Un avatar pour s’occuper de vos parents


Cela m’agace un peu qu’on soit rendu à ce genre de technologie pour qu’une personne âgée soit plus autonome le plus longtemps possible. Bon, il y a quand même des avantage d’avoir ce compagnon virtuel comme un rappel de prendre des médicament, des conseils pour des crises d’anxiété et informer de l’état de santé de la personne aux proches, mais c’est quand même dérangeant. J’aurais peur, même si on veut éviter cela, que les enfants prennent pour acquis que d’autres s’occupent d’eux. Au  Québec, nous ne sommes pas rendu là .
Nuage

 

Un avatar pour s’occuper de vos parents

 

Care.coach fournit un compagnon virtuel aux personnes âgées.... (PHOTO FOURNIE PAR CARE.COACH)

Care.coach fournit un compagnon virtuel aux personnes âgées.

PHOTO FOURNIE PAR CARE.COACH

 

CHRISTIAN GEISER
La Presse

Un chat qui parle, qui met de la musique et qui suit votre état de santé. Fiction ? Bien au contraire ! Aux États-Unis, l’application care.coach vise à permettre aux personnes âgées de demeurer autonomes le plus longtemps possible. Est-ce un modèle applicable au Québec ?

Divertir, rappeler qu’il est l’heure de prendre des médicaments, donner des conseils pour arrêter une crise d’anxiété, informer les proches de l’état de santé d’un parent : l’application care.coach, destinée aux personnes âgées, promet tout ça.

Le service, lancé en 2012 et utilisé par divers services de santé aux États-Unis*, consiste à fournir un compagnon virtuel à une personne qui a besoin d’accompagnement.

Une fois inscrite au service, la personne reçoit une tablette Android et choisit un des deux avatars offerts (un chat ou un chien) à travers lequel le personnel de care.coach communique avec elle et veille à sa santé.

Établis aux Philippines ou au Mexique, les employés discutent sur une base régulière avec leurs patients et en profitent pour s’assurer qu’ils prennent leurs médicaments, qu’ils mangent, voient s’il y a des changements inquiétants dans leur routine et informent au besoin les proches ou les professionnels de la santé concernés.

« Nos employés s’occupent toujours des mêmes personnes. Cela permet de créer des relations et de voir quand il y a des problèmes. »

– Victor Wang, fondateur de care.coach

Pour limiter les éléments irritants liés à la technologie, care.coach fournit la tablette dont l’usage est exclusivement réservé à son application. Même l’alimentation électrique a été pensée.

« Comme il pourrait être difficile de reconnecter le fil d’alimentation pour certains de nos clients, il est impossible de le débrancher de l’appareil », continue Victor Wang.

Avec son service, l’entreprise affirme pouvoir, pour 280 $ par mois, prolonger l’autonomie des personnes âgées tout en les gardant en contact avec leurs proches.

Un modèle à reproduire ?

« C’est là que les promoteurs [de complexes pour aînés] veulent aller, au Québec. Tout comme les proches aidants », affirme Sabrina Boutin, directrice du projet Santé pour le CEFRIO. L’intérêt de cette approche est essentiellement dans le prolongement de l’autonomie de ceux qui l’utilisent, croit-elle. « Cela permet de garder les aînés chez eux, plutôt que de devoir les placer. »

Il est par contre primordial que la technologie ne remplace pas le personnel de santé.

« C’est en complément. Les outils technologiques doivent s’intégrer dans un processus qui permet la continuité des soins, par le transfert des informations », insiste Mme Boutin.

Il faut aussi veiller à ne pas tomber dans les généralisations et l’infantilisation.

« Les personnes âgées représentent un groupe hétérogène. Il faut faire attention à l’effet stigmatisant et éviter de tomber dans l’âgisme », prévient Nathalie Bier, professeure agrégée à l’école de réadaptation de la faculté de médecine de l’Université de Montréal.

Idem pour les proches.

« Certains ne veulent pas aider ou ne peuvent pas le faire. Que ce soit par manque de temps ou pour des raisons géographiques. Alors que d’autres sont impliqués. »

« Il faut donc faire attention à comment on leur présente ce type de solution. On ne peut offrir une seule solution et penser que cela va régler tous les problèmes. » – Nathalie Bier

Même son de cloche de la part de Sabrina Boutin.

« On tend à mettre ce groupe d’âge dans une seule case. Il faut au contraire parler de diversité. »

Possible au Québec ?

Même si l’intérêt pour ce type de service est de plus en plus grand au Québec, les particularités de notre système de santé compliquent les choses

« Un héritage depuis des décennies est notre façon de fonctionner en silo », souligne Sabrina Boutin.

Aux États-Unis et dans les pays scandinaves, le système est plus décloisonné. Cela permet donc à toutes les personnes impliquées auprès d’un patient d’avoir accès aux données pertinentes.

« Même si le gouvernement est sensibilisé à cette problématique, nous ne sommes pas encore au stade de l’interopérabilité », continue-t-elle.

Ainsi, la communication entre différentes parties, un des atouts de care.coach, n’est pour l’instant pas envisageable.

Paradoxalement, c’est également le partage des données et le respect de la vie privée qui peuvent poser problème.

« Qui va avoir accès à ces renseignements ? Est-ce que les parents veulent que leurs enfants sachent tout d’eux en tout temps ? », demande Sabrina Boutin.

Réflexion et inclusion

« Il y a un intérêt pour ce type de solutions, mais pas n’importe lesquelles ni n’importe comment, affirme Nathalie Bier. Il faut aussi s’assurer d’impliquer les personnes âgées dans leur élaboration. »

Et avant d’en arriver là, il y a un vaste chantier à entreprendre, croit Mme Boutin.

« Nous devons voir les différences entre les systèmes de santé et ensuite choisir le type d’accompagnement que l’on doit mettre en place. Il faut penser à la diversité des acteurs qui auront besoin de cette information. Et aussi inventer un système de suivi entre le privé et le public. »

* Care.coach n’a pas voulu divulguer le nombre de ses utilisateurs.

https://www.lapresse.ca/

2 réponses à “Un avatar pour s’occuper de vos parents

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