Quand une personne a des allergies alimentaires, il faut vite prendre l’habitude de lire les ingrédients de tout aliment, malheureusement, certaines compagnies ne voulant pas prendre des responsabilités affichent « peut contenir ». A l’école, certains parents se plaignent des restrictions alimentaires, mais si c’est pour préserver une crise, c’est un effort qui vaut la peine
Nuage
5 choses essentielles à savoir sur les allergies alimentaires
Crédit : iStockphoto
par Melissa Maya Falkenberg
Si, lors de chaque rentrée scolaire, certains parents se plaignent encore de ne pas pouvoir mettre des noix dans les lunchs de leurs enfants, d’autres doivent quotidiennement gérer l’inquiétude et planifier avec minutie la préparation de chaque repas.
« On y pense tout le temps. Même en ce moment, en vous parlant, je regarde ma montre. Il est 12 h 32. La garderie ne m’a pas téléphoné, donc, je suppose que l’heure du dîner s’est bien passée », confie Dominique Seigneur, directrice des communications et du financement de l’Association québécoise des allergies alimentaires.
Autour de la table, divers intervenants sont rassemblés pour une conférence organisée par EpiPen.
Les allergies alimentaires sont de plus en plus fréquentes, particulièrement chez les enfants. Santé Canada estime qu’elles touchent actuellement de 5 à 6 % des enfants en bas âge et de 3 à 4 % des adultes au Canada. Au Québec, le nombre de personnes ayant des allergies alimentaires s’élève à 300 000.
« Un problème des pays industrialisés », souligne l’allergologue Marie-Josée Francœur, qui enseigne au département de pédiatrie de l’Université de Sherbrooke.
« En Afrique, en Inde, au Pakistan, on ne connaît pas ça. Nos bébés naissent dans un univers aseptisé. Leur système immunitaire a peu besoin de travailler et finit par réagir à des trucs banaux. C’est le prix à payer pour vivre dans un pays développé! », explique-t-elle.
Les aliments responsables de 99 % des allergies alimentaires sont le lait, les œufs, les arachides, les noix, le soya, le blé, le sésame, la moutarde, le kiwi, les poissons et les fruits de mer. De plus en plus, les enfants allergiques aux arachides développent tardivement une allergie au soya. En revanche, l’allergie au lait, qui est la plus fréquente chez l’enfant, disparaît souvent avec le temps.
Certaines personnes (ou familles) se priveront, par précaution, d’aller au restaurant et de voyager. D’autres, comme le pilote de course Alexandre Tagliani, choisissent la liberté :
« Je suis sur la route 220 jours par année. Je suis libre comme le vent, je ne suis pas isolé. À mon humble avis, il ne faut pas surprotéger les enfants qui ont des allergies alimentaires. Les programmes de sensibilisation doivent être axés sur les connaissances et la compréhension. »

Alexandre Tagliani à la table ronde EpiPen
1) Toujours avoir son auto-injecteur avec soi
L’anaphylaxie (nom donné à la réaction allergique sévère provoquée par l’allergène) peut survenir n’importe quand, et le seul remède à celle-ci est l’épinéphrine, contenue dans l’auto-injecteur. Bref, il ne sert à rien d’attendre le médicament d’urgence du médecin, car injectera cette même substance.
« Sur les 2,5 millions de personnes atteintes au Canada, j’aimerais qu’au moins 400 000 d’entre elles se promènent avec leur EpiPen, souhaite Tagliani.
Celles qui n’ont jamais eu de réactions fortes sont malheureusement souvent difficiles à convaincre. Elles ne comprennent pas qu’elles risquent plus leur vie que moi en voiture de course à 400 km/h! », s’exclame-t-il.
Il relate ensuite l’un des épisodes d’anaphylaxie qui lui a presque coûté la vie, survenu il y a quelques années dans le hall d’un hôtel où il séjournait. Il avait oublié son EpiPen… dans la chambre quelques étages plus haut.
