportée par ses auteurs sur The Conversation, indique que les enfants ayant régulièrement accès à des appareils électroniques (sans faire cependant la différence entre les tablettes, les smartphones et les liseuses) n’ont pas tendance à les utiliser pour lire, et ce même s’ils sont déjà des lecteurs réguliers.

«L’étude a également découvert que plus un enfant a accès à des appareils électroniques, moins il lit. Cela suggère que fournir des appareils de lecture électronique aux enfants peut en réalité réfréner leur lecture plus généralement, et que les livres papier sont encore souvent préférés par les plus jeunes.»

Les résultats de cette étude vont par ailleurs dans le sens d’autres menées jusque-là sur les adolescents, soulignent les auteurs, qui rappellent que le mythe qui voudrait que les plus jeunes préfèrent lire sur des écrans n’a jamais été corroboré. En 2014, un sondage Nielsen relayé par le Guardian indiquait que seuls 20% des adolescents achetaient des livres électroniques, mais n’en précisait pas les raisons.

The Conversation avance notamment deux arguments: l’alphabétisme informatique, c’est-à-dire la capacité à utiliser un appareil électronique qui n’est pas naturel chez tout le monde, d’autant qu’il faut parfois lancer des programmes ou des applications pour lire un livre électronique.

Le deuxième ne concerne pas vraiment les liseuses, mais les chercheurs écrivent que «lire sur des appareils via une application laisse plus de place à la distraction, en permettant à l’utilisateur de passer d’une application à une autre».

«Pour des élèves qui ont déjà du mal à rester attentifs, la possibilité immédiate de jouer à un jeu peut facilement battre les bénéfices à long-terme de la lecture.»

En février 2016, la BBC avait rencontré des élèves dans une école où les livres électroniques (dans le cadre d’un programme mené sur 40 écoles et 800 élèves) sont de plus en plus présents, et avait recueilli leurs impressions variées. Au final, le constat était un peu différent de l’étude des chercheurs australiens. Dans ce cas-ci, les garçons répondaient mieux aux livres électroniques que les filles, et les plus petits lecteurs avaient fait de grands progrès.

Si l’adaptabilité et la possibilité de trouver de nouveaux livres que l’on peut trouver facilement en lignes en convainquaient certains des bénéfices des livres électroniques, reste que pour d’autres, «rien ne peut remplacer la sensation d’avoir un vrai livre entre les mains».

https://www.slate.fr/

Le Saviez-Vous ► Au Moyen Âge, l’écriture sur écorce comme un message d’espoir


Comment s’imaginer que les gens du Moyen-Âge savaient lire et écrire. Le papier était cher et pourtant, il y avait d’autres supports pour laisser divers messages du quotidien
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Au Moyen Âge, l’écriture sur écorce comme un message d’espoir

 

Comment on lisait et écrivait au Moyen Âge… contre les idées reçues!

Savoir lire, savoir écrire, sont aujourd’hui des compétences indispensables dans la vie quotidienne. Et au Moyen Âge? Pendant longtemps, la période médiévale a été vue comme les temps obscurs (les dark ages, en anglais), marqués par la superstition, l’obscurantisme, et l’analphabétisme généralisé. Depuis, on a beaucoup écrit sur l’écrit médiéval, et de nombreux travaux récents ont nuancé cette vision: il existe des écoles depuis longtemps, et une portion non négligeable de la population, notamment en ville, sait lire et écrire, au moins un peu (c’est ce qu’on appelle la literacy).

Écritures du quotidien

Une immense part de nos communications contemporaines passe par l’écrit: un e-mail, un texto, un tweet, sont des écritures. Dans une société peu alphabétisée, il faut donc s’y prendre autrement: impossible d’écrire une lettre à votre famille quand vous êtes en voyage, ou de laisser un mot sur une porte pour dire que vous êtes passé.

À moins que. En effet, nous avons très peu de documents du quotidien: le papier se conserve assez mal, et tous ces messages de tous les jours, équivalents de nos SMS et de nos e-mails, se sont perdus. Sauf quand on se tourne vers la Russie, qui n’est pas célèbre que pour ses sportifs dopés et sa politique étrangère si sympathique. En effet, depuis un demi-siècle, des archéologues ont exhumé, surtout autour de Novgorod, plusieurs centaines de documents originaux qui bouleversent la façon dont nous envisageons la place de l’écrit au Moyen Âge: les gramota.

