Et si le sens des affaires était lié à un parasite dans l’organisme?


Le parasite le toxoplasma gondii est responsable d’un changement de comportement il a pour effet de  prendre des risques contre son prédateur chez les animaux.(Comme la souris qui n’a plus peur du chat)  Des chercheurs croient aussi que ce protozoaire changerait aussi le comportement humain en plus impulsive, avec des ambitions. Il semble que certaines personnes affectées aient le sens des affaires.
Nuage

 

Et si le sens des affaires était lié à un parasite dans l’organisme?

 

Le protozoaire Toxoplasma gondii est un parasite qui... (Hannah McKay, REUTERS)

Le protozoaire Toxoplasma gondii est un parasite qui se propage surtout par la consommation de viande insuffisamment cuite ou d’eau ayant été en contact avec des sols contaminés par des excréments de chat.

HANNAH MCKAY, REUTERS

Agence France-Presse
Londres

 

La réussite dans les affaires, l’audace et le goût du risque pourraient être liés à la présence dans l’organisme du parasite responsable de la toxoplasmose, suggère une étude publiée mercredi dans la revue britannique Proceedings of the Royal Society B.

Le nom du coupable ? Le protozoaire Toxoplasma gondii, un parasite se propageant surtout par la consommation de viande insuffisamment cuite ou d’eau ayant été en contact avec des sols contaminés par des excréments de chat.

Touchant plus de deux milliards de personnes, ce parasite pourrait avoir la faculté, via les changements hormonaux et neurologiques inhérents à sa présence dans l’organisme, d’amplifier « l’impulsivité », « l’ambition » et « la recherche de biens matériels », des « caractéristiques associées à l’activité entrepreneuriale », explique l’étude, réalisée par des chercheurs d’universités anglaise (Leeds), américaine (Boulder), allemande (Francfort), espagnole (Bilbao), norvégienne (Bodo) et de Hong Kong.

Analysant les résultats de tests salivaires menés sur près de 1500 étudiants américains, les chercheurs ont découvert que les porteurs du protozoaire étaient « 1,7 fois » plus enclins à manifester un intérêt pour l’entrepreneuriat et le management.

D’autres tests effectués auprès de professionnels assistant à des rencontres liées au monde de l’entreprise ont montré que les personnes positives au Toxoplasma gondii étaient davantage susceptibles d’avoir monté leur propre affaire.

En synthétisant des données provenant de 42 pays, les chercheurs ont également découvert que la prévalence de l’infection était un indicateur de « l’activité et des intentions entrepreneuriales ». La « peur de l’échec » semble en outre plus faible là où le parasite est le plus présent, disent-ils.

Ces résultats mettent en évidence un « lien entre l’infection parasitaire et des comportements humains complexes, et notamment (…) l’esprit d’entreprise et la productivité économique ».

Les chercheurs soulignent que d’autres études avaient précédemment mis en avant la faculté du parasite à modifier le comportement d’hôtes non humains pour pouvoir se reproduire plus facilement.

Le Toxoplasma gondii infecte en effet de nombreuses espèces, mais ne peut se reproduire que chez les félins et pousserait ainsi ses hôtes à adopter des comportements à risque, en rendant par exemple attirante pour les chimpanzés l’odeur de l’urine du léopard, leur prédateur naturel, une hypothèse explorée en 2016 par des chercheurs du Centre national français de la recherche scientifique (CNRS).

http://www.lapresse.ca/

Hikikomori: la vie cloîtrée des ados en retrait


Un phénomène étrange d’adolescents et jeune adultes de vivre volontairement enfermé dans une pièce de la maison (généralement, une chambre) pendant des mois, voir des années qui auraient débuté au Japon semble prendre de l’ampleur à travers le monde. Ces jeunes principalement des garçons en mal avec la pression sociale préfèrent vivre en ermite s’organisant pour tout faire dans leur chambre leur seul contact avec l’autre monde est quelque mots à travers la porte et par Internet
Nuage

 

Hikikomori: la vie cloîtrée des ados en retrait

 

Tokyo! réalisé par Bong Joon-ho, ©Haut et Court

Tokyo! réalisé par Bong Joon-ho, ©Haut et Court

Thomas Messias

Ce phénomène qui voit des adolescents s’enfermer dans leur chambre pour ne plus en sortir, parfois pendant des années, est très connu depuis la fin des années 1990 au Japon. Il se répand partout dans le monde y compris en France.

