Une des raisons que la médecine devrait être plus personnalisée est bien la différence entre les hommes et les femmes. Beaucoup de maladies très connues ont des inégalités entre les sexes et qu’en plus les études cliniques comportent plus d’hommes que de femmes. Alors que les traitements et la prévention devraient être différents que l’on soit un homme ou une femme
Nuage
L’accident vasculaire cérébral, une (autre) inégalité homme-femme ?
Femme avec une douleur de tête.
STEVE PREZANT / IMAGE SOURCE
Par Stéphane Desmichelle
Une équipe de chercheuses européennes a réalisé une analyse des travaux disponibles sur l’accident vasculaire cérébral. Résultat, la femme et l’homme ne sont pas du tout égaux face à cette pathologie. Zoom sur ces différences et les hypothèses pouvant l’expliquer.
Dans la liste des inégalités entre les hommes et les femmes, ajoutez l’AVC, accident vasculaire cérébral, première cause de mortalité chez la femme dans le monde. Et pour cause, les deux sexes ne sont pas égaux face au risque de survenue de la pathologie. Non seulement certains facteurs de risque, comme la fibrillation auriculaire ou l’hypertension, sont plus fréquents chez les femmes mais, en outre, l’effet de plusieurs d’entre eux, dont le diabète sucré, est plus important.
Pourtant, la population féminine est souvent sous-représentée dans les études cliniques, biaisant ainsi les données disponibles. Une équipe de chercheuses européennes a publié dans la revue Nature reviews Neurology une méta-analyse des travaux disponibles, dans le but de dégager des données spécifiques chez la femme afin d’améliorer la connaissance et la prévention des AVC au sein de cette population.
L’âge, plus gros facteur de risque
Les chercheurs ont étudié les données à trois périodes particulières de la vie : les femmes en âge de procréer, la ménopause et un âge supérieur à 80 ans. Il en ressort que la survenue d’hypertension durant la grossesse est un facteur de risque important d’AVC, persistant malheureusement de nombreuses années après l’accouchement. A noter que l’hémorragie cérébrale est la première cause de mortalité maternelle. Une détection précoce de l’hypertension devrait donc être recommandée, selon les scientifiques, afin de prévenir les complications et proposer un traitement avant, pendant et après la grossesse.
En revanche, les traitements hormonaux n’auraient qu’un impact modéré sur l’augmentation du risque d’AVC.
« On pense que la contraception orale augmente légèrement le risque, et principalement celles qui contiennent des œstrogènes », explique le Pr Charlotte Cordonnier (Inserm, CHU Lille), qui a coordonné l’étude.
Et de recommander d’individualiser la prise en charge lors de la ménopause, les femmes souffrant d’hypertension ne devant pas être exposées à un traitement hormonal substitutif. Mais, même si environ 25% des AVC surviennent chez les jeunes, le plus gros facteur de risque reste l’âge. Et chez les plus de 80 ans, les accidents vasculaires cérébraux sont – là encore – plus sévères et plus fréquents chez les femmes que chez les hommes.
Concernant les facteurs de risque, les résultats ne sont pas plus réjouissants. Ils sont retrouvés plus souvent chez les femmes mais sont également parfois plus sévères : la fibrillation auriculaire est associée à un risque d’AVC deux fois plus important dans la population féminine que dans la population masculine.
« Cela reflète l’inégalité de traitement dans la société en général »
Et pour couronner le tout, les femmes sont sous-représentées dans les essais cliniques sur la maladie, ce qui entraîne une carence des données indispensables pour connaître la pathologie et apporter des réponses adaptées en terme de prévention et de traitement. D’ailleurs, on ignore les mécanismes expliquant ces différences physiologiques.
« Les hormones pourraient peut-être expliquer ces variations, tout comme les différences de coagulation qui existent entre les deux sexes, commente le Pr Charlotte Cordonnier.
Mais, insiste-t-elle, ce qui m’a marqué le plus en réalisant ce travail, c’est qu’à l’échelle mondiale, dans les pays ayant subi une catastrophe naturelle ou une guerre, la mortalité par AVC augmente largement davantage chez les femmes que chez les hommes. Est-ce lié au stress ? A un moindre accès aux soins dans des pays en situation difficile ? Toujours est-il que cela reflète l’inégalité de traitement dans la société en général ».
Car, même en France où la différence est moins grande, on constate que les délais sont plus long pour arriver à l’hôpital, et le diagnostic moins vite posé que chez les homme, ce qui entraîne inévitablement un traitement moins approprié.
Des facteurs socioculturels pourraient donc être en jeu. C’est pourquoi les auteurs estiment qu’un meilleur contrôle des facteurs de risque spécifiques chez les femmes, et des recommandations internationales spécifiques sont nécessaires pour réduire l’incidence de l’AVC féminin.
« L’idée c’est de stimuler la curiosité des scientifiques à ces spécificités féminines qui ne sont pas suffisamment évaluées et prises en charge », explique le Pr Charlotte Cordonnier.
cela est profondément injuste de e pas mieux s’occuper des femmes…
je suis ok avec Anne
C’est démoralisant…
J’avais remarquer ça quand j’ai eu mon AVC qu’il y avait plus de femme que d’homme.