Gramo-quoi?

Les gramota sont des écorces de bouleaux qui servaient de supports à des messages, conservées dans les sols humides de Novgorod et des villes environnantes. C’est assez simple, en fait: on écorce un bouleau, on fait bouillir l’écorce, et on grave son message avec une pointe en fer ou en os, de préférence sur la face interne, plus tendre. Quand on veut être sûr que ça dure –par exemple lorsqu’on grave un texte sacré– on recouvre le tout d’une fine couche de cire, qui protège le bois de l’humidité. Pas besoin d’encre: on n’a trouvé que trois documents qui en utilisent.

Ces gramota ne sont pas une invention médiévale: on a retrouvé des tablettes de bois qui datent de l’antiquité, notamment dans les fouilles de Pompéi. Pendant le Moyen Âge, il s’agit d’une spécificité du nord de l’Europe, qui frappe tous les voyageurs qui s’y intéressent: vers 978, le voyageur arabe, ibn al-Na’dim, souligne ainsi qu’il a vu, au pays des Rus, «un morceau de bois sur lequel il y avait des signes». Dans ces tablettes de bois, on trouve de tout: des comptes de ville, des contraventions, des lettres, des suppliques de paysans à leurs seigneurs, des testaments… Leur étude a apporté énormément de connaissances sur l’économie, l’onomastique, la condition des paysans.

Écrire la vie

Plus encore que la technique, c’est en effet le contenu même des messages qui est intéressant. Car ceux-ci révèlent des médiévaux très proches de nous, qui utilisent l’écrit pour des messages tout à fait ordinaires; l’immense majorité des documents sont écrits en vieux russe, langue du quotidien, et pas en grec ou en vieux slavonique, langues du savoir et du pouvoir. La majorité font voir, comme des éclats, des morceaux de vie. Des demandes: «Je suis tombé et me suis sali. S’il-te-plaît, envoie moi du linge propre.» Des informations: «Ici, tout le monde va bien. Nous sommes en bonne santé». Des rendez-vous: «Attends-moi samedi devant le filet de pêche; si tu ne peux pas, préviens moi!» Et même une demande en mariage: «De la part de Nikétas: Julienne, épouse moi. Je te désire et tu me désires.»

Les gramota de Novgorod dessinent ainsi l’image d’une société médiévale dans laquelle l’écrit est beaucoup plus répandu qu’on ne pourrait le croire

Certains documents sont visiblement des étiquettes: «Cette meule de foin appartient à…». Au cœur de la vie vécue par des vrais gens, on trouve des documents émouvants: au début du XIIIe siècle, un jeune garçon, Anthyme, fait des dessins sur des tablettes,qui ressemblent comme deux gouttes d’eau à ceux que les garçons  font  encore aujourd’hui: des chevaliers, un loup, des bonhommes en bâton, avec des gros yeux. En dessous de l’un d’eux, il écrit, d’une écriture maladroite mais appliquée,«je suis une bête très féroce!». Tous ces témoignages soulignent à quel point l’écrit est utilisé, au quotidien, pour porter des messages, pour informer, pour dire des choses.

Qui écrit?

Les gramota de Novgorod dessinent ainsi l’image d’une société médiévale dans laquelle l’écrit est beaucoup plus répandu qu’on ne pourrait le croire. Un monde où les enfants vont à l’école, apprennent leur alphabet –on a retrouvé plusieurs gramota qui portent des exercices d’enfants. Cela ne veut pas dire pour autant que tout le monde sait écrire, ni que l’écrit est banal: très tôt, les chercheurs qui ont travaillé sur ces documents soulignent en effet qu’ils comportent très peu de fautes d’orthographe ou de ratures. Ce qui permet deux hypothèses: soit les auteurs s’appliquent, même pour écrire sur du bois; soit ils ont recours à des écrivains publics, comme il en existe encore dans plusieurs pays aujourd’hui.