2) Un enfant peut aussi traîner son auto-injecteur
À partir de l’âge de raison (6-7 ans), on conseille que l’enfant ait aussi son injecteur avec lui. S’il est bien informé, il peut être capable de s’auto-injecter. Évidemment, il l’aura fait avec ses parents auparavant, et l’on doit prendre en considération son niveau de maturité.
* Pour faciliter l’apprentissage chez l’enfant (et l’adulte!), EpiPen fabrique des auto-injecteurs de pratique. La commande, gratuite, se fait directement sur le site d’EpiPen.
Malheureusement, l’idée que certains enfants traînent leur auto-injecteur dérange. Dans les écoles et les camps de jour, à titre d’exemple, on a peur que les amis de l’enfant ou les autres élèves prennent le médicament et jouent avec, d’où l’importance d’un programme de sensibilisation qui renseigne bien les personnes concernées, mais aussi la population en général.
3) Il faut savoir reconnaître les premiers symptômes
Les signes et les symptômes de l’anaphylaxie sont multiples : manifestations cutanées (démangeaison, urticaire, rougeur), écoulement des yeux et du nez, rougeur des yeux, crampes abdominales, nausées, toux, etc. Certains symptômes sont les mêmes que ceux d’une simple allergie saisonnière, mais, chez l’enfant, on peut parfois dénoter un timbre des pleurs différent.
Lorsque des parents ou des patients arrivent en pleine crise à l’hôpital, les raisons pour ne pas avoir utilisé l’auto-injecteur sont nombreuses. Parmi celles-ci, l’oubli de l’auto-injecteur à la maison, la peur de l’injection, la peur des effets secondaires, mais aussi une mauvaise interprétation des symptômes. Vous avez du mal à évaluer la sévérité de la réaction allergique? Il vaut mieux procéder à l’injection tout de suite que la donner trop tard.
4) Ne jamais donner un aliment à un enfant que l’on ne connaît pas
Certes, l’enfant doit comprendre sa condition et apprendre à dire non à ce qu’on lui offre ou se tourner vers ses parents s’il a le moindre doute. Mais c’est aussi la responsabilité de tout adulte de prendre le problème des allergies alimentaires au sérieux.
« Un exemple parmi tant d’autres : les grands-parents. Ils ont beau adorer leurs petits-enfants ou être les meilleurs grands-parents au monde, cette nouvelle réalité est souvent loin de la leur. Combien de fois ai-je dû rappeler à mon père que sa petite-fille pouvait mourir s’il lui donnait tel aliment… », raconte Dominique Seigneur, qui soulève alors un point extrêmement intéressant.
Lorsqu’on ne connaît pas les réels enjeux des allergies alimentaires, on tend souvent à croire que l’autre exagère…
5) Les personnes les plus à risque sont celles qui ont des antécédents d’anaphylaxie
Plusieurs dizaines de milliers d’épisodes d’anaphylaxie surviennent chaque année au Canada. Heureusement, la majorité des victimes s’en sortent indemnes grâce à l’EpiPen. Pour au moins 50 personnes (50 à 100 personnes chaque année), la réaction est fatale. Si vous pensez que votre enfant ou votre adolescent développe une allergie alimentaire, ne tardez pas à consulter. Les personnes ayant déjà vécu un ou des épisode(s) d’anaphylaxie sont plus susceptibles d’en avoir d’autres.
Votre enfant est encore bébé, et vous ne savez pas quand commencer à introduire certains aliments, comme les crevettes et les arachides, dans son alimentation?
Docteure Francœur rassure : « À partir de six mois, on peut manger n’importe quoi. D’un point médical, il ne change rien d’attendre. Il suffit d’être attentif les heures suivant l’introduction de l’aliment. Si vous remarquez une réaction cutanée ou autre, allez immédiatement à l’hôpital. On y passe des tests d’allergies au besoin seulement. »
Quelques ressources essentielles
Le livre Déjouer les allergies alimentaires, de Marie-Josée Bettez et d’Éric Théroux.
Sur le Web : Déjouer les allergies.
http://fr.chatelaine.com/