Dans les années 50 des enfants autochtones ont été dans des pensionnats dans le but de les « civilisés, ils ont été violentés, violés et beaucoup ont disparus ou sont morts de façon suspectes. Ceux qui ont survécu ont eu des séquelles qu’ils ont répétés envers leur propre famille. De plus, il y a des enfants, des filles et des femmes qui ont aussi disparus, ou assassinés sans que la police agisse pour trouver les coupables. Encore, aujourd’hui, les femmes et les filles autochtones ne sont malheureusement pas une priorité. Espérant que ce genre d’enquête puisse changer les choses
Nuage
Trop d’enfants autochtones disparus au Québec, dit Michèle Audette
La commissaire Michèle Audette au dernier jour des audiences de l’ENFFADA, à Montréal Photo : Radio-Canada/Charles Contant
La portion québécoise de l’Enquête nationale sur les filles et les femmes autochtones disparues et assassinées (ENFFADA) soulève plusieurs questions sur les disparitions d’enfants dans les années 1950 et 1960, a affirmé Michèle Audette. La commissaire faisait le bilan des audiences à Montréal, deuxième arrêt québécois de l’enquête après Maliotenam, en novembre dernier.
Un texte de Laurence Niosi
« On a des enfants qui tombent malades et ne reviennent plus jamais à la maison. Comment le système de santé à l’époque n’a-t-il à peine donné d’information aux parents de ces enfants? », s’est-elle demandé, ajoutant que ces disparitions ont touché de nombreuses communautés autochtones du Québec.
En début de semaine, il a notamment été question de deux enfants algonquins, disparus après avoir été traités dans le même hôpital d’Amos dans les années 1950.
Par ailleurs, la commissaire estime que la police locale autochtone au Québec doit en faire plus dans le cas de disparitions ou de morts suspectes.
« Est-ce un manque d’infrastructures, de ressources ou de formation pour savoir quand on intervient quand il y a une mort suspecte? Quelle est la relation que [la police locale] doit avoir avec la Sûreté du Québec? », s’interroge-t-elle.
Depuis le début des audiences, 700 personnes ont témoigné, dont 70 à Montréal cette semaine. Les commissaires espèrent une prolongation du mandat de l’enquête de deux ans pour pouvoir entendre 700 autres témoins.
Un secret gardé pendant 40 ans
Les audiences se sont terminées vendredi avec le témoignage de familles qui ont perdu des proches. Une femme aurait été assassinée sans qu’il y ait enquête policière; l’autre s’est enlevé la vie.
Beatrice Reuben Trapper a gardé un terrible secret pendant presque 40 ans. Sa soeur Kathleen n’est pas morte par noyade, comme le croyaient ses proches dans la communauté algonquine de Pikogan, en Abitibi-Témiscamingue. Elle aurait plutôt été assassinée.
En 1967, le corps de Kathleen Kistabish Reuben, âgée de 43 ans à l’époque, a été retrouvé dans la rivière Harricana, qui borde la communauté algonquine. Sa tête était écrasée, et l’eau n’avait pas pénétré dans ses poumons, ce qui porte à croire qu’elle ne s’est pas noyée, affirme sa famille. Deux hommes ont en outre été aperçus traînant le corps vers la rivière.
Aux dires de Beatrice, ses parents savaient cela, mais ils ont demandé à la Sûreté du Québec (SQ) de ne pas enquêter pour ne pas infliger plus de douleur à la famille.
« Son sourire, son rire me manquent tellement », a affirmé entre deux sanglots la femme de 76 ans, qui s’exprimait en cri, sa langue natale.
Il y a deux ans, Beatrice a finalement décidé de partager le secret qu’elle cachait à sa famille depuis 40 ans.
« Ça a été comme un coup de masse », a raconté, ému, le fils de Kathleen, Maurice Kistabish, qui avait 19 ans au moment des faits.
Maurice a peu connu sa mère, puisqu’il a passé sept ans de sa vie dans un pensionnat autochtone. Quand il est retourné chez lui, il n’a pu revoir sa mère que deux années avant sa mort.
Les allégations de la famille de Kathleen Kistabish Reuben sur le comportement de la SQ, qui n’aurait jamais fait d’enquête en bonne et due forme, ont fait sourciller la commissaire Audette.
« La SQ n’a-t-elle pas une obligation de savoir qui a fait ça? », a-t-elle affirmé à Radio-Canada.
Traumatismes intergénérationnels
Plus tard en après-midi, les membres de la famille de Jacky Lalonde, qui s’est enlevé la vie il y a quelques années, ont pris la parole pour parler de ce douloureux chapitre de leur vie. La soeur de Jacky, Theresa Lalonde, a raconté que leur mère a vécu les pensionnats autochtones, où elle a été battue par les soeurs. Elle a ensuite répété ces comportements violents avec ses enfants.
« Ma mère nous a élevés avec ce qu’elle connaissait. Elle savait comment battre et boire », a raconté Theresa.
La mère de Theresa et de Jacky a en outre épousé un homme (leur père) qui a abusé de ses enfants « depuis qu’ils sont en couche ». Leur père n’a jamais avoué ses torts.
Les audiences de l’ENFFADA se poursuivent au Manitoba la semaine prochaine.
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