Si cette seconde hypothèse est bonne, cela veut dire que l’écrit occupe une place fondamentale dans les rapports sociaux alors même que peu de gens savent lire et écrire. Enfin, un grand nombre de gramota commencent par une croix: l’acte même d’écrire est une action sérieuse, ritualisée, qui touche à la fois au sacré et au magique. On n’écrit pas à la légère, même quand c’est pour dire quelque chose d’aussi trivial que «elle l’a traité de vache et sa fille de prostituée».

Les gramota disparaissent au XVe siècle, lorsque le prix du papier baisse drastiquement; mais leur disparition même est intéressante: aujourd’hui, on a l’impression de vivre une disparition d’une forme d’écrit, le support papier cédant la place au numérique. On s’en inquiète, on le déplore. Du coup, les gramota deviennent très rassurantes: elles montrent que l’écrit ne disparaît jamais, il ne fait que prendre d’autres formes. Ces écorces portent un message d’espoir: peu importe les formes de l’écrit, les supports, les alphabets, on espère qu’il y aura toujours des gens pour lire et pour écrire. Et on espère, aussi, que Julienne a dit oui…

http://www.slate.fr/

Pour sa fille Apprendre à lire et à écrire à 73 ans


Analphabétisme est encore présent en 2012, difficile a croire qu’une personne peut se débrouiller sans savoir ni lire, ni écrire et ni comprendre les indications, panneaux de signalisations sur la route .. Ce témoignage d’un homme fier que sa fille lui a donner l’opportunité d’apprendre à lire et écrire et je trouve que c’est un acte de respect et d’amour que ce père d’accepter de relever ce défit
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Pour sa fille : Apprendre à lire et à écrire à 73 ans

 

Apprendre à lire et à écrire à 73 ans

Crédit photo : Agence QMI

Par Jean-Luc Doumont | Agence QMI

Gabriel Lavoie, un résidant d’Alma, au lac Saint-Jean, a appris à lire et à écrire à 73 ans, dans le but d’écrire une carte de fête pour sa fille.

Toute sa vie, Gabriel Lavoie a conduit des camions. Il a visité tout le Québec sans comprendre la signification des panneaux de sécurité, ni même comprendre le nom des villes qu’il traversait sur son passage.

Durant plus de 20 ans, il a parcouru d’incalculables kilomètres et a mangé dans d’innombrables restaurants sans même pouvoir lire le menu du jour.

« Dans un restaurant, la serveuse me disait ce qu’il y avait au menu, a raconté l’homme. Je prenais toujours les menus du jour, pour éviter de prendre le menu. Je ne cache pas que je prenais le même menu deux fois par jour, pour éviter qu’il découvre que j’étais analphabète. »

Sens de l’orientation

Gabriel Lavoie se servait de son excellent sens de l’orientation pour se repérer.

« J’ai une bonne mémoire, a-t-il dit. Je mémorisais les maisons ou certains monuments pour me repérer. Je conduisais mes camions avec mon sens de l’orientation et je ne me trompais jamais. Lorsque je voyais que j’étais perdu dans une place, je suivais les autres camions. »

Après un terrible accident qui lui a défoncé le crâne, les médecins estimaient qu’il avait peu de chances de s’en sortir vivant. Il s’en est toutefois sorti, même s’il a gardé des séquelles physiques, dont la paralysie de son bras droit.

Carte-cadeau

Lors d’un réveillon du 24 décembre, sa fille qui connaissait son problème d’analphabétisme, lui a offert un cadeau qui allait changer toute sa vie.

« Elle m’a offert une carte-cadeau, pour venir au Centre lecture et écriture d’Alma, a-t-il affirmé. Je suis à ma quatrième session avec eux. Aujourd’hui, j’ai encore cette gêne en moi de ne pas me débrouiller pour écrire convenablement. »

Vu la paralysie de sa main droite, il a dû apprendre à écrire de la main gauche.


Son premier geste en guise de remerciement a été d’envoyer une carte pour la fête de sa fille qui lui a permis d’apprendre à écrire et à lire.

« Je voulais lui démontrer que j’étais capable de lui envoyer un message d’amour, dire que je l’aime pour la remercier de m’avoir offert ce cadeau », a conclu le septuagénaire.

Gabriel Lavoie a accepté de témoigner pour la première fois de son vécu, en espérant que d’autres personnes dans sa situation fassent le premier pas, pour demander une aide pour combattre l’analphabétisme.

http://tvanouvelles.ca