C’est normal de trouver une bactérie inconnue, mais quand elle trouvé dans la Station spatiale Internationale est-ce surprenant ? Doit-on conclure à une vie extraterrestre ? Bien non, c’est comme n’importe quoi, des micro-organismes voyagent avec nous, ou avec des objets, alors dans l’espace, c’est la même chose, que cela ne soit pas une bactérie qui serait problématique pour l’équipage. Par contre, si un jour les voyages dans l’espace deviendrait touristiques, faudrait espérer que les bactéries d’ailleurs ne viennent pas détruire notre environnement
Nuage
Une bactérie inconnue découverte dans l’ISS

Jean-Luc Goudet
Journaliste
Une bactérie piégée dans un filtre installé dans la Station spatiale internationale a été repérée par une équipe du JPL et son espèce n’était pas connue. Elle n’est bien sûr pas « extraterrestre » comme l’ont titré certains journaux mais a dû grimper à bord avec un objet quelconque. Tels les bateaux qui apportaient dans les îles lointaines des rats et des microbes, les vaisseaux spatiaux embarquent un peuple invisible.
CE QU’IL FAUT RETENIR
- Une bactérie d’une nouvelle espèce a été découverte dans un filtre HEPA de la Station spatiale internationale, après son retour sur Terre.
- Elle est inoffensive et fait partie des micro-organismes qui cohabitent dans l’ISS avec les astronautes.
Elle fait beaucoup parler d’elle en Inde car elle a été baptisée en l’honneur de A. P. J. Abdul Kalam, décédé en 2015, qui fut ingénieur aéronautique mais aussi président de ce pays de 2002 à 2007. Son nom : Solibacillus kalamii sp. nov. Le « sp. nov. » rappelle que c’est une espèce nouvelle mais qu’elle est apparentée à un genre déjà connu, en l’occurrence Solibacillus.
Cette bactérie est aussi devenue mondialement populaire car elle a été découverte non pas sur Terre mais dans la Station spatiale internationale. Kasthuri Venkateswaran et son équipe du JPL (Jet Propulsion Laboratory) l’ont en effet dénichée dans un filtre à particules fines resté 40 mois en service dans l’ISS. Ces chercheurs, américains et indiens, décrivent leur trouvaille dans la revue International Journal of Systematic and Evolutionary Microbiology.
Elle a bien résisté à ce séjour, donc aux rayonnements, plus élevés qu’au sol, et à la microgravité. Le travail de cette équipe de biologistes est justement d’étudier ces micro-organismes ayant longuement vécu dans l’ISS (voir ce communiqué du JPL, en anglais). On peut espérer qu’ils délivrent un jour quelque secret permettant aux astronautes de mieux tenir le coup lors de longs voyages spatiaux. Cependant, les chercheurs n’annoncent aucune caractéristique particulière dans leur description de Solibacillus kalamii.
Une colonie de Solibacillus kalamii observée au microscope optique à contraste de phase. La barre d’échelle mesure 10 micromètres, soit un centième de millimètre. © Kasthuri Venkateswaran et al., International Journal of Systematic and Evolutionary Microbiology
Des micro-organismes vivent dans l’ISS
Le fait de découvrir un micro-organisme dans l’ISS n’a rien de surprenant. Des études, réalisées notamment par des équipes japonaises dans le module Kibo, ont montré tout un peuple invisible de bactéries et de champignons microscopiques. Il est surveillé, tout d’abord pour des raisons sanitaires. Maintenir en permanence, durant des années, six Hommes dans un espace confiné ne peut pas se faire de manière stérile…
De plus, le fret en tout genre qui est apporté dans la Station est inévitablement accompagné de micro-organismes. L’épisode nous rappelle que les vols habités n’embarquent pas que des humains. Tout un écosystème les accompagne et se retrouvera un jour dans les colonies installées sur la Lune, dans l’espace ou sur Mars.
Enfin, que cette bactérie soit inconnue n’est pas étonnant non plus. Une récente extrapolation, sur la base des données recueillies par le Earth Microbiome Project (recensement des bactéries mondiales), le Human Microbiome Project (étude de la flore bactérienne portée par les humains) et les deux expéditions Tara Oceans, parvenait à une estimation de mille milliards d’espèces de bactéries (1012), alors que nous n’en connaissons que dix millions (107). Devant l’une d’elles, nous n’avons donc qu’une chance sur cent mille de tomber sur une espèce déjà rencontrée…
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