Changer d’âge pour lutter contre l’âgisme?


Début de novembre 2018, j’ai présenté un article sur un Néerlandais qui voulait rajeunir de 20 ans légalement, car il ne sentait pas son âge biologique de 69 ans. Ce pauvre homme n’arrivait pas à trouver l’amour et pour se trouver du travail. Pour lui, c’est une discrimination. Franchement ! Est-ce qu’un bout de papier peut vraiment nous faire rajeunir ? Bien que plus on vieillit, plus il est difficile de se trouver un emploi, ce n’est pas en enlevant des années sur notre âge qui changera grand chose, mais plus la mentalité de la société qui doit changer.
Nuage

 

Changer d’âge pour lutter contre l’âgisme?

 

Un article publié dans la revue Journal of... (PHOTO LUCY NICHOLSON, ARCHIVES REUTERS)

Un article publié dans la revue Journal of Medical Ethics défend la pertinence de changer son âge légal, si trois critères précis sont ici remplis: se sentir plus jeune, être biologiquement plus jeune, et être victime d’âgisme.

PHOTO LUCY NICHOLSON, ARCHIVES REUTERS

 

SILVIA GALIPEAU
La Presse

Vous vous sentez clairement et sincèrement plus jeune que vous ne l’êtes? Votre corps biologique a des années de moins que votre corps chronologique? Et vous croyez que changer votre âge légal mettrait un terme à toute discrimination dont vous pourriez être victime? Alors oui, vous devriez légalement pouvoir le faire. Telle est la thèse à la fois farfelue et provocante d’un éthicien finlandais, qui vient de publier un article sur le sujet. Explication et analyse, en quatre temps.

Le contexte

On se souvient qu’en décembre, un tribunal néerlandais a refusé de modifier l’âge légal d’un homme de 69 ans, Emile Ratelband, lequel se disait « victime de discriminations », et revendiquait, en vertu d’un bilan de santé irréprochable (son médecin ayant certifié que biologiquement, son corps avait autour de 40-45 ans), qu’on le rajeunisse légalement de vingt ans. Pourquoi ?

Tant sur le marché de l’emploi que sur les sites de rencontre, l’homme affirmait être « abusé, lésé et discriminé par [son] âge », rapportait l’AFP.

La cour n’a toutefois pas jugé que l’argument était ici « valide ». Mais l’histoire, certes insolite, ne s’arrête pas là.

La thèse

Un bioéthicien de l’Université d’Oslo, en Norvège, Joona Räsänen, vient en effet de publier un article dans la revue Journal of Medical Ethics, dans lequel il défend au contraire la pertinence de changer son âge légal, si trois critères précis sont ici remplis : se sentir plus jeune, être biologiquement plus jeune, et être victime d’âgisme. Dans « A moral case for legal age change », il défend les arguments « moraux » d’un tel changement afin de lutter contre la discrimination, un problème bien réel, en prenant bien soin de se distancier de la question du droit de changer de sexe.

« Le but de cet article est de faire un argument indépendant, qui se défende, que l’on juge possible et permissible le changement de sexe ou pas », écrit-il.

Du changement individuel au changement de société

« Mais quelle est la solution : un changement individuel de statut sur un bout de papier ? se questionne Bryn Williams-Jones, directeur du programme de bioéthique à l’École de santé publique de l’Université de Montréal. La solution, ce n’est pas le papier, c’est le changement social. »

 On ne réglera pas la question de la discrimination en accédant aux souhaits de certains individus à la pièce. Ce qu’il faut, c’est travailler en amont sur la société, pour qu’elle soit plus « accueillante » face aux personnes âgées :

« Nous avons besoin d’une société qui dit : les personnes âgées sont encore des membres importants de la société et qui les valorise », avance l’expert.

Une réflexion qui s’impose

Cela étant dit, pour faire ainsi bouger la société, encore faut-il poser ces questions, réfléchir, et débattre. Même s’il trouve la thèse du changement d’âge avancée ici « farfelue », Bryn Williams-Jones souligne qu’elle a le mérite de soulever des questionnements fort pertinents.

« Nous allons de plus en plus vers une société où l’on va vivre de plus en plus longtemps. Et cela exige que l’on change les cadres de référence envers les jeunes et les moins jeunes. »

Tout comme pour lutter contre les iniquités sociales, « on ne force pas les femmes à avoir des comportements d’homme, mais on lutte contre le sexisme », pour combattre l’âgisme, on ne va pas rajeunir les personnes âgées.

Il faut lutter contre la discrimination. Valoriser la diversité. Une anecdote entre mille : quand il a commencé à enseigner à l’université, Bryn Williams-Jones avait 35 ans. Son premier étudiant avait le double de son âge.

« Il était retraité et plus vieux que mon père ! Et il a terminé son doctorat à 68 ans ! C’est la liberté de l’époque dans laquelle on vit ! »

À méditer.

 

https://www.lapresse.ca

Les sociétés qui valorisent les personnes âgées minimisent leurs risques de démence


Intéressant, je trouve que la perception d’une société face à la vieillesse peut avoir une incidence sur la santé mentale des personnes âgées. Le fait qu’une personne âgée est respectée et se sent utile, a beaucoup ont moins tendance d’aller vers la sénilité ou du moins, je crois que cela peut retarder de beaucoup.
Nuage

 

Les sociétés qui valorisent les personnes âgées minimisent leurs risques de démence

 

Repéré par Léa Marie

Repéré sur Quartz

Notre perception de la vieillesse influerait sur la détérioration de la santé mentale de nos aînés.

 

Selon les scientifiques de l’Université de Yale, la longévité de l’acuité intellectuelle d’un individu dépendrait de la vision que se fait ce dernier de la vieillesse. Autrement dit, plus une personne aborde ses vieux jours de manière sereine et confiante, mieux elle se portera, et pour plus longtemps.

L’hypothèse japonaise

Rendue publique le 7 février dernier, l’étude avance la théorie selon laquelle la manière dont une société perçoit le vieillissement est corrélée au développement de la démence chez ses personnes âgées.

Les cultures associant la sénilité à un fardeau ou à une perte de valeur sociale seront plus enclines à voir leurs ancêtres atteints de dégénérescence mentale. À l’inverse, la recrudescence de celle-ci sera moindre et plus tardive dans un environnement où l’âge est davantage valorisé, par exemple s’il est envisagé comme un gage de sagesse.

C’est lors d’un séjour au Japon que l’idée d’explorer les facteurs de la démence sénile est venue à l’auteure de l’étude, l’épidémiologiste Becca Levy. 

Les personnes âgées japonaises, explique-t-elle à Quartz, «y sont regardées de façon bien plus positive qu’aux États-Unis».

Et les Nippons possèdent l’une des espérances de vie les plus longues au monde: 83,7 ans en 2015 selon l’OMS –contre 82,4 ans en France et 79,3 ans aux États-Unis.

Trois fois plus de risques de perdre la tête

Pour évaluer la viabilité de cette hypothèse, les chercheurs se sont basés sur un échantillon de 4.765 personnes, dont l’âge moyen était de 72 ans. Grâce à des prélèvements de salive permettant de détecter la présence d’un gêne lié à la démence, ils ont estimé à 1.250 le nombre de personnes âgées potentiellement atteintes.

Becca Levy a sondé les participants concernés sur leur vision de la vieillesse, puis leur a demandé d’attribuer une note à leur appréhension face à celle-ci. L’un des énoncés utilisés, rapporte Quartz, était: «Plus je vieillis, plus je me sens utile

Résultat: sur une période de quatre ans, les personnes interrogées qui adoptaient une attitude positive concernant leur âge avaient 2,7% de risques de perdre la tête, contre 6,1% chez les plus pessimistes d’entre eux –soit un taux près de trois fois supérieur.

«Si cela avait été mesuré sur une décennie ou plus, assure Becca Levy, la différence aurait été bien supérieure.» 

Une incitation, suggère-t-elle, à repenser au plus vite notre perception de la vieillesse, qui ne pourra se faire sans l’instauration d’une campagne de santé publique luttant contre l’âgisme. 

http://www.slate.fr/

L’âgisme est très répandu, mais toléré


L’âgisme, un nouveau mot dans mon vocabulaire … Est-ce un drame de vivre longtemps ? L’expérience acquise pendant toutes ces années ne peut-elle servir au plus jeune ? Pourtant, une personne âgée peut souffrir d’humiliation, de stéréotype, de maltraitance. Par qui ? Par sa propre famille, et même des gens travaillant auprès d’eux. On commence tout juste en parler
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L’âgisme est très répandu, mais toléré

 

Claude Bérubé

Essayiste, conférencier et blogueur

Savez-vous que l’âgisme est plus répandu et plus toléré que le racisme et le sexisme? Et pourtant, on en parle moins quoique plus dommageable socialement, mais encore plus pour les personnes âgées. L’âgisme est à la source de la maltraitance et de l’intimidation à leur égard. Que soit dans les CHLD, dans les familles ou au travail. Il est cause de détresse chez les aînés victimes qui ont tendance à se replier sur eux-mêmes à devenir anxieux.


Plus médiatisée fut la cause de Winston Mc Quade. Le lunettier Greiche et Scaff , dont il est porte-parole, a reçu des courriels négatifs à l’égard de l’âge de Winston âgé de 72 ans. Pourquoi une personne âgée ne pourrait-elle pas jouer ce rôle? Pour contrer les effets dévastateurs, les concepteurs de la réclame ont créé une stratégie publicitaire de rabais avantageux en relation avec l’âge. Stratégie publicitaire, il va sans dire, mais positivement si elle permet de médiatiser les méfaits de l’âgisme, pourquoi pas?

L’âgisme est insidieux. Il suffit d’accorder moins d’importance à l’opinion d’un travailleur âgé, de ridiculiser un autre pour sa maladresse face à l’ordinateur. Une attitude qui pousse vers la sortie et une retraite prématurée. Les préjugés, stéréotypes, fausses perceptions et attitudes attaquent l’estime de soi et constituent un manque de respect à leur endroit tout en étant une forme d’intimidation.

C’est dans les CHLD et les résidences semblables qu’on retrouve la maltraitance et l’intimidation. Comment peut-on choisir ce métier quand on n’aime pas les vieux en manque d’autonomie et vulnérables? Et c’est aussi au cœur des familles, chez les proches, qu’on les décèle. Il est si facile et fréquent d’abuser de ses parents. Un manque total de compassion. Le côté négatif de l’âme humaine.

Comme pour le racisme et le sexisme, il suffit de se considérer comme supérieur à l’autre. D’où est né l’esclavagisme qui existe encore de nos jours. L’âgisme consiste à déprécier quelqu’un en raison de son âge.

Le culte de la performance exige des aînés la «performance» physique alors que, l’expérience aidant, ils font les choses différemment.

Quand j’avais 40 ans, et que l’espérance de vie se situait autour de 70 ans, je voyais la soixantaine comme une vieillesse diminuée. Tasse-toi mon oncle! Je n’aspirais aucunement à atteindre cet âge qu’on disait vénérable. Loin de mes rêves! Aujourd’hui, l’espérance de vie tourne autour de 85 ans et la santé honore les vieux. Curieuse analogie, ce sont souvent les vieux eux-mêmes qui colportent des propos «âgistes» en se prétendant pas vieux, refusant de vieillir, faisant appel souvent à la chirurgie pour paraitre «plus jeune». Peut-être par nostalgie de leur trentaine et de leur quarantaine, les préjugés et les stéréotypes se perpétuent et s’entretiennent trop souvent par les personnes âgées elles-mêmes. Avec les démunis, elles se comportent souvent avec âgisme. Pourquoi leur parler comme à un enfant?

Le culte de la performance exige des aînés la «performance» physique alors que, l’expérience aidant, ils font les choses différemment. «Tasse-toi, le vieux! Laisse-nous la place». Dans toutes les civilisations, on fait appel au savoir, à l’expertise, à la sagesse et au mentorat de la vieillesse. Plusieurs entreprises réclament les services des retraités!

Félix Leclerc disait: «Ce n’est pas parce que je suis un vieux pommier que je donne de vieilles pommes!»

et cet autre auteur dont j’ignore le nom: «On est vieux quand on a les réponses aux questions et que plus personne ne nous pose de questions»!

L’âgisme se retrouve aussi dans le discours général à l’égard de la vieillesse dont nous sommes tous les acteurs.

Tous les jours dans les médias, nous entendons des personnes qui prédisent l’apocalypse à cause du vieillissement de la population: explosion des services de santé, ralentissement économique, augmentation des taxes à cause des régimes de retraite, etc. Les aînés deviennent responsables des différentes difficultés économiques. Les aînés, les vieux, les personnes âgées sont présentés comme des boucs émissaires.

N’est-ce pas là un autre visage de l’âgisme? Malheureusement toléré!

http://quebec.huffingtonpost.ca/