Le cerveau des femmes est plus généreux


Il semblerait que les femmes soient plus enclines de partager que les hommes. Les femmes le feraient par plaisir alors que les hommes par intérêt et cela est visible sur l’IRM. Cependant, cela ne serait pas inné, mais plus un apprentissage que l’on éduque plus aux filles. Donc, on peut aussi éduquer les garçons à être plus altruisme
Nuage

 

Le cerveau des femmes est plus généreux

 

Lorsqu’une femme partage ce qu’elle a, des zones du plaisir s’activent dans son cerveau. Dans celui des hommes, au contraire, ces zones s’activent quand il sert ses propres intérêts.

Sébastien Bohler

 

On dit souvent que les femmes sont plus altruistes que les hommes. Elles seraient plus généreuses, attentives aux problèmes d’autrui et conciliatrices, alors que les hommes seraient davantage préoccupés de leur propre intérêt. Simple cliché ? Selon des expériences réalisées aux universités de Zürich, Bonn et Düsseldorf, le cerveau des femmes serait réellement plus sensible au partage. Pour elles, l’acte de donner activerait les circuits cérébraux du plaisir, tout comme le fait de déguster un bon repas ou d’écouter un beau morceau de musique. Chez les hommes, ce même circuit cérébral de la récompense entrerait en action quand ils font quelque chose pour eux-mêmes. Cela vous rappelle quelque chose ?

Avant d’entrer dans le détail de ces expériences, livrons en tout de suite l’enseignement principal : ces différences ne sont probablement pas innées. Selon les neuroscientifiques, elles résulteraient d’un conditionnement précoce des jeunes filles, chez qui les comportements prosociaux sont largement valorisés dès le plus jeune âge. Le circuit du plaisir se configurerait alors de manière à entrer en activité dès que la femme fait ce qui est attendu d’elle, à savoir se montrer coopérante et généreuse. Et celui des hommes ferait de même lorsque la mission prescrite par la société serait atteinte, à savoir se montrer compétitif. Ce qui laisse pantois, c’est de constater que l’empreinte des rôles sociaux se voit à l’IRM jusque dans les structures les plus profondes de notre cerveau.

Des différences entre hommes et femmes

Dans leurs expériences, les scientifiques suisses et allemands ont proposé à des hommes et à des femmes de disposer à leur guise d’une somme d’argent (dix euros environ) : ils pouvaient la garder pour eux, ou bien la partager avec une autre personne dont le degré de proximité (ami, collègue, connaissance, inconnu) variait selon les conditions expérimentales. Les chercheurs ont dénombré les choix égoïstes ou altruistes de participants, et ont mesuré la réaction de leur cerveau dans une IRM.

Le premier constat est que les femmes partagent plus que les hommes : 52 % de choix altruistes en moyenne, contre 39 % pour les hommes. Deuxième constat : dans leur cerveau, une zone clé du circuit du plaisir, le striatum, s’active davantage chez les femmes pour les choix altruistes alors que cette même structure cérébrale s’active plus souvent pour les choix égoïstes chez les hommes. Les femmes comme les hommes, par conséquent, semblent opter pour le comportement qui les gratifie le plus et leur procure du plaisir. Chez les femmes, la balance penche du côté de la générosité, chez les hommes, plutôt du côté de l’individualisme.

C’est donc une nouvelle vision de l’altruisme qui émerge, ce dernier ne procèdant pas forcément d’un souci désintéressé, mais d’un sentiment de bien-être. Mais attardons-nous un moment sur cette notion. Si cette interprétation était valide, il faudrait s’attendre à ce que des femmes dont on aurait artificiellement éteint le circuit cérébral du plaisir perdent leur attrait pour ce comportement et deviennent moins généreuses. De même, des hommes  privés de leur circuit du plaisir devraient se montrer moins égoïstes. Cette interprétation résiste-t-elle à l’épreuve des faits ?

Pour le savoir, les chercheurs ont administré à des hommes et à des femmes une substance, l’amisulpride, qui bloque l’activité du circuit du plaisir. Les femmes ont alors réduit leur comportement d’altruisme, et les hommes l’ont augmenté. La même proportion de 44 % de choix généreux a été mesurée pour les deux sexes. Finalement, chacun cherche sa propre gratification. Simplement, les femmes le font par le partage.

Les femmes, conditionnées à l’altruisme depuis l’enfance ?

Mais pourquoi diable le circuit du plaisir des femmes s’active-t-il lorsqu’elles donnent à autrui, et celui des hommes lorsqu’ils servent leurs propres intérêts ? Rien d’inné là-dedans, soulignent les neuroscientifiques : le circuit du plaisir est extrêmement malléable dans les premières années de la vie et si l’entourage d’un enfant valorise ses conduites altruistes et généreuses, alors son circuit du plaisir prendra l’habitude de s’activer à chaque fois qu’il adopte cette conduite. Et le même raisonnement s’applique évidemment si l’on incite  enfant à adopter un comportement individualiste.

Aux yeux des auteurs de cette étude, ces observations sont donc le signe que nous configurons très tôt le cerveau des petites filles et des petits garçons en leur assignant un système de valeurs et une grille de comportements qu’ils conserveront durant une grande partie de leur vie. Et cette éducation différentielle a des conséquences visibles sur les rapports entre les sexes, car lorsqu’un genre est plus altruiste qu’un autre, il en résulte nécessairement une asymétrie dans la structure de la société, notamment en termes de salaires, d’accès aux postes à responsabilité, de répartition des tâches domestiques. On sait par exemple que les femmes sont en moyenne moins à l’aise en contexte professionnel pour négocier des avantages ou des augmentations (pas assez de conditionnement du circuit du plaisir à l’individualisme ?), que les hommes sont (en moyenne) moins enclins à s’occuper des tâches ménagères (pas assez de conditionnement du circuit du plaisir à l’altruisme ?) et que les inégalités de salaire sont en partie un résultat de ces conditionnements.

Mais, heureusement, il y a aussi dans tout cela une excellente nouvelle ! Car dans le fond, ces recherches nous montrent que l’altruisme s’inculque, et la preuve en est que la société l’inculque aux filles. Alors, pour créer une société plus soucieuse des autres, il suffirait de l’apprendre  aux garçons. Pourquoi pas, leurs neurones aussi sont plastiques !

http://www.pourlascience.fr/

5 réponses à “Le cerveau des femmes est plus généreux

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