Quand le spray nasal devient une drogue


On ne parle pas ici des sprays d’eau salée, mais des sprays qui sont conçu comme décongestionnant. Adolescente, je l’ai utilisée avec succès, mais après en avoir parlé à mon père, lui, il a exagéré a du arrêter et a connu une petite période de désagrément. Comme tout médicament, il est important de lire les indications.
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Quand le spray nasal devient une drogue

 

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Charlotte Costenoble

Une réalité pour de nombreuses personnes.

Avoir le nez bouché est si désagréable qu’on s’oriente rapidement vers un spray (ou gouttes) décongestionnant. Une pulvérisation et déjà la sensation de confort s’installe, on respire enfin! Il suffit que le rhume persiste un peu plus longtemps que d’habitude et, sans s’en rendre vraiment compte, on dépasse la limite. On continue à employer ce spray miraculeux qui ne fait, finalement, que soulager un symptôme. L’usage de ces sprays décongestionnants est limité dans le temps. Classiquement, la posologie est de 2 à 3 pulvérisations par jour, maximum une semaine d’utilisation.

Rhinite médicamenteuse

La dépendance aux sprays décongestionnants pour le nez porte un nom: la rhinite médicamenteuse. Le mécanisme de cette pathologie est simple. En cas d’usage prolongé des sprays décongestionnants, la muqueuse nasale s’altère. L’inflammation, le gonflement de la muqueuse et la diminution des fonctions essentielles (mouvements ciliaires et sécrétion de mucus) s’installent rapidement. Le nez se bouche à cause de l’usage excessif du produit. Si on arrête le traitement d’un coup, après une utilisation prolongée, un effet « rebond » apparaît. Les vaisseaux sanguins se dilatent donnant la sensation d’un nez bouché… le nez « en redemande ».

Enfin, un effet de « tolérance » s’installe: il est nécessaire d’augmenter les doses du produit pour obtenir un effet équivalent, c’est l’accoutumance. Un cercle vicieux se crée et il est très difficile d’en sortir! Mieux vaut donc prévenir que guérir. Respecter scrupuleusement la limite d’utilisation de ces produits est donc une recommandation à suivre à la lettre.

L’accoutumance n’est pas le seul effet secondaire

En plus de cet effet néfaste, l’usage prolongé des décongestionnants peut avoir d’importants retentissements sur la santé: hypertension, troubles du rythme cardiaque, convulsions, agitation,… Ces médicaments, bien qu’ayant un effet plutôt local, passent inévitablement dans le sang (via les vaisseaux sanguins de la muqueuse nasale). Une raison de plus de bien observer la posologie de ces médicaments.

Comment venir à bout de la dépendance?

Tout dépend de quand date la dépendance. Si vous avez exagéré avec les gouttes ou le spray et que ça dure depuis quelques semaines, arrêtez tout de suite d’employer ces médicaments. Il faudra sans doute deux à trois jours d’adaptation pendant lesquels votre nez sera bouché mais la situation redeviendra rapidement normale. Les sprays d’eau de mer peuvent vous aider à passer le cap et à débarrasser vos narines des mucosités résiduelles. Si par contre, votre dépendance dure depuis quelques années, parlez-en à votre médecin traitant. Il établira avec vous un « plan d’attaque » pour vous permettre de tenir le coup et de vous en débarrasser définitivement.

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Greffe de matières fécales : toutes les selles ne se valent pas


Il y a des traitements qui ne sont vraiment pas ragoûtants, mais ils semblent efficaces. C’est le cas d’une greffe de matière fécale. Cette technique permet un succès sur certaines maladies de l’intestin et du système digestif. Des études plus poussées, montre que toutes matières fécales ne se valent pas. Il y a des super donneurs et qui dans un avenir rapproché, on croit qu’un traitement plus personnalisé pourrait soigner d’autres problèmes de santé.
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Greffe de matières fécales : toutes les selles ne se valent pas

 

Une micrographie d'une bactérie

La greffe de matière fécale est notamment utilisée pour traiter les infections à la bactérie « C. difficile », représentée sur cette photo. Photo: La Presse canadienne / AP Photo/Centers For Disease Control And Prevention, Lois S. Wiggs, Janice Carr

Renaud Manuguerra-Gagné

La greffe de matière fécale est une technique permettant de transférer des bactéries intestinales d’une personne en santé vers une personne malade. Bien que ce procédé soit prometteur pour traiter de nombreux problèmes liés à l’intestin, des chercheurs se rendent maintenant compte que tous les donneurs ne sont pas égaux, et que les selles de certains ont une valeur beaucoup plus grande que d’autres.