Un jour, Hiroshi rentre chez lui et s’enferme à double tour dans sa chambre, dont il ne ressortira que deux ans plus tard. Ce lycéen de la banlieue de Tokyo, qui vit avec sa famille, est le héros quasi invisible du film De l’autre côté de la porte, qui relate ces longs mois d’isolement à travers le regard de ses parents et de son jeune frère, qui  continuent à mener une existence presque normale pendant qu’il s’est transformé en ermite.

De l’autre côté de la porte, Laurence Thrush

Au Japon, ils sont au moins 260.000 comme Hiroshi à décider soudain de se couper physiquement du monde pour une durée indéterminée. On les appelle les hikikomori, un phénomène de société qui atteint les adolescents mais aussi les jeunes adultes et qui a intéressé le réalisateur américain Laurence Thrush, dont le film vient de sortir dans les salles françaises près de cinq années après son tournage.

Choisissant l’angle de la fiction pour aborder le problème sans sombrer dans l’explicatif, le cinéaste relate les deux années d’enfermement de Hiroshi, à travers le point de vue de sa mère et son jeune frère, qui ne comprennent pas les raisons de cette décision radicale.

Thrush n’expliquera jamais pourquoi Hiroshi a un jour choisi de mettre sa vie sociale entre parenthèses: il semble davantage intéressé par les conséquences d’un tel enfermement sur l’existence des proches (incompréhension, sentiment de culpabilité et de honte) et par les façons éventuelles d’y mettre un terme (menacer, négocier, ou tout simplement laisser faire).

Aucune ambition, envie de rien

Maïa Fansten, Cristina Figueiredo, Nancy Pionnié-Dax et Natacha Vellut ont dirigé l’écriture d’un ouvrage intitulé Hikikomori, ces adolescents en retrait, paru en août 2014. Quinze spécialistes (psychanalystes, pédopsychiatres…) y analysent des cas concrets et apportent des éléments d’explication visant à mieux cerner le phénomène –et à étudier son arrivée possible en France.

Le terme hikikomori est apparu au Japon au début des années 1990, une succession de cas ayant d’abord mis à la puce à l’oreille du gouvernement avant que le phénomène finisse par être médiatisé. Dans certaines grandes villes, et en particulier Tokyo, on signalait le cas d’adolescents ayant fini par se murer dans leur chambre le plus calmement du monde, passant leur journée à lire des mangas et à jouer aux jeux vidéo. Aucune ambition, envie de rien, aucune préoccupation vis à vis de l’avenir: ces jeunes gens se distinguaient des autres adolescents, certes fréquemment apathiques, par un désintérêt total pour le monde réel.

Un ouvrage publié par le psychiatre Tamaki Saito en 1998 en faisait alors un véritable sujet de société. Depuis cette date, tous les Japonais savent ce qu’est un hikikomori: près d’un jeune japonais sur cent serait désormais concerné, selon les chiffres avancés dans le livre français.

Un problème très masculin

70 à 80% des hikikomori seraient des hommes, la plupart âgés de 15 à 35 ans. SelonThierry Guthmann, professeur de sciences humaines juridiques et économiques à l’Université de la préfecture de Mie (Japon), les garçons seraient particulièrement touchés en raison de l’incapacité des pères japonais à communiquer avec leurs enfants. Il explique à Slate par mail:

Au Japon, les garçons ont souvent un fort problème de construction identitaire

Thierry Guthmann,professeur de sciences humaines au Japon

«Lorsque l’enfant est un garçon, son père a tendance à se montrer plus sévère et de communiquer avec lui de façon plus autoritaire. Tandis que les filles se mettent à disposition de leur mère, les garçons ont souvent un fort problème de construction identitaire».

