Une langue à plusieurs accents, que ce soit entre régions ou entre pays. C’est la même chose pour les animaux, les oiseaux et même entre poissons. D’ailleurs pour les poissons, ils ont remarquer que la pollution sonore à un impact direct sur la communication des carpes qu’ils finissent par garder silence
Nuage
Les animaux d’une même espèce peuvent-ils avoir des langages différents ?
Les chimpanzés auraient des « accents » différents suivant là où ils vivent.
© CATERS NEWS AGENCY/SIPA
Par Anne-Sophie Tassart
Les différences de langues et d’accents suivant les zones géographiques sont-elles le propre de l’espèce humaine ?
Effectivement, les animaux d’une même espèce n’ont pas forcément le même « langage » suivant leur situation géographique, ou plutôt, ils n’ont pas le même accent. Prenons quelques exemples pour illustrer ce phénomène.
Appartenir à une même sous-espèce n’est pas toujours suffisant pour se comprendre
Dans une étude parue en février 2015 dans le journal Current Biology, des chercheurs ont étudié un groupe de chimpanzés déplacé d’un parc animalier hollandais vers un zoo d’Edimbourg (Ecosse). Après plusieurs années d’observation, les scientifiques ont affirmé avoir découvert la première preuve d’une modification intentionnelle d’un cri particulier, le food-grunt chez ces primates. Les singes hollandais auraient délaissé leur cri aigu pour un food-grunt plus grave correspondant à l’accent utilisé par les chimpanzés écossais.
Même constat chez les baleines : la signification précise de leurs vocalisations reste pour l’heure mystérieuse mais une chose est sûre ; tous les groupes ne parlent pas la même « langue ».
« Ces mammifères possèdent des dialectes, explique ainsi Flore Samaran, enseignante-chercheuse à l’École nationale supérieure de techniques avancées Bretagne (Ensta Bretagne), à Brest. Ainsi, les baleines bleues de l’hémisphère Sud (Balaenoptera musculus intermedia) ne produisent pas les mêmes signaux vocaux que celles de l’hémisphère Nord (Balaenoptera musculus musculus) qui sont de la même espèce, mais pas de la même sous-espèce ». Mieux ! Appartenir à une même sous-espèce n’est parfois pas suffisant. » Chez les baleines bleues pygmées (Balaenoptera musculus brevicauda), les signatures vocales diffèrent suivant la répartition géographique « , poursuit Flore Samaran.
Ce phénomène s’observe, ou plutôt s’écoute également chez les oiseaux :
« Il existe des dialectes suivant les régions. Les oiseaux d’une même espèce ont des accents en fonction de leur lieu de vie », expliquait Michel Kreutzer, éthologue au Laboratoire d’éthologie et cognition comparées de l’université́ de Nanterre, dans le numéro 834 (août 2016) du magazine Sciences et Avenir.
Un « accent » différent peut être perçu comme une menace
Plus impressionnant encore, des dialectes se retrouvent également chez les carpes qui finalement, sont loin d’être si muettes que cela. Grâce à des microphones placés sous l’eau, une équipe du professeur Simpson de l’Université Exeter a pu enregistrer les conversations de différents poissons à proximité des côtes anglaises, près de Glasgow, Newcastle et de l’ouest de l’Angleterre. Ils ont remarqué que chez les carpes, il existerait plusieurs « accents » selon la région d’origine de celles-ci. Le fait de reconnaître des « accents » familiers permet à ces poissons de choisir des partenaires sexuels et d’analyser si un autre individu représente une menace ou non. Le problème est que dans certaines zones la pollution sonore est telle que les poissons finissent par se taire…
C’est un truc que savais, j’avais un article là dessus s’était sur les chauves souris.