L’augmentation des connaissances sur le microbiote, ces milliards de bactéries qui colonisent notre système digestif et qui jouent un grand rôle dans notre santé, a mené à l’apparition d’une technique pour le moins surprenante : la transplantation de matière fécale.

Cette « greffe » permet de transférer les bactéries présentes dans le système digestif d’une personne en santé à une autre souffrant de certaines maladies digestives, dans le but de restaurer sa flore intestinale.

Or, en passant en revue les études parues sur le sujet dans les dernières années, un groupe de chercheurs néo-zélandais a découvert que tous les dons de matière fécale ne sont pas égaux(Nouvelle fenêtre) et que certaines personnes pourraient même être qualifiées de super-donneurs.

À la suite de leur analyse, ils proposent une liste de critères qui pourraient aider à concevoir de nouveaux traitements beaucoup plus ciblés, qui augmenteraient ainsi l’efficacité de cette technique.

Une migration microscopique

Décrite pour la première fois en 1958, la transplantation de matière fécale a beaucoup progressé au cours des trois dernières décennies. L’un des plus grands succès de la transplantation fécale est le traitement d’infections récurrentes à la bactérie C. difficile.

Ces bactéries sont généralement éliminées à l’aide d’antibiotiques, mais dans les cas d’infections récurrentes, la transplantation fécale est envisagée pour restaurer une flore intestinale normale.

Notre intestin abrite des centaines de milliards de bactéries de plusieurs dizaines de milliers d’espèces différentes. La composition de ces espèces est influencée par l’endroit où l’on se trouve dans le monde, par notre culture, notre alimentation et notre mode de vie.

Ces bonnes bactéries sont donc obtenues à partir d’échantillons de selles provenant de donneurs. Après avoir obtenu confirmation qu’elles ne contenaient pas de source potentielle d’infections, les selles sont suspendues dans des solutions liquides, puis implantées dans l’intestin de la personne malade, par colonoscopie, par endoscopie ou par ingestion de gélules.

On voit une bouteille transparente remplie au quart d'une solution brune, posée sur une surface. En arrière-plan, des contenants gradués de laboratoire.

Une bouteille contenant une solution de matière fécale, dans les laboratoires de OpenBiome, une banque de matière fécale située à Medford, au Massachusetts. Photo : La Presse canadienne / AP/Steven Senne

Dans le cas des infections à C. difficile, le taux de succès de ce type de traitement dépasse les 90 %. Des études ont montré que cette technique peut aussi traiter d’autres affections, telles que la colite ulcéreuse ou la maladie de Crohn, deux graves maladies inflammatoires de l’intestin qui entraînent aussi une baisse de la diversité de la flore intestinale.

Un super-donneur personnalisé

Contrairement au traitement contre C. difficile, le taux de succès des transplantations de matière fécale dans le cas de ces maladies inflammatoires était beaucoup plus bas.

Or, en analysant les données de plusieurs études, les chercheurs ont remarqué que le taux de rémission de patients atteints de colite ulcéreuse était deux fois plus élevé lorsqu’ils recevaient une transplantation d’un donneur bien précis, ce qui a donné naissance au terme « super-donneur ».

Selon les chercheurs, plusieurs facteurs permettent d’identifier un super-donneur, le plus important étant une plus grande diversité bactérienne que la moyenne.

Toutefois, cette diversité doit être combinée à la présence de bactéries spécifiques qui pourraient jouer des rôles dans le traitement de la maladie ciblée, comme la production de certaines molécules. À cela s’ajoutent d’autres facteurs, comme la diète du donneur et la compatibilité immunitaire entre le donneur et le receveur.

D’autres études ont aussi montré que les bactéries n’étaient pas les seuls éléments importants dans un transfert : certains virus ou molécules flottant librement dans l’intestin peuvent aussi avoir une influence majeure sur la rémission de certains patients, en assurant la survie ou le bon développement des bactéries transférées.

En somme, les travaux des chercheurs montrent qu’une approche personnalisée pourrait permettre une plus grande efficacité de ce traitement, et pourrait même étendre son utilisation au traitement de l’obésité, de cancers ou de maladies neurodégénératives.

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