Terrifiés par ce père qu’ils ont choisi par défaut comme leur référent masculin, les jeunes Japonais semblent ne pas supporter la pression et finissent par s’enfermer.

À l’inverse, beaucoup de jeunes gens deviendraient des hikikomoris après avoir été traités comme des enfants-rois, terme très employé au Japon pour décrire ces enfants, garçons et filles, élevés dans une grande permissivité. Surprotégés et faisant l’objet d’un véritable culte de la part de leurs parents-monstres, ils décident de s’enfermer dans leur chambre autant par caprice que par peur du monde extérieur. Il y a dans le rapport entre enfants-rois et parents-monstres cette idée que c’est l’enfant qui sait le mieux ce qui est bon pour lui, y compris quand ses décisions semblent aberrantes. D’où le fait que certains de ces parents entrent sans mal dans le jeu des nouveaux hikikomori, qui peuvent alors prolonger leur réclusion à l’envi, sans aucune pression extérieure.

Outre le problème de relation aux parents, ce désir de mise en retrait peut aussi provenir de l’école. La société japonaise est à la fois obnubilée par la réussite scolaire, et en proie à un problème de harcèlement scolaire de certains élèves japonais.

Le problème de l’ijime

 

Au Japon, le harcèlement scolaire a un nom, l’ijime, qui désigne ce qui se produit lorsqu’une classe entière choisit une bouc-émissaire et multiplie sur lui brimades et humiliations. Les victimes d’ijime n’ont guère le choix elles sont poussées à l’exil, au suicide ou à l’enfermement volontaire. Très populaire au Japon et disponible en France, le manga Life s’empare de ce phénomène qui ravage le pays,.

Sans forcément parler de harcèlement, les spécialistes décrivent ce qu’ils appellent le «mal du mois de mai». Le mois d’avril correspond au Japon à notre rentrée des classes de septembre, ainsi qu’à la prise de fonction de beaucoup d’employés dans les entreprises: après quelques semaines à tenter de s’acclimater ou à découvrir ses nouvelles conditions de travail, les futurs hikikomori craquent sous la pression du travail ou de l’école, et finissent dès le mois de mai par céder au burn-out.

Pour les hikikomori, il s’agit avant tout de rompre toute communication verbale, afin de ne plus se sentir jugé ou évalué. 

Questions pratiques

Concernant les jeunes adultes, le phénomène reste l’apanage des grandes villes, pour des raisons pratiques: dans certaines zones, il reste bien difficile de se faire livrer de la nourriture au quotidien

Beaucoup font leurs besoins dans des seaux et des bouteilles

Les adolescents, eux, n’ont pas ce problème: ils sont souvent choyés par leurs parents, qui refusent évidemment de les laisser mourir de faim, et leur fournissent même de quoi s’assurer un minimum d’hygiène au sein de leur chambre. Des systèmes complexes sont parfois mis en place, notamment pour ceux qui n’ont pas accès à des toilettes ou à un point d’eau dans la geôle qu’ils se sont choisis. Beaucoup font leurs besoins dans des seaux et des bouteilles, dont ils se débarrassent avec les déchets du quotidien.

Les hikikomori sont prêts à beaucoup de sacrifices pour parvenir à rester coupés du monde: se vautrer dans l’irrespect d’eux-mêmes n’a plus grande importance, l’important étant qu’aucun regard extérieur ne puisse se poser sur eux.

De l’otaku à l’hikikomori

À travers des forums ou des jeux en ligne, ils gardent un mince contact avec l’extérieur, certains continuant à se tenir au courant des actualités et à se gaver de culture. La démocratisation de l’Internet les a évidemment aidés dans leur tâche: passer des années dans sa chambre sans connexion, c’était risquer de devenir complètement fou; aujourd’hui, grâce au web, les hikikomori peuvent conserver l’illusion d’appartenir encore à notre monde, tout en faisant passer le temps.

Le phénomène hikikomori ressemble à une maladie contagieuse: les nombreux forums disponibles sur le sujet donnent souvent envie aux otakus (équivalent de nos nerds) les plus hardcore de suivre ce modèle qui ressemble pour eux à une vie idéale. Passer ses journées à jouer aux jeux vidéo et à se nourrir de pizzas livrées devant sa porte: sur le papier, cette existence peut ressembler à un rêve pour une certaine catégorie de la population. 

Tokyo! Bong Joon Ho ©Haut et Court

Dans le segment du film Tokyo! réalisé par Bong Joon-ho, un hikikomori tombe amoureux de sa livreuse de pizzas, avant d’apprendre un peu plus tard qu’elle-même est devenue hikikomori, probablement par sa faute.

Selon l’ouvrage collectif, le phénomène semble toujours prendre davantage d’ampleur, d’autant qu’il est extrêmement difficile à enrayer. Le gouvernement japonais n’ayant pas réellement pris le problème à bras le corps, des ONG tentent de gérer au cas par cas en aidant les familles désireuses de mettre fin à la réclusion de leurs enfants.

Dans De l’autre côté de la porte, Sadatsugu Kudo interprète son propre rôle: celui d’un médiateur spécialisé dans les hikikomori. Durant toute la seconde moitié du long-métrage, on le voit venir régulièrement chez Hiroshi et lui parler à travers la porte pour le convaincre de sortir enfin. La négociation peut prendre des mois, voire des années, d’autant que le hikikomori refuse généralement tout usage de la parole, ce qui rend les échanges légèrement limités.

Encore faut-il que la famille, quand il s’agit d’un ado qui vit avec elle, assume d’héberger un hikikomori: au Japon plus qu’ailleurs, le regard des autres est extrêmement important, ce qui pousse certains parents et proches à se murer eux aussi dans le silence plutôt que de rendre publique la situation inextricable dans laquelle ils se trouvent.

Les happy end sont rares

La plupart finissent par sortir, au bout de quelques mois ou de quelques années (le record est de près de 20 ans, explique l’ouvrage), parce qu’ils finissent par avoir besoin de l’extérieur ou parce qu’ils ont pris le temps de chercher un but à leur vie; mais la réadaptation est extrêmement délicate, tant il est difficile pour eux de se réadapter aux règles de vie en communauté.

La rechute est fréquente et les happy ends sont rares, contrairement à ce qui se produit dans la jolie comédie Des nouilles aux haricots noirs, présentée au festival du film asiatique de Deauville en 2010 sous le titre Castaway on the moon et diffusée en mars par Arte. Une hikikomori sud-coréenne y fait la rencontre (à distance) d’un naufragé urbain, prisonnier d’une île déserte en plein Séoul.

Des nouilles aux haricots noirs

La France menacée

Pour le sociologue Andy Furlong, qui l’explique dans le livre Hikikomori, ces adolescents en retrait, toutes les conditions semblent réunies pour que ce phénomène typiquement japonais s’étende au reste du monde.

Despues de Lucia, de Michel Franco

Des artistes en dehors du Japon se sont d’ailleurs déjà penché sur la question, comme le réalisateur mexicain Michel Franco avec Después de Lucía.

Surtout, des psychiatres ont déjà rapporté des cas dans des pays comme les Etats-Unis, l’Australie, l’Italie ou l’Espagne selon Furlong. En 2012, Le Monde évoquait le travail du docteur Alan Teo, psychiatre à l’université du Michigan à Ann Arbour, qui avait publié cette année-là, dans l’International Journal of Social Psychiatry, un article sur le premier cas d’hikikomori aux Etats-Unis: un jeune adulte (30 ans), enfermé pendant trois ans dans son appartement. Le Monde citait:

«La première année, il est resté dans un cabinet de toilettes assez spacieux, se nourrissant de plats qu’on lui apportait. Ne se lavant pas, déféquant et urinant dans des seaux et des bouteilles, il passait son temps sur Internet et devant des jeux vidéo. Il avait déjà vécu un semblable épisode de retrait social qui avait duré plusieurs années quand il avait 20 ans. A chaque fois, il souffrait de dépression sévère.»

La France commencerait également à être touchée: le docteur Marie-Jeanne Guedj-Bourdiau, pédopsychiatre, chef de service des urgences psychiatriques de l’hôpital Sainte-Anne, affirme dans l’ouvrage collectif que des dizaines de cas ont été constatés dans notre pays, concernant non seulement des adolescents, mais également de jeunes adultes qui aurait eu du mal à terminer leurs études supérieures. 

Le taux de chômage chez les jeunes ainsi que le nombre croissant d’accros à Interne tet aux jeux vidéos n’aidera pas à endiguer le phénomène.

http://www.slate.fr/

Avant de juger…


Nous sommes des personnes qui trouvent plus facile a juger qu’à comprendre .. plus facile a condamner qu’a essayer de voir au dela de ce qui nous parait immoral … et pourtant si nous étions a la place avec leur vécu .. peut-être que nous ferons la même chose ou même pire
Nuage

 

Avant de juger…

 

C’est tellement facile de juger ce qui ne fonctionne pas dans la vie des autres.


Nous nous disons souvent : « Si j’étais à sa place, je ferais telle chose, telle chose, telle chose ! »

Mais avons-nous déjà pensé que si nous étions réellement à la place de l’autre personne, vraiment dans ses souliers, nous serions aux prises avec ses émotions, ses préjugés, ses réactions, ses inquiétudes, ses ambitions, ses objectifs, ses inhibitions, ses instincts ; bref, nous aurions son passé, son présent et son avenir et il est fort probable que nous agirions exactement de la même façon qu’elle.

Avant de condamner quelqu’un, essayons non seulement de le comprendre, mais de vibrer au même diapason que lui et, nous constaterons alors que nos émotions ressemblent aux siennes.

Auteur inconnu

La famille


La vie de famille, que de souvenirs.. autant dans ma propre enfance, que ceux de mes enfants .. les mauvais et bons coups .. les drôles de réponses avec la logique enfantine! Je ne sais pas si le fait d’avoir eu des enfants on comprend mieux avec le temps, le moments difficile a gérer de mes propres parents, mais en bout de ligne je considère que j’ai de très bons enfants .. et que cela valait drôlement la peine ..
Nuage

La famille

Ce n’était plus notre salle de bains, mais bien leur salle de jeux. 

Mes enfants ont commencé à s’intéresser à cet endroit stratégique vers l’âge de deux ans et ont pris l’habitude d’en faire leur repaire jusqu’à ce qu’ils aient chacun leur appartement.

Elle en a vu des choses, cette salle de bains! 
On y a fait flotter des ampoules dans la baignoire pour tirer dessus avec des pistolets à eau.  On y a enveloppé un crapaud mort dans un drapeau pour le « confier à la mer ».  On a décoré le siège des toilettes avec de la mousse à raser pour en faire un gâteau à la crème.

Et quand je cognais à la porte en criant :
« Qu’est-ce que vous faites là-dedans? »
j’obtenais invariablement la même réponse : « Rien! »

Lorsqu’un enfant dit qu’il ne fait « rien », les parents peuvent tout de suite composer le 9-1-1. Pendant qu’il ne fait « rien » dans la salle de bains, le chien aboie, l’eau fuit sous la porte, un frère ou une soeur hurle de douleur, on sent une drôle d’odeur de poil grillé et on entend un bruit évoquant le piétinement d’un millier de chameaux.

Quand j’y repense, la plupart des conversations que j’ai eues avec mes enfants se sont déroulées à travers la porte de la salle de bains,
généralement vers les 2 heures du matin.

« C’est toi?  Tu es rentré ?
Qui croyais-tu que c’était ?
Tu as vu l’heure ?
Non, et toi ?
Tu as mangé ?
Bien sûr, quelle question !
Bon, je vais me coucher. 
C’est formidable de pouvoir se parler comme ça.  À ton âge, il y en a beaucoup qui refusent le dialogue! »

Chaque fois que je criais : « À tâââble »,
tout le monde se lançait dans un ballet minutieusement réglé. 

Mon mari s’enfermait dans les toilettes avec les Mémoires de Churchill, un des enfants décrochait le téléphone et composait le numéro d’un de ses copains (n’importe lequel), un autre prenait un ballon pour aller jouer dehors, et un troisième filait attraper un autobus pour une direction inconnue.

L’ennui des dîners en famille, quand on finit par réunir tout son monde, c’est l’impossibilité de se mettre d’accord sur un sujet de conversation.
Les enfants ont tendance à parler de choses de nature à vous couper l’appétit : ils peuvent par exemple, vous décrire de façon extrêmement détaillée la face inférieure de la langue.

C’est dans les années 20 que la notion de rivalité entre frères et soeurs a été inventée par le psychanalyste autrichien Alfred Adler. 
Avant, les parents se contentaient de dire des choses comme :

« Ils vont finir par s’entre-tuer. » 

D’après Adler, tous les enfants passent par une phase au cours de laquelle ils rivalisent entre eux pour attirer l’attention de leurs parents.

« Maman, dis-lui d’arrêter! » fait une voix excédée.
« D’arrêter quoi ?
D’arrêter de chantonner!
Mais je n’entends rien.
Évidemment, tu n’entends jamais quand elle chantonne!
Elle s’arrange pour que personne d’autre que moi ne l’entende. »

Je me colle l’oreille contre la bouche de l’accusée, et j’écoute.  Rien.
« Regarde son cou.  Tu verras que ça bouge. »
Je touche le cou, puis j’ordonne à la « chantonneuse » d’arrêter.
« Ça s’est arrêté ? »
  ( La question s’adresse à mon fils ).
Il me répond par un sourire de triomphe.

En voiture, il paraît que certains enfants s’amusent à compter les vaches ou les immatriculations étrangères.  Chez nous, les enfants ont toujours préféré un jeu qui consistait à conquérir coûte que coûte une place près de la vitre, ce qui donnait lieu, sur la banquette arrière, à des voltiges incroyables.

Cependant, quelque chose aurait manqué à nos vacances sans les inévitables « coups de pied dans le dos ».  Le spécialiste de ce sport ne s’asseyait jamais ailleurs que derrière le conducteur, son père en l’occurrence.

Il y avait aussi la petite coquine qui attendait que nous soyons sur l’autoroute pour se pencher vers son père, souriant à la perspective d’une semaine sans soucis, et lui dire :

« Papa, c’est exprès que tu as laissé couler le boyau d’arrosage ? » 
À l’occasion, elle était aussi capable de se tourner vers son frère pour lui demander :
« Tu as parlé à maman du chat que tu as caché sous ton lit ? »
Au moment où on croyait qu’elle avait fini de nous assener ses bonnes nouvelles,

elle reprenait la parole :

« J’osais pas vous le dire, mais pendant que papa mettait les valises dans l’auto
et la clé sous le pot à fleurs,
j’ai vu un homme en face qui surveillait tout ce qu’on faisait. »

Depuis des années, les anthropologues s’attardent à comprendrequels sont les liens qui unissent une famille pour la vie.

Quelle est donc cette force qui nous maintient tous ensemble ? 
Est-ce parce que, même si nous rejetons, ignorons, négligeons notre famille,
nous nous sentons toujours aimés ? 
Parce que, malgré nos mensonges, notre indifférence et tous les problèmes
que nous pouvons poser, on nous pardonne tout de même ? 
Est-ce parce que nous y avons, quoi qu’il arrive, notre place ?

Bien sûr, le fait d’avoir élevé une famille ne fait pas partie des expériences professionnelles que je mets sur mon curriculum.  N’empêche que je suis en droit de me poser la question : si c’était à refaire, est-ce que je recommencerais?

Mais rétrospectivement, quels qu’aient été mes ambitions et mes succès dans la vie, j’ai quand même connu une réussite extraordinaire.

Pendant 30 ans, j’ai conservé l’unité de ma famille, ajoutant un peu de colle par-ci par-là pour que tout se tienne, réparant ici et là quelques accrocs dus à des échanges un peu vifs, et en distribuant au jour le jour une portion d’amour et de loyauté à l’égard de quelque chose qui nous dépassait tous.

Comment se fait-il alors que nous ayons constamment besoin de mettre à l’épreuve la patience et l’amour des autres? 

La survie de la famille serait-elle à ce prix?

Auteur:  Une mère comblée et fière