Le bilan carbone du tourisme est bien plus mauvais qu’on ne l’imaginait


Le tourisme mondial est responsable de 8% des gaz à effet de serre, et pourraient augmenter dans les années à venir si le tourisme durable n’est pas en vigueur. Ce sont surtout les petites iles qui sont les plus touchés,de 30% à 80% et pourtant le tourisme aide a l’économie de ces iles.
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Le bilan carbone du tourisme est bien plus mauvais qu’on ne l’imaginait

 

Hé, vous: saviez-vous que les touristes sont responsables de 30% à 80% des émissions nationales des économies insulaires?  | Ishan @seefromthesky via Unsplash License by

Hé, vous: saviez-vous que les touristes sont responsables de 30% à 80% des émissions nationales des économies insulaires? | Ishan @seefromthesky via Unsplash License by

Arunima Malik et Ya-Yen Sun

Il devient urgent de développer le tourisme durable, notamment dans les destinations insulaires, qui possèdent les empreintes les plus élevées.

Selon une étude publiée en mai 2018 dans la revue scientifique Nature Climate Change, et conduite pour la première fois à l’échelle mondiale, l’empreinte carbone du secteur touristique s’avère environ quatre fois plus importante que ce que l’on pensait.

Des chercheurs et chercheuses des Universités de Sydney, du Queensland et de Cheng Kung à Taïwan –dont nous faisons partie– ont travaillé ensemble pour évaluer l’intégralité de la chaîne de production de ce secteur, qui inclut le transport, l’hébergement, la nourriture et les boissons, les objets souvenirs, les vêtements, les cosmétiques et bien d’autres produits.

Tous ces éléments pris en compte, le tourisme mondial est responsable d’environ 8% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, dépassant de beaucoup les précédentes estimations.

Tout compte fait

Le secteur du tourisme pèse plus d’un billion de dollars et croît plus vite que le commerce international.

Pour évaluer concrètement les émissions produites par le tourisme, nous avons analysé plus d’un milliard de filières d’approvisionnement, portant sur les multiples produits consommés par les voyageurs et voyageuses. En combinant une base de données détaillée sur le commerce international à des comptes permettant de savoir quels biens et services les touristes avaient achetés, nous avons identifié les flux de carbone entre 160 pays pour la période 2009-2013.

Nos résultats montrent que ces émissions ont augmenté d’environ 15% au cours de cette période, passant de 3,9 gigatonnes d’équivalent dioxyde de carbone (CO2e) à 4,5 gigatonnes. Cette hausse provient principalement des dépenses touristiques liées au transport, aux achats et à la nourriture.

Carte du monde montrant les flux de carbone. En 2013, les voyages internationaux représentaient 23% de l’empreinte carbone mondiale du tourisme. | Nature Climate Change

Si rien ne change, notre appétit croissant pour les voyages devrait porter ces émissions à environ 6,5 Gt d’ici 2025. Cet engouement s’explique principalement par une hausse des revenus, dont le tourisme dépend fortement.

À qui la faute?

Dans cette étude, nous avons comparé deux analyses d’attribution de la responsabilité pour ces émissions: une comptabilité se basant sur la résidence, une autre sur la destination. La première impute les émissions au pays de résidence des touristes, la seconde au pays hôte.

Traduisons cela en termes simples: les émissions de CO2du tourisme sont-elles la responsabilité des voyageurs ou celle des destinations touristiques?

Si la responsabilité incombe aux voyageurs, il nous faudrait dès lors identifier les pays envoyant le plus de touristes dans le monde et identifier les moyens de réduire l’empreinte carbone de leurs déplacements.

D’un autre côté, une comptabilité prenant en compte la destination peut donner une idée des lieux touristiques –on pense notamment aux îles– qui bénéficieraient le plus d’améliorations technologiques et de réglementations visant à réduire l’empreinte carbone du tourisme.

En outre, le suivi sur une période donnée des émissions en fonction de la destination pourrait aider les chercheurs et chercheuses et les responsables politiques à évaluer le succès de programmes d’incitation et de réglementations, ainsi que la vitesse de décarbonisation des activités touristiques.

Comment les pays se classent-ils en fonction des deux analyses possibles, touristes ou pays hôte? Les États-Unis arrivent en tête quelle que soit la perspective adoptée –un grand nombre de personnes voyagent à la fois depuis et vers les États-Unis. Viennent ensuite la Chine, l’Allemagne et l’Inde.

Quels sont les résultats si l’on regarde au niveau des pays, mais des habitantes et habitants? La situation diffère: les destinations insulaires possèdent les empreintes les plus élevées pour ce qui est des destinations. Les Maldives arrivent en tête, avec 95% des émissions liées au tourisme imputables aux visiteurs et visiteuses internationales.

Les touristes sont responsables de 30% à 80% des émissions nationales des économies insulaires. Ces résultats posent la question de l’impact du tourisme sur les petits États insulaires.

Les îles, point chaud du tourisme

Si les petites îles dépendent des revenus générés par le tourisme, cette activité menace la biodiversité insulaire. Mais ces États n’ont généralement pas la capacité de répondre à cette menace, en raison de leurs faibles économies d’échelle et de leur relatif isolement.

Apporter un soutien financier et technique à ces îles pourrait potentiellement les aider à décarboniser leurs infrastructures. Ce soutien traduirait la part de la responsabilité que prennent les touristes, et tout particulièrement celles et ceux des pays développés.

Les Maldives, l’île Maurice et d’autres petites îlesexplorent très activement les moyens de développer leur capacité d’énergie renouvelable pour réduire l’intensité carbone de leurs hôtels, transports et espaces de loisirs.

Espérons que notre étude fournira un point de départ pour des échanges entre le public, les entreprises et les responsables politiques à propos du tourisme durable.

Les changements concrets émergeront de la mise en œuvre de réglementations et d’incitations communes pour encourager des voyages plus sobres en carbone. Au niveau personnel, il vaut vraiment la peine d’examiner le coût en carbone de ses vols, en choisissant, pourquoi pas, de compenser ses émissions et en soutenant les entreprises œuvrant pour un tourisme «durable».

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

The Conversation

http://www.slate.fr/

Magasinage en ligne: des achats risqués


Personnellement, je suis très hésitante pour faire des achats en ligne et surtout pour les vêtements. Pour ma part, je préfère aller dans les magasins, voir des gens et cela donne du travail à des employés
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Magasinage en ligne: des achats risqués

 

Les robes commandées en ligne étaient toutes plus... (PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE)

Les robes commandées en ligne étaient toutes plus petites que prévu. Cette robe (33,5 po de buste plutôt que les 36,2 indiqués en ligne) n’est assurément pas une « medium » selon les standards nord-américains.

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

MARIE-EVE FOURNIER
La Presse

Si vous pensez que les prix ne peuvent pas être plus bas que chez H & M et Forever 21, détrompez-vous. Certains sites web comme EricDress, Fashion Mia, AliExpress, TwinkleDeals et Rose Wholesale proposent des vêtements à moins de 10 $, sans taxes et parfois sans frais de transport.

À ce prix, il faut évidemment modérer ses attentes. Mais au bout du compte, en a-t-on pour son argent ?

Pause a acheté six robes à prix très modéré pour en avoir le coeur net. Nous en avons choisi qui avaient belle allure sur les photos et semblaient de bonne qualité. La moins chère – une robe de tous les jours à l’imprimé original – était offerte à 6,95 $ US (9 $ CAN). La plus coûteuse était une élégante robe longue de bal en chiffon rose, à 23 $ CAN.

Nous avons fait évaluer les robes par cinq experts du milieu de la mode. Au Collège LaSalle, nous avons rencontré Maureen Buck, professeure en commercialisation, et Milan Tanedjikov, designer et coordonnateur des projets de fin d’études en design. Chez le détaillant Tristan, nos achats ont été scrutés par trois responsables du contrôle de la qualité, Sylvie, France et Lyn*.

Résultat ? 

« C’est un risque ! On ne peut pas se fier aux images », résume Maureen Buck, après avoir scruté nos achats sous toutes leurs coutures.

Littéralement. Car le plus souvent, les robes ne sont pas conformes à la photo, juge-t-elle. Dans certains cas, par exemple, on a utilisé moins de tissu, de sorte que la robe tombe droit plutôt que de faire des vagues à l’ourlet.

Son collègue Milan Tanedjikov n’a pas été impressionné par la confection.

« C’est cheap », laisse-t-il tomber.

 La qualité des coutures, la finition, le choix des fermetures éclair, des boutons : tout laisse à désirer.

Mais, ajoute-t-il, « si tu achètes une robe à 10 $, tu ne peux pas t’attendre à ce qu’elle ait l’air de coûter 100 $ ».

En voyant les tissus, le designer s’est demandé s’ils résisteraient au lavage et au repassage. À son avis, les risques qu’ils brûlent, rapetissent et changent de forme sont grands.

« [Certains tissus] ne devraient même pas être utilisés pour faire des robes ! », dit Milan Tanedjikov, designer.

Nous avons fait le test. Et après un lavage au cycle délicat et un séchage à l’air libre, les tailles n’avaient pas changé.

Les trois employées de Tristan étaient encore plus estomaquées de voir trois de nos six robes fabriquées « avec du tissu mince à doublure ». À leur avis, ces robes en tissu synthétique colleront à la peau des fesses dès qu’il y aura un peu d’humidité dans l’air.

ABSENCE D’ÉTIQUETTE

Milan Tanedjikov s’est par ailleurs demandé comment nos robes avaient pu entrer au Canada sans étiquette. Normalement, le lieu de fabrication, la composition du tissu, les directives pour le lavage et un code RN figurent sur tous les vêtements. Vérification faite auprès du Bureau de la concurrence, tout vêtement qui entre au Canada doit être muni d’une étiquette indiquant la teneur en fibres. Les directives d’entretien ne sont toutefois pas exigées ; leur absence a d’ailleurs été jugée particulièrement problématique par nos cinq experts.

Autre problème important : les tailles !

Nos cinq robes « medium » étaient plutôt de grandeur « extra small ». Quant à la robe de bal, présentée comme une « large », seule une femme très petite du buste a pu monter la fermeture éclair au dos.

« Il y a aussi des problèmes de confort. Les tissus ne sont pas « stretch » », ajoute Maureen Buck.

Les deux professeurs ont toutefois aimé les imprimés qu’ils ont vus. De loin, ils aimaient bien le style de la majorité de nos robes. C’est de près que ça se gâtait. Somme toute, ils ont estimé qu’une robe sur six valait le coût, la plus courte du lot, avec un imprimé graphique.

Chez Tristan aussi, ce fut la robe préférée de nos jurés. Son tissu, de bonne épaisseur, s’étire. Et le style est conforme à la photo en ligne. Par contre, la robe poche près des bras. Et en tirant sur l’ourlet, le fil a cédé, ont déploré les trois expertes du détaillant, « parce que ça n’a pas été cousu avec la bonne machine ».

Enfin, il est important de noter que certains coûts imprévus peuvent s’ajouter. En effet, l’ourlet de notre robe de bal n’était pas fait. Vérification faite auprès de deux couturières, il faudrait compter entre 30 et 60 $ pour faire faire le travail.

En outre, cinq de nos six robes requéraient une bonne séance de repassage. Il n’est pas impossible que le recours à un appareil à vapeur ou à un professionnel soit nécessaire vu la minceur et la composition inconnue des tissus.

* Tristan a préféré que nous taisions le nom de famille de ses employées.

CONSEILS DE NOS CINQ EXPERTS

• Acheter en ligne chez des détaillants que nous connaissons. Il y a moins de surprises en ce qui concerne les tailles et la qualité des vêtements. Les retours seront plus faciles.

• En achetant chez des détaillants qui ont pignon sur rue ou qui sont renommés, les vêtements auront une étiquette précisant la composition du tissu et les instructions pour le lavage.

• Favoriser les tissus extensibles. Quand la coupe n’est pas très bonne, ça compense.

• Prendre en considération, dans le prix, le temps (et les possibles coûts) de repassage, les coûts de retour (si on est déçu), les impacts environnementaux (pour le transport en Asie aller-retour, au moment de la mise aux rebuts d’un vêtement qui a exigé beaucoup de ressources de fabrication).

http://www.lapresse.ca/