Par prudence, l’enquête n’est pas prête à mettre en cause la légalisation du cannabis au pays, mais personnellement, je pense que cela pourrait faire partie des causes de ces hospitalisations d’intoxication aux drogues ou alcools. Bien sûr, il y a d’autres causes, comme le fait d’être en région éloignée, milieux défavorisés et la santé mentale. Cependant ce qui est assez inquiétant à mon avis est que l’intoxication au cannabis est surtout dans la tranche d’âge de 10 à 24 ans.
Nuage
Chaque jour, au Canada, 65 jeunes sont hospitalisés à cause des drogues ou de l’alcool
Le cannabis et l’utilisation de substances sont les principales causes d’hospitalisation chez les jeunes au Canada, selon un rapport de l’Institut canadien d’information sur la santé.
PHOTO : LA PRESSE CANADIENNE / CHRISTOPHER KATSAROV
Plus de 23 500 jeunes canadiens de 10 à 24 ans ont été hospitalisés en 2018 pour consommation abusive de drogues (cannabis, opioïdes et autres). Dans bien des cas, ces jeunes ont été pris en charge plus d’une fois.
Ces données rendues publiques jeudi émanent de l’Institut canadien d’information sur la santé (ICISInstitut canadien d’information sur la santé).
Selon le rapport de l’organisme, la consommation de cannabis constitue la principale cause d’hospitalisation chez les Canadiens de 10 à 24 ans.
Cependant, il est encore trop tôt pour avancer que la légalisation du cannabis a eu une incidence sur le nombre de ces hospitalisations, précise Christina Lawand, chercheuse à l’Institut.
Comme il s’agit d’un nouvel indicateur établi en 2017 avec des données recueillies avant la légalisation du cannabis,
Mme Lawand souligne qu’il sera
important de le suivre pour voir quelle est la tendance et comment elle se dessine au fil du temps.
La réalité est disparate selon les différents endroits du pays. Les Territoires du Nord-Ouest sont les plus touchés par le phénomène avec 1755 hospitalisations par tranche de 100 000 habitants, suivis du Nunavut (1095), puis de la Saskatchewan (667). La moyenne nationale s’établit à 334.
Les principales causes
De nombreux facteurs peuvent expliquer ces hauts taux d’hospitalisation.
Si un jeune habite dans un quartier défavorisé, il a trois fois plus de risques d’être hospitalisé à la suite de l’utilisation d’une substance. Christina Lawand, chercheuse à l’Institut canadien d’information sur la santé
Le taux est 1,5 fois plus élevé pour ceux qui habitent en région éloignée que dans les grandes villes, ajoute Christina Lawand.
Contrairement à l’ensemble du pays, où ce sont majoritairement les hommes âgés de 19 à 24 ans qui sont les plus touchés, en Saskatchewan, les jeunes femmes en sont aussi victimes.
C’est un fait qui ne s’explique pas tout de suiteet qui demande plus de recherches approfondies, note la chercheuse.
Consommation de drogue et santé mentale
Dans près de 70 % des hospitalisations liées aux méfaits causés par une substance, les jeunes présentaient aussi des troubles mentaux, constate Christina Lawand.
À la lumière du rapport de l’ICISInstitut canadien d’information sur la santé, la directrice de la section saskatchewanaise de l’Association canadienne pour la santé mentale, Phyllis O’Connor, considère la situation comme très préoccupante.
Elle constate sur le terrain que les jeunes ayant des troubles mentaux
se soignent souvent eux-mêmes par le biais de l’alcool et du cannabis, qui est maintenant légal.
L’augmentation du nombre d’hospitalisations est en train de mettre de plus en plus de pression sur notre système de santé. Nous avons donc besoin d’intervenir de manière précoce avant que ces enfants n’en arrivent à avoir besoin d’être hospitalisés, explique Phyllis O’Connor.
Pour faire face au problème, elle interpelle le gouvernement fédéral afin qu’il investisse davantage dans la recherche concernant les méfaits et les bienfaits du cannabis.
Il n’y a pas assez de ressources [en santé mentale] presque partout au pays. La santé mentale est assez mal financée, affirme Phyllis O’Connor.
Celle-ci espère aussi qu’Ottawa mettra en place une stratégie pancanadienne pour la santé mentale des enfants et des jeunes.
Gabrielle Proulx
Je ne sais pas s’il y a des études sur le sujet en Europe. Le Canada semble prendre conscience du problème, c’est un